L’hématologie est une spécialité qui s’intéresse au sang, à la lymphe et aux organes hématopoïétiques, tels que la moelle osseuse, les ganglions lymphatiques et la rate. Ces organes jouent un rôle dans la production des cellules sanguines. L’altération de leur fonctionnement peut engendrer des pathologies graves, comme les leucémies, les lymphomes et les myélomes, et nécessite une prise en charge spécialisée.1
En France, environ 40 000 nouveaux cas d’hémopathies malignes sont diagnostiqués chaque année. Grâce aux avancées thérapeutiques, les taux de survie à cinq ans ont considérablement augmenté. Ils atteignent 70 % pour certaines pathologies. Cependant, ces maladies représentent encore une part importante des décès liés au cancer, avec près de 20 000 décès annuels.2
Les infirmier(e)s en hématologie assurent la gestion de traitements complexes, tels que la chimiothérapie et les transfusions. Ils surveillent également les patients pour prévenir et traiter les complications. Par ailleurs, leur mission inclut l’accompagnement éducatif et psychologique des patients et de leurs familles, particulièrement en ce qui concerne les traitements lourds et les soins palliatifs. Ce rôle exige une expertise technique et une grande empathie.
Un stage en hématologie permet aux étudiant(e)s infirmier(e)s de développer des compétences variées, qui mêlent la maîtrise des soins techniques et de l’accompagnement humain.
Dans cet article, nous aborderons tout ce que vous devez savoir avant de débuter votre stage en hématologie, des pathologies rencontrées aux compétences à valider.
Vous pouvez lire nos guides détaillés, rédigés par des infirmier(e)s expérimenté(e)s, qui exercent dans divers services, pour mieux comprendre les spécificités des différents lieux de stages sur notre page dédiée : stages infirmiers
Typologie du lieu de stage et particularités de l’hématologie
Le stage en hématologie s’inscrit dans la catégorie des soins de courte durée (SCD).
Bien que certaines hospitalisations puissent durer seulement 24 heures, la durée moyenne de séjour est généralement de 21,5 jours3. Dans certains cas, les séjours s’étendent jusqu’à un mois, selon la gravité de la pathologie et la réponse au traitement.
Les admissions des patients en hématologie sont principalement programmées. Elles résultent d’une consultation initiale, de l’inclusion dans un protocole de recherche ou d’une poursuite de protocole thérapeutique. Occasionnellement, des patients déjà suivis dans le service sont admis en urgence pour des complications liées à leur maladie ou à leurs traitements.
La population prise en charge en hématologie adulte comprend des patients majeurs, sans limite supérieure d’âge. L’âge moyen des patients hospitalisés en service conventionnel est de 66,37 ans.4
Aucune réglementation légale fixe un nombre minimal ou maximal de patients par infirmier(e) en hématologie5. Dans des conditions normales, un(e) infirmier(e) prend en charge 4 à 5 patients, ce qui permet de garantir une surveillance rapprochée et un suivi rigoureux.
L’hospitalisation répond à l’obligation de continuité des soins. Ceci implique la présence continue de soignant(e)s 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Vous devrez vous adapter à un planning varié. Les horaires de travail en hématologie varient d’un établissement à l’autre. Vous pourrez être amené(e) à travailler sur des plages horaires de 7 h 30 ou de 12 heures, avec une organisation en horaires de jour et de nuit en fonction des établissements, en semaine ainsi que les week-ends et jours fériés.4
La sortie des patients en hématologie intervient à la fin d’une cure de traitement ou après une phase de surveillance immédiate comme après une aplasie. Lorsqu’un patient peut quitter l’hôpital entre deux cures, cette période est appelée intercure. À l’issue de leur hospitalisation, ils regagnent leur domicile, sont pris en charge en hospitalisation à domicile (HAD), transférés vers un service de soins médicaux et de réadaptation (SMR), ou admis dans d’autres établissements spécialisés selon leurs besoins.6
Lexique en hématologie
Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité.
