Une analyse de sang (également appelée prise de sang ou ponction veineuse) est une procédure médicale courante qui permet d’évaluer le taux des composés sanguins d’un patient. C’est un outil fondamental pour le diagnostic, le suivi et l’évaluation de nombreuses pathologies.

Contrairement au prélèvement veineux, qui permet d’analyser de nombreux paramètres biologiques, le prélèvement artériel est réservé à l’évaluation des gaz du sang et de l’équilibre acido-basique, tandis que le prélèvement capillaire, moins invasif, est utilisé pour des analyses nécessitant une faible quantité de sang (comme l’hémoglucotest).

Pour effectuer un prélèvement veineux réussi et sécurisé, une préparation rigoureuse est indispensable. Il est essentiel de maîtriser les aspects réglementaires, de connaître les indications et contre-indications, de sélectionner le matériel adapté et de tenir compte des informations cliniques du patient.

Ce guide infirmier regroupe les prérequis essentiels pour effectuer un prélèvement sanguin. Il vous permettra d’adopter les bonnes pratiques pour la sécurité et le confort du patient et pour garantir la fiabilité des résultats biologiques. Une fois ces éléments maîtrisés, vous pourrez consulter notre article dédié au déroulement détaillé du soin, intitulé Guide infirmier : le prélèvement sanguin veineux, qui présente chaque étape de la procédure de manière structurée.

infographie - Matériel pour le prélèvement sanguin

Législation du prélèvement sanguin

Le prélèvement sanguin est un acte encadré par le Code de la santé publique, qui définit les compétences et responsabilités des infirmier(e)s.

Selon le Code de la santé publique (article R.4127-1), les infirmier(e)s sont responsables du prélèvement et du traitement des échantillons de sang veineux. Le Code de la santé publique précise que l’infirmier(e) doit faire preuve d’un niveau de compétence dans le prélèvement et le traitement des échantillons de sang veineux et qu’il/elle doit respecter les procédures et protocoles pertinents afin d’assurer la sécurité du patient.1

Décret du 29 juillet 2004 (Code de la santé publique) – article R4311-7 : « L’infirmier ou l’infirmière est habilité(e) à pratiquer les actes suivants, soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin : […] 35- Prélèvements de sang par ponction veineuse ou capillaire ou par cathéter veineux ».2

Le prélèvement sanguin doit être réalisé dans un cadre réglementaire strict, qui garantit la traçabilité et la sécurité du soin, et ne peut être effectué par un(e) infirmier(e) qu’avec une prescription médicale écrite et datée, dans le respect de protocoles rigoureux pour garantir la fiabilité des résultats et la sécurité du patient.En dehors des infirmier(e)s, d’autres professionnel(le)s de santé sont habilité(e)s à réaliser des prélèvements sanguins, notamment les techniciens de laboratoire titulaires d’un certificat de préleveur selon les cadres réglementaires en vigueur.3.4

Indications du prélèvement sanguin

Le prélèvement de sang veineux est prescrit pour diverses raisons médicales. Il permet d’analyser de nombreux paramètres biologiques et d’orienter la prise en charge du patient.

Il est indiqué dans les cas suivants : 5.6

  • Diagnostic et suivi de maladies : identification d’une pathologie aiguë (infection, inflammation, trouble métabolique) ou chronique (diabète, insuffisance rénale, maladies auto-immunes, cancer).
  • Évaluation d’un traitement : surveillance de l’efficacité des effets secondaires d’une thérapie médicamenteuse (anticoagulants, traitements hormonaux, chimiothérapie) et ajustement des doses.
  • Bilan de santé général : contrôle des paramètres biologiques d’un patient asymptomatique, dépistage de facteurs de risque cardiovasculaires, suivi de carences nutritionnelles.
  • Dépistage spécifique : recherche de maladies génétiques, d’infections (hépatites, VIH, syphilis), de marqueurs tumoraux.
  • Bilan préopératoire : vérification des constantes biologiques avant une intervention chirurgicale, notamment l’hémostase, la fonction rénale, la NFS et éventuellement le groupage.
  • Suivi de grossesse : dosage de l’hormone bêta-HCG, dépistage de la toxoplasmose, de la rubéole et des marqueurs du diabète gestationnel.
  • Exploration d’un trouble métabolique : anomalies du cholestérol, glycémie, bilan hépatique et rénal.
  • Don de sang et dons d’organes : vérification des paramètres biologiques d’un donneur et bilan pré-transfusionnel (confirmation d’un groupage et recherche des RAI).
  • Surveillance en soins intensifs et urgences : analyse rapide des constantes biologiques pour ajuster les traitements en réanimation.
  • Suivi FIV et PMA : dosage des hormones.
  • Bilan pour imagerie : la fonction rénale avant un scanner ou une IRM (créatinine avec calcul de la clairance).

