La réanimation médicale est un service spécialisé dans la prise en charge des patients en état critique, qui présentent une ou plusieurs défaillances aiguës des fonctions vitales, telles que les fonctions circulatoires, respiratoires et rénales. Ces patients ont besoin d’une surveillance continue et de techniques de suppléance, comme une ventilation artificielle, l’utilisation de catécholamines ou une dialyse.1.2 

Cette prise en charge intensive répond à un besoin croissant, comme en témoigne l’évolution du nombre d’admissions en réanimation au fil des années. Depuis 2014, les admissions en réanimation ont augmenté de 2 % par an avant la pandémie, avec un pic de +4 % en 2020-2021 lié à la COVID-19, suivi d’une baisse en 2022 pour atteindre le niveau pré-crise.3

Si les maladies cardio-neurovasculaires constituent le premier motif d’hospitalisation, les pathologies respiratoires et les traumatismes graves représentent également une part importante des admissions.3

L’infirmier(e) en réanimation médicale assure une surveillance continue et rigoureuse, réalise des soins techniques et s’assure de la bonne gestion des voies respiratoires ainsi que les dispositifs invasifs. Il/elle administre des traitements complexes, comme les catécholamines, et prévient les complications liées à l’immobilisation prolongée. L’accompagnement du patient et de son entourage, dans un contexte souvent anxiogène, fait également partie intégrante de son rôle.4

Au cours de leur stage en réanimation médicale, les étudiant(e)s en soins infirmiers auront l’opportunité d’acquérir des connaissances sur les pathologies du service, de se familiariser avec l’utilisation et la surveillance des dispositifs de suppléance et de développer des compétences techniques avancées.4

Vous pouvez découvrir l’ensemble de nos guides détaillés sur les différents lieux de stages infirmiers ainsi que toutes les informations dont vous aurez besoin pour préparer au mieux votre parcours et vos apprentissages.

Typologie du lieu de stage et particularités du service de réanimation médicale

La réanimation médicale fait partie des soins de courte durée (SCD)

En réanimation, la durée d’hospitalisation varie en fonction de la gravité de l’état du patient et de l’évolution de sa pathologie. En moyenne, un séjour dure environ 7 jours. 40 à 50 %  des patients hospitalisés ont besoin d’une ventilation mécanique, dont 20 % pour une durée de plus de 48 heures.1 

Les patients admis en réanimation le sont généralement dans un contexte d’urgence vitale ou parce qu’ils ont besoin d’une surveillance accrue. L’admission peut se faire : 1

  • En urgence, via le SMUR, les urgences hospitalières
  • Ou directement depuis un établissement extérieur.
  • Par transfert interservice, lorsqu’ils étaient dans une autre unité de soins.

Ce service prend en charge des adultes de tous âges, hommes et femmes, nécessitant une assistance vitale immédiate. Le profil des patients est varié, il va des personnes âgées avec des pathologies chroniques décompensées aux adultes jeunes victimes de traumatismes graves ou d’atteintes infectieuses sévères.5 

Le décret n° 2022-466 fixe les ratios de soignant(e)s en réanimation pour garantir une prise en charge optimale des patients. La charge de travail est structurée comme suit :6 

  • Deux infirmier(e)s pour cinq patients.
  • Un(e) aide-soignant(e) pour quatre patients.

Le travail en réanimation médicale se déroule tout au long de l’année. Il nécessite une couverture continue, y compris les week-ends et jours fériés.7 Les infirmier(e)s peuvent être amené(e)s à travailler selon des horaires variés, souvent sous forme de roulements de 12 heures, de jour comme de nuit.

À l’issue du séjour en réanimation, les patients peuvent être orientés vers différentes structures en fonction de l’évolution de leur pathologie :1

Lexique en réanimation médicale

Chaque service médical a son propre lexique, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité. 

