La transfusion sanguine, aussi appelée acte transfusionnel, consiste à administrer des composants sanguins dans la circulation sanguine d’un patient pour combler des pertes excessives de sang ou traiter certaines pathologies. Ces composants sont issus de dons de sang bénévoles, anonymes, volontaires et gratuits. À partir de ces dons, des produits sanguins labiles (PSL) sont préparés. Ils seront administrés au patient après une sélection rigoureuse pour assurer la compatibilité et la sécurité du receveur.1.2

La transfusion sanguine est un soin qui engage la responsabilité des infirmier(e)s. En effet, ils/elles jouent un rôle déterminant dans la gestion des risques, depuis la vérification de la compatibilité sanguine jusqu’au suivi post-transfusionnel du patient.

Dans cet article, vous découvrirez l’ensemble des informations concernant la transfusion sanguine, depuis la sélection et la vérification des produits sanguins jusqu’à la préparation et l’administration des produits sanguins labiles (PSL), en incluant la surveillance post-transfusionnelle. Ce guide infirmier complet et détaillé vous fournira les connaissances nécessaires pour réaliser ce soin infirmier en toute sécurité et en conformité avec les normes actuelles.

Infographie - Guide infirmier la transfusion sanguine

Don et collecte du sang

La connaissance du processus du don et de la collecte du sang et des caractéristiques des produits sanguins labiles (PSL) permet aux infirmier(e)s de prendre conscience de la complexité de la chaîne transfusionnelle, depuis la collecte du sang jusqu’à son traitement et son utilisation.  Chaque étape permet de garantir la sécurité et l’efficacité des transfusions. 

Les produits sanguins labiles, tels que les globules rouges, les plaquettes et le plasma, utilisés pour les transfusions, proviennent de dons. Les dons de sang sont bénévoles, anonymes, volontaires et gratuits.

Les différents produits sanguins labiles (PSL) sont :

  • Les concentrés de globules rouges (CGR).
  • Les concentrés de plaquettes d’aphérèse (CPA).
  • Les mélanges de concentrés de plaquettes standards (MCPS).
  • Les plasmas frais congelés (PFC) d’aphérèse sécurisés ou viro-atténués.
  • Les plasmas lyophilisés (PLYO).
  • Les mélanges de concentrés de granulocytes de sang total (MCGST).

Pour approfondir vos connaissances des étapes du don et de la collecte du sang, ainsi que pour analyser en détail les caractéristiques de chaque type de produit sanguin labile (PSL), nous vous recommandons notre article dédié : les produits sanguins labiles (PSL) en soins infirmiers.

Principes d’immuno-hématologie pour la transfusion

Maîtriser les mécanismes immunitaires liés au sang permet aux infirmier(e)s d’effectuer les transfusions en toute sécurité. 

L’immuno-hématologie est une branche de la médecine qui étudie les interactions entre les composants du système immunitaire et ceux du sang. Elle englobe les composants sanguins, la compatibilité sanguine et les réactions immunitaires lors des transfusions. 

Pour développer vos connaissances sur ces aspects, nous vous recommandons de consulter notre article détaillé sur le sujet : les composants sanguins et leur rôle dans la transfusion. Dans cet article, vous découvrirez les composants du sang, les aspects de la compatibilité sanguine ABO et rhésus, le principe d’agglutination et la recherche d’anticorps anti-érythrocytaires irréguliers (RAI), des éléments fondamentaux pour une pratique sécuritaire et efficace des transfusions sanguines.

La législation encadrant la transfusion

En France, la législation sur la transfusion sanguine consiste en des règles strictes pour garantir la sécurité des patients. 

Selon l’article R.4311-9 du Code de la santé publique : 3

« L’infirmier ou l’infirmière est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment :

1° Injections et perfusions de produits d’origine humaine nécessitant, préalablement à leur réalisation, lorsque le produit l’exige, un contrôle d’identité et de compatibilité obligatoire effectué par l’infirmier ou l’infirmière. »

Le cadre légal des activités de transfusion est établi par le Livre II du Code de la santé publique : don et utilisation des éléments et produits du corps humain. Il comprend les articles R1211-1 à R1261-9.4

Pour les examens immuno-hématologiques pré-transfusionnels, l’arrêté du 15 mai 20185 impose des normes concernant la qualification du personnel, les protocoles et la traçabilité des examens. 

La décision du 10 mars 20206 renforce ces bonnes pratiques. Il impose la qualité et la sécurité des éléments et produits du corps humain utilisés à des fins thérapeutiques.