La diversité des analyses réalisables à partir d’un prélèvement sanguin en fait un outil diagnostique et un outil de surveillance incontournable en médecine.

Contre-indications du prélèvement sanguin

Certaines situations nécessitent d’éviter un site de prélèvement afin de garantir la fiabilité des analyses et de prévenir les complications pour le patient.

Sites de prélèvement sanguin à éviter

Bien choisir le site de prélèvement permet d’éviter les complications et garantit des résultats fiables.

  • Bras perfusé : le liquide de perfusion peut diluer le sang et fausser les résultats.7.8.9
  • Fistule artério-veineuse : contre-indiqué, sauf si réalisé par un membre du personnel spécialisé en hémodialyse.7.8
  • Membre du côté d’une mammectomie avec curage axillaire : risque accru de lymphœdème et d’altération du retour veineux.7  
  • Membre paralysé : présence d’une stase veineuse, augmentation du risque thromboembolique et absence de sensibilité, ce qui peut masquer une complication.
  • Plaies ou dermatoses au niveau du site de ponction : risque de contamination et de complications infectieuses.7 
  • Veinite au niveau du point de ponction : risques de douleur et de thrombose liés à l’inflammation de la veine.7 
  • Hématome au niveau du point de ponction : risque d’aggravation du saignement et d’altération des résultats.7
  • Œdème important du membre : difficulté de repérer une veine et augmentation du risque d’échec du prélèvement.7 
  • Thrombose veineuse : occlusion du vaisseau rendant le prélèvement inefficace.7 
  • Veines céphaliques (face latérale du poignet) : risque d’atteinte nerveuse, pouvant provoquer des douleurs chroniques.8

Alternatives en cas de contre-indication

Prélèvement sur un bras perfusé

Lorsqu’aucun site alternatif n’est disponible, il est possible d’effectuer un prélèvement sur le bras perfusé en suivant ces précautions :

  1. Arrêter la perfusion pendant au moins 2 minutes pour limiter le risque de dilution du prélèvement.
  2. Appliquer le garrot en dessous du site de perfusion et repérer une veine utilisable.
  3. Utiliser des tubes de purge avant de prélever l’échantillon définitif, afin d’éliminer toute trace du soluté perfusé.
  4. Prélever le sang dans les tubes d’analyse requis.
  5. Consigner dans le dossier patient que le prélèvement a été réalisé du côté perfusé et préciser le soluté administré.

Prélèvement via un cathéter veineux périphérique

Le prélèvement directement dans un cathéter veineux périphérique est déconseillé, car il augmente le risque d’hémolyse et peut fausser les résultats des analyses.10 

Si cette option est la seule possible, il est impératif de prélever au moins 20 millilitres de sang10 en purge avant de prélever l’échantillon destiné à l’analyse.

Prélèvement sur un membre inférieur

Si les membres supérieurs ne peuvent pas être ponctionnés, il est également possible de réaliser une ponction veineuse sur un membre inférieur.

Précautions en cas de pathologies de la coagulation

Les pathologies de la coagulation ne constituent pas une contre-indication au prélèvement sanguin. Cependant, une compression prolongée du site de ponction est nécessaire pour prévenir un saignement prolongé.7

Complications du prélèvement sanguin

Le prélèvement sanguin est un acte courant, mais non dénué de risques. Les complications possibles concernent à la fois le patient et le soignant. 

Complications pour le patient 

  • L’infection locale : liée à une mauvaise asepsie du site de ponction.7
  • La ponction artérielle : qui peut provoquer un saignement important.7
  • L’hématome ou le saignement : si l’aiguille transperce la veine ou si la compression après prélèvement est insuffisante.7
  • La lésion veineuse7 (diffusion veineuse, défaut de reflux, spasme veineux).
  • La lésion nerveuse : si l’aiguille touche un nerf (risque rare, mais douloureux).7
  • La syncope vasovagale : chute de tension provoquée par le stress ou la douleur.7
  • La diminution de la sensibilité par épaississement de la peau.
  • La douleur peut être due à une mauvaise ponction ou à la fragilité de la veine.

Une bonne technique et une communication rassurante avec le patient limitent ces risques.

