La chambre implantable percutanée (CIP) est un dispositif médical constitué d’un boîtier et d’un cathéter, implanté sous la peau lors d’une courte intervention chirurgicale. Le boîtier, situé au niveau du thorax, est relié par le cathéter à une veine centrale. Ce système facilite l’administration, par voie intraveineuse, de traitements comme des alimentations parentérales, des chimiothérapies ou des antibiothérapies, sur une longue durée via une aiguille appelée aiguille de Huber.1
Ce dispositif est aussi appelé Port-à-Cath® (PAC), site veineux implantable (SVI), dispositif veineux implantable (DVI) ou chambre à cathéter implantable (CCI).2
En évitant la mise en place de perfusions répétées dans des veines périphériques fragiles et susceptibles de devenir inutilisables, les chambres implantables augmentent le confort du patient et préservent son capital veineux. Cette voie veineuse centrale facilite également l’administration des traitements et permet au patient de poursuivre une activité physique normale.3
En France, les infections associées aux soins (IAS) engendrent un coût annuel estimé entre 2 et 6 milliards d’euros pour le système de santé4, en raison notamment de la prolongation des hospitalisations et des traitements supplémentaires nécessaires. Face à ces enjeux, les professionnel(le)s de santé doivent parfaitement maîtriser l’utilisation, la surveillance et les bonnes pratiques liées à ces dispositifs afin de limiter les complications, notamment les risques infectieux.
Ce guide complet s’adresse aux étudiant(e)s et aux professionnel(le)s de santé souhaitant revoir l’ensemble des connaissances et bonnes pratiques liées à l’utilisation des chambres implantables : de leur définition à leur pose, en passant par la surveillance postopératoire, la gestion des complications et les conseils à transmettre aux patients.
Pour approfondir vos connaissances sur les soins infirmiers associés à la chambre implantable, vous pouvez consulter nos guides pratiques sur la pose de l’aiguille de Huber, le retrait de l’aiguille de Huber ainsi que le prélèvement sanguin sur chambre implantable (CIP). Chacun détaille les étapes clés, le matériel requis et les bonnes pratiques à adopter.
Définition et composition de la chambre implantable percutanée
Une CIP se compose de deux éléments : le cathéter et le boîtier.5.6
- Le boîtier, généralement en titane ou en plastique médical, mesure environ 2,5 centimètres de diamètre avec une membrane en silicone capable de résister à environ 2 000 ponctions (l’équivalent d’une ponction par jour pendant 5 ans).
- Le cathéter est un long tuyau souple, en silicone ou polyuréthane, conçu pour être radio-opaque, c’est-à-dire visible sur les radiographies, afin de faciliter son positionnement et le suivi de son trajet dans le corps. Il est relié au boîtier et inséré dans un grand vaisseau à la base du cou, avec son extrémité distale située à l’entrée de l’atrium droit pour permettre l’administration rapide des traitements dans le système circulatoire central.

La chambre implantable percutanée est plus ou moins visible sous la peau, en relief. Cela dépend de la morphologie du patient, de l’emplacement et de la taille du dispositif implanté. Traditionnellement, le boîtier de la chambre implantable percutanée se situe de préférence au niveau du côté supérieur droit de la poitrine, sous la clavicule, bien que cet emplacement ne soit pas exclusif. La chambre peut également être placée dans la région brachiale, sous-axillaire.

Cadre législatif autour de la chambre implantable percutanée
La manipulation et la surveillance des chambres implantables s’inscrivent dans un cadre législatif rigoureux, qui encadre la responsabilité des infirmier(e)s, et garantit la sécurité des patients.
Conformément au Code de la santé publique, l’infirmier(e) est autorisé(e), sur prescription médicale ou dans le cadre d’un protocole écrit, à réaliser certains actes techniques sur les dispositifs d’accès vasculaire implantables, à condition que ceux-ci aient été posés médicalement.