Par exemple, en service de réanimation médicale, vous entendrez : 8.9 

  • ACR : arrêt cardio-respiratoire 
  • BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive
  • CGR : concentré de globule rouge 
  • DV : décubitus ventral 
  • EER : épuration extrarénale
  • ECBC : examen cytobactériologique des crachats 
  • ECMO : ExtraCorporeal Membrane Oxygenation (oxygénation par membrane extracorporelle)
  • EP : embolie pulmonaire
  • ETT/ETO : échocardiographie transthoracique – échocardiographie transœsophagienne 
  • FiO2 : fraction inspirée en oxygène
  • GDS : gaz du sang
  • IC : index cardiaque 
  • IOT : intubation orotrachéale 
  • IRA : insuffisance rénale aiguë 
  • KTA : cathéter artériel
  • KTC : cathéter central
  • KTD : cathéter de dialyse
  • OAP : œdème aigu du poumon
  • PAM : pression artérielle moyenne
  • PAVM : pneumopathie acquise sous ventilation mécanique
  • PVC : pression veineuse centrale 
  • PEP : pression expiratoire positive
  • SDRA : syndrome de détresse respiratoire aiguë
  • SLA : sclérose latérale amyotrophique
  • TV : tachycardie ventriculaire
  • USIC : unité de soins intensifs cardiologiques
  • VAC : ventilation assistée contrôlée
  • VSAI : ventilation spontanée avec aide inspiratoire
  • VVC : voie veineuse centrale

Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent. 

Pathologies rencontrées et facteurs de risque en réanimation médicale

Pathologies rencontrées en réanimation médicale

Les infirmier(e)s en réanimation médicale prennent en charge une variété de patients présentant diverses pathologies.8.10.11.12.13

Pathologies respiratoires

  • Syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA)
  • Pneumopathie sévère 
  • Insuffisance respiratoire aiguë sur pathologie chronique (BPCO, insuffisance cardiaque, mucoviscidose, fibrose pulmonaire…).
  • Embolie pulmonaire grave

Chocs 

  • Choc septique 
  • Choc cardiogénique
  • Choc anaphylactique 
  • Choc obstructif 

Pathologies neurologiques

  • Accident vasculaire cérébral (AVC) 
  • État de mal épileptique 
  • Encéphalopathie anoxo-ischémique :
  • Méningite bactérienne aiguë 
  • Maladies neurodégénératives avec complications respiratoires ou dysautonomiques (SLA, myopathies…)

Pathologies métaboliques et rénales

  • Insuffisance rénale aiguë (IRA) sévère 
  • Acidocétose diabétique
  • Syndrome hyperosmolaire diabétique
  • Troubles hydro-électrolytiques graves 

Pathologies hématologiques et oncologiques

  • CIVD (coagulation intravasculaire disséminée)
  • Neutropénie fébrile sévère
  • Hémorragies intracrâniennes massives 
  • Crise aiguë drépanocytaire 

Pathologies gastro-intestinales et hépatiques

  • Pancréatite aiguë sévère 
  • Angiocholite grave 
  • Hépatite fulminante 

Pathologies cardiovasculaires et thrombotiques

  • Endocardite grave
  • ACR
  • Syndrome coronarien aigu sévère 

Pathologies liées aux intoxications 

  • Intoxications médicamenteuses graves
  • Intoxications non médicamenteuses (monoxyde de carbone…) 

Facteurs de risque en réanimation médicale

Les facteurs de risque en réanimation varient en fonction des pathologies. Nous examinerons les principaux facteurs pouvant entraîner des complications chez les patients en réanimation.

Facteurs liés au patient

  • Âge avancé : les patients âgés sont plus susceptibles de développer des complications en réanimation, en raison de la diminution des réserves physiologiques et de la présence fréquente de comorbidités.14
  • Comorbidités : la présence de maladies chroniques telles que l’hypertension, le diabète, les maladies cardiaques ou pulmonaires augmente le risque de complications en réanimation.
  • Alcoolisme : la consommation excessive d’alcool est associée à un risque accru de complications en réanimation, notamment en raison de l’altération des fonctions immunitaires et hépatiques.15

Facteurs liés à la pathologie et à la gravité de la maladie

  • Score de gravité élevé à l’admission : des scores de gravité élevés, tels que le score APACHE II, sont associés à une augmentation du risque d’événements indésirables en réanimation.14
  • Défaillance multiviscérale : la présence de défaillances de plusieurs organes est un facteur de risque majeur de mortalité en réanimation.

Facteurs liés aux traitements et aux interventions

  • Utilisation de sédatifs ou d’opiacés : certains médicaments, en particulier les sédatifs et les opiacés, peuvent augmenter le risque de complications telles que le delirium en réanimation.15
  • Procédures invasives : l’utilisation de dispositifs invasifs, tels que les cathéters veineux centraux, les sondes urinaires et la ventilation mécanique, augmente le risque d’infections nosocomiales.