La gestion de la douleur et de l’appréhension du patient est un aspect fondamental du prélèvement sanguin. Le/la soignant(e) doit adapter sa prise en charge, instaurer un dialogue rassurant et éviter de minimiser la douleur ressentie. Une communication efficace réduit l’anxiété du patient, optimise son confort ainsi que le déroulement du geste.

Pour aller plus loin, consultez notre article : Comment réduire la douleur et l’anxiété des patients lors des soins.

Complications pour le/la soignant(e)

Bien que le prélèvement sanguin soit un geste courant, il expose également le/la soignant(e) à des risques professionnels, notamment aux accidents d’exposition au sang (AES) et aux blessures liées à la manipulation du matériel.

En cas d’AES, les agents pathogènes potentiels comprennent le VIH, le VHB, le VHC, ainsi que les virus responsables de fièvres hémorragiques comme Ebola, Lassa et Marburg. De plus, des maladies telles que la syphilis et le paludisme peuvent être transmises par le biais de sang contaminé.6

En cas d’AES

En cas de piqûre, coupure ou contact avec un liquide biologique potentiellement contaminant, il faut appliquer les recommandations suivantes : 11 

1) Premiers soins immédiats

  • En cas de piqûre ou de coupure, ne pas faire saigner, mais laver immédiatement à l’eau et au savon, puis désinfecter pendant au moins 5 minutes avec du Dakin®, de l’eau de Javel diluée, de la polyvidone iodée ou de l’alcool à 70°.
  • En cas de projection sur les muqueuses (œil, bouche, nez), rincer abondamment avec du sérum physiologique ou de l’eau pendant au moins 5 minutes.

2) Évaluation du risque infectieux dans l’heure suivant l’accident

  • Évaluer le risque de transmission en fonction du statut sérologique de la personne source (avec son accord).
  • Consulter un médecin pour évaluer la nécessité d’un traitement post-exposition (TPE), idéalement dans les 4 premières heures.

3) Déclaration et suivi dans les 24 heures

  • Informer l’encadrement et déclarer l’accident du travail.
  • Suivre les recommandations du médecin pour un suivi sérologique adapté.
  • Informer le médecin du travail afin d’analyser les causes de l’accident et prévenir de futurs incidents.

Mesures de protection 

Pour limiter les risques d’accidents d’exposition au sang et garantir la sécurité du/de la soignant(e), il est indispensable d’adopter des mesures de protection dès la préparation du prélèvement et jusqu’à l’élimination du matériel utilisé.

  • Ne jamais recapuchonner l’aiguille après usage, afin d’éviter une piqûre accidentelle.6.12
  • Porter des gants non stériles à usage unique, en veillant à les retirer immédiatement après le soin.6.12
  • Éliminer immédiatement l’aiguille dans un collecteur OPCT (objet piquant, coupant, tranchant), placé à proximité du site de prélèvement.6.12 Le clapet du collecteur doit être ouvert avant le geste pour éviter toute manipulation non sécurisée après l’acte.
  • Connaître et appliquer le protocole de l’établissement en cas d’AES, incluant le lavage immédiat de la zone exposée, la déclaration de l’incident et une prise en charge adaptée.6

Le respect strict de ces précautions réduit significativement le risque de contamination et garantit la sécurité du soignant et du patient.

photographie - infirmière en train de faire un prélèvement sanguin

Les facteurs pouvant altérer l’analyse sanguine

Une mauvaise technique de prélèvement et/ou des conditions inadaptées peuvent compromettre la qualité des échantillons sanguins et fausser les résultats biologiques. L’une des principales causes d’altération est l’hémolyse, qui correspond à la destruction des globules rouges et entraîne la libération d’hémoglobine dans le plasma.

  • L’utilisation d’une aiguille de calibre trop petit (23G ou moins) ou de calibre trop gros pour le vaisseau. 
  • Une application de force excessive lors de l’aspiration du sang dans le tube en appuyant sur le piston de la seringue (en cas de prélèvement avec seringue).
  • Le prélèvement d’échantillons de sang à partir d’une voie intraveineuse (IV) ou d’une voie centrale.
  • Le remplissage insuffisant des tubes, en particulier les tubes bleus citratés destinés à l’hémostase (TP, TCA, D-dimères), qui doivent être remplis jusqu’au trait avec une tolérance de 10 %. Un sous-remplissage entraîne un excès de citrate par rapport au volume de sang, et fausse donc les résultats de coagulation.
  • La réutilisation de tubes ayant été rechargés à la main avec une quantité d’anticoagulant inadaptée. 
  • Un mélange trop vigoureux du contenu d’un tube peut altérer l’échantillon. Il est recommandé d’effectuer des retournements lents et réguliers pour obtenir une homogénéisation adéquate sans risque de perturbation des résultats. En fonction de l’additif contenu dans chaque tube, le nombre de retournements recommandés varie pour une homogénéisation optimale sans altérer l’échantillon. Pour plus de détails sur l’homogénéisation des tubes après le prélèvement, consultez notre article dédié au déroulement du soin étape par étape. 
  • Le fait de ne pas laisser l’alcool ou le désinfectant sécher. 
  • La pose prolongée du garrot (supérieure à une minute), qui peut entraîner une fausse augmentation du taux de potassium par relargage des cellules musculaires.

