Une analyse de sang (ou prise de sang) est une procédure médicale courante utilisée pour analyser la composition du sang du patient.

Un prélèvement efficace de sang veineux nécessite une préparation minutieuse. La législation, les indications, les contre-indications, le matériel et les informations cliniques sont autant d’éléments essentiels pour sa réussite.

Ce guide infirmier fournit les éléments à connaître avant de prélever le sang de votre patient.

Vous pourrez ensuite consulter l’article consacré au déroulement du soin, intitulé Guide pratique du prélèvement sanguin veineux pour infirmier(e).

infographie - Matériel pour le prélèvement sanguin

Législation du prélèvement sanguin

Selon le Code de la santé publique (article R.4127-1), les infirmier(e)s sont responsables du prélèvement et du traitement des échantillons de sang veineux. Le Code de la santé publique précise que l’infirmier(e) doit faire preuve d’un niveau de compétence dans le prélèvement et le traitement des échantillons de sang veineux, et qu’il doit respecter les procédures et protocoles pertinents afin d’assurer la sécurité du patient.1

Décret du 29 juillet 2004 (Code de la santé publique) – Article 4311-7

« L’infirmier ou l’infirmière est habilité(e) à pratiquer les actes suivants, soit en application d’une prescription médicale qui, sauf urgence, est écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, soit en application d’un protocole écrit, qualitatif et quantitatif, préalablement établi, daté et signé par un médecin : […] 35-Prélèvements de sang par ponction veineuse ou capillaire ou par cathéter veineux »2

Indications du prélèvement sanguin

Le prélèvement de sang veineux est généralement effectué lorsqu’un patient souffre d’une affection chronique ou aiguë, afin d’identifier ou de confirmer un diagnostic, d’évaluer l’efficacité d’un traitement médicamenteux à long terme, dans le cadre d’un bilan de santé général, pour confirmer une grossesse, pour le dépistage de troubles biologiques, pour suivre l’évolution d’une maladie et pour contrôler l’efficacité d’un traitement.

Contre-indications du prélèvement sanguin

  • Prélever du côté du bras perfusé (le prélèvement sera hémodilué).3.4.5.6.7
  • Sur une fistule artério-veineuse (prélèvement à effectuer par du personnel formé en dialyse).3.4.6.8
  • Sur le côté du bras d’un patient ayant subi une mammectomie avec curetage axillaire (lymphœdème).3.4.8
  • Si le patient est paralysé (risque vasculaire, absence de sensibilité).3.8
  • Si le patient présente une dermatose ou une plaie au niveau du point de ponction.3.4
  • Si veinite au point de ponction.4.8
  • Si hématome au point de ponction.4.5.9
  • Si œdème important sur le membre.4.8
  • Si thrombose veineuse.4.8
  • Sur les veines céphaliques, car il existe un risque d’atteinte nerveuse.6

En cas de contre-indication, utilisez un autre site de ponction. 

Si le prélèvement est irréalisable du côté opposé de la perfusion6 :

  • Stopper la perfusion 2 minutes.
  • Placer le garrot et prélever sous la veine cathétérisée.
  • Noter dans le dossier que le prélèvement s’est fait du côté du bras perfusé et indiquer le soluté concerné.

En revanche, il est déconseillé de prélever directement dans le cathéter veineux périphérique, car il y a risque d’hémolyse.

Les pathologies de la coagulation ne représentent pas une contre-indication, mais les sites doivent être comprimés plus longtemps après ponction.4

Complications du prélèvement sanguin

Les complications potentielles de la prise de sang veineux comprennent : 

Pour le patient : 

  • L’infection locale.4.8
  • La ponction artérielle.4
  • L’hématome ou le saignement.4.5.8
  • La lésion veineuse.4.5
  • La lésion nerveuse.4.5
  • La syncope vaso-vagale.4.5.8
  • La diminution de la sensibilité par épaississement de la peau.8
  • La douleur.