Facteurs liés à l’environnement de soins

  • Durée prolongée d’hospitalisation : une hospitalisation prolongée en réanimation est associée à un risque accru d’infections nosocomiales et d’autres complications.16
  • Densité de soins et complexité des procédures : les unités de réanimation sont des environnements à haut risque d’événements indésirables en raison de la complexité des soins prodigués et du nombre élevé de procédures effectuées.17

Il est essentiel de prendre en compte ces facteurs de risque pour optimiser la prise en charge des patients en réanimation et réduire le risque de survenue de complications.

Spécificité en réanimation médicale

La réanimation médicale assure la prise en charge spécialisée des patients en défaillance vitale, grâce à des techniques de suppléance avancées (ECMO, ventilation, sédation). Elle inclut également l’évaluation des états de choc et la gestion des complications liées aux hospitalisations prolongées. Cette section présente ses spécificités et ses principaux défis.

ECMO veino-veineuse

L’ECMO veino-veineuse (VV) est une technique de suppléance utilisée en réanimation pour assurer l’oxygénation et l’élimination du CO₂ des patients en SDRA sévère réfractaires aux traitements conventionnels. En d’autres termes, l’ECMO VV remplace temporairement la fonction pulmonaire.

Elle repose sur une canulation percutanée et un circuit extracorporel pour une oxygénation optimisée tout en limitant les lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique​. La surveillance inclut le suivi des gaz du sang, de la coagulation et du positionnement des canules, afin d’éviter les thromboses, hémorragies et infections. Le sevrage s’envisage après amélioration des paramètres pulmonaires et hémodynamiques​.18

Infographie - L’ECMO veino-veineuse

Ventilation mécanique

En réanimation, la ventilation mécanique peut être invasive (VI), avec une intubation trachéale, ou non invasive (VNI), au moyen d’un masque facial ou nasal. Son objectif est d’assurer un échange gazeux efficace lorsque la fonction respiratoire du patient est compromise. Plusieurs modes ventilatoires sont utilisés en fonction des besoins et de l’état clinique du patient :8 

  • BiPAP (Biphasic Intermittent Positive Airway Pressure) : cest un mode ventilatoire qui utilise deux niveaux de pression différents, une pression haute pour aider l’air à entrer dans les poumons pendant l’inspiration, et une pression plus basse pour faciliter l’expiration. Le patient reste libre de respirer spontanément à n’importe quel moment du cycle respiratoire. Ce mode est souvent utilisé de manière non invasive, à l’aide d’un masque, chez des patients présentant des difficultés respiratoires aiguës liées à une maladie chronique comme la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO décompensée).
  • VAC (ventilation assistée contrôlée) : c’est un mode ventilatoire dans lequel le respirateur fournit un volume précis d’air à chaque inspiration. Si le patient fait un effort pour respirer, la machine détecte cet effort et déclenche l’inspiration. Si le patient ne fait aucun effort, par exemple s’il est dans le coma ou en sédation profonde, la machine assure automatiquement les cycles respiratoires.
  • VS-AI (ventilation spontanée avec aide inspiratoire) : c’est un mode où le patient initie toujours lui-même chaque respiration. Lorsque le respirateur détecte que le patient commence à inspirer, il délivre une pression d’aide pour faciliter l’entrée d’air dans les poumons et réduire l’effort respiratoire du patient. Ce mode laisse le patient contrôler totalement la fréquence et la durée de ses inspirations, et est particulièrement utile pour une reprise progressive et autonome de la respiration après une période sous ventilation mécanique.
infographie - patient intubé et ventilé par voie orotrachéale

Ces modes sont adaptés en fonction de l’évolution du patient et de sa capacité à récupérer une ventilation autonome. Il existe d’autres modes de ventilation et interfaces, adaptés aux diverses situations.

Échelle et score en réanimation médicale

Plusieurs scores et échelles sont utilisés en réanimation pour une prise en charge optimale des patients ; nous allons aborder ici deux des principaux outils : l’échelle BPS pour la douleur et l’échelle RASS pour la sédation.