Par exemple, en service d’hématologie, vous entendrez : 7.8
- AHAI : anémie hémolytique auto-immune
- CGR : concentré de globules rouges
- CMH : complexe majeur d’histocompatibilité
- CMV : cytomégalovirus
- CPA : concentré plaquettaire d’aphérèse
- CSP : cellules souches périphériques
- EPO : érythropoïétine
- EPS : électrophorèse des protéines sériques
- GVH : greffon contre l’hôte
- IgIV : immunoglobulines intraveineuses
- IL : interleukine
- LAL : leucémie aiguë lymphoblastique
- LAM : leucémie aiguë myéloïde
- LLC : leucémie lymphoïde chronique
- LMC : leucémie myéloïde chronique
- LMMC : leucémie myélomonocytaire chronique
- LNH : lymphome non hodgkinien
- LZM : lymphome de la zone marginale
- MCP : mélange de concentrés plaquettaires
- PAC : Port-à-Cath® (chambre implantable)
- PNN : polynucléaires neutrophiles
- PSL : produits sanguins labiles
- PTT : purpura thrombotique thrombocytopénique
- RAI : recherche d’agglutinines irrégulières
- RCP : réunion de concertation pluridisciplinaire
- SLP : syndromes lymphoprolifératifs.
- SMP : syndromes myéloprolifératifs.
Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnel(le)s de santé qui vous encadrent.
Pathologies rencontrées et facteurs de risque en hématologie
L’hématologie regroupe un large éventail de pathologies, de motifs d’hospitalisation et de facteurs de risque spécifiques. Voici un aperçu des principales pathologies rencontrées, des raisons les plus fréquentes d’hospitalisation et des facteurs de risque associés aux maladies hématologiques.
Pathologies rencontrée en service d’hématologie
Les infirmier(e)s en hématologie prennent en charge une variété de pathologies. Ces patients peuvent souffrir de : 9
- Leucémies : prolifération excessive de cellules anormales dans le sang.
- Leucémie myéloïde chronique (LMC).
- Leucémie lymphoïde chronique (LLC).
- Leucémies aiguës.
- Syndromes myélodysplasiques : maladies de la moelle osseuse qui entraînent une diminution des globules rouges, des plaquettes et des anomalies des globules blancs.
- Syndromes myéloprolifératifs : prolifération excessive de cellules sanguines dans le sang.
- Myélomes : prolifération maligne de plasmocytes dans la moelle osseuse, qui entraîne une production anormale d’immunoglobulines (anticorps).
- Lymphomes : cancers des cellules immunitaires pouvant affecter les ganglions, la moelle osseuse, le système nerveux central et d’autres organes. Ils se manifestent par une prolifération anormale des lymphocytes B (principalement) ou T.
- Lymphome de Hodgkin (LH).
- Lymphome non hodgkinien (LNH).
- Troubles de la coagulation.
Vous trouverez les explications de ces pathologies dans les cours de l’unité d’enseignement 2.9 (Processus tumoraux) sur Réussis ton IFSI.
Motifs d’hospitalisation en service d’hématologie
Les patients en hématologie sont hospitalisés pour : 4
- Altération de l’état général (AEG)
- Effets secondaires de traitements anticancéreux
- Évolution d’une maladie tumorale
- Prise en charge palliative
- Gestion des symptômes inconfortables
- Troubles digestifs
- Hospitalisation de répit
- Prise en charge des aplasies post-chimiothérapie
- Dans le cadre d’une greffe de moelle osseuse ou de cellules souches
Facteurs de risque en service d’hématologie
Voici les principaux facteurs de risque associés au développement de maladies hématologiques :
- Exposition à des substances toxiques : l’exposition prolongée à des radiations ou à des substances chimiques, telles que le benzène, est étroitement liée à certains cancers du sang.
- Infections virales : certains virus, notamment le virus d’Epstein-Barr et le virus de l’hépatite C, sont impliqués dans le développement de lymphomes et d’autres pathologies hématologiques.
- Âge avancé : Le vieillissement du système hématopoïétique et immunitaire s’accompagne de modifications qui prédisposent davantage au développement de certaines pathologies hématologiques. A contrario, certaines formes de leucémies sont plus fréquentes chez le jeune enfant.
- Traitements anticancéreux : la chimiothérapie et la radiothérapie administrées pour traiter un cancer précédent peuvent altérer la moelle osseuse et augmenter le risque de pathologies hématologiques.
- Déficit immunitaire : un système immunitaire affaibli par la prise de médicaments immunosuppresseurs, une infection par le VIH et des maladies auto-immunes constituent des facteurs de risque importants.
Il est important de rappeler que la présence de l’un ou plusieurs de ces facteurs ne signifie pas automatiquement qu’une personne développera une maladie hématologique. Inversement, un cancer hématologique peut apparaître chez des personnes n’ayant aucun de ces facteurs de risque.