Pour approfondir sur la prise en charge de la douleur, vous pouvez consulter notre article : Comment réduire la douleur et l’anxiété des patients lors des soins

Pour le soignant : En cas d’accident d’exposition au sang (AES)8, les agents pathogènes potentiels comprennent le VIH, le VHB, le VHC, ainsi que les virus responsables de fièvres hémorragiques comme Ebola, Lassa et Marburg. De plus, des maladies telles que la syphilis et le paludisme peuvent être transmises par le biais de sang contaminé.9

photographie - infirmière en train de faire un prélèvement sanguin

Les facteurs pouvant altérer l’analyse sanguine

Parmi les facteurs augmentant le risque d’hémolyse figurent : 

  • L’utilisation d’une aiguille de calibre trop petit (23G ou moins) ou de calibre trop gros pour le vaisseau. 
  • L’application de force excessive lors de l’aspiration du sang dans le tube en appuyant sur le piston de la seringue.
  • Le prélèvement d’échantillons de sang à partir d’une voie intraveineuse (IV) ou d’une voie centrale.
  • Le remplissage insuffisant des tubes, de sorte que le rapport anticoagulant/sang est supérieur à 1. 
  • La réutilisation de tubes ayant été rechargés à la main avec une quantité d’anticoagulant inadaptée. 
  • Le mélange trop vigoureux du contenu d’un tube. 
  • Le fait de ne pas laisser l’alcool ou le désinfectant sécher. 

L’application d’un vide trop poussé, par exemple en utilisant un tube trop gros ou une seringue trop grande (10-20 ml) pour un patient en pédiatrie.9

Analyses possibles lors d’un prélèvement sanguin

  • La cytologie est le domaine d’étude qui se consacre à l’analyse du sang et de ses constituants. Lorsqu’un échantillon de sang veineux est prélevé, l’hématologie permet d’analyser les propriétés des cellules sanguines, telles que leur taille, leur forme, leur nombre, ainsi que d’autres caractéristiques. Les résultats de ces analyses hématologiques peuvent fournir des informations précieuses sur l’état de santé du patient, en révélant la présence d’infections ou d’autres conditions pathologiques. L’hématologie est composée de plusieurs examens comme la numération de la formule sanguine qui mesure les différents composants du sang, y compris les globules rouges et blancs, l’hémoglobine, l’hématocrite et les plaquettes.
  • L’hémostase désigne le processus visant à stopper le saignement d’une plaie ou d’une blessure. Lors d’un prélèvement sanguin, l’échantillon est analysé pour évaluer le temps de coagulation nécessaire à la formation d’un caillot sanguin.
  • Dans le cadre d’un prélèvement de sang veineux, la biochimie est l’étude des processus chimiques qui se produisent dans l’organisme. Elle implique l’analyse des substances chimiques présentes dans le sang, telles que les protéines, le glucose, les lipides, les enzymes, les hormones et les métabolites. 
  • L’immunologie est l’étude de la réponse immunitaire de l’organisme face à des substances étrangères telles que des agents pathogènes ou des toxines. Elle englobe l’identification des antigènes et des anticorps, ainsi que la production d’anticorps pour lutter contre des envahisseurs étrangers.
  • La bactériologie est l’étude des bactéries présentes dans le sang. Les résultats des tests bactériologiques fournissent des informations précieuses sur le type de bactéries, la gravité de l’infection et le traitement optimal.
    Un exemple de ces tests est l’hémoculture, qui permet de diagnostiquer et de surveiller les infections, ainsi que de déterminer le type d’organisme responsable de l’infection et l’antibiotique le plus efficace pour la traiter.
  • La virologie se consacre à l’étude des virus et de leurs effets sur l’organisme. Les résultats des tests virologiques fournissent des informations précieuses sur le type de virus détecté, la gravité de l’infection et le traitement approprié. La virologie permet la détection de diverses maladies infectieuses telles que le VIH et les hépatites.
  • La mycologie et la parasitologie sont des domaines d’étude dédiés à l’analyse des champignons et des parasites présents dans le sang.

Prescription et abréviations pour le prélèvement sanguin

Prendre connaissance du dossier : de la prescription aux informations concernant le patient. Le patient peut être non communicant ou dément ou avoir des veines difficiles à trouver et vous aurez besoin d’aide ou de matériel supplémentaires, comme un détecteur de veines.10

L’acte de prélèvement sanguin est sur prescription médicale, mais une infirmière doit repérer les anomalies de prescription. Nous avons publié un cours complet à lire ou écouter avec Q.C.M. en lien avec les prescriptions médicales en 2.11.

Il faut également connaître quelques abréviations sur l’ordonnance pour sélectionner les bons tubes.