La décision du 10 juillet 20187 porte sur les bonnes pratiques de transport des prélèvements, produits et échantillons issus du sang humain.

Les infirmier(e)s doivent être attentifs/attentives à la surveillance des patients pendant et après la transfusion, comme précisé dans l’INSTRUCTION N° DGS/PP4/DGOS/PF2/2021/230 du 16 novembre 2021, document majeur relatif à la réalisation de l’acte transfusionnel.8

Enfin, sur obligation réglementaire du Code de la santé publique, il faut maintenir une traçabilité complète des produits sanguins labiles (PSL) et signaler tout événement indésirable qui peut être lié à la transfusion.9.10

Ces réglementations françaises encadrent méticuleusement la transfusion sanguine, afin que les soignant(e)s prodiguent des soins basés sur les normes les plus élevées possible de sécurité et de qualité.

Indications de la transfusion de concentrés de globules rouges (CGR)

Les transfusions sanguines sont nécessaires dans de nombreuses situations, allant des situations d’urgence, telles que les hémorragies aiguës, aux pathologies chroniques, comme l’anémie sévère. L’objectif est de rétablir un niveau adéquat de globules rouges pour garantir le transport de l’oxygène vers les cellules du corps. Sans transfusion, les patients manquant de globules rouges encourent un risque élevé de complications qui peuvent être mortelles, telles que des infarctus ou des lésions cérébrales irréversibles.11

Le seuil de transfusion fait référence au taux d’hémoglobine dans le sang d’un patient qui détermine la nécessité de réaliser une transfusion d’un ou de plusieurs culots globulaires ou non. Le médecin estimera le rapport bénéfices/risques selon les recommandations et le tableau clinique du patient.

Voici les recommandations de seuils transfusionnels en dehors des situations d’hémorragie aiguë ou d’intolérance de la Société de Réanimation de Langue Française (SRLF) à titre informatif.2

Seuils d’hémoglobine pour transfuserSituation clinique
10 g/dLSyndrome coronarien aigu.
9 g/dLCardiopathie ischémique et insuffisance cardiaque stable
8 g/dLSujet âgé.
7 g/dLPopulation générale.
Tableau représentant les seuils d’hémoglobine pour transfuser selon la Société de Réanimation de Langue Française2

Ces recommandations hors hémorragie aiguë sont également celles de la HAS et celles de nombreuses instances internationales. Elles peuvent être schématisées de la façon suivante :

  • En dessous de 7 g/dL, la transfusion de CGR est systématique. 
  • Au-dessus de 10 g/dL, il n’y a pas de transfusion.
  • Entre les deux, c’est surtout l’état cardiaque du sujet qui fixera le seuil à maintenir.

En n’oubliant jamais que l’état du patient prime sur ces seuils.

Contre-indications de transfusion de CGR

L’hypoxie tissulaire, quand elle devient profonde, est une menace vitale immédiate. 

Il existe très peu de contre-indications absolues de transfusion de CGR :

  • L’incompatibilité ABO des CGR à transfuser, qui oblige d’obtenir d’autres CGR compatibles.
  • L’incompatibilité avec un autre groupe sanguin, liée à la présence d’anticorps irréguliers chez le patient, qui oblige à obtenir d’autres CGR compatibles.
  • L’anémie hémolytique auto-immune active, qui nécessite le recours à des traitements immunosuppresseurs pour diminuer l’hémolyse des GR du patient.

S’y ajoutent les cas de refus du patient d’être transfusé, pour des raisons religieuses ou personnelles.

Beaucoup d’autres situations constituent des contre-indications relatives. Dans ces cas, le prescripteur évaluera la balance bénéfices/risques, mais ne s’interdira pas de transfuser si besoin, avec une prémédication adaptée le cas échéant :

  • L’incompatibilité Rh (CGR Rh+ et patient Rh-) sans anticorps anti-Rh chez le patient.
  • Des réactions allergiques sévères lors de précédentes transfusions.
  • Une insuffisance cardiaque majeure, pouvant conduire à un accident de surcharge volémique.
  • Une “hyperviscosité” dans des pathologies myéloprolifératives ou des hémoglobinopathies, que la transfusion de CGR pourrait aggraver temporairement.
  • Une infection non contrôlée, que la transfusion pourra exacerber.
  • Une hyperthermie, qui ne permettra pas de déceler une complication de la transfusion se traduisant par une élévation de température.

Enfin, certaines situations chroniques, comme les carences en fer ou en vitamines, relèvent avant tout d’une supplémentation adaptée et ne doivent pas conduire à une transfusion, sauf si l’état du patient le justifie.