Comprendre ces facteurs de risque permet de mieux informer les patients et de leur donner des conseils de prévention. Par exemple, il est important de sensibiliser les personnes exposées aux substances toxiques afin qu’elles réduisent ou éliminent leur contact avec ces produits.
Spécificités de l’hématologie
Voici les principaux termes, examens, effets secondaires des traitements en hématologie ainsi qu’un point sur la chambre implantable. Ces notions vous aideront à prendre en charge des patients dans cette spécialisation.
Vocabulaire
Voici le vocabulaire le plus utilisé en hématologie : 10
Termes liés aux traitements
- Cytaphérèse : technique qui permet de prélever des cellules souches du sang.
- Greffe de cellules souches : injection intraveineuse de cellules souches pour reconstituer la moelle osseuse.
- Induction : premier cycle de traitement d’une leucémie.
- Consolidation : cycles de traitements suivant l’induction. Par exemple, « J3 C2 » signifie que le patient est au troisième jour de sa seconde cure de consolidation.
- Rémission : disparition apparente de tout signe évolutif de la maladie.
- Traitement de seconde ligne : traitement utilisé en cas de rechute ou d’échec du traitement initial.
- Isolement protecteur : mesure de protection pour les patients immunodéprimés, notamment en cas d’aplasie ou de neutropénie.
Complications et effets secondaires
- Alopécie : chute temporaire des cheveux et/ou des poils, due à la chimiothérapie.
- Aplasie : diminution ou arrêt complet de la production de cellules sanguines (globules blancs, rouges et plaquettes) dans la moelle osseuse.
- Mucite : inflammation douloureuse de la bouche, de la gorge ou du tube digestif, souvent causée par la chimiothérapie.
- Neutropénie : réduction importante des polynucléaires neutrophiles, qui augmente le risque d’infection.
- Pancytopénie : diminution simultanée des trois lignées de cellules sanguines (globules rouges, globules blancs et plaquettes), généralement causée par une insuffisance de la moelle osseuse ou des traitements comme la chimiothérapie.
- Thrombopénie : diminution du taux de plaquettes dans le sang, qui augmente les risques d’hémorragie.
- Adénopathie : ganglion dont la taille a anormalement augmenté, douloureux ou non, pouvant avoir des causes infectieuses ou cancéreuses.
Examens spécifiques à l’hématologie
Les examens en hématologie permettent d’établir un diagnostic précis, de surveiller l’évolution des maladies et d’évaluer l’efficacité des traitements. Ils incluent des bilans sanguins, des prélèvements médullaires et des analyses génétiques adaptées aux particularités des pathologies hématologiques : ¹⁰
- Typage HLA : analyse génétique utilisée pour évaluer la compatibilité en vue d’une greffe de moelle osseuse ou de cellules souches.
- Frottis sanguin : analyse des cellules présentes dans le sang pour détecter des blastes ou d’autres anomalies cellulaires.
- Myélogramme : analyse des cellules de la moelle osseuse pour détecter des anomalies de maturation ou des proliférations pathologiques (leucémies, myélodysplasies).
- Biopsie ostéo-médullaire (BOM) : prélèvement d’un fragment de moelle osseuse permettant d’évaluer sa structure et son activité hématopoïétique.
- Caryotype médullaire : étude des chromosomes des cellules de la moelle osseuse pour détecter des anomalies spécifiques aux pathologies hématologiques (ex. : translocations dans les leucémies).
- FISH (hybridation in situ fluorescente) : recherche ciblée d’anomalies génétiques associées aux cancers du sang.
- Biologie moléculaire : analyse des mutations spécifiques (ex. : JAK2 pour les syndromes myéloprolifératifs, BCR-ABL pour la leucémie myéloïde chronique).
- Biopsie ganglionnaire : prélèvement d’un ganglion lymphatique pour diagnostiquer des lymphomes.
Effets secondaires de la chimiothérapie
Les traitements en hématologie, bien qu’en général indispensables pour combattre les pathologies sanguines, entrainent divers effets indésirables. Il est essentiel de les connaître pour les anticiper et les gérer tout au long de la prise en charge.¹⁰
- Cytopénies ou aplasie médullaire : baisse importante de production de cellules sanguines (globules blancs, globules rouges, plaquettes), augmentant le risque d’infections.