Évaluation du niveau de douleur : l’échelle BPS 

L’évaluation de la douleur en réanimation repose sur une échelle combinant trois critères : l’expression faciale, le tonus musculaire et la ventilation. Chaque critère est noté en fonction de l’intensité de la réaction du patient, et permet de classer la douleur en trois paliers, du palier I (douleur légère) au palier III (douleur intense), afin d’adapter la prise en charge antalgique.19

Échelle de la douleur se basant sur 3 critères : 

  • Palier I (EN 1 à 3 – BPS 3 à 6) 
  • Palier II (EN 3 à 6 – BPS 7 à 9) 
  • Palier III (EN 7 à 10 – BPS 10 à 12)
Infographie - L’échelle BPS (Behavioral Pain Scale )

Évaluation du niveau de sédation : l’échelle RASS

Le niveau de sédation est évalué à l’aide de l’échelle RASS (Richmond Agitation-Sedation Scale), qui permet d’adapter la prise en charge en fonction de l’état de vigilance du patient.8

ScoreNiveau de sédationComportement
+4CombatifComportement agressif, danger immédiat pour le personnel.
+3Très agitéArrache ses dispositifs médicaux, agressif envers le personnel.
+2AgitéMouvements fréquents inadaptés, lutte contre le ventilateur.
+1NerveuxAnxieux, craintif, mais mouvements non vigoureux et non agressifs.
0Éveillé et calmeAucun signe d’agitation.
-1SomnolentÉveil incomplet, contact visuel à l’appel > 10 secondes.
-2Diminution légère de vigilanceRéponse brève au contact visuel < 10 secondes.
-3Diminution modérée de vigilanceRéponse motrice à l’appel, mais sans contact visuel.
-4Diminution importante de vigilanceAbsence de réponse à l’appel, réaction uniquement à une stimulation physique.
-5Non réveillableAucune réponse à l’appel ou à une stimulation physique.

Cette évaluation est essentielle pour ajuster la sédation et éviter la sur-sédation, qui peut prolonger le sevrage ventilatoire et augmenter le risque de complications.

Les états de choc

Les états de choc sont des défaillances circulatoires aiguës entraînant une hypoperfusion tissulaire. Ils se manifestent par une hypotension persistante, une tachycardie, une polypnée, des signes d’hypoperfusion (marbrures, oligo-anurie) et une élévation des lactates.8.20.21.22.23

Les différents états de choc sont abordés en détail dans les cours de l’UE 4.3 Soins d’urgence, avec un cours complet, une fiche synthèse, des QCM pour tester vos connaissances et un résumé audio pour faciliter les révisions.

Complications

L’hospitalisation en réanimation, bien que vitale, expose les patients à de nombreuses complications pouvant affecter leur rétablissement et leur qualité de vie à long terme. Elles sont pulmonaires, neuro-musculaires, physiques et psychologiques, et nécessitent une prévention et une prise en charge adaptées.13.15

1. Complications pulmonaires

La ventilation mécanique prolongée augmente le risque de pneumopathies nosocomiales, d’atrophie diaphragmatique et entraîne des difficultés de sevrage. Elle retarde l’extubation et la récupération respiratoire​.

2. Complications neuro-musculaires

L’immobilisation prolongée et les traitements en réanimation peuvent induire une neuromyopathie acquise, et entraîner ainsi une faiblesse musculaire sévère et des troubles de la mobilité persistants après la sortie​.

3. Complications physiques

La fonte musculaire, la diminution de l’endurance et les troubles de la marche touchent plus de 50 % des patients un an après leur hospitalisation. Ceci impacte leur autonomie et leur réintégration sociale​.

4. Complications psychologiques et cognitives

Le délirium en réanimation concerne jusqu’à 80 % des patients et favorise des troubles cognitifs persistants​. Le syndrome post-réanimation (PICS) associe anxiété, stress post-traumatique et troubles mnésiques. Il empêche jusqu’à 45 % des patients de reprendre une activité professionnelle un an après leur hospitalisation​.