La transfusion de concentrés de globules rouges en 7 étapes

Dans le cadre d’une transfusion sanguine de concentrés de globules rouges (CGR), le personnel infirmier suit un protocole rigoureux pour garantir la sécurité et l’efficacité de la procédure. Nous avons divisé ce protocole en 7 étapes clés pour une meilleure compréhension.

Attention : ce guide ne remplace pas les protocoles établis par votre établissement.

En cas d’urgence, les étapes de transfusion de concentrés de globules rouges sont adaptées pour une intervention rapide.

1. La décision de transfuser et la prescription médicale

Le médecin qui prend en charge le patient prend la décision de transfuser.

Il doit dès lors informer le patient, lui expliquer sa décision et obtenir son consentement (celui-ci pourra, selon la procédure en vigueur dans l’établissement de soins, être simplement oral et consigné par le médecin dans le dossier du patient, ou formalisé par écrit), voire celui d’ayants droit (comme les parents d’un mineur).

Il rédige et signe alors la prescription et informe l’équipe de soins concernée.

Le personnel infirmier s’assure que le dossier transfusionnel du patient existe bien, et, dans le cas contraire, le crée. Il vérifie dans le dossier s’il existe des antécédents de réactions transfusionnelles, et, le cas échéant, vérifie que le médecin prescripteur en avait connaissance.10

Il s’assure de la disponibilité d’une voie veineuse périphérique pour la réalisation de la transfusion.

2. Examens pré-transfusionnels et réglementations

Avant de procéder à une transfusion sanguine, il faut, pour vérifier la compatibilité du sang, réaliser une série d’examens pré-transfusionnels prescrits par le médecin. Ces examens, réglementés et détaillés, permettent de prévenir les réactions transfusionnelles, garantissent que les patients reçoivent le sang le plus compatible possible et évitent l’apparition d’effets indésirables.

Voici les examens pré-transfusionnels : 12 

Les examens systématiques

Groupage sanguin et double contrôle : les groupes sanguins ABO et RH1 ainsi que le phénotype RH KEL1 doivent être connus avant toute transfusion pour garantir la compatibilité sanguine. S’ils ne sont pas disponibles dans le dossier transfusionnel, ils devront être réalisés avant la transfusion. Du fait des risques d’erreurs de prélèvement de tubes, la législation impose de disposer de deux analyses concordantes, prélevées à différents moments.

Recherche d’anticorps irréguliers (RAI) : la recherche d’anticorps irréguliers vise à détecter des anticorps du patient qui pourraient réagir avec le CGR transfusé, issus d’immunisations antérieures par transfusion ou grossesse. Un résultat négatif a une validité standard de trois jours. Lorsque le médecin prescripteur se sera assuré de l’absence d’antécédents de situations d’immunisation pendant les 6 mois précédant l’analyse, sa durée de validité pourra être portée à 21 jours.

Les examens complémentaires

Phénotypage érythrocytaire étendu : pour certains patients (régulièrement transfusés et/ou déjà immunisés avec des RAI positives), la détermination du groupage sanguin sera poursuivie au-delà de l’ABO et du RH KEL1 afin de garantir une transfusion compatible pour d’autres antigènes de groupe sanguin (FY1, FY2, JK1, JK2, MNS3, MNS4).

Épreuve directe de compatibilité (EDC) : chez des patients immunisés (RAI+) ou à fort risque de l’être (drépanocytaires), les CGR sélectionnés pour la transfusion seront préalablement mis en présence du plasma du patient au laboratoire pour vérifier qu’ils ne seront pas reconnus par un éventuel anticorps.

L’arrêté du 15 mai 2018 définit les conditions spécifiques de réalisation des examens de biologie médicale en immuno-hématologie érythrocytaire. 

Le texte détaille plusieurs aspects tels que : 5 

  • Les qualifications du personnel : il précise les qualifications que doivent avoir les professionnels de santé pour réaliser ces examens. Seul le personnel compétent et dûment formé effectue ces procédures.
  • Les protocoles d’examen : il établit les protocoles standard pour la réalisation des examens et inclut les méthodes à utiliser et les conditions préanalytiques et analytiques pour garantir l’uniformité et la qualité des résultats.
  • La qualité et la sécurité : l’arrêté met l’accent sur les normes de qualité et de sécurité qui doivent être respectées dans le cadre de ces examens pour protéger à la fois les patients et les professionnels de santé.
  • La gestion des échantillons : des instructions sont données au sujet de la gestion des échantillons biologiques, depuis leur collecte jusqu’à leur traitement en laboratoire, y compris leur transport et leur stockage.
  • La documentation et la traçabilité : le texte définit les exigences en matière de documentation et de traçabilité pour chaque examen réalisé, afin de garantir une chaîne de responsabilité claire et la possibilité de revoir les procédures si nécessaire.

