Le prélèvement sanguin sur chambre implantable consiste à recueillir du sang à travers un dispositif totalement implanté sous la peau, qui offre un site d’accès veineux central unique, appelé chambre à cathéter implantable (CCI), Port-à-Cath® (PAC) ou chambre implantable percutanée (CIP). Ce système se compose d’un boîtier-réservoir muni d’un septum en silicone, relié à un cathéter dont l’extrémité est positionnée dans une grosse voie veineuse centrale, le plus souvent la veine cave supérieure.1

La procédure s’effectue en perforant le septum à l’aide d’une aiguille de Huber, afin d’aspirer le sang veineux central via le cathéter sans recourir à une ponction veineuse périphérique. Indiquée pour les traitements intraveineux de longue durée (injection de chimiothérapies lors de la prise en charge des patients atteints de cancers par exemple), la chambre implantable préserve le capital veineux en évitant les ponctions répétées, et garantit des injections en toute sécurité.1

Le prélèvement sanguin sur CIP est une pratique qui doit rester exceptionnelle et encadrée. L’application stricte de protocoles précis est essentielle. Il requiert une asepsie rigoureuse, le respect des étapes fondamentales telles que la purge et le rinçage pulsé, l’application stricte des règles d’hygiène, ainsi que l’utilisation de matériel stérile, afin de garantir la qualité et la fiabilité du prélèvement.2

Dans cet article, vous découvrirez toutes les étapes pour réaliser un prélèvement sur chambre implantable percutanée, les précautions à respecter et les adaptations à prévoir selon la suite du soin avec ou sans perfusion.

Pour tout savoir sur la chambre implantable,la pose de l’aiguille de Huber et le retrait de l’aiguille de Huber, consultez nos articles dédiés.

Matériel pour le prélèvement sanguin sur chambre implantable

Commencez par désinfecter soigneusement le plan de travail avec un produit conforme à la norme EN 13697, en respectant le temps de séchage indiqué par le fabricant.3

Lors de la préparation du matériel, veillez à l’intégrité des emballages afin de garantir la stérilité, et vérifiez systématiquement les dates de péremption.

Voici le matériel à préparer : 

  • 1 paire de gants stériles4.5 ℹ️
  • 2 masques chirurgicaux (patient + soignant)4
  • Solution hydroalcoolique (SHA)4
  • Compresses stériles4
  • Alcool à 70°4
  • 1 seringue préremplie de 10 mL (pour effectuer un rinçage pulsé après avoir vérifié le reflux sanguin)4.7
  • 1 seringue préremplie de 20 mL (pour effectuer le rinçage pulsé en fin de soin)4.7
  • 1 seringue Luer Lock de 10 mL (pour effectuer la purge)1.6.7.8
  • 1 dispositif Vacutainer® Luer Lock stérile (système de prélèvement)
  • Tubes de prélèvement selon la prescription du médecin
  • 2 bouchons stériles
  • Champ stérile pour le plan de travail
  • Collecteur OPCT (objets piquants, coupants, tranchants)
  • Sacs DASRI/DAOM

ℹ️ Information complémentaire

Selon les recommandations de la SF2H, le prélèvement sanguin via une chambre implantable relève des manipulations proximales. À ce titre, il doit obligatoirement être réalisé avec des gants stériles, pour garantir une asepsie rigoureuse lors de l’accès au dispositif.4

Infographie - matériel nécessaire au prélèvement sanguin sur chambre implantable

Déroulement du prélèvement sanguin sur chambre implantable

Avant de commencer le prélèvement, il est indispensable que l’aiguille de Huber ait été mise en place dans des conditions stériles sur la chambre implantable. Si ce n’est pas encore fait, vous pouvez consulter notre article détaillé sur la pose de l’aiguille de Huber pour suivre la procédure pas à pas.

Procédure à suivre pour réaliser le prélèvement sanguin sur chambre implantable : 4.9