Actes et soins rencontrés en réanimation médicale

Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins, parmi lesquels on peut citer :

  • Administration et surveillance des bolus d’adrénaline et de vasopresseurs
  • Aspiration endotrachéale et soins de trachéotomie
  • EEG (électroencéphalogramme) pour les patients à risque de convulsions
  • Évaluation du Glasgow Coma Scale (GCS) chez les patients non sédatés
  • Évaluation du niveau de sédation avec l’échelle RASS
  • Évaluation et mise en œuvre du sevrage ventilatoire (protocoles de réduction des paramètres ventilatoires)
  • Évaluation et surveillance des états de choc (septique, hémorragique, cardiogénique, anaphylactique)
  • Évaluation et surveillance du transit intestinal
  • Gestion de l’alimentation parentérale : préparation, administration, surveillance des complications métaboliques
  • Gestion de la douleur : EN, BPS, adaptation des antalgiques et sédatifs
  • Gestion de la ventilation mécanique invasive (VI) : vérification des alarmes, humidificateur, circuit du respirateur
  • Gestion des cathéters veineux centraux (CVC) : surveillance des complications (infection, thrombose, extravasation)
  • Gestion des circuits respiratoires : vidange des pièges à eau, vérification de l’étanchéité
  • Gestion des drains thoraciques : surveillance du bullage, connectivité, drainage
  • Gestion des gastrostomies : surveillance de l’orifice, changement du pansement
  • Gestion des intubations et extubations d’urgence
  • Gestion des pansements complexes
  • Gestion du stress et soutien psychologique des patients et de leur famille
  • Installation au fauteuil et mobilisation passive des patients
  • Interprétation des courbes de pression artérielle et des mesures hémodynamiques
  • Manipulation et entretien des cathéters artériels pour la surveillance hémodynamique
  • Pose, surveillance et entretien des sondes nasogastriques (SNG)
  • Pose, surveillance et entretien des voies veineuses périphériques (VVP)
  • Pose et surveillance de la dialyse continue (EER)
  • Pose et surveillance des sondes urinaires
  • Préparation et administration des thérapeutiques IV, incluant les perfusions en seringue électrique (PSE)
  • Préparation et administration des transfusions sanguines
  • Prévention des escarres : mobilisation régulière, matelas à air, alternance des appuis
  • Prise en charge et prévention du delirium en réanimation
  • Quantification des drains et surveillance des dispositifs de drainage
  • Réanimation cardio-pulmonaire (RCP) en cas d’arrêt cardiorespiratoire
  • Réfection et surveillance des pansements de CVC, KTA, Sheldon
  • Soins d’hygiène et de confort : toilette complète, soins de bouche et des yeux, rasage, changement des draps
  • Suivi des paramètres vitaux (TA, FC, SpO₂, FR)
  • Surveillance de la tolérance et du positionnement de la nutrition entérale
  • Surveillance des débits urinaires et bilans hydriques horaires
  • Surveillance des lactates et marqueurs d’hypoperfusion tissulaire
  • Surveillance des paramètres rénaux et indications de suppléance rénale (EER)
  • Surveillance des paramètres ventilatoires : mode de ventilation, FiO₂, pression de plateau, compliance pulmonaire
  • Surveillance des patients sous ventilation non invasive (VNI)
  • Surveillance des troubles électrolytiques et correction IV
  • Surveillance et administration des protocoles d’analgésie et de sédation : Hypnovel®, Morphine, Diprivan®, Kétamine®
  • Surveillance et changement des lignes de perfusion
  • Surveillance et gestion des perfusions de catécholamines et autres drogues vasoactives
  • Surveillance et gestion des sites d’ECMO VV
  • Surveillance glycémique (toutes les 4 heures ou toutes les 2 heures sous insuline IV)
  • Surveillance pupillaire (réactivité, diamètre)
  • Test d’arrêt des sédations selon protocole
Infographie - Mesure de la pression artérielle par voie invasive

Vous trouverez, dans l’unité d’enseignement 4.4 de Réussis ton IFSI, des cours approfondis sur la méthode de chacun de ces soins.

Traitements rencontrés en réanimation médicale

En réanimation médicale, la pharmacologie comprend une variété de médicaments, tels que : 8

  • Sédatifs et hypnotiques
  • Anesthésiques généraux 
  • Curarisants
  • Amines vasoactives
  • Antalgiques 
  • Anticoagulants 
  • Antiagrégants plaquettaires
  • Médicaments cardiovasculaires
  • Anxiolytiques
  • Neuroleptiques
  • Antidépresseurs
  • Anti-infectieux

Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.