L’application d’un vide trop poussé, par exemple en utilisant un tube trop gros ou une seringue trop grande (10-20 mL) pour un patient en pédiatrie.6

Analyses possibles lors d’un prélèvement sanguin

Lorsqu’un prélèvement sanguin est réalisé, il peut être utilisé pour diverses analyses dont l’objectif est d’évaluer l’état de santé du patient. Ces examens permettent d’explorer différents paramètres biologiques et de détecter d’éventuelles anomalies. De l’hématologie à la virologie, en passant par la biochimie et l’immunologie, chaque analyse permet l’identification et le suivi des pathologies. Voici un aperçu des principales analyses possibles à partir d’un prélèvement sanguin.

L’hématologieDomaine d’étude qui se consacre à l’analyse du sang et de ses constituants. Lorsqu’un échantillon de sang veineux est prélevé, l’hématologie consiste à analyser les propriétés des cellules sanguines, telles que leur taille, leur forme, leur nombre, ainsi que d’autres caractéristiques. Les résultats de ces analyses hématologiques peuvent fournir des informations utiles sur l’état de santé du patient, dont la présence d’infections et d’autres pathologies.
L’hématologie est composée de plusieurs examens comme la numération de la formule sanguine qui mesure les différents composants du sang, y compris les globules rouges et blancs, l’hémoglobine, l’hématocrite et les plaquettes.
L’hémostaseDésigne le processus qui vise à stopper le saignement d’une plaie ou d’une blessure. Lors d’un prélèvement sanguin, l’échantillon est analysé pour évaluer le temps de coagulation nécessaire à la formation d’un caillot sanguin.
La biochimieDans le cadre d’un prélèvement de sang veineux, la biochimie est l’étude des processus chimiques qui se produisent dans l’organisme. Elle implique l’analyse des substances chimiques présentes dans le sang, telles que les protéines, le glucose, les lipides, les enzymes, les hormones, les métabolites et les ions (sodium, potassium, calcium, chlorure, etc.).
L’immunologieC’est l’étude de la réponse immunitaire de l’organisme face à des substances étrangères telles que des agents pathogènes et des toxines. Elle englobe l’identification des antigènes et des anticorps, ainsi que la production d’anticorps pour lutter contre des agents infectieux.
La bactériologieC’est l’étude des bactéries présentes dans le sang. Les résultats des tests bactériologiques fournissent des informations sur le type de bactéries, la gravité de l’infection et le traitement optimal.
Un exemple de ces tests est l’hémoculture, qui permet de diagnostiquer et de surveiller les infections, ainsi que de déterminer le type d’organisme responsable de l’infection et l’antibiotique le plus efficace pour la traiter.
La virologieLa virologie est l’étude des virus et de leurs effets sur l’organisme. Les résultats des tests virologiques fournissent des informations sur le type de virus détecté, la gravité de l’infection et le traitement approprié. La virologie permet de détecter diverses maladies infectieuses telles que le VIH et les hépatites.
La mycologie et la parasitologieLa mycologie et la parasitologie sont les domaines d’étude dédiés à l’analyse des champignons et des parasites. 

Pour mieux comprendre les normes biologiques et l’interprétation des résultats, consultez notre article : Guide infirmier : les normes biologiques du prélèvement sanguin.

Prescription et abréviations pour le prélèvement sanguin

Avant tout prélèvement, il est essentiel de prendre connaissance du dossier patient et de la prescription médicale. Cette étape permet de s’assurer de la pertinence de l’acte et d’identifier d’éventuelles anomalies dans l’ordonnance.

L’infirmier(e) doit également être en mesure d’interpréter les abréviations couramment utilisées sur les prescriptions afin de sélectionner les tubes adaptés à chaque analyse. Voici un récapitulatif des principales abréviations que l’on peut retrouver sur une ordonnance.