Le prélèvement sanguin et son étiquetage requièrent une attention méticuleuse. 

Voici les pratiques à respecter : 

  • Identification rigoureuse du patient : lui demander de fournir ses informations personnelles à voix haute et en les épelant, en vérifiant ses papiers d’identité, ou en vérifiant par l’intermédiaire de ses proches, en cas d’incapacité du patient.12
  • Documentation précise : chaque échantillon de sang doit être accompagné d’une fiche de prélèvement détaillée, comprenant la date, l’heure, l’identité du patient et celle de la personne ayant effectué le prélèvement, une signature authentifiant le processus.
  • Étiquetage immédiat : l’étiquetage de l’échantillon doit se faire immédiatement au chevet du patient, en utilisant une étiquette complète avec toutes les informations du patient et, si possible, l’heure exacte du prélèvement.
  • Communication efficace avec le laboratoire : les échantillons, accompagnés de la fiche de prélèvement et des informations sur l’urgence de l’analyse, doivent être transmis au laboratoire de manière sûre, avec une traçabilité complète.

En suivant ces directives, on minimise les risques d’erreur et on garantit une analyse sanguine fiable, pour une transfusion sécuritaire.

3. Commande du produit sanguin approprié

L’infirmier(e) doit s’assurer que tous les documents sont remplis correctement avant l’envoi à l’EFS pour la commande du CGR.10.13

Une prescription conforme comprend : 9.14

  • La date de la prescription.
  • L’identification et la signature du médecin prescripteur.
  • L’identification de l’établissement de santé et du service concerné.
  • L’identification du receveur : nom et prénom de naissance, le cas échéant, nom marital et nom d’usage, sexe, date et lieu de naissance.
  • Les renseignements cliniques.
  • Le type et le nombre de produits demandés.
  • La date et l’heure prévues de la transfusion.
  • Le degré d’urgence transfusionnelle. Les transfusions sont classées selon les recommandations de l’Afssaps de 2002 :
    • Urgence vitale immédiate (UVI, nécessite de transfuser le plus rapidement possible, délivrance sans délai). 
    • Urgence vitale (UV, obtention dans les 30 minutes). 
    • Urgence relative (UR, dans un délai de 2 à 3 heures).

Les transfusions non urgentes, n’entrant pas dans les catégories ci-dessus, sont dites « programmées ». Cette classification entraîne la rapidité de livraison en fonction du niveau d’urgence. 

Document de groupage sanguin valide et RAI

  • Nom et prénom de naissance. 
  • Le cas échéant, nom marital et nom d’usage. 
  • Sexe. 
  • Date et lieu de naissance. 
  • Deux déterminations de groupe sanguin issues de deux prélèvements distincts. 
  • Identification et signature du biologiste du laboratoire.
  • RAI datant de moins de 72 heures, ou jusqu’à 21 jours dans certains cas.12
  • Cas particulier : carte de consignes transfusionnelles des patients ayant reçu une greffe de cellules souches hématopoïétiques allogéniques.

4. Transport conforme et réception des concentrés de globules rouges (CGR)

Le transport des CGR doit respecter des normes spécifiques, pour garantir une

température appropriée et la sécurité du produit. Ce transport est effectué par des personnels qualifiés et fait l’objet d’une traçabilité rigoureuse. 

Conformément aux recommandations12.15, à la réception, vérifier le transport et l’intégrité du colis (température, conditions d’hygiène et délai de transport). 

S’assurer de la correspondance des produits avec la commande. Cela inclut la vérification de l’intégrité des poches, de la date de péremption et de la conformité des documents.10.16.17

La conformité des produits : 

  • Contrôle du produit : nombre, nature, date de péremption, intégrité de la poche, qualification(s) et groupe conforme à la prescription médicale.
  • Contrôle de concordance d’identité du patient entre : le patient (nom, prénom, date de naissance), la carte de groupe sanguin, la prescription médicale, la fiche de délivrance nominative du produit à transfuser. (ATTENTION AUX HOMONYMES.) 
  • Contrôle de concordance de groupe sanguin entre : la carte de groupe sanguin, la fiche de délivrance nominative du produit à transfuser, l’étiquette du PSL.
  • Contrôle de concordance de l’identification du PSL entre : le numéro d’identification du PSL, la fiche de délivrance nominative du produit à transfuser.