Prérequis du stage en réanimation médicale

Le stage en réanimation médicale exige des connaissances solides et des compétences techniques spécifiques pour assurer la prise en charge des patients en état critique.

  • Surveillance clinique et paramètres vitaux : revoir les valeurs normales des paramètres vitaux, savoir reconnaître les signes d’un état de choc ou d’une détresse respiratoire, comprendre le fonctionnement des échelles de surveillance (échelle RASS et échelle BPS).
  • Connaissances biologiques de base : réviser les valeurs normales des examens courants (gaz du sang et normes biologiques veineuses)
  • Notions sur les traitements en réanimation : connaître les principales familles de médicaments utilisées.
  • Urgences vitales et protocoles : maîtriser les bases de la réanimation cardio-pulmonaire (RCP), connaître la prise en charge d’un arrêt cardiaque.
  • Prévention des risques et soins de base : revoir les protocoles d’hygiène hospitalière (précautions standard et complémentaires), connaître les mesures de prévention des escarres et des complications liées à l’immobilité, être à l’aise avec les soins de confort (toilette, mobilisation, hydratation) d’un patient en réanimation
  • Physiopathologie à connaître : comprendre les grandes lignes des pathologies majeures.

Objectifs de stage en réanimation médicale

En stage de réanimation médicale, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.

Notre équipe a écrit un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment rédiger ses objectifs de stage en soins infirmiers.

Voici une liste non exhaustive de compétences requises dans la structure d’accueil : 

  • Savoir surveiller les paramètres vitaux et agir en conséquence.
  • Savoir reconnaître les différents chocs.
  • Savoir organiser et prioriser les soins. 
  • Effectuer les transmissions écrites et orales, formelles et informelles. 
  • Connaître les protocoles du service (notamment le sevrage ventilatoire, l’arrêt des sédations, les amines).
  • Savoir reconnaître et prendre en charge la douleur chez un patient ventilé.
  • Savoir reconnaître une détresse respiratoire et les critères d’une ventilation efficace. 
  • Savoir réaliser les gaz du sang et interpréter les résultats. 
  • Connaître les différents modes ventilatoires et interfaces.
  • Savoir apporter les soins chez un patient intubé et connaître les risques associés.
  • Savoir réaliser une transfusion sanguine, sa surveillance et les risques transfusionnels.
  • Savoir surveiller les paramètres digestifs (selles, sonde gastrique, test de déglutition, alimentation PO/parentérale/entérale, glycémie) et urinaires (diurèse, sonde à demeure, diurétiques).
  • Connaître les différents types de prélèvements infectieux (respiratoire, sanguin…), les grandes familles d’antibiotiques et leurs surveillances, les différents types d’isolement.
  • Savoir manipuler dans les règles d’hygiène une VVC, apporter les surveillances, faire une ablation.
  • Savoir préparer une perfusion, manipuler un PSE et effectuer les calculs de doses.
  • Participer à la prise en charge globale d’un patient sédaté, ventilé, parfois non communicant, tout en intégrant les dimensions relationnelle et éthique.
  • Observer et comprendre la mise en place et le fonctionnement d’une ECMO veino-veineuse (si présente dans le service).
  • Connaître les grandes lignes de la surveillance neurologique (GCS, RASS, BPS, réflexes, sédation, sevrage).
  • Acquérir des bases de la lecture et de la compréhension des examens biologiques et monitorages invasifs (scope, PVC, saturomètre, lactates…).

Professionnels rencontrés en réanimation médicale

Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez :

  • Agents des services hospitaliers 
  • Aide-soignant(e) 
  • Cadre de santé 
  • Chirurgien(ne) 
  • Ergothérapeute
  • Infirmier(e)
  • Kinésithérapeute,
  • Manipulateur radio
  • Préparatrice/préparateur en pharmacie 
  • Secrétaire médical(e)
Infographie - témoignage d'une infirmière en réanimation médicale

Témoignage d’une infirmière en réanimation médicale

Dans le cadre de notre série « Guides de stages infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par un(e) infirmier(e) expérimenté(e) qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en réanimation médicale, nous avons eu la chance de collaborer avec Frédérique, une infirmière aguerrie exerçant dans ce service.