Art R. 4311-7.7 « L’infirmier est habilité à pratiquer les actes suivants soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement écrit, daté et signé par le médecin :
- 4°. Surveillance de cathéters veineux centraux et de montage d’accès vasculaires implantables mis en place par un médecin ;
- 5°. Injections, et perfusions, à l’exclusion de la première, dans ces cathéters ainsi que dans les cathéters veineux centraux et ces montages :
- a) de produits autres que ceux visés au deuxième alinéa de l’article R.4311-9 ;
- b) de produits ne contribuant pas aux techniques d’anesthésie générale ou locorégionale mentionnées à l’article R.4311-12. »
Indications de la chambre implantable percutanée
Les chambres implantables permettent principalement d’administrer des traitements de longue durée (généralement plus de 3 mois)1 qui nécessitent un accès répété au réseau veineux, soit de manière continue, soit de manière intermittente. Le système est conçu pour rester en place pendant des années.6.8
Les indications sont les suivantes :
- Protéger le capital veineux des patients nécessitant des traitements par voie intraveineuse à long terme.6.9
- Administrer un traitement à long terme tel que la chimiothérapie, l’antibiothérapie, effectuer des transfusions et injecter une nutrition parentérale.6
- Permettre un accès veineux facile et fiable.
- Garantir le confort du patient.6
- Permettre l’injection de produits de contraste, notamment en cas d’obstruction du Port-à-Cath®, à condition que la chambre implantable soit compatible avec les injections sous haute pression (débit de 5 mL/s minimum)10, ce qui n’est pas le cas de tous les modèles. Une IRM est également possible en présence d’une aiguille de Huber, à condition que le service de radiologie soit équipé d’un aimant adapté pour éviter les interférences et garantir la qualité des images.11
Contre-indications de la chambre implantable percutanée
Lors de l’évaluation de l’installation d’une chambre implantable, il faut prendre en compte plusieurs contre-indications potentielles. Ces contre-indications aident à garantir la sécurité du patient et à éviter des complications postopératoires. Elles incluent :
- Les zones précédemment irradiées et les patients souffrant de cancers du sein homolatéraux.1
- Les métastases cutanées, tumeurs médiastinales.1.6.8.9
- Les zones infectées1.6.9(sauf si une évaluation des bénéfices/risques a été effectuée).8
- Les zones irradiées ou qui le seront prochainement.6.8
- Les troubles majeurs de la coagulation.1.6.9.12
- Les bactériémies.6
- Les antécédents de phlébite axillaire sous-clavière.1.6
- Les allergies au silicone.6
Ces contre-indications doivent être évaluées et il faut en discuter avec le patient avant de procéder à l’implantation.
Déroulement de la pose d’une chambre implantable percutanée
En général, cette procédure est réalisée en ambulatoire9, ce qui signifie que le patient peut rentrer chez lui le jour même, qu’il ne passera pas de nuit à l’hôpital. L’opération est généralement pratiquée sous anesthésie locale ou sous hypnose, bien que, dans certains cas, une anesthésie générale soit requise. L’intervention dure entre 15 et 30 minutes. La pose de la chambre implantable est effectuée par un(e) professionnel(le) de santé qualifié(e), tel qu’un(e) chirurgien(ne), un(e) anesthésiste ou un(e) radiologue.
Avant la pose d’une chambre implantable percutanée
Avant l’intervention, l’équipe soignante évalue l’état de santé du patient, ses antécédents et activités quotidiennes pour déterminer l’emplacement du boîtier. Elle s’assure aussi de la préparation psychologique du patient.
