La réanimation chirurgicale est une spécificité de la réanimation. D’après le site de la SFAR (Société Française d’Anesthésie et de Réanimation), la réanimation est « une discipline médicale dédiée à la prise en charge de patients et de leurs familles dans un contexte de pathologies complexes, menaçant le pronostic vital à court ou moyen terme. Elle exige des moyens et organisations spécifiques […] et requiert également l’utilisation 24 heures sur 24 de traitements et techniques particuliers nécessités par la suppléance d’organes vitaux dits « défaillants » ».1

La réanimation chirurgicale se distingue des autres services de réanimation par la prise en charge de patients présentant une ou plusieurs défaillances vitales en pré ou post-opératoire.

Les prises en charge en réanimation chirurgicale sont diversifiées, allant de l’administration de traitements à la suppléance d’organes, en passant par l’accompagnement psychologique des patients et de leur entourage. Elles peuvent être à visée curative ou palliative, et concernent des patients en phase aiguë ou atteints de maladies chroniques.

L’infirmier(e) de réanimation travaille en binôme avec l’aide soignant(e). Le reste de l’équipe se compose de médecins anesthésistes réanimateurs et de kinésithérapeutes qui interviennent chaque jour auprès des patients.

Enfin, au quotidien, des avis chirurgicaux ou médicaux peuvent être demandés aux différents praticiens selon les motifs d’hospitalisation des patients. 

Dans cet article, nous aborderons ce que vous devez savoir avant de débuter un stage en réanimation chirurgicale : des pathologies rencontrées aux compétences à valider.

infographie - infirmier et patient en service de réanimation

Typologie du lieu de stage et particularités du service de réanimation chirurgicale

Le stage en réanimation chirurgicale s’inscrit dans la typologie des soins de courte durée (SCD). 

Au sein d’un service de réanimation chirurgicale, les infirmier(e)s exercent aussi bien de jour que de nuit. Les équipes effectuent la plupart du temps des roulements de 12 heures. Le service accueille des patients tout au long de l’année. Un effectif permanent est donc nécessaire, y compris les week-ends et jours fériés. Le nombre de patients par soignant est défini par la loi : deux infirmier(e)s pour cinq patients et un(e) aide-soignant(e) pour quatre patients.2

Les patients admis en service de réanimation chirurgicale peuvent être transférés : 

  • D’un autre service (urgences ou chirurgie traditionnelle par exemple). 
  • En postopératoire soit d’une chirurgie programmée (dans le cadre d’une surveillance accrue, à la demande d’un chirurgien ou selon les protocoles hospitaliers) soit à l’issue d’une opération dont les suites ne sont pas favorables.  
  • Directement depuis leur domicile ou depuis le lieu d’accident par les pompiers ou le SMUR, s’il s’agit de patients dont l’état instable nécessite une prise en charge réanimatoire permettant de réaliser un bilan lésionnel complet, s’appuyant sur d’éventuelles imageries ou bilans sanguins, afin de pouvoir envisager une intervention chirurgicale d’urgence dans de bonnes conditions.

Lexique en réanimation chirurgicale

Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité. 

Par exemple, en réanimation chirurgicale, vous entendrez :

  • ACR : arrêt cardio-respiratoire
  • ACSOS : agressions cérébrales secondaires d’origine systémique
  • AVP : accident de la voie publique 
  • CGR : concentré de globules rouges 
  • DRA : détresse respiratoire aiguë 
  • DVE : dérivation ventriculaire externe 
  • ECMO : extracorporeal membrane oxygenation (système d’oxygénation extracorporelle) 
  • EER : épuration extrarénale
  • FV : fibrillation ventriculaire 
  • IOT : intubation oro-trachéale
  • IRA : insuffisance rénale aiguë 
  • IRC : insuffisance rénale chronique 
  • KTA : cathéter artériel 
  • KTC : cathéter central 
  • KTD : cathéter de dialyse 
  • MHC : masque haute concentration 
  • OHD : oxygénation à haut débit
  • PAI : pression artérielle invasive 
  • PAM : pression artérielle moyenne 
  • PEC : prise en charge 
  • PIC : pression intracrânienne 
  • PIV : pression intravésicale
  • PNI : pression non-invasive 
  • TC : traumatisme crânien 
  • USCPO : unité de soins continus post-opératoires
  • USR : unité de sevrage respiratoire 
  • V.A.C. : vacuum-assisted closure (traitement des plaies par pression négative) 
  • VAC : ventilation assistée contrôlée 
  • VNI : ventilation non-invasive 
  • VSAI : ventilation spontanée avec aide inspiratoire 

Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent.

infographie - la mesure invasive de la pression artérielle

Pathologies rencontrées et facteurs de risque en réanimation chirurgicale

Les infirmier(e)s en réanimation chirurgicale prennent en charge une variété de patients présentant diverses pathologies. 

Ces patients peuvent souffrir par exemple3 :

  • D’hémorragies (digestives, méningées, de la délivrance…).
  • D’intoxications (éthyliques aiguës, dues aux médicaments…). 
  • D’occlusions intestinales, de péritonites aiguës. 
  • D’une défaillance circulatoire (chocs hypovolémique, anaphylactique, septique, cardiogénique).
  • D’une défaillance neurologique.
  • D’une défaillance rénale. 
  • D’une défaillance respiratoire.
  • De dénutrition ou de déshydratation.
  • De mort encéphalique (donneur d’organes et de tissus). 
  • De traumatismes (maxillo-facial, du rachis, crânien, abdominal, du bassin, lésions orthopédiques traumatiques…). 

Les patients de réanimation présentent couramment les antécédents suivants :

  • Un diabète. 
  • Un éthylisme actif. 
  • Un tabagisme actif.
  • Une artériopathie oblitérante des membres inférieurs. 
  • Une broncho-pneumopathie chronique obstructive. 
  • Une hypercholestérolémie. 
  • Une hypertension artérielle.
  • Une insuffisance rénale chronique…

Il est essentiel de se renseigner sur les antécédents et les pathologies associées, afin de dispenser des conseils de qualité aux patients ou à leurs proches. Vous pourrez, par exemple, leur donner des recommandations afin qu’ils appréhendent mieux les soins et traitements récurrents liés à leur diabète, leur insuffisance respiratoire, etc. 

Spécificités de la réanimation chirurgicale

Le service de réanimation se distingue des autres par la continuité renforcée de la surveillance et des soins. 

En tant que futur(e) professionnel(le), vous serez formé(e) à : 

  • L’installation et au transport du patient en réanimation.
  • L’utilisation des différents dispositifs médicaux utilisés en service de réanimation. 
  • La prise en charge de l’urgence vitale.
  • La prise en charge du patient sédaté.
  • La prise en charge du patient ventilé mécaniquement. 
  • La surveillance d’un patient en réanimation. 
infographie - patient intubé et ventilé par voie orotrachéale

Actes et soins rencontrés en réanimation chirurgicale

Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins en rapport avec :

  • L’administration de traitements et de stupéfiants.
  • L’alimentation (surveillance des apports caloriques et hydriques, pose de sonde gastrique, administration de l’alimentation entérale…). 
  • L’élimination (pose d’une sonde vésicale, lecture d’une bandelette urinaire, prélèvements urinaires, dialyse…). 
  • L’hygiène de l’environnement (préparation d’une chambre lors d’une entrée, réfection d’une chambre lors de la sortie d’un patient). 
  • La communication et la gestion du travail (travail en équipe, transmissions au médecin responsable, communication avec le binôme aide-soignant(e), gestion des priorités, organisation des soins, gestion de situations d’urgence…). 
  • La communication/la relation (mode de communication verbale, non verbale, explication des soins et traitements, examens, information des familles en tenant compte du secret professionnel…). 
  • La ventilation (vérification du matériel, connaissance du matériel d’intubation, changement des modes de ventilation, surveillance et soins du patient trachéotomisé…). 
  • Le drainage pleural (ablation d’un drain en collaboration avec le médecin…). 
  • Le maintien de la température du corps (correction d’hypo ou d’hyperthermie…)
  • Le monitorage.
  • Les prélèvements (prélèvements de sang, préparation du matériel en vue d’une fibroscopie bronchique…). 
  • Les soins d’hygiène (lavage des mains de façon antiseptique ou chirurgicale, toilette quotidienne ou change d’un patient, soins de bouche des patients sédatés, soins des yeux, prévention d’escarres selon le degré d’autonomie du patient…). 
  • Les soins de confort (installation du patient selon sa pathologie et son autonomie, appréciation de la douleur psychique et physique…). 
  • Les techniques de perfusion (cathéters périphériques et centraux…). 