Dans le cadre de la rédaction de cet article, Frédérique a non seulement contribué par son expertise, mais a généreusement accepté de partager son expérience personnelle en réanimation médicale, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service. 

Pourquoi as-tu choisi de travailler en réanimation médicale ?

J’ai choisi de travailler en réanimation médicale pour la richesse humaine et technique que ce service offre. C’est un environnement stimulant, où l’on prend en charge des patients dans des situations critiques, souvent instables, et où chaque geste a un réel impact. Le travail en équipe y est fondamental, avec une vraie collaboration pluridisciplinaire et un encadrement médical permanent, ce qui favorise les échanges et la montée en compétence. 

Qu’est-ce qui te plaît le plus en réanimation médicale ?

Ce qui me plaît le plus en réanimation médicale, c’est avant tout la possibilité d’offrir une prise en charge globale aux patients. Avec un nombre limité de patients par soignant, l’accompagnement est plus individualisé, ce qui permet une surveillance rigoureuse et des soins adaptés à l’évolution de leur état. L’aspect technique du service est également un atout majeur. La réanimation mobilise un large panel de compétences infirmières, de la gestion des voies veineuses centrales à la surveillance des paramètres vitaux, en passant par l’utilisation de dispositifs médicaux de pointe comme la ventilation mécanique ou l’ECMO.

La présence constante des médecins, 24h/24, favorise une dynamique d’équipe réactive et efficace, où chaque décision est prise en concertation. Ce travail en étroite collaboration avec les équipes médicales renforce l’autonomie et les responsabilités de l’infirmier(e), qui doit être capable d’analyser rapidement une situation et d’anticiper les interventions.

La diversité des pathologies rencontrées en réanimation est enrichissante. Chaque patient présente des problématiques différentes, qu’il s’agisse d’insuffisances organiques aiguës, de polytraumatismes ou de complications postopératoires. Cette diversité exige une capacité d’adaptation permanente et offre l’opportunité d’apprendre de façon continue. Enfin, la gestion des urgences en réanimation procure une montée d’adrénaline unique, en effet la rapidité d’action et la rigueur des soins peuvent faire la différence entre la vie et la mort. C’est un environnement exigeant, mais profondément stimulant et gratifiant.

Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en réanimation ?

Avant de commencer un stage en réanimation médicale, il est préférable de se préparer en consolidant certaines connaissances et compétences. Une bonne maîtrise de l’anatomie et de la physiologie, notamment du système circulatoire et respiratoire, est indispensable pour comprendre les défaillances organiques des patients et adapter les soins en conséquence. Il est également conseillé de réviser les normes biologiques, afin d’interpréter rapidement les résultats et d’anticiper d’éventuelles complications.

De plus, une bonne compréhension des différents états de choc et des normes hémodynamiques vous permettra de mieux appréhender les situations d’urgence.

Se familiariser avec le matériel spécifique est un atout : les dispositifs de ventilation, les cathéters veineux centraux, les moniteurs hémodynamiques et les équipements de suppléance comme l’ECMO doivent être connus pour optimiser l’apprentissage sur le terrain. Enfin, la curiosité est une qualité essentielle en réanimation. Il ne faut pas hésiter à poser des questions et à s’impliquer. Chaque situation clinique est une opportunité d’apprentissage, et aucune question n’est inutile lorsqu’il s’agit de progresser et de garantir des soins de qualité aux patients.

Devenir infirmier(e) en réanimation médicale

Un stage en réanimation médicale offre une expérience immersive et exigeante, qui permet d’acquérir des compétences techniques avancées. La gestion de soins complexes, l’utilisation de matériel spécifique et la prise en charge des patients sous ventilation mécanique ou support hémodynamique constituent le cœur de l’apprentissage. Ce stage développe également la capacité à analyser des situations critiques, à ajuster la sédation et à gérer efficacement la douleur, en travaillant en étroite collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire : aide-soignant(e), médecin, kinésithérapeute, pharmacien(ne). L’accompagnement des familles, souvent confrontées à des situations éprouvantes, est une dimension essentielle du rôle infirmier en réanimation. Enfin, cette immersion permet d’apprendre à gérer le stress et les émotions dans des contextes parfois intenses, tout en développant une posture professionnelle.