- Chute de cheveux (alopécie) : liée à certains traitements de chimiothérapie.
- Nausées et vomissements : provoqués par des produits de chimiothérapie. Ils peuvent entraîner une modification du goût.
- Mucite : inflammation douloureuse de la muqueuse buccale, qui peut inclure des aphtes, souvent secondaire à la chimiothérapie.
- Perturbation de la fertilité : risque temporaire ou permanent de diminution de la fertilité en raison de certains traitements.
Vous trouverez toutes les explications de ces effets indésirables en fonction des traitements dans les cours de l’unité d’enseignement 2.11 (Chimiothérapie anticancéreuse) sur Réussis ton IFSI.
La chambre implantable
La chambre implantable (CIP) est un dispositif médical composé d’un boîtier et d’un cathéter, placé sous la peau lors d’une intervention chirurgicale de courte durée. Le boîtier, situé au niveau thoracique, est relié par le cathéter à une veine centrale. Ce système permet l’administration, par voie intraveineuse, de traitements comme les chimiothérapies, les antibiotiques ou les alimentations parentérales, sur une période prolongée, grâce à l’utilisation d’une aiguille spécifique appelée aiguille de Huber.
Également appelée Port-à-Cath® (PAC), dispositif veineux implantable (DVI) ou site veineux implantable (SVI), la chambre implantable évite les ponctions répétées dans les veines périphériques, souvent fragiles ou endommagées, augmentant ainsi le confort du patient et réduisant la douleur.
Actes et soins rencontrés en hématologie
Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins, parmi lesquels on peut citer : 4
- Réaliser des bilans sanguins.
- Assister le médecin pour les myélogrammes et biopsies ostéo-médullaires (BOM).
- Effectuer des électrocardiogrammes (ECG).
- Poser et surveiller les voies veineuses périphériques.
- Gérer les voies veineuses centrales (VVC).
- Surveiller les chambres implantables (CIP).
- Poser et surveiller des sondes nasogastriques.
- Poser et surveiller des perfusions et chimiothérapies.
- Administrer des chimiothérapies.
- Poser et surveiller des transfusions.
- Gérer les aplasies fébriles avec des soins en isolement protecteur.
- Prendre en charge la douleur à l’aide d’antalgiques et de traitements.
- Effectuer les soins bucco-dentaires pour prévenir et gérer les mucites.
- Éduquer à la santé et accompagner les patients dans la gestion de leur traitement (chimiothérapie, isolement, etc.).
- Mobiliser les patients, prodiguer des soins de confort et accompagner les patients en fin de vie.
- Conduire des entretiens de soutien pour répondre aux besoins émotionnels des patients et de leur famille.
- Organiser la sortie des patients, incluant les transferts, traitements à domicile (HAD) ou soins palliatifs.
- Assurer les transmissions pour garantir la traçabilité des soins et la coordination avec l’équipe pluridisciplinaire.
- Gérer les piluliers et organiser les rendez-vous des patients pour assurer le suivi médical.
Vous trouverez, dans l’unité d’enseignement 4.4 de Réussis ton IFSI, des cours approfondis sur la méthode de chacun de ces soins.
Traitements en service d’hématologie
La prise en charge pharmacologique en hématologie s’appuie sur une large gamme de médicaments, qui englobe des traitements curatifs, symptomatiques et des thérapies innovantes. Ces approches permettent d’agir directement sur les pathologies ou de soulager les effets secondaires liés aux traitements.11.12
Médicaments symptomatiques
Ces traitements ont pour objectifs de soulager les symptômes ou de prévenir les complications :
- Antalgiques (paliers 1, 2 et 3).
- Anxiolytiques pour la gestion du stress et de l’anxiété.
- Antibiotiques, antiviraux et antifongiques pour prévenir ou traiter les infections.
- Antiémétiques pour lutter contre les nausées et les vomissements induits par la chimiothérapie.
- Inhibiteurs de la pompe à protons pour protéger la muqueuse gastrique.
- Alimentation entérale et parentérale pour pallier la dénutrition.
Chimiothérapie
Les chimiothérapies sont des traitements fondamentaux en hématologie, qui ciblent les cellules malignes à travers une variété de mécanismes :
- Inhibiteurs de tyrosine kinase. Par exemple : imatinib, dasatinib.
- Agents alkylants. Par exemple : bendamustine, busulfan.
- Immunomodulateurs. Par exemple : thalidomide, lénalidomide.