Une fois la réception validée, les CGR passent en attente de transfusion, en restant à température ambiante dans le poste infirmier.

Le délai pendant lequel ils vont pouvoir être transfusés est défini selon la procédure interne de l’établissement, qui prendra notamment en compte les conditions de transport. En aucun cas l’administration d’un CGR ne pourra commencer plus de 6 heures après sa réception dans le service.

5. Préparation du matériel, des documents et du dossier transfusionnel

Pour la transfusion

Pour préparer une transfusion sanguine, voici le matériel nécessaire : 16

  • Pour nettoyer l’environnement avant le soin et pour l’hygiène :  gant non stérile, spray désinfectant (type Surfanios®), lingettes, solution hydroalcoolique pour les mains.
  • Pour le test pré-transfusionnel : gants non stériles (obligatoires) et kit de contrôle ultime (CUPT), 
  • Pour l’élimination des déchets : déchets d’activité de soins à risque infectieux (DASRI), Déchets Assimilés aux Ordures Ménagères (DAOM), conteneur à objets piquants, tranchants, coupants (OCPT) pour aiguilles.
  • Pour la transfusion : le ou les concentré(s) de globules rouges (CGR) à transfuser, une tubulure à transfusion équipée d’un filtre, des dispositifs de contrôle des paramètres vitaux, un antiseptique alcoolique à base de chlorhexidine à 2 %.

Pour l’ensemble du matériel, veuillez vérifier l’intégrité et les dates de péremption sur les emballages.

Documents nécessaires 

  • Documents de groupe sanguin du patient.
  • Résultats de la recherche d’anticorps irréguliers (RAI). 
  • Ordonnance. 
  • Fiche de délivrance qui accompagne obligatoirement le produit sanguin. 
  • Étiquettes patient. 

6. L’acte transfusionnel

À partir de maintenant, la transfusion sanguine repose sur trois principes de sécurité : elle doit se dérouler dans un lieu unique, avec le patient, sans interruption des étapes et être gérée par une seule et même personne pour garantir cohérence et sécurité.

L’identification et la préparation du patient : 17

  • Confirmer l’identité du patient (nom – prénom – date de naissance) en posant des questions ouvertes (en faisant épeler verbalement) ou utiliser le bracelet d’identification si le patient est inconscient.
  • S’assurer que le patient a bien compris l’acte transfusionnel et ses effets. 
  • Répondre à toutes ses questions.
  • Prévenir le patient qu’il doit signaler tout signe inhabituel : frissons, picotements, gêne respiratoire, sensation de fièvre, sans l’alarmer ou l’inquiéter.
  • Contrôler les signes vitaux de référence (pouls, pression artérielle, fréquence respiratoire si nécessaire, température, saturation en oxygène).8.10
  • Demander la confirmation de la transfusion au médecin en cas d’anomalie.

Comprendre en détail le contrôle ultime pré-transfusionnel (CUPT) :

  • Vérifier la concordance des documents avec l’identité du patient.
  • Réaliser le test de compatibilité ABO au chevet du patient avant l’administration. OBLIGATOIRE.
  • Demander la confirmation de la transfusion au médecin en cas d’anomalie.

Comprendre le contrôle ultime pré-transfusionnel (CUPT) est indispensable pour la sécurité des transfusions sanguines. Le CUPT, un protocole en deux étapes (concordance des documents et du PSL avec l’identité du patient et le test de compatibilité ABO), joue un rôle essentiel dans la prévention des erreurs de transfusion. Pour vous aider à maîtriser ce processus, nous avons élaboré un article complet, enrichi d’exercices interactifs.

Réalisation de l’acte transfusionnel : 10.16.17

  • Mettre des gants en cas de risque de contact avec le sang.
  • Désinfecter la membrane de protection du produit sanguin labile (PSL) et laisser sécher le produit.
  • Utiliser un transfuseur spécifique.
  • Percuter la poche avec le transfuseur sans la percer, en la mettant à plat.
  • Suspendre la poche de transfusion et purger l’ensemble de la tubulure, en remplissant la chambre “compte-gouttes” jusqu’au repère.
  • Débuter la transfusion à un débit adapté sur une voie périphérique réservée avec un montage en Y, en veillant à ne pas injecter d’autres médicaments par cette voie. La vitesse d’administration des CGR est fonction du caractère aigu ou chronique de l’anémie, de l’âge et des antécédents cardiovasculaires du receveur. Chez le sujet âgé ou insuffisant cardiaque, le débit de transfusion est plus lent, de l’ordre de 2 ml/min (soit 1 CGR de 360 mL en 3 heures). Plus important : l’instruction de 2021 oblige désormais le prescripteur à préciser le débit ou la durée de la transfusion du CGR sur l’ordonnance ou sur les instructions transmises à l’IDE. L’IDE doit demander des instructions si elles ne sont pas indiquées.2.8