Vérifications et informations à prendre en compte avant la procédure :
- Traitements du patient.6.9
- Saignements éventuels et/ou prise d’anticoagulants/d’antiplaquettaires.6.8.9
- Allergies éventuelles.6.9
- Projet de grossesse ou grossesse en cours.9
- Pratique d’un sport ou non.9
- Modalités de transport pour se rendre sur place et rentrer chez soi après l’intervention.9
Par ailleurs, il faut vérifier la préparation du patient avant l’intervention :
- Le patient a respecté les consignes de préparation de l’établissement en prenant sa douche.6.8.9
- Le jeûne est conforme aux consignes de l’anesthésiste.9
- Les traitements préopératoires ont été administrés.9
- L’épilation a été faite selon les recommandations du/de la chirurgien(ne) (à la tondeuse ou épilation chimique).6.8
- Le dossier est complet.6
Pose de la chambre implantable percutanée
Le patient est emmené dans la salle de radiologie interventionnelle ou au bloc opératoire, où le dispositif est inséré sous anesthésie locale par échoguidage.1
Le cathéter est introduit après préparation cutanée avec de la chlorhexidine 2 % alcoolique13 pour l’accès vasculaire par :
- Ponction dans la veine céphalique ou jugulaire externe.
- Ponction dans la veine sous-clavière ou jugulaire interne ou externe.
- Ponction dans la veine cave inférieure via la veine fémorale (cas exceptionnel).
Avec une préférence en général pour la voie jugulaire interne droite (réduction du risque de complications mécaniques).14
Le cathéter est introduit dans la veine cave supérieure (ce qui peut provoquer des palpitations), puis le boîtier est introduit par une incision de 3 cm et relié au cathéter. L’ouverture est refermée avec de la colle ou du fil. Le cathéter à chambre implantable est opérationnel immédiatement après son insertion et testé en peropératoire par le chirurgien avec du sérum physiologique.9
Le traitement et la pose de l’aiguille de Huber peuvent débuter une fois la radiographie thoracique validée par le/la chirurgien(ne), qui confirme le bon positionnement du cathéter et l’absence de pneumothorax.1
Soins infirmiers après la pose d’une chambre implantable percutanée
Surveillance immédiate (premières 48 heures)
Dans les 48 heures suivant la pose d’une chambre implantable, bien que ce soit rare, plusieurs complications peuvent survenir. Le tableau ci-dessous résume les principales complications précoces, leurs causes probables et les surveillances infirmières appropriées.9.15.16.17.18.19.20
Complication | Cause possible | Conduite à tenir |
Douleur locale | Inflammation tissulaire | Évaluer l’intensité, administrer des antalgiques. |
Hématome | Ponction veineuse, anticoagulants | Observer les ecchymoses, surveiller la diffusion. |
Pneumothorax | Ponction pleurale accidentelle | Identifier les signes cliniques (dyspnée, douleur thoracique), surveiller la saturation en O₂, alerter immédiatement le médecin, envisager une radiographie thoracique et un drainage si nécessaire. |
Hémothorax | Lésion vasculaire | Surveiller les signes de dyspnée et d’hypotension, alerter le médecin en urgence, envisager une prise en charge chirurgicale selon l’importance de l’hémorragie. |
Embolie gazeuse | Entrée d’air dans le système | Placer le patient en position de Trendelenburg (décubitus latéral gauche), administrer de l’oxygène, alerter le médecin, envisager une hospitalisation pour traitement hyperbare si nécessaire. |
Mauvais positionnement | Migration, mauvaise insertion | Vérifier le reflux sanguin avant utilisation, effectuer un contrôle radiologique pour confirmer la position du cathéter, repositionner si nécessaire. |
Infection précoce | Contamination du site opératoire | Surveiller la température, la rougeur, la douleur et tout écoulement au niveau du site d’insertion, prélever des hémocultures si fièvre, administrer une antibiothérapie adaptée, envisager le retrait du dispositif en cas d’infection sévère. |
Thrombose veineuse | Stase, lésion endothéliale | Surveiller l’apparition d’œdème, de douleur ou de rougeur du membre concerné. |
Hémopéricarde | Perforation cardiaque | Identifier les signes d’hypotension, de dyspnée et de turgescence des jugulaires, alerter immédiatement le médecin. |
Troubles du rythme | Stimulation du myocarde par le cathéter | Surveiller l’ECG, les palpitations, la douleur thoracique. |
Désunion de cicatrice | Tension excessive, infection, mauvaise technique | Inspection quotidienne, hygiène rigoureuse, pansements adaptés. |
Prévenir le patient qu’il doit surveiller l’apparition de signes d’infection (rougeur, douleur, chaleur, œdème), de douleur thoracique, de difficultés respiratoires ou de gonflement du bras, et contacter immédiatement l’équipe soignante en cas de symptômes inquiétants.