- Anticorps monoclonaux. Par exemple : rituximab, obinutuzumab.
- Inhibiteurs du protéasome. Par exemple : bortézomib, carfilzomib.
- Antimétabolites. Par exemple : azacitidine, cytarabine.
- Anthracyclines. Par exemple : daunorubicine, idarubicine.
- Thérapies ciblées : par exemple, vénétoclax, ivosidénib.
- Anticorps bi-spécifiques. Par exemple : blinatumomab.
- Poisons du fuseau. Par exemple : vincristine, vinblastine.
Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.
Thérapies avancées
Les thérapies avancées en hématologie représentent des approches innovantes et souvent personnalisées, offrant de nouvelles perspectives pour traiter les maladies graves du sang et du système immunitaire.
- Thérapies ciblées et immunothérapies : ces traitements ciblent les anomalies moléculaires ou activent le système immunitaire pour détruire les cellules tumorales.
- Thérapies géniques et cellules CAR-T : ces approches révolutionnaires modifient génétiquement les cellules immunitaires pour attaquer spécifiquement les cellules cancéreuses.
- L’autogreffe consiste à prélever les cellules souches hématopoïétiques du patient, qui sont réinjectées après une chimiothérapie pour accélérer la récupération.
- L’allogreffe utilise des cellules souches d’un donneur compatible, ce qui permet de remplacer une moelle malade et d’exploiter l’effet immunologique du greffon pour éliminer les cellules cancéreuses résiduelles.
Vous trouverez un cours détaillé sur les thérapies avancées dans l’unité d’enseignement 2.9 sur Réussis ton IFSI.
Radiothérapie
La radiothérapie peut être utilisée en complément des traitements pharmacologiques pour détruire les cellules tumorales localement ou réduire la taille des masses pathologiques. `
Prérequis du stage en service d’hématologie
L’exercice infirmier en chirurgie cardiaque nécessite la maîtrise de certains prérequis :
- Connaissances anatomiques et physiopathologiques : une connaissance et compréhension approfondie des lignées cellulaires issues de la moelle osseuse et des étapes de l’hématopoïèse sont indispensables pour appréhender les pathologies hématologiques et leur prise en charge.
- Aplasie et choc septique : il est essentiel de connaître les mécanismes de l’aplasie médullaire et du choc septique, ainsi que les surveillances associées.
- Hygiène et asepsie : la maîtrise des règles strictes d’hygiène et d’asepsie pour protéger les patients immunodéprimés, notamment dans les secteurs protégés lors d’allogreffes. Cela inclut des notions sur les soins stériles et la prévention des infections.
- Calculs de doses et de débits : savoir effectuer des calculs précis de doses et de débits est indispensable pour l’administration sécurisée de traitements, en particulier de chimiothérapies.
- Transfusions sanguines et plaquettaires : il faut maîtriser les étapes de vérification avant une transfusion, telles que l’identitovigilance et les compatibilités, ainsi que les surveillances nécessaires après l’acte.
- Autogreffes et allogreffes : dans un service greffeur, il est indispensable de connaître la distinction entre autogreffe et allogreffe, ainsi que la notion de maladie du greffon contre l’hôte (GVH), ses manifestations et sa prise en charge.
- Risques des chimiothérapies : il est important de comprendre les effets secondaires des traitements chimiothérapeutiques, tels que la mucite, l’alopécie et les risques de complications graves comme l’aplasie fébrile.
- Compétences relationnelles et prise en charge psychologique : les patients, souvent hospitalisés pendant des périodes prolongées (4 à 6 semaines ou plus en cas de complications d’allogreffe), subissent souvent des perturbations de leur dynamique familiale et de leur image d’eux-mêmes (alopécie, amaigrissement). Une prise en charge empathique et un accompagnement relationnel adaptés sont essentiels dans ce contexte, d’autant plus lorsque l’isolement prolongé impacte leur moral et leur bien-être.
Objectifs de stage en hématologie
En stage d’hématologie, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.
Notre équipe a écrit un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment rédiger ses objectifs de stage en soins infirmiers.
Voici une liste non exhaustive de compétences requises dans la structure d’accueil : 4
Savoir
- Comprendre ce qu’est un aidant naturel, connaître son rôle, les risques encourus et savoir les accompagner et les écouter.
- Comprendre le principe de l’aplasie et connaître les précautions à mettre en place par les soignant(e)s et les patients concernés.