Les spécialisations après un stage en réanimation sont nombreuses. Il est possible de s’orienter vers différents types de réanimation (cardiologique, néonatale, chirurgicale, grands brûlés), et vers des domaines connexes comme l’anesthésie-réanimation en devenant infirmier anesthésiste diplômé d’État (IADE), les urgences et le SMUR, ou la dialyse, avec des missions en unités spécialisées ou en astreinte peropératoire.

Les perspectives d’évolution sont variées et permettent d’accéder à des postes spécialisés comme infirmier(e) de pratique avancée, cadre de santé ou formateur/formatrice, notamment pour l’AFGSU. La mobilité internationale est également une option, les compétences acquises en réanimation étant particulièrement recherchées à l’étranger. Enfin, la recherche clinique et l’innovation sont des voies d’évolution prometteuses, avec la possibilité de participer à des projets dont l’objectif est d’améliorer les traitements et les prises en charge en réanimation.

Sources

  1. Circulaire DHOS/SDO n° 2003-413 du 27 août 2003 relative aux établissements de santé publics et privés pratiquant la réanimation, les soins intensifs et la surveillance continue  27/08/2003
  2. Code de la santé publique « Article L.6123-44 » Version en vigueur du 07 avril 2002 au 26 juillet 2005
  3. DREES – Études & Résultats n°1240 « Les séjours en réanimation entre 2014 et 2022 » 25/07/2024
  4. Aissani, L. (2006). Infirmière en réanimation : Une spécialisation ? Recherche en soins infirmiers, 87(4), 140-149. https://doi.org/10.3917/rsi.087.0140.
  5. Hôpital Frédéric Dugoujon « Livret d’accueil des infirmiers en réanimation » consulté le 24/03/2025
  6. Code de la santé publique « Décret n° 2022-466 relatif aux conditions d’activité en réanimation » Version en vigueur au 24 mars 2025
  7. Conseil National de l’Ordre des Médecins « Document de référence en RÉANIMATION à l’usage des Commissions de Qualification » 07/06/2017
  8. Groupe de travail 2022 en collaboration avec Mme Clapisson (infirmière en réanimation) « Accueil des étudiants et des nouveaux arrivants » consulté le 24/03/2025
  9. Société Française de Médecine d’Urgence « Liste d’abréviations en soins critiques » consulté le 24/03/2025
  10. Société Française d’Anesthésie-Réanimation « La réanimation et la surveillance continue » consulté le 24/03/2025
  11. Société Française d’Anesthésie-Réanimation « Pneumonies du patient de réanimation » consulté le 24/03/2025
  12. Société Française d’Anesthésie-Réanimation, R – Chanques A. « La réhabilitation en réanimation » 24/10/2017
  13. Haute Autorité de Santé « Prise en charge du syndrome post-réanimation (PICS) » 15/06/2023
  14. Société Française d’Anesthésie Réanimation « Sécurisation des soins et indicateurs en réanimation : taxonomie générale » 22/09/2015
  15. Société Française d’Anesthésie-Réanimation, Boyer A. « Impact de la réanimation sur le patient et rôle de l’infirmier » 09/01/2017
  16. Merzougui, L., Barhoumi, T., Guizani, T., Barhoumi, H., Hannachi, H., Turki, E., & Majdoub, W. (2018). Les infections nosocomiales en milieu de réanimation: incidence annuelle et aspects cliniques au Service de Réanimation Polyvalente, Kairouan, Tunisie, 2014 [Nosocomial infections in the Intensive Care Unit: annual incidence rate and clinical aspects]. The Pan African medical journal, 30, 143. https://doi.org/10.11604/pamj.2018.30.143.13824
  17. Société de Réanimation de Langue Française « Sécurisation des procédures à risque en réanimation (risques infectieux exclus) » 26/08/2008
  18. Société de Réanimation de Langue Française  « ECMO veino-veineuse » 17/03/2020
  19. Groupe Douleur – Réanimation médicale Croix-Rousse – consulté le 24/03/2025
  20. MSD Manual – « Choc » modifié en septembre 2024
  21. Ramlawi, M., Larribau, R. (2009), État de choc : approche diagnostique aux urgences, Rev Med Suisse, 5, no. 213, 1600–1605.
  22. Jack-Yves Deschamps, Choc et hypovolémie, Volume , Issue , /2001, Pages , ISSN 1283-0828,