Vous trouverez, dans l’unité d’enseignement 4.4 de Réussis ton IFSI, des renseignements approfondis sur la méthode de chacun de ces soins.

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Traitements administrés en réanimation chirurgicale

La pharmacologie en réanimation chirurgicale est diversifiée et comprend un panel de médicaments allant des anesthésiques (locaux et généraux) aux catécholamines par exemple. 

Il est essentiel de maîtriser les indications des traitements administrés ainsi que l’effet escompté pour chaque patient. 

Vous serez amené(e) à rencontrer les traitements suivants selon les semestres d’apprentissage4.5

  • Les anesthésiques généraux et locaux.
  • Les antalgiques.
  • Les antiarythmiques et antiangoreux.
  • Les antiasthmatiques, les antihistaminiques.
  • Les antibiotiques, les antiviraux, les antifongiques et les antirétroviraux.
  • Les anticoagulants.
  • Les antidépresseurs.
  • Les antidiabétiques.
  • Les antihypertenseurs.
  • Les anti-inflammatoires.
  • Les antithrombotiques.
  • Les antiulcéreux, les anti-diarrhéiques et les laxatifs.
  • Les anxiolytiques et les hypnotiques.
  • Les chimiothérapies anticancéreuses.
  • Les hypolipémiants.
  • Les immunosuppresseurs.
  • Les neuroleptiques et normothymiques.
  • Les stupéfiants.

Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.

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Autres connaissances spécifiques

Les soignant(e)s en réanimation chirurgicale doivent être capables :

  • D’évaluer la douleur d’un patient. 
  • D’identifier les différents états de choc et les signes cliniques associés. 
  • D’intervenir auprès d’un patient présentant un arrêt cardio-respiratoire. 
  • De connaître les normes biologiques d’une numération de formule sanguine, d’un ionogramme sanguin, ainsi que des gaz du sang. 
  • De différencier les modes de ventilation. 
  • De mesurer le score de sédation d’un patient au repos. 
  • De réaliser des surveillances neurologiques (score de Glasgow, évaluation des pupilles, évaluation de l’orientation, évaluation du déficit). 
  • De réaliser les tests de compatibilité sanguine ABO. 

Les risques liés à l’anesthésie et/ou à la chirurgie sont nombreux, c’est pourquoi il est primordial de faire preuve de vigilance et de surveiller attentivement l’état hémodynamique du patient, qui peut indiquer la survenue de complications graves.

Objectifs de stage en réanimation chirurgicale

En stage de réanimation chirurgicale, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.

Si vous éprouvez des difficultés pour formuler vos objectifs de stage, notre équipe a publié un article sur comment formuler ses objectifs de stage en soins infirmiers.

Exemple de compétences requises : (liste non exhaustive, qui doit être adaptée à chaque service)

  • Accompagner les familles dans la compréhension de la sédation. 
  • Accueillir une personne présentant un traumatisme crânien. 
  • Adapter l’installation d’un patient sédaté afin de minimiser les retentissements de l’alitement prolongé. 
  • Connaître les différents systèmes de ventilation (invasive et non invasive) ainsi que les surveillances qui en découlent.
  • Connaître, adapter et évaluer le fonctionnement des appareils de surveillance hémodynamique en réanimation. 
  • Être capable d’adapter l’administration de la sédation et de la curarisation du patient en analysant les signes cliniques à l’aide des outils d’évaluation utilisés dans le service et en tenant compte des objectifs prescrits.6
  • Être capable d’adapter l’administration des catécholamines selon la prescription médicale en analysant l’évolution hémodynamique transmise par le monitorage.6
  • Évaluer la diurèse d’un patient présentant une insuffisance rénale aiguë ou chronique. 
  • Évaluer la douleur chez un patient avec qui la communication est difficile.
  • Organiser la préparation et le transfert en secteur de chirurgie d’un patient afin d’assurer la continuité et la sécurité des soins. 
  • Organiser les différentes prises en charge soignantes (kinésithérapeute, médecins, manipulateur radio…).
  • Planifier la préparation du patient avant un examen complémentaire (scanner, IRM…).
  • Préparer, administrer et surveiller un antibiotique par voie parentérale pour un patient présentant une pneumopathie dans un contexte de choc septique. 
  • Réaliser des soins de confort auprès d’un patient porteur de dispositifs médicaux (ventilation, drains, redons, pansements…).
  • Rechercher les informations nécessaires à la prise en charge d’un patient sédaté, intubé et ventilé. 
  • Traiter les données cliniques du patient sédaté transmises par l’équipe pluri-professionnelle afin d’évaluer des signes évocateurs de réveil. 