  • ALAT / ASAT : transaminases (marqueurs de l’atteinte hépatique)
  • BHC : bilan hépatocellulaire
  • BW : Bordet-Wasserman, test sérologique historique pour le dépistage de la syphilis (aujourd’hui remplacé par des techniques plus modernes, mais encore mentionné dans certaines prescriptions anciennes)
  • Créat : créatinine
  • EAL : exploration des anomalies lipidiques
  • EPP : électrophorèse des protéines plasmatiques
  • EPS : électrophorèse des protéines sanguines (ou examen parasitologique des selles)
  • GAJ : glycémie à jeun
  • GGT : gamma-glutamyl-transférase 
  • Iono : ionogramme
  • Lact : lactates
  • NFS : numération formule sanguine
  • PAL : phosphatases alcalines
  • TCK : taux de céphaline Kaolin
  • TP : taux de Prothrombine (TP) ou temps de Quick
  • TSH : thyréostimuline
  • VS : vitesse de sédimentation (indicateur d’inflammation)

Vous pouvez retrouver sur Réussis ton IFSI un cours complet sur les prescriptions médicales en 2.11, disponible en deux versions : détaillée et synthétique. Cours accompagné de QCM interactifs et d’un résumé audio.

Matériel pour le prélèvement sanguin

L’intégrité et la date de péremption de tout le matériel doivent être vérifiées. Voici la liste des dispositifs nécessaires13 :

  • Matériel déchet : pour le recueil des déchets contaminés (sac et OPCT) et non contaminés.
  • Matériel pour l’hygiène du préleveur et l’environnement : gel hydroalcoolique et produit de désinfection de l’adaptable.
  • Dossier administratif : l’ordonnance imprimée pour les biologistes et les techniciens et les étiquettes à coller sur les tubes après identitovigilance.
  • Matériel pour l’hygiène du point de ponction : désinfectant adapté, pour une prise de sang classique (alcool à 70° et pour les hémocultures : utilisation d’un antiseptique alcoolique à rémanence, afin de limiter les contaminations bactériennes).
  • Matériel pour le prélèvement : compresses stériles, garrot, aiguilles de prélèvement, tubes, corps de pompe, gants, pansements, carré de soin. Chariot ou plateau. Ne pas oublier le sachet de transport pour les tubes.

Pour les adultes, ne pas utiliser d’aiguilles montées directement sur des seringues pour le prélèvement de sang.14

Voici les différents matériels que vous serez amené(e) à utiliser :

infographie - Prélèvement veineux _ les différents dispositifs

En pédiatrie, en particulier pour les nourrissons, les techniques de prélèvement et le matériel utilisé sont différents du fait du petit diamètre des veines. Ces prélèvements nécessitent une formation préalable.

Choisir le calibre de l’aiguille adapté pour le prélèvement sanguin

Le choix du calibre de l’aiguille influence la qualité du prélèvement sanguin et le confort du patient. Le calibre (gauge, noté « G ») correspond au diamètre de l’aiguille : plus le chiffre est élevé, plus l’aiguille est fine. Voici un tableau récapitulatif des calibres d’aiguilles et de leur utilisation en fonction du type de veine.

Calibres des aiguilles d’usage courant pour la ponction veineuse :

CalibreUtilité
20 GVeines de bon diamètre
21 GVeines normales
22 GVeines de plus petit diamètre
23 GVeines difficiles et prélèvements délicats.

Spécificités de chaque tube de prélèvement

Les codes couleurs et les additifs des tubes peuvent légèrement varier d’un établissement à l’autre. Il est donc impératif de consulter les fiches techniques propres à chaque laboratoire pour respecter les bonnes pratiques. En cas de doute, il est recommandé de contacter directement le laboratoire pour éviter toute erreur pré-analytique.

Les hémocultures :

Les hémocultures consistent en la collecte et la culture d’échantillons de sang dans un environnement conçu pour favoriser la croissance des bactéries. L’objectif principal de cette procédure est de détecter la présence de bactéries dans le sang, de les identifier précisément et d’évaluer l’efficacité et la spécificité des antibiotiques en utilisant l’antibiogramme.

Lorsqu’une hémoculture est prescrite, les flacons doivent être prélevés en premier, avant tout autre tube de prélèvement sanguin, afin d’éviter une contamination liée aux additifs présents dans les autres tubes.

Il existe deux types de flacons :

  • Flacon aérobie : destiné aux bactéries nécessitant de l’oxygène pour leur croissance.
  • Flacon anaérobie : adapté aux bactéries se développant en l’absence d’oxygène.