Instructions pour la sortie du patient
En cas d’intervention ambulatoire, le patient peut généralement quitter l’hôpital après quelques heures de surveillance, à condition que ses paramètres vitaux ne révèlent aucune complication. Avant la sortie, remettre au patient une carte d’identification du dispositif, un livret d’information et un carnet de surveillance, contenant des informations essentielles sur la date et le lieu de l’implantation, les précautions à prendre et les dates des injections. Il est recommandé de présenter cette carte lors de chaque consultation et intervention médicale impliquant l’utilisation de la chambre implantable.8
Le patient doit éviter les douches tant que le pansement postopératoire n’a pas été retiré, généralement 48 heures après la pose, et les fils de suture doivent être retirés entre J10 et J15, selon les consignes chirurgicales et l’évolution de la cicatrisation.9.19
Enfin, planifier une consultation de suivi pour vérifier la cicatrisation et la fonction du dispositif, et s’assurer que le patient comprend les soins de routine, ainsi que les signes d’alerte à surveiller.
Réfection du pansement de la chambre implantable
La chambre implantable ne nécessite pas de pansement au quotidien lorsqu’elle n’est pas utilisée. Cependant, lorsqu’une aiguille de Huber est insérée dans la chambre pour administrer des traitements, il faut appliquer un pansement pour maintenir l’asepsie du site d’insertion et le protéger.
Des bonnes pratiques sont recommandées pour réaliser la réfection du pansement lorsqu’une aiguille de Huber est en place sur la chambre implantable.
Surveillances quotidiennes lors de l’utilisation de la chambre implantable
Lorsqu’une chambre implantable est en cours d’utilisation, une surveillance quotidienne rigoureuse s’impose afin de prévenir les complications infectieuses, mécaniques ou thromboemboliques.
- Examiner l’état général du patient : évaluer les signes de douleur, l’état clinique et les paramètres vitaux afin de détecter toute complication précocement.8.9
- Inspecter le point de ponction : vérifier l’absence de rougeur, chaleur, induration, œdème, écoulement ou douleur localisée, signes potentiels d’infection ou d’extravasation. Utiliser de préférence un pansement occlusif transparent pour faciliter cette surveillance.19
- Vérifier la fixation du pansement : remplacer immédiatement le pansement s’il est souillé, décollé ou n’assure plus une occlusion hermétique.8
- Contrôler la perméabilité du système : s’assurer de l’absence de résistance à l’injection, d’un retour veineux positif et que le débit de perfusion correspond au débit prescrit.8
- Assurer l’intégrité du dispositif : vérifier que les connexions sont bien fixées, sans fuite ni désolidarisation des raccords et que les tubulures ne sont pas sous tension.
- Observer les signes généraux d’infection : frissons, fièvre inexpliquée, tachycardie, hypotension ou altération de l’état général pouvant indiquer une infection systémique.8.9
- Documenter les observations : consigner quotidiennement les surveillances, les complications éventuelles et les interventions effectuées dans le dossier de soins infirmiers et, à la sortie du patient, dans son livret.8
- Remplacer l’aiguille de Huber : au maximum tous les 7 à 8 jours pour réduire le risque d’infection et de complications mécaniques.8.9
- Réaliser un rinçage pulsé : après chaque utilisation, avec 10 à 20 mL de NaCl 0,9 %, pour maintenir la perméabilité du cathéter et réduire le risque de thrombose.