- Connaître les précautions à prendre avant toute pose de chimiothérapie (contrôle biologique et clinique, identitovigilance).
- Être capable d’évaluer le risque d’escarre d’un patient, connaître les moyens de prévention et les appliquer.
- Identifier les effets attendus et les effets indésirables de la morphine (y compris les signes d’un surdosage et comment le contrer).
- Savoir administrer une thérapeutique médicamenteuse en connaissant et surveillant les effets attendus, les effets indésirables, les contre-indications, etc.
- Savoir évaluer la douleur et connaître les thérapeutiques en lien (efficacité, effets secondaires, etc.)
- Savoir réagir, alerter et savoir où se trouve le chariot d’urgence en cas d’urgence vitale.
- Savoir réaliser une réfection de lit dans le respect des normes d’hygiène.
- Surveillance des constantes, et particulièrement de la température pour le risque infectieux lors d’une aplasie médullaire.
Savoir-être
- Assister à une consultation d’annonce infirmière et prendre en charge le patient, à son arrivée, dès sa première cure.
- Être capable d’entretenir une relation authentique et de confiance avec le patient et sa famille, tout en respectant le secret professionnel.
- Être en mesure d’accueillir un patient et sa famille (recueil de données, désignation de la personne de confiance, explication du séjour).
Savoir-faire
- Installer une pompe avec réglage de débits pour une chimiothérapie, une thérapeutique ou une transfusion.
- Préparer une poche de perfusion en respectant les règles d’hygiène et de sécurité.
- Réaliser un gaz du sang, les surveillances nécessaires et savoir interpréter les résultats.
- Savoir mettre en place un isolement protecteur ou un isolement adapté aux précautions complémentaires.
- Savoir poser une aiguille de Huber (ex. : gripper) en respectant les règles d’hygiène, de confort, de sécurité et d’ergonomie.
- Savoir poser une perfusion, réaliser le calcul de doses, connaître les effets attendus et indésirables à surveiller et savoir la désadapter en respectant les règles d’asepsie et de sécurité.
- Savoir préparer un patient pour un examen radiologique, fonctionnel ou biologique.
- Savoir réaliser une toilette complète au lit et/ou au lavabo en respectant les règles d’hygiène, de confort et de sécurité pour le patient.
- Savoir réaliser une transfusion sanguine, de la récupération du produit sanguin jusqu’à l’injection et la surveillance, dans les règles d’hygiène, de sécurité, et des contrôles propres à la gestion des produits sanguins (identitovigilance, identification du culot, contrôle de compatibilité).
Professionnel(le)s rencontré(e)s en hématologie
Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez :
- Aide-soignant(e)
- Assistant social
- Brancardier(e)
- Cadre de santé
- Diététicien(ne)
- Externe
- Infirmier(e) de pratique avancée
- Infirmier(e) diplômé(e) d’État
- Infirmier(e) d’annonce et de coordination
- Interne
- Kinésithérapeute
- Médecin hématologue
- Psychologue
- Socio-esthéticien(ne)
Témoignage d’un infirmier en hématologie
Dans le cadre de notre série « Guides de stages infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par un(e) infirmier(e) expérimenté(e) qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en chirurgie orthopédique, nous avons eu la chance de collaborer avec Christophe, un infirmier aguerri exerçant dans ce service.
Dans le cadre de la rédaction de cet article, Christophe a non seulement contribué par son expertise, mais a généreusement accepté de partager son expérience personnelle en hématologie, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service :
Pourquoi as-tu choisi de travailler en hématologie ?
J’ai intégré un service d’hématologie dès la sortie de l’IFSI, fin 2010. Honnêtement, cette orientation s’est imposée à moi un peu tardivement, à la suite d’un stage en hématologie, qui m’a profondément marqué.
Ce stage m’a permis de découvrir une spécialité qui, au départ, me semblait très pointue, presque une niche. La complexité de la cancérologie, souvent perçue comme difficile et peu enthousiasmante, m’a finalement captivé. J’ai pris conscience que, derrière une apparente austérité, se cachait une discipline riche en défis, en apprentissages et en interactions humaines.
Qu’est-ce qui te plaît le plus en hématologie ?