L’ordre de prélèvement est le suivant :

  1. Flacon anaérobie.
  2. Flacon aérobie.

Le flacon anaérobie est prélevé en premier, car l’air résiduel contenu dans l’aiguille pourrait contaminer l’échantillon si le flacon aérobie était prélevé en premier. En revanche, en cas d’utilisation d’un système sous vide, c’est le flacon aérobie qui est prélevé en premier, car l’air présent dans le flacon permet d’éviter une dépressurisation qui pourrait perturber le prélèvement anaérobie.

Le tube bleu citraté :

Le tube citraté (tube bleu) tient son nom du citrate de sodium qu’il contient. Il est toujours prélevé en premier, pour éviter que l’héparine du tube vert ou l’EDTA du tube violet ne contaminent le tube citraté, ce qui pourrait fausser les résultats des tests de coagulation. Il est utilisé pour les bilans de coagulation et le suivi d’un traitement par anticoagulant.

Exemples d’examens possibles : TP, TCA, Fib, D-dimères, héparinémie/anti-Xa, facteur V, anti-thrombine III…

Particularité importante : ce tube doit impérativement être rempli en entier (au maximum), car un volume insuffisant fausserait le rapport anticoagulant/sang et compromettrait l’interprétation des résultats.

Le tube sec jaune avec gel :

Ce tube ne contient aucun anticoagulant, le sang peut donc coaguler dans le tube (effet recherché). Il est recommandé d’attendre 30 minutes avant la centrifugation afin de laisser le temps au sang de bien coaguler. Après centrifugation, le gel présent dans le tube fait interface entre la partie liquide et les cellules, empêchant ainsi leur re-mélange.

Exemples d’examens possibles : AcHBs, ACE, acide urique, AFP, ALAT, albumine, amylase, ASAT, bilirubine T, CA 125, calcium, chlore, cholestérol T, CPK, créatinine, CRP, ferritine, FSH, GGT, insuline, LDH, LH, magnésium, PSA, triglycérides, TSH, urée, vitamine B12, vitamine D…

Le tube sec rouge :

Ce tube ne contient aucun anticoagulant, le sang va donc pouvoir coaguler naturellement dans le tube (effet recherché). Il contient seulement un activateur de la coagulation (microparticules de silice). Il est nécessaire d’attendre au minimum 1 heure avant la centrifugation afin de garantir une coagulation complète et d’obtenir un sérum de bonne qualité.

Exemples d’examens possibles : procalcitonine, LYME, HELISER, ACTRA, TRAK, ASDOR, MNI, WR, HSV, SCH, VZV, ACAN, ACDNA, ECT, ACTIS, ANCA, ACENDG, ACCARD, B2GP…

Le tube vert hépariné :

Le tube hépariné (tube vert) tient son nom de l’héparine de lithium qu’il contient. Il permet d’effectuer l’ionogramme. L’héparine empêche le sang de coaguler sans apporter d’ions qui fausseraient les résultats de l’ionogramme.

Exemples d’examens possibles : chlore, ionogramme, potassium, sodium, troponine…

Le tube violet EDTA :

Le tube EDTA (tube violet) tient son nom de l’éthylène diamine tétra-acétique qu’il contient. Il est utilisé pour les numérations (globules blancs, globules rouges, plaquettes), l’hémoglobine glyquée, la détermination de groupes sanguins, les RAI…

Attention : il existe des tubes EDTA avec gel (utilisés notamment pour le dosage du BNP). Il ne faut pas prélever une NFS dans ces tubes, car le gel peut altérer les cellules sanguines et endommager l’automate d’analyse.

Exemples d’examens possibles : NFS, plaquettes, VS, réticulocytes, Kleihauer,  paludisme, groupe sanguin, rhésus, phénotype, agglutinines irrégulières, BNP, HbA1c, électrophorèse de l’hémoglobine…

Le tube gris fluorure :

Le tube fluorure (tube gris) tient son nom du fluorure de sodium et de l’oxalate de potassium qu’il contient. Ce tube est utilisé pour le dosage de la glycémie.
Exemples d’examens possibles : glycémie (à jeun, postprandiale), cycle glycémique, HGPO…

Recommandations pré-analytiques pour le prélèvement sanguin

Une préparation rigoureuse est indispensable pour garantir la fiabilité des résultats biologiques. Avant d’effectuer un prélèvement sanguin, le/la soignant(e) vérifie que toutes les conditions pré-analytiques sont respectées.

Les questions que les soignant(e)s doivent se poser sont les suivantes :15

  • Quels sont les délais et les protocoles recommandés pour effectuer le prélèvement demandé ? 
  • Doit-on le faire à jeun ? 
  • Y a-t-il des heures précises auxquelles la prise de sang doit être effectuée ?
  • Quelles questions dois-je poser au patient ?