Complications et conduite à tenir
Avant de poser l’aiguille, pendant ou après l’utilisation de l’aiguille, l’infirmier(e) doit être capable de reconnaître un dysfonctionnement, d’en identifier la cause et de prendre les premières mesures. Il/elle doit également pouvoir contacter l’infirmier(e) référent(e) et/ou les médecins référents.
Ce tableau résume les principaux risques associés à l’utilisation des chambres implantables, leurs causes, les méthodes de prévention et les conduites à tenir, pour identifier et gérer efficacement les complications potentielles.1.6.8.14.20.21
Risques | Causes | Prévention | Conduites à tenir | |
Difficulté à localiser la chambre | Morphologie du patient, chambre profonde. | Repérer la zone à ponctionner avant la pose. | Effectuer une palpation profonde, analyser la dernière radiographie de thorax, faire contracter le muscle pectoral en demandant au patient de passer la main derrière la tête. | |
Suspicion d’infection | Contamination lors de la pose, de ponctions ou de manipulations. | Pratiquer une asepsie rigoureuse. Poser l’aiguille de Huber en soin stérile. Contrôler l’étanchéité du système clos (tubulure, robinet, valve). Manipuler avec des compresses imbibées d’antiseptique alcoolique. | Prévenir le médecin, ne pas insérer l’aiguille dans le dispositif, contextualiser ses apparitions. (Depuis quand ? Après quel produit ?…) Observer : cellulite au niveau du trajet du cathéter, abcès de la poche sous-cutanée, signes d’inflammation. Si fébricule : prélever une paire d’hémocultures en périphérique et sur CIP selon le protocole ou sur prescription. Laisser l’aiguille en place. | |
Extravasation | Désunion entre le site et le cathéter, mauvais repérage du septum, mauvaise insertion de l’aiguille. 3 niveaux d’extravasation :Responsables de nécroses.Responsables d’irritations.Pas de réaction sévère. | Piquer de manière franche et perpendiculaire au plan cutané en enfonçant l’aiguille jusqu’au fond de la chambre. Vérifier le reflux, le débit du soluté. Rincer entre chaque produit. Contrôler le point d’injection, la bonne position de l’aiguille et sa fixation. | URGENCE Prévenir le médecin, ne pas insérer l’aiguille, contextualiser ses apparitions. (Depuis quand ? Après quel produit ?…) Suivre le protocole interne du service avec des kits prêts à l’emploi si disponibles. Exemple d’un protocole des Hôpitaux universitaires de Genève : Stopper la perfusion.Aspirer 3 à 5 mL de sang.Injecter à l’aiguille 5 à 10 mL de chlorure de sodium.Aspirer par voie sous-cutanée le maximum de produit.Délimiter la zone avec un feutre indélébile.Envisager d’administrer un antidote.Appliquer un pansement froid ou chaud en fonction du produit injecté.Effectuer une surveillance clinique. | |
Œdème des membres supérieurs | Suspicion de thrombose veineuse ou stase sur une compression tumorale. | Bien rincer après chaque utilisation de la chambre implantable de manière pulsée avec un volume supérieur à 10 mL. Mettre en route le soluté à un débit cohérent. Retirer l’aiguille de Huber en pression positive. | Prévenir le médecin. Si l’aiguille est en place, ne pas la retirer. Objectiver l’œdème pour surveiller son évolution. Sur protocole ou prescription : traitement anticoagulant, écho-doppler. | |
Embolie gazeuse | Non-purge des tubulures.Non-fermeture des robinets. | Réaliser la purge de la tubulure avant tout raccordement, ainsi que de la seringue pré-remplie lors des rinçages. Fermer le(s) robinet(s). Utiliser uniquement des seringues Luer Lock®. S’assurer de l’intégrité et du vissage du matériel et des connexions (tubulures, robinets, raccords). Pose et dépose de l’aiguille en décubitus dorsal si possible. | URGENCE Prendre les constantes du patient, avertir le médecin, fermer les arrivées d’air. | |