  • Vérifier la prescription médicale en s’assurant qu’elle comporte bien le nom du patient, le nom et le numéro RPPS du médecin prescripteur, la date, l’heure ainsi que la signature.
  • Expliquer le soin au patient avec bienveillance, en adaptant votre discours à son niveau de compréhension et en adoptant une posture rassurante, sans utiliser de formulations anxiogènes.
  • Recueillir le consentement libre et éclairé du patient.
  • Réaliser l’identitovigilance en demandant au patient de décliner son nom de naissance, son nom d’usage (le cas échéant), son prénom et sa date de naissance.
  • Réaliser une friction hydroalcoolique, en respectant les étapes recommandées et une durée minimale de 30 secondes.
  • Installer le patient en position semi-assise en veillant à son confort.
  • Mettre le masque (soignant et patient).
  • Vérifier que le pansement recouvrant l’aiguille de Huber n’est pas souillé, qu’il est sec, bien fixé et transparent, puis s’assurer de l’absence de rougeur, d’œdème, d’écoulement ou de signe d’infection au niveau du point de ponction visible sous le pansement.
  • Réaliser une deuxième hygiène des mains avec une solution hydroalcoolique.
  • Installer le champ stérile sur le plan de travail et y disposer tout le matériel nécessaire à portée de main, en prenant soin de ne jamais entrer en contact avec la zone stérile afin de préserver l’asepsie.
  • Réaliser une troisième friction hydroalcoolique.
  • Mettre les gants stériles.
  • Clamper et désadapter la perfusion en cours avec une compresse stérile imbibée d’alcool à 70°.ℹ️
  • Désinfecter la valve de l’aiguille de Huber par mouvements de friction pendant 15 secondes puis attendre qu’elle sèche.10
  • Connecter la seringue préremplie de 10 mL.
  • Ouvrir le clamp de l’aiguille à l’aide d’une compresse stérile.
  • Réaliser une légère aspiration afin d’obtenir un reflux sanguin, signe de la bonne perméabilité de la chambre puis effectuer un rinçage pulsé par pressions successives (3 à 4 poussées).
  • Clamper l’aiguille à l’aide d’une compresse stérile.
  • Adapter la seringue Luer Lock de 10 mL, ouvrir le clamp de l’aiguille toujours à l’aide de compresses imbibées d’alcool à 70°.
  • Réaliser une purge de 10 mL de sang sans jamais la réinjecter. Refermer ensuite le clamp de l’aiguille, puis jeter la seringue dans le sac DASRI.
  • Adapter le vacutainer Luer Lock à la valve de l’aiguille.
  • Ouvrir le clamp de l’aiguille toujours avec une compresse stérile.
  • Saisir les tubes de prélèvement à l’aide d’une compresse imbibée d’alcool, les connecter au corps de pompe, puis prélever en respectant l’ordre d’utilisation des tubes ainsi que les recommandations associées au prélèvement sanguin, notamment l’homogénéisation.ℹ️
  • Une fois le prélèvement sanguin terminé, clamper l’aiguille de Huber à l’aide d’une compresse stérile imbibée d’alcool, puis déconnecter le vacutainer en respectant l’asepsie du raccord et l’éliminer dans la boîte OPCT.

ℹ️ Informations complémentaires

  1. Manipulations avec des compresses imbibées d’alcool à 70° : une étude multicentrique récente rapporte que, malgré le port de gants stériles, une contamination résiduelle de 14 % persiste sur les extrémités digitales lors de manipulations proximales. Cette donnée souligne l’intérêt d’interposer systématiquement une compresse alcoolisée pour toute manipulation non stérile, afin de créer une barrière supplémentaire et de limiter la contamination croisée.11
  2. Tubes de prélèvement non stériles : bien que le port de gants stériles soit obligatoire pour les manipulations proximales selon les recommandations de la SF2H4, les tubes de prélèvement ne sont pas stériles par nature. Pour limiter le risque de contamination croisée, ils doivent être saisis à l’aide d’une compresse imbibée d’alcool à 70°. Une fois ce contact établi, il est impératif de ne plus toucher directement l’embout proximal de l’aiguille de Huber ni toute autre zone critique sans précaution. En cas de reprise de geste sur une zone stérile, utiliser une compresse stérile ou, si cela n’est pas possible, changer de gants avant d’intervenir.

À la fin du prélèvement sanguin, la conduite à tenir dépend de la reprise immédiate ou non de la perfusion.

Dans les deux cas, l’objectif reste de préserver la perméabilité de la chambre implantable, de limiter le risque de thrombose ou d’obstruction et de garantir la sécurité du patient.

Fin du prélèvement sanguin sur chambre implantable avec reprise de perfusion

  • Rincer avec une seringue de 20 mL de chlorure de sodium 0,9 % en rinçage pulsé pour garantir la perméabilité du dispositif et prévenir l’accumulation de dépôts solides.4
  • Fermer le clamp en fin de rinçage en respectant une asepsie stricte avec des compresses désinfectantes.
  • Connecter la ligne de perfusion à l’aide de compresses imbibées de désinfectant.
  • Rouvrir le clamp pour reprendre l’administration des solutés.

Fin du prélèvement sanguin sur chambre implantable sans reprise de perfusion

  • Rincer avec la seringue préremplie de 20 mL de NaCl 0,9 % en utilisant un rinçage pulsé afin d’éliminer tout résidu sanguin et de limiter le dépôt intraluminal de particules solides.4
  • Maintenir une pression positive en fermant le clamp pendant le dernier millilitre injecté.
  • Mettre un bouchon obturateur stérile (avec des compresses imbibées d’alcool à 70 %).

Fin du prélèvement sanguin sur chambre implantable et retrait de l’aiguille de Huber

Si l’on prévoit de retirer l’aiguille à l’issue de la prise de sang, il est primordial de respecter les bonnes pratiques pour limiter les risques infectieux, les accidents liés à l’exposition au sang et garantir la perméabilité du cathéter.

Pour découvrir les étapes précises du retrait, du rinçage en pression positive jusqu’à la traçabilité du soin, consultez notre article dédié : retrait de l’aiguille de Huber.