Produit sanguin labileDébitDurée totale
Concentré érythrocytaire3 à 5 ml/min1 h 30
Concentré plaquettaire10 ml/min30 min
Plasma thérapeutique20 ml/min10 min
Tableau à titre indicatif des débit transfusionnel (se référer à la prescription médicale)

  • Augmenter progressivement le débit selon la tolérance du patient pour atteindre le débit prescrit, sans excéder 3 à 4 heures pour l’ensemble de la transfusion. Elle dure en moyenne 1H30, en fonction de l’âge, de la pathologie et de l’urgence.
  • Surveiller attentivement le patient pendant et après la transfusion, et rester obligatoirement pendant 15 minutes au lit du patient, notamment pour observer et noter ses signes vitaux et d’éventuelles réactions. Pression artérielle, fréquence cardiaque, température, saturation en oxygène, état clinique : frissons, agitation, pâleur, sueurs, éruption cutanée, dyspnée, angoisse, douleurs lombaires, troubles digestifs (nausées, vomissements). Noter toutes les informations pertinentes dans le dossier du patient. Toute modification, notamment une augmentation de la température corporelle, doit être communiquée au médecin.
  • En cas de réaction indésirable, le PSL est débranché sous direction médicale, en respectant les recommandations en vigueur, y compris l’usage de la technique du double nœud, tout en gardant à l’esprit les adaptations spécifiques en cas d’urgence ou de transfusion massive.
Infographie - La technique du double nœud en transfusion sanguine

7. Procédure post-transfusionnelle 

La procédure post-transfusionnelle débute avec un protocole rigoureux de débranchement, suivant la technique du double nœud, recommandée en 2021, et s’étend jusqu’au suivi médical et la documentation rigoureuse des événements liés à la transfusion. Ce processus garantit la sécurité du patient et contribue à la traçabilité et à l’efficacité du système transfusionnel.16.17.18

  • À la fin de la transfusion, le PSL sera débranché selon la technique du double nœud. Le processus de débranchement d’un produit sanguin labile, tel que conseillé par les recommandations de 2021, implique l’utilisation de la technique du double nœud, mais cette méthode peut être jugée excessivement prudente dans la pratique courante. L’objectif du double nœud est de prévenir le reflux rétrograde du sang du patient dans la poche de transfusion lors de son retrait. Cependant, dans la majorité des cas (99 %), la transfusion se déroule sans incident, et cette précaution peut sembler superflue, surtout compte tenu du fait que la poche sera éliminée peu de temps après. Il serait plus pragmatique de réserver le double nœud aux cas où un effet indésirable receveur (EIR) immédiat se produit, nécessitant l’arrêt de la transfusion et la conservation de la poche pour des analyses ultérieures. Étant donné que certains EIR immédiats peuvent survenir même après la fin de la transfusion, une approche plus sensée serait d’utiliser une pince (ou deux, selon le besoin) pour clamper la tubulure lors du décrochage de la poche. Cette pince peut être retirée plus tard, une fois qu’il est confirmé qu’aucun incident ne s’est produit et que la poche vide est prête à être éliminée dans un container pour déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI). Dans le cas contraire, la pince sera retirée après avoir pratiqué le double nœud.
  • Après une transfusion, les poches et tubulures de produits sanguins labiles (PSL) utilisées sont généralement conservées pendant un minimum de 4 heures.8 Ce temps permet de garantir la traçabilité et d’effectuer d’éventuelles analyses en cas de réaction post-transfusionnelle. Une fois cette période écoulée, ces matériaux sont éliminés conformément aux procédures de gestion des déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI).
  • Protocole en cas de réaction : si une réaction transfusionnelle se produit, le matériel conservé, c’est-à-dire les poches de PSL et le contrôle ultime au point de transfusion (CUPT), doit être envoyé à l’Établissement de transfusion sanguine (ETS). Il est également essentiel de connaître le protocole en cas de réaction.
  • Documentation rigoureuse : toutes les observations, les interventions spécifiques (comme l’administration de diurétiques) et les détails de la transfusion (comme les paramètres vitaux surveillés durant la transfusion ou la date, les heures de début et de fin de la transfusion) doivent être consciencieusement enregistrés dans le dossier médical du patient. Le dossier transfusionnel de l’établissement de soins comprend des résultats d’analyses pré-transfusionnelles (groupe sanguin, RAI), un récapitulatif des produits transfusés avec des informations complètes, et des documents annexes incluant le consentement du patient, les ordonnances de suivi post-transfusionnel et la documentation des événements indésirables éventuels.
  • À la sortie du patient, il est obligatoire de lui remettre une ordonnance pour une recherche d’anticorps irréguliers (RAI), qui doit être effectuée un à trois mois après la transfusion. Cette procédure fait partie du suivi transfusionnel et s’accompagne de la remise d’un document à destination de son médecin traitant mentionnant le fait qu’il a été transfusé (avec la nature et le nombre de PSL).10.18