Le préleveur doit s’assurer que les conditions de prélèvement sont remplies, y compris le jeûne, la date et l’heure de la dernière prise de médicaments (le cas échéant), le respect de l’heure de prélèvement (conformément aux lignes directrices du test) et toute information clinique supplémentaire (par exemple, la date de la dernière période menstruelle).


Le tableau suivant récapitule les informations essentielles à renseigner lors d’un prélèvement sanguin, en fonction des analyses demandées. Ces renseignements permettent au biologiste et au médecin prescripteur d’interpréter les examens correctement.

ExamensRenseignements utiles
Activité anti-XaTraitement anticoagulant – posologie – horaires d’injection.
Bilan thyroïdienDépistage ou suivi. En cas de suivi : traitement en cours.15
Bilan lipidique, cholestérol, triglycérides, apolipoprotéines, acide folique sérique, glucose sanguinTraitement en cours ou non.Jeûne strict (ne rien avoir mangé ou bu les 10 à 12 heures précédant le prélèvement).15Et pour certains laboratoires, jeûne jusqu’à 8 heures précédant le prélèvement pour la glycémie.
CréatininePoids si calcul de Cockroft et Gault.Couleur de peau si formule CKD-EPI.
D-DimèresContexte clinique – traitement en cours.
Troponine, BNPContexte clinique – début d’apparition des symptômes.En cas de doute clinique, mentionner douleurs thoraciques récentes.
Dosage de médicaments (Digoxine, lithium…)Traitement – posologie – date – de début du traitement/heure de la dernière prise.  Âge, taille, poids du patient.15
Femme enceinteDate de grossesse, terme prévu et indication du prélèvement (ex. : recherche de diabète gestationnel).
Groupe sanguinDate et heure du prélèvement – degré d’urgence – motif de la demande (préopératoire, transfusion).
Si carte de groupe demandée : prélèvement à deux moments différents par deux préleveurs distincts. 15La vérification de l’identité doit se faire à l’aide de la carte d’identité du patient, car l’identité prime sur la carte vitale. L’adresse complète du patient et le nom et la qualité du préleveur.1
Test de grossesse (B HCG) Date des dernières règles.15
Bilan hormonalSexe et âge du patient, son traitement, date des dernières règles.
HémoculturesFièvre ou non, début des signes. Antibiothérapie (aucune, récente, en cours).Date et heure du prélèvement.Prélèvement périphérique ou sur cathéter.12.15
HémostaseTraitements anticoagulants – posologie.Heure du prélèvement.  Nature des anticoagulants. Date de la dernière prise si arrêt. Si héparinémie : heure du prélèvement et heure de dernière injection.15
HépatitesVaccination – voyage – contexte clinique.
Marqueurs tumorauxTraitement – suivi ou dépistage.
NFSSuivi d’hémopathie – chimiothérapie – urgence.
RAIInjection anti-D et date – notion de transfusion.Antécédents de RAI positive.  Accouchement ou suivi de grossesse.  Degré d’urgence.15
Recherche de mutation génétiqueAttestation de consultation et consentement éclairé.
PaludismeLieu et date de séjour à l’étranger – prophylaxie – fièvre.
RubéoleGrossesse et date – vaccination.
Toxoplasmose, CMVGrossesse et date.
Vitamine DTraitement.

Maintenant que vous avez consulté les prérequis pour effectuer un prélèvement sanguin, nous vous invitons à lire notre guide complet sur le déroulement du prélèvement.

Conseils de professionnels de santé

LABORDE Marielle

En cas d’échec du prélèvement, il est impératif d’utiliser une nouvelle aiguille pour éviter tout risque de contamination et limiter l’inconfort du patient. Il est recommandé d’anticiper cette éventualité en prévoyant deux aiguilles dès le départ. 

BATAILLE Isabelle

Une bonne connaissance du réseau veineux et artériel (UE 2.2) facilite le repérage et limite les erreurs. Le dialogue avec le patient influence directement le déroulement du geste : plus il est détendu, plus la ponction sera aisée. Tout soignant, même expérimenté, peut rater une prise de sang. L’important est de savoir évaluer la situation et passer la main si nécessaire, sans insister inutilement.

Le confort du patient dépend aussi de celui du soignant. Une bonne posture et une installation stable permettent un geste plus précis.

Enfin, le choix de la veine repose autant sur la palpation que sur l’observation. Celles qui paraissent les plus visibles ne sont pas toujours les plus adaptées. Prendre le temps de palper permet d’identifier une veine stable et souple, qui offre de meilleures conditions pour le prélèvement.