À la fin, étiqueter les tubes au chevet du patient, immédiatement après le prélèvement, par la personne l’ayant réalisé, afin d’identifier clairement les échantillons conformément aux bonnes pratiques. Remplir ensuite les bons de laboratoire. Tracer dans le dossier de soins ou en macrocible la réalisation du prélèvement, en mentionnant la présence ou l’absence de reflux, le débit d’injection observé, et signaler tout dysfonctionnement rencontré lors de l’utilisation de l’aiguille de Huber.

Complications lors du prélèvement sanguin sur chambre implantable

Le prélèvement sanguin sur chambre implantable exige une grande rigueur, car plusieurs complications peuvent survenir en l’absence de protocoles stricts et précis. 

Certaines sont liées au dysfonctionnement du dispositif, comme l’absence de reflux sanguin, une résistance anormale à l’injection ou une douleur ressentie par le patient lors du geste, pouvant évoquer un mauvais positionnement de l’aiguille. D’autres complications sont d’ordre infectieux, notamment en cas de manipulations répétées ou d’asepsie insuffisante, augmentant le risque d’infection. Des complications mécaniques peuvent aussi survenir, telles qu’une obstruction du cathéter, des thromboses veineuses, une rupture du cathéter, un hématome ou encore une extravasation liée à un mauvais positionnement de l’aiguille. Plus rarement, une embolie gazeuse peut être provoquée par une manipulation incorrecte de la chambre implantable.6

Ces complications soulignent l’importance d’une vigilance constante et d’une application rigoureuse des protocoles, ainsi qu’une parfaite maîtrise du matériel utilisé.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter notre tableau récapitulatif des complications associées à la chambre implantable.

Pour aller plus loin

Pour maîtriser l’ensemble des soins liés à la chambre implantable, nous vous recommandons la lecture de nos articles complémentaires :

  • Guide infirmier : la chambre implantable (CIP) : définition, indications, contre-indications, déroulement de la pose chirurgicale, soins postopératoires, surveillances quotidiennes, complications possibles et conseils à donner au patient.
  • Pose de l’aiguille de Huber dans une chambre implantable : choix du matériel, méthode de préparation aseptique, insertion de l’aiguille, vérification de la perméabilité, fixation du pansement et recommandations d’expert(e)s pour limiter les risques infectieux.
  • Retrait de l’aiguille de Huber : rinçage en pression positive, prévention du reflux, élimination du matériel, réinstallation du patient et traçabilité des soins.

Ces articles vous permettront d’effectuer des soins de qualité, en toute sécurité pour vos patients porteurs de chambres implantables.

Remerciements

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Anthony KERYHUEL (formateur en IFSI, anciennement infirmier en médecine oncologique), Sandra STOESSEL (formatrice en IFSI), Christophe RUDIGCKO (formateur en IFSI, anciennement IDE en hématologie), Alexandre MOUZAKITIS, (IDE en oncologie, EIPA oncologie), Isabelle BATAILLE (cadre de santé et formatrice en IFSI), Marielle LABORDE (formatrice en santé), Aude PALLIER (formatrice et référente en santé), Viviane CASSOTTI (hygiéniste), Badia JABRANE (directrice pédagogique) pour leur contribution et leur regard d’expert(e).

Chez Réussis ton IFSI, nous nous engageons à proposer des contenus d’une fiabilité inégalée. En complément de l’expertise interne de notre équipe habituelle, nous valorisons l’apport de professionnel(le)s extérieur(e)s qualifié(e)s qui enrichit nos articles de perspectives nouvelles.

Sources

  1. Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) « Chambre à cathéter implantable (CCI) » 26/11/2021
  2. OMéDIT Centre-Val de Loire « Le prélèvement sanguin sur CCI » 09/2014
  3. Association française de normalisation (Afnor) « NF EN 13697 » norme datant du 11/2023 en vigueur au 02/07/2025
  4. Société française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) « Prévention des infections associées aux chambres à cathéter implantables pour accès veineux » 03/2012
  5. Centre hospitalier Chalon-sur-Saône « La chambre à cathéter implantable » 19/09/2016
  6. Dispositif Spécifique Régional du Cancer ONCO AURA « Techniques de manipulation et d’entretien d’une chambre à cathéter implantables (CCI) » mis à jour le 07/01/2025
  7. Centre de coordination en oncologie Onco-Nouvelle-Aquitaine « Abord veineux de longue durée : chambre à cathéter implantable (CCI) : indications, pose et complications » 04/02/2015
  8. Centre hospitalier de Blois « Bonnes pratiques d’une chambre à cathéter implantable » 06/04/2017
  9. HaD France « Protocole de technique de prélèvement sur CCI » mis à jour le 01/03/2024
  10. Société française d’Hygiène Hospitalière (SF2H) « Prévention des infections liées aux cathéters périphériques vasculaires et sous-cutanés » 05/2019
  11. Surveillance et prévention des infections associées aux dispositifs invasifs (SPIADI) « L’Étude multicentrique CleanHandPROX : Impact du port des gants stériles lors d’une manipulation proximale d’un cathéter central et d’un Midline avec prolongateur intégré » 12/06/2024