À travers mon stage et mes débuts professionnels, j’ai découvert l’hématologie comme une spécialité à la fois exigeante et polyvalente, qui se révèle incroyablement formatrice. La prise en charge en hématologie ne se limite pas au traitement de l’hémopathie : elle englobe aussi la gestion de pathologies chroniques associées, ainsi que des effets secondaires des traitements, souvent plus marqués que les pathologies elles-mêmes.
Ce qui rend l’hématologie particulièrement enrichissante, c’est la diversité des modes d’hospitalisation rencontrés. En une seule journée, il est possible de suivre des patients en hôpital de jour, en hospitalisation conventionnelle, en soins intensifs et en soins palliatifs, y compris dans des situations de fin de vie. Cette variété permet de développer des compétences multiples et d’accompagner les patients à chaque étape de leur parcours de soins, ce qui est à la fois un défi et une source d’accomplissement professionnel.
Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en hématologie ?
Proposition de reformulation : Si je devais conseiller un(e) étudiant(e) débutant(e) en stage d’hématologie, je lui recommanderais vivement de revoir les notions abordées dans l’unité d’enseignement 2.9 et de s’exercer avec des travaux dirigés pour élaborer des projets de soins spécifiques à cette spécialité. J’orienterais les étudiant(e)s en première ou deuxième année vers des ressources fiables comme la section hématologie du site de l’Institut National du Cancer ou le site de la structure qui les accueille en stage.
Si vous n’avez jamais effectué de stage en oncologie, essayez d’arriver avec une première compréhension, même basique, de ce qu’est un cancer. Utilisez vos propres mots pour construire cette représentation, et renseignez-vous sur les pathologies prises en charge par le service d’hématologie où vous serez affecté(e).
Enfin, surtout, prenez le temps de tirer pleinement parti des opportunités qu’offre ce guide pour préparer votre stage et en maximiser les bénéfices.
Devenir infirmier(e) en hématologie
Un stage en hématologie offre aux stagiaires une expérience précieuse qui leur permet d’acquérir des compétences techniques telles que la réalisation de prélèvements sanguins, la gestion des cathéters veineux centraux, l’administration de chimiothérapies et la surveillance des transfusions. Ils se forment également aux protocoles d’asepsie nécessaires pour protéger les patients immunodéprimés, tout en développant des compétences relationnelles comme le soutien psychologique et l’accompagnement en soins palliatifs. Ce stage favorise une compréhension approfondie des pathologies hématologiques, telles que les leucémies et les lymphomes, ainsi que des traitements innovants comme les thérapies ciblées et les greffes de cellules souches.
Les spécialisations possibles après un tel stage incluent le rôle d’infirmier(e) expert(e) en hématologie, avec une maîtrise des traitements complexes, ou celui d’infirmier(e) en soins palliatifs, spécialisé(e) dans la prise en charge des patients en fin de vie. Les stagiaires peuvent également s’orienter vers la recherche clinique ou devenir infirmier(e) coordinateur/coordinatrice en consultation d’annonce.
Les perspectives d’évolution sont multiples : devenir infirmier(e) en pratique avancée, cadre de santé et travailler dans des unités spécialisées comme les soins intensifs hématologiques. Ce stage constitue une base solide pour accéder à des carrières diversifiées et valorisantes dans les soins infirmiers spécialisés.
Sources
- Nicolas Garant « Prises de sang et hémopathies malignes chroniques : étude phénoménologique de l’adhésion thérapeutique » 2017.
- Institut national du cancer « Incidence et mortalité des cancers en 2018 » dernière mise à jour le 04/07/2023.
- Hôpital Henri Mondor « Échanges Hémato 4 – HMN V6 » mis à jour le 10/06/2013.
- IFSI-IFAS Chartres « Livret d’accueil du pôle HORG » 17/06/2021.
- Sénat « Proposition de loi relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé » 25/01/2023.
- Centre Hospitalier Universitaire de Limoges « IDE poste entrée sortie en hématologie » 12/12/2012.
- Cytologie Sanguine « Lexique en hématologie » consulté le 11/12/2024.
- Abréviations de l’ouvrage, Volume , Issue , 05/2011, Pages , ISSN 978-2-294-09507-8
- Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) « Maladies et traitements en hématologie » consulté le 11/12/2024.
- Hôpital Avicenne « Livret Hématologie – Avicenne » 29/10/2008.
- Association Inter-Hospitalière en Hématologie « Guide des thérapeutiques en hématologie » 23/01/2024.
- Gustave Roussy « Les cellules CAR-T » consulté le 11/12/2024.