Douleurs lors de l’injection | Déplacement du cathéter, extravasation, fissure ou perforation de gros vaisseaux. | Insérer doucement, mais avec assurance l’aiguille. | URGENCE Stopper l’injection, alerter le médecin, ne pas retirer l’aiguille. | |
Hématome | Multiples ponctions du dispositif, thrombopénie ou conséquence directe du postopératoire. | / | Ne pas piquer, évaluer l’évolution. Si l’aiguille est en place, demander l’avis au médecin avant de la retirer. | |
Ulcération/escarre | Ponctions répétées, aiguilles trop courtes ou restées au même endroit.Défaut de cicatrisation. | / | Ne pas piquer, alerter le médecin et évaluer l’évolution. | |
Irritation de la peau | Réactions aux produits anesthésiants, aux désinfectants… | / | Ne pas piquer, avertir le médecin, sécher par tamponnement, effectuer des soins de peau.Préférer un pansement sec, évaluer l’évolution locale. | |
Lâchage de cicatrice | Ablation des fils prématurée, ponction trop proche de la cicatrice, facteurs de risque, retrait de l’aiguille sans maintien de la chambre ou dû à une infection | Effectuer une ponction à distance de la cicatrice, gérer les facteurs de risque. | Ne pas piquer et prévenir le/la chirurgien(ne). Mettre un pansement avec tulle bétadiné en attendant la visite du médecin. | |
Résistance lors de l’injection | Aiguille décentrée. | Prévenir l’obstruction par rinçage pulsé. | Repositionner l’aiguille au fond du boîtier, réévaluer la taille de l’aiguille. | Traiter l’obstruction sur prescription ou protocole (comme avec l’Urokinase®.) |
Obstruction de la chambre ou du cathéter (due à un thrombus, à des précipités d’origine minérale ou médicamenteuse ou à des dépôts lipidiques). | Garder l’aiguille en place, effectuer un rinçage pulsé de NaCl 10 mL,avertir le médecin. | |||
Pincement costo-claviculaire. | Garder l’aiguille en place et avertir le médecin. | |||
Retour veineux absent, mais pas de résistance | Thrombus faisant “clapet”.Manchon fibrino-plaquettaire.Aiguille hors du boîtier.Cathéter fracturé. | Effectuer un rinçage pulsé du cathéter à chambre implantable avec au minimum 10 mL de NaCl 0,9 % selon les recommandations. | Garder l’aiguille en place, effectuer un rinçage pulsé en tournant l’aiguille à 180 degrés. Prévenir le médecin pour une éventuelle radiographie. L’injection pourra être autorisée après la radiographie de contrôle et l’autorisation médicale. | |
Rupture ou migration du cathéter | Le cathéter se désolidarise du boîtier (à cause d’une hyperpression lors de l’injection avec un volume inférieur à 10 mL, d’un retournement de la chambre, d’un choc accidentel…). | Recommander au patient de ne pas pratiquer d’activités physiques violentes (tir au fusil, rallye, parachute) ni de porter des charges lourdes. Vérifier le bon positionnement avant de piquer. En cas de retournement, le boîtier sera repositionné sous anesthésie locale. Immobiliser la chambre entre deux doigts et repérer la zone à ponctionner. Vérifier le positionnement correct de la CCI. Vérifier la présence d’un reflux sanguin. Vérifier l’absence de douleur et de gonflement local lors des injections. Maintenir un débit régulier, quelle que soit la position du patient. | Radiographie pulmonaire sur protocole ou sur prescription. |
Pose de l’aiguille de Huber sur chambre implantable
Pour aller plus loin et maîtriser les étapes liées à l’utilisation des chambres implantables, nous vous invitons à étudier notre guide infirmier sur la pose de l’aiguille de Huber. Il vous accompagne pas à pas à travers les 7 étapes du geste : choix du matériel, préparation du champ stérile, installation du système clos, respect des précautions d’asepsie, vérification de la perméabilité, fixation de l’aiguille… Ce guide vous permettra d’aborder ce soin technique avec méthode en toute sécurité.