PALLIER Aude

Le prélèvement veineux est un geste courant et souvent plutôt facile, mais les échecs sont bien évidemment possibles. Avoir et prendre le temps d’une bonne installation pour soi et le patient aident grandement le geste. Ne pas hésiter à se lancer, mais également à demander conseil, voire à passer la main si un patient semble avoir un abord veineux plus difficile.

Badia JABRANE

Le succès du soin réside dans une bonne préparation du geste : le matériel nécessaire doit être préparé (tubes, nombre de tubes en fonction des examens demandés, plusieurs aiguilles…) pour éviter les allées et venues dans la salle de soins. Un acte non réussi ne signifie pas que l’infirmier(e) n’est pas compétent(e). Il faut savoir passer la main si le capital veineux du patient est difficile, voire reconsidérer l’intérêt de l’acte auprès du médecin prescripteur. 

Marouan BENNANI

Si vous pensez être dans la veine, mais que le sang ne coule pas, il est possible que vous ayez traversé les deux parois de la veine. Si vous décidez de retirer l’aiguille pour un nouveau prélèvement, faites-le doucement et en laissant un tube branché : parfois, le sang commence à couler au moment du retrait. Rien de plus frustrant que de se rendre compte que l’on était bien positionné, mais que l’aiguille a été retirée trop vite.

De même, en clipsant un nouveau tube, il arrive que l’aiguille s’enfonce légèrement dans la veine, interrompant l’écoulement du sang. Dans ce cas, il suffit souvent de reculer l’aiguille de 1 mm pour que le prélèvement reprenne normalement.

Enfin, pensez toujours à desserrer le garrot avant de retirer l’aiguille.

Remerciements

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Isabelle BATAILLE (cadre de santé et formatrice en IFSI),   Marielle LABORDE (formatrice), Aude PALLIER (formatrice et référente en santé), Vivianne CASSOTTI
Badia JABRANE (Directrice pédagogique) et Marouan BENNANI (médecin biologiste). 

Chez Réussis ton IFSI, nous nous engageons à proposer des contenus d’une fiabilité inégalée. En complément de l’expertise interne de notre équipe habituelle, nous valorisons l’apport de professionnel(le)s extérieur(e)s qualifié(e)s qui enrichit nos articles de perspectives nouvelles et essentielles.

Sources

  1. Code de la santé publique « Articles R1222-17 à R1222-22 » Version en vigueur au 19/03/2025
  2. Code de la santé publique « Articles R4311-1 à D4311-15-2 » Version en vigueur au 19/03/2025
  3. Agence Régional de Santé « Certificat de capacité à effectuer des prélèvements sanguins (CCEPS) » 03/03/2025
  4. Code de la santé publique « Article R4352-13 » Version en vigueur depuis le 14/08/2019
  5. Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) « Prélèvement sanguin par ponction veineuse » 26/06/2023
  6. Organisation mondiale de la Santé (OMS) « Lignes directrices applicables aux prélèvements sanguins : meilleures pratiques en phlébotomie » modifié le 08/05/2013
  7. Manuels MSD « Comment effectuer un prélèvement de sang veineux » modifié en 10/2024
  8. Clinical and Laboratory Standards Institute (CLSI) « GP41: Collection of Diagnostic Venous Blood Specimens, 7th Edition » modifié le 27/04/2017
  9. Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV) « Prélèvement sanguin par cathéter intravasculaire » modifié le 08/07/2020
  10. Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles « Conduite à tenir en cas d’accident avec exposition au sang » modifié le 29/01/2020
  11. Santé publique du Canada « Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins » modifié le 05/09/2017
  12. Simundic, A., Bölenius, K., Cadamuro, J., Church, S., Cornes, M., Van Dongen-Lases, E., Eker, P., Erdeljanovic, T., Grankvist, K., Guimaraes, J., Hoke, R., Ibarz, M., Ivanov, H., Kovalevskaya, S., Kristensen, G., Lima-Oliveira, G., Lippi, G., Von Meyer, A., Nybo, M., De la Salle, B., Seipelt, C., Sumarac, Z. et Vermeersch, P. (2019) . Recommandations communes EFLM-COLABIOCLI relatives au prélèvement sanguin veineux. Annales de Biologie Clinique, Vol. 77(2), 131-154. https://doi.org/10.1684/abc.2019.1419.
  13. Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) « Prélèvement sanguin par ponction directe (SYST.VACUTAINER) » consulté le 14/03/2025