Professionnels rencontrés en réanimation chirurgicale

Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez :

  • Agents des services hospitaliers, 
  • Aide-soignant(e)s, 
  • Assistantes sociales, 
  • Cadre de santé, 
  • Chirurgiens, 
  • Infirmier(e)s anesthésistes, 
  • Infirmier(e)s de bloc opératoire, 
  • Infirmier(e)s, 
  • Internes/externes,
  • Kinésithérapeute, 
  • Manipulateurs radio, 
  • Médecin anesthésiste réanimateur, 
  • Médecins légistes,
  • Néphrologues, 
  • Perfusionnistes,
  • Psychologue, 
  • Radiologues.
infographie - une équipe de professionnels de santé avec un patient en service de réanimation

Conclusion

Devenir infirmier(e) en réanimation chirurgicale peut sembler intimidant de prime abord, compte tenu de la variété des tâches à accomplir. Cependant, c’est précisément cette diversité qui motive les professionnel(le)s de santé qui y travaillent.

La plupart du temps, les patients sont admis dans un état instable et l’enjeu est considérable : il faut identifier les problèmes, leur étiologie et les traiter de manière pluridisciplinaire, avec la rigueur et la technicité requises en réanimation. La satisfaction de voir les patient(e)s quitter le service pour rejoindre un service de chirurgie traditionnelle n’en est que plus grande. Le cas échéant, vous pouvez compter sur vos collègues et sur une véritable cohésion d’équipe dans les prises en charge plus compliquées, où il faut parfois soutenir les familles dans des moments difficiles. 

Il n’est pas rare que les infirmier(e)s de réanimation chirurgicale partagent leur temps de travail entre le service et le SMUR. Certain(e)s alternent également avec la coordination des greffes. D’autres, après avoir exercé quelque temps en service de réanimation, décident de passer le concours d’infirmier anesthésiste. De nombreux diplômes universitaires liés à la réanimation ou en lien avec celle-ci sont disponibles et très intéressants. Enfin, la technicité requise dans ce type de service permet aux professionnel(le)s de santé d’avoir facilement accès à des formations pour actualiser les pratiques et les connaissances dont ils ont besoin.

Sources

  1. Société Française d’Anesthésie et de Réanimation – « Référentiel de compétence de l’infirmier de réanimation » – 01/2017.
  2. Légifrance  « Décret n° 2002-466 relatif aux conditions techniques de fonctionnement auxquelles doivent satisfaire les établissements de santé pour pratiquer les activités de réanimation, de soins intensifs et de surveillance continue et modifiant le Code de la santé publique (troisième partie : décrets simples) » – 05/04/2002.
  3. Elsevier Masson « Les cahiers infirmiers ; Urgences Réanimations » – Date de publication : 08/2021.
  4. CHU Rouen Normandie, Pôle RAS « Livret étudiants infirmiers Réanimations » – Avril 2018. 
  5. Steven Lagadec « Référentiel infirmier MÉDICAMENTS injectables. Adulte et Pédiatrique. Urgences – Samu – Smur – Réanimation – SSPI – Chariot d’urgence » – 2021.
  6. Centre Hospitalier d’Avignon – Réanimation – Guide d’accueil de l’étudiant IDE en réanimation– REA ACC 04 D – Version n°3 – Septembre 2016 – p. 1/46 – Rédigé par : C. VENTURELLI Cadre de Santé Réa- Validé par : K.RONAT CSS Direction des Soins.