Retrait de l’aiguille de Huber d’une chambre implantable
Le retrait d’une aiguille de Huber doit respecter une séquence précise pour éviter tout risque de reflux, d’obstruction ou d’infection. Dans notre guide infirmier sur le retrait de l’aiguille de Huber, vous retrouverez toutes les étapes essentielles : préparation du matériel, retrait en pression positive, élimination des dispositifs, réinstallation confortable du patient et traçabilité des soins. Un contenu complet pour réaliser ce geste en toute sécurité et surtout sans approximation.
Prélèvement sanguin sur chambre implantable
Réaliser un prélèvement sur une chambre implantable demande rigueur et précision. Notre guide infirmier du prélèvement sanguin sur chambre implantable vous guide à travers toutes les étapes, qu’il y ait perfusion ou non : volumes de purge à respecter, techniques d’asepsie, rinçage, verrouillage, retrait d’aiguille… Vous y trouverez les bonnes pratiques à adopter pour garantir la qualité du prélèvement et la sécurité du patient.
Conseils à donner aux patients porteurs d’une chambre implantable
Pour garantir le bon fonctionnement de la chambre implantable et le bien-être du patient, il faut qu’il prenne en compte un certain nombre de conseils.
1. Précautions à prendre avec une chambre implantable
- Hygiène et prévention des infections : se laver les mains régulièrement avec du savon ou une solution hydroalcoolique avant de toucher la chambre ou ses accessoires. Ne jamais manipuler le pansement, l’aiguille ou les tubulures sans précaution.9.19
- Surveillance des signes d’infection : vérifier régulièrement l’état cutané autour de la chambre (rougeur, œdème, douleur) et surveiller l’apparition de fièvre (> 38,5 °C) ou de frissons. En cas de symptômes, contacter l’unité de soins sans délai.1.19
- Utilisation du carnet de suivi : présenter le carnet de suivi systématiquement lors des consultations ou soins pour une traçabilité optimale.1.9
- Compatibilité avec les examens médicaux : informer l’équipe médicale de la présence de la chambre avant tout examen radiologique (scanner, IRM) pour éviter les interférences.9
- Protection du site : utiliser des vêtements confortables et amples les jours de soins pour faciliter l’accès à la chambre. Prévoir un coussin pour la ceinture de sécurité en cas de gêne.6.9
- Gestion de la douleur : si besoin, utiliser un patch antalgique avant les soins, en respectant les modalités d’application.9.19
- Reprise des activités normales : environ 10 à 15 jours après l’insertion, et en dehors des périodes pendant lesquelles la chambre implantable est utilisée, le patient pourra reprendre une activité normale. Aucun pansement n’est nécessaire en l’absence d’aiguille.6.8.9
- Hygiène quotidienne : les douches, les bains et la natation sont autorisés lorsque la chambre n’est pas utilisée et en l’absence d’aiguille.6.8.9
2. Ce qu’il faut éviter avec une chambre implantable
- Manipulations excessives : ne pas toucher le site d’insertion, l’aiguille ou les tubulures sans précaution pour éviter les infections.9.19
- Port de charges lourdes : éviter de porter des objets lourds du côté de la chambre pour réduire le risque de déplacement ou de délogement du cathéter.9.19
- Sports à risque : ne pas pratiquer de sports violents ou à mouvements répétitifs (rugby, tir à l’arc, squash, sports de combat) pour minimiser les risques de déplacement ou de rupture du cathéter.9.19
- Irradiation directe : éviter d’exposer la chambre à des rayonnements directs lors de séances de radiothérapie, car cela peut affecter le dispositif.