  • BHC : bilan hépatocellulaire
  • Créat : créatinine
  • EAL : exploration des anomalies lipidiques
  • EPP : électrophorèse des protéines plasmatiques
  • EPS : électrophorèse des protéines sanguines (ou examen parasitologique des selles)
  • GAJ : glycémie à jeun
  • GGT : gamma glutamyl-transférase 
  • Iono : ionogramme
  • Lact : lactates
  • NFS : numération formule sanguine
  • PAL : phosphatases alcalines
  • TCK : taux de céphaline Kaolin
  • TP : temps de prothrombine
  • TSH : thyréostimuline

Matériel pour le prélèvement sanguin

L’intégrité et la date de péremption de tout le matériel doivent être vérifiées, voici le matériel nécessaire2 :

  • Matériel déchet : pour le recueil des déchets contaminés et non contaminés.
  • Gel hydroalcoolique et produit de désinfection de l’adaptable.
  • Administratif : l’ordonnance imprimée pour les biologistes et les techniciens et les étiquettes à coller sur les tubes après identitovigilance.
  • Matériel de prélèvement : compresses, garrot, aiguilles de prélèvement, tubes, corps de pompe, désinfectant, gants, pansements. Chariot ou plateau. Ne pas oublier le sachet de transport pour les tubes.

Il est important de désinfecter correctement les bouchons en caoutchouc des flacons d’hémoculture avec des compresses imbibées d’alcool à 70% pendant 30 secondes puis de les laisser sécher à l’air libre avant d’introduire un échantillon de sang.4 

  • Réduire les faux positifs en s’assurant que les bactéries détectées sont responsables de l’infection et non des contaminants.
  • Minimiser les faux négatifs en contrôlant le volume.

Chez les adultes, ne pas utiliser de seringues et d’aiguilles pour le prélèvement de sang.7

infographie - Prélèvement veineux _ les différents dispositifs

Choisir le calibre de l’aiguille adapté pour le prélèvement sanguin

Le choix du calibre de l’aiguille pour un prélèvement sanguin est essentiel pour assurer le confort du patient, garantir la qualité de l’échantillon et prévenir les complications. Pour choisir le calibre approprié, vous pouvez vous référer au tableau ci-dessous :

Calibres des aiguilles d’usage courant pour la ponction veineuse :

CalibreUtilité
20 GVeines de bon diamètre
21 GVeines normales
22 GVeines de plus petit diamètre
23 GVeines difficiles et prélèvements délicats.

Recommandations pré-analytiques pour le prélèvement sanguin

Les questions que les soignants doivent se poser sont les suivantes,

  • Quels sont les délais et les protocoles recommandés pour effectuer le prélèvement demandé ? 
  • Doit-on le faire à jeun ? 
  • Y a-t-il des heures précises auxquelles la prise de sang doit être effectuée ?
  • Quelles questions dois-je poser au patient ?

Le préleveur doit s’assurer que les conditions de prélèvement sont remplies, y compris le jeûne (conformément à la référence d’analyse et à la page suivante), la date et l’heure de la dernière prise de médicaments (le cas échéant), le respect de l’heure de prélèvement (conformément aux lignes directrices du test) et toute information clinique supplémentaire (par exemple, la date de la dernière période menstruelle). 

Ces renseignements permettent au biologiste et au médecin prescripteur d’interpréter correctement les examens.

ExamensRenseignements utiles
Activité XaTraitement anticoagulant – posologie – horaires d’injection.
Bilan thyroïdienDépistage ou suivi. En cas de suivi : traitement en cours.11
Bilan lipidique, cholestérol, triglycérides, apolipoprotéines, acide folique sérique, glucose sanguinTraitement en cours ou non. Jeûne strict (ne rien avoir mangé ou bu les 10 à 12 heures précédant le prélèvement)11. Et pour certains laboratoires, jeûne jusqu’à 8 heures précédant le prélèvement pour la glycémie.
CréatininePoids si calcul de Cockroft et Gault. Couleur de peau si formule CKD-EPI.
D-DimèresContexte clinique – traitement en cours.
Troponine, BNPContexte clinique – début d’apparition des symptômes.
Dosage de médicaments (Digoxine, lithium…)Traitement – posologie – date – de début du traitement / heure de la dernière prise.  Âge, taille, poids du patient.5.11
Femme enceinteTerme prévu.
Groupe sanguinNotion de transfusion et date.​​ Date et heure du prélèvement. Degré d’urgence. Motif de la demande (Préopératoire, transfusion).11
Arrêté du 15 mai 2018 : Art. 2. – Avant tout prélèvement, pour l’application de l’article D. 6211-21, l’identité du patient est saisie, à partir d’un document officiel d’identité qui indique le nom de naissance, le premier prénom d’état civil, la date de naissance et le sexe et qui comporte une photographie.
La vérification de l’identité doit se faire à l’aide de la carte d’identité du patient, car l’identité prime sur la carte vitale. L’adresse complète du patient et le nom et la