Conduite à tenir lors d’une réaction transfusionnelle en 10 étapes

Une mauvaise tolérance peut se manifester de nombreuses façons : 19

  • Hyperthermie, frissons.
  • Agitation.
  • Douleurs (lombaires, thoraciques…).
  • Sensation de chaleur.
  • Hypotension ou hypertension.
  • Pâleur.
  • Nausées/vomissements, diarrhées.
  • Dyspnée.
  • Prurit, urticaire.
  • Saignements.
  • Tachycardie. 

Voici la conduite à tenir en cas de symptômes inexpliqués : 20

  1. Arrêter immédiatement la transfusion et maintenir l’abord veineux.
  2. Appeler le médecin responsable de la transfusion.
  3. Surveiller le patient avec la prise des constantes (tension artérielle, fréquence cardiaque, température, saturation…).
  4. Revérifier les tests de concordance patient/documents /PSL.
  5. Appliquer les consignes données par le médecin (prélèvements, traitement prescrit et surveillances) selon l’évaluation de l’état clinique du patient et l’orientation étiologique de l’EIR.
  6. Débrancher la poche (la technique du double nœud étant surtout appliquée en cas de suspicion d’infection bactérienne).
  7. Informer le site EFS référent dans les meilleurs délais(et, le cas échéant, le dépôt de sang) pour que les mesures nécessaires soient prises.
  8. S’assurer du signalement sans délai de l’EIR (au maximum dans les 8 heures) au correspondant d’hémovigilance de l’établissement de santé.
  9. Garder le dossier transfusionnel complet à la disposition des correspondants de l’hémovigilance.
  10. Suivre l’évolution de l’enquête étiologique de l’EIR et effectuer, le cas échéant, une révision des procédures et des protocoles.

Dans cette partie de l’article, nous avons présenté un protocole général à suivre en cas de symptômes inexpliqués. Une fois la cause précisément identifiée par un médecin (œdème aigu pulmonaire, choc anaphylactique, réaction fébrile non hémolytique, incompatibilité immunologique…), des directives spécifiques seront communiquées à l’infirmier(e) pour une prise en charge adaptée. Vous découvrirez une analyse détaillée des surveillances infirmières et gestion des complications de la transfusion avec leurs étiologies, manifestations, ainsi que les recommandations spécifiques de conduite à tenir pour chaque situation dans cet autre article.

Les enjeux de la transfusion sanguine en soins infirmiers

La transfusion de concentrés de globules rouges (CGR) requiert une expertise et une attention méticuleuse de la part des infirmier(e)s. Ce guide a pour but de vous offrir une vue d’ensemble exhaustive sur les principes, les pratiques et les réglementations entourant la transfusion de CGR.

Les professionnels de santé en soins infirmiers doivent connaître non seulement les aspects techniques de la transfusion, mais aussi les implications légales et les bonnes pratiques. Chaque étape, de la préparation à la surveillance post-transfusionnelle, permet de minimiser les risques de survenue de complications.

La transfusion sanguine devait nécessairement répondre, elle aussi, au souhait de voir se développer les prises en charge ambulatoires pour le confort des malades et la réduction des coûts de santé. Les structures d’hospitalisation à domicile (HAD) sont parfaitement à même de proposer cet acte au domicile des patients, ainsi qu’au sein des structures amenées occasionnellement à transfuser leurs patients, comme les EHPAD. Un document cadre a été établi pour ce faire par plusieurs sociétés savantes et organismes concernés.21 Fondamentalement, la transfusion réalisée en HAD sera superposable à celle que nous venons de passer en revue. Les particularités, pour l’IDE qui va l’effectuer, sont les suivantes :

  • Un médecin sera joignable à distance à tout moment et pendant les deux heures qui suivent la fin de la transfusion.
  • L’accord du patient pour être transfusé à domicile s’accompagne de la nécessité d’avoir sur place un proche qui restera pendant au moins les deux heures qui suivent la transfusion et servira de relais en cas de problème.
  • Un seul produit sanguin labile (PSL) sera transfusé par séance.
  • L’IDE devra se charger du transport du PSL jusqu’au domicile du patient, ainsi que du rapatriement du matériel utilisé vers sa structure pour destruction ou vers l’EFS en cas de complications transfusionnelles.

Remerciements : 

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude au Docteur Jean-Yves PY, secrétaire général de la Société Francophone de Transfusion Sanguine (SFTS), pour sa relecture attentive de cet article et sa précieuse contribution.

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Sources

  1. Bourgeon-Ghittori, I., De Meyer, E. (2014). Transfusion de produits sanguins labiles. In: Bertholet-Goudin, E., Lombardo, V., Clec’h, C. (eds) Livret infirmier au chevet du patient de réanimation : de la connaissance à la pratique. Références en réanimation. Collection de la SRLF. Springer, Paris. 
  2. Collège national des enseignants de réanimation « Réanimation, urgences et défaillances viscérales aiguës » 5e édition – 2015 – Elsevier Masson.
  3. Code de la santé publique « Article R411-9 » version en vigueur depuis le 08 août 2004
  4. Code de la santé publique « Livre II : Don et utilisation des éléments et produits du corps humain (Articles R1211-1 à R1261-33) » version en vigueur au 01 mai 2024
  5. Ministère de la Santé et des Solidarités « Arrêté du 15 mai 2018 fixant les conditions de réalisation des examens de biologie médicale d’immuno-hématologie érythrocytaire » 15/05/2018
  6. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé « Décision du 10/03/2020 définissant les principes des bonnes pratiques prévus à l’article L.1222-12 du code de la publique » mis à jour le 28/10/2022
  7. Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé « Décision du 10 juillet 2018 définissant les pratiques prévues à l’article L.1222-12 du Code de la santé publique » 12/07/2018
  8. Ministère des solidarités et de la santé  « Instruction n° DGS/PP4/DGOS/PF2/2021/230 du 16 novembre 2021 relative à la réalisation de l’acte transfusionnel » 16/11/2021
  9. Haute Autorité de Santé « Référentiel de pratiques professionnelles – Transfusion en anesthésie-réanimation » 06/2005
  10. Fasquel, C. (2019). La transfusion sanguine pour l’infirmier : Évaluation de l’UE 4.4 S4 – Stages – Pratique professionnelle
  11. Ministère des affaires sociales et de la santé « Transfusion sanguine de globules rouges ou autres traitements que la transfusion » 23/05/2013
  12. Haute Autorité de Santé « Transfusion de globules rouges homologues : produits, indications alternatives – Les différents concentrés de globules rouges. Les indications d’examens immuno-hématologiques à réaliser en vue d’une transfusion » 24/02/2015
  13. Conférence Nationale des Coordonnateurs Régionaux d’Hémovigilance et de sécurité transfusionnelle (CNCRH) « Que faut-il pour commander un produit sanguin labile (PSL) ? (pour un adulte, en dehors de l’urgence vitale) » Transfusion Clinique et Biologique » Vol.6-N° 5 Septembre 1999
  14. Direction des affaires juridiques – Assistance Publique – Hôpitaux de Paris « Circulaire DGS/DHOS/AFSSAPS n° 2003-582 du 15 décembre 2003 relative à la réalisation de l’acte transfusionnel » 15/12/2003
  15. Agence régionale de santé Centre-Val de Loire « Transport des Produits Sanguins Labiles. La réglementation » Dr Thierry SAPEY. CRHST- Mme Marjorie BLIN – 03/12/2018
  16. Hôpitaux universitaires de Genève « Transfusions de produits sanguins labiles » approuvé le 14/11/2019
  17. Hôpitaux universitaires de Genève « Transfusion produits sanguins » Mis à jour le 02/05/2022
  18. Agence régionale de santé Lorraine « Recommandations HAS – CGR » Philippe RENAUDIER – 18/01/2016
  19. L’ECN en fiches « Hématologie adulte et pédiatrique oncohématologie » 5e édition – publié le 25/08/2015
  20. Société francophone de transfusion sanguine « Aide mémoire : la transfusion de CGR » 09/08/2018
  21. Société Francophone de Transfusion Sanguine « Hospitalisation à domicile et transfusion » 04/11/2021