- Pression excessive sur le dispositif : ne pas comprimer le site de ponction de manière prolongée ou appliquer des charges lourdes sur la chambre.9.19
- Utilisation de produits non adaptés : ne pas utiliser de désinfectants non recommandés ou de solutions non prescrites pour le rinçage.9.19
Remerciements
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Anthony KERYHUEL (IDE en médecine oncologique et formateur en IFSI), Sandra STOESSEL (formatrice en IFSI), Christophe RUDIGCKO (formateur en IFSI, anciennement IDE en hématologie), Alexandre MOUZAKITIS, (IDE en oncologie, EIPA oncologie), Isabelle BATAILLE (cadre de santé et formatrice en IFSI), Marielle LABORDE (formatrice en santé), Aude PALLIER (formatrice et référente en santé), Viviane CASSOTTI (hygiéniste), Badia JABRANE (directrice pédagogique) pour leur contribution et leur regard d’expert(e).
Chez Réussis ton IFSI, nous nous engageons à proposer des contenus d’une fiabilité inégalée. En complément de l’expertise interne de notre équipe habituelle, nous valorisons l’apport de professionnel(le)s extérieur(e)s qualifié(e)s qui enrichit nos articles de perspectives nouvelles.
Sources
- Réseau AURA. « Techniques de manipulation et d’entretien d’une chambre à cathéter implantable (CCI) » 07/01/2025.
- CRTT « Chimiothérapie : une chambre implantable » consulté le 20/05/2025
- Institut National du Cancer (INCa) « Chambre implantable » mis à jour le 04 novembre 2020
- Journées Nationales d’Infectiologie « Infections associées aux soins : où en est-on en France, quelle prévention et aspects médico-économiques » 26/06/2024
- Hôpitaux universitaires de Genève « Vivre avec une chambre implantable ou un Picc Line » mis à jour le 25/09/2023
- Haute Autorité de Santé « Évaluation des pratiques professionnelles dans les établissements de santé – évaluation de la qualité de l’utilisation et de la surveillance des chambres à cathéter implantables » 13/08/2009
- Code de la santé publique « Section 1 : Actes professionnels (Articles R. 4311-1 à R. 4311-15) » 29/07/2004
- Société Française d’Hygiène Hospitalière « Préventions des infections associées aux chambres à cathéter implantable pour accès veineux » 05/04/2012
- Institut National du Cancer « La chambre à cathéter implantable » 31/03/2021
- Bbraun « Chambre Implantable Celsite® » 06/2022
- Hôpitaux universitaires de Genève « Cathéter à chambre implantable (DAVI) – Utilisation en imagerie médicale – enfants et adultes » 01/07/2024
- IFSI DIJON – Pr. Kimberg « Les Chambres implantables ou accès vasculaire implantable. Rôle infirmier auprès d’un patient porteur d’une C.I.P » 14/09/2018
- Société française d’hygiène hospitalière « Antisepsie de la peau saine avant un geste invasif chez l’adulte. Recommandations pour la pratique clinique » 13/05/2016
- Sugawara, S., Sone, M., Sakamoto, N., Sofue, K., Hashimoto, K., Arai, Y., Tokue, H., Takigawa, M., Mimura, H., Yamanishi, T., & Yamagami, T. (2023). Guidelines for Central Venous Port Placement and Management (Abridged Translation of the Japanese Version). Interventional radiology (Higashimatsuyama-shi (Japan), 8(2), 105–117.
- Kabiri, elH., El Hammoumi, M., Traibi, A., El Oueriachi, F., & Arsalane, A. (2012). Les chambres à cathéters implantables: à propos d’une série de 970 cas [Catheters with implantable chamber: report of a series of 970 cases]. The Pan African medical journal, 12, 72.
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- D. Lebeaux, V. Zarrouk, V. Leflon-Guibout, A. Lefort, B. Fantin, Complications infectieuses liées aux chambres implantables : caractéristiques et prise en charge, La Revue de Médecine Interne, Volume 31, Issue 12, 2010, Pages 819-827, ISSN 0248-8663, https://doi.org/10.1016/j.revmed.2010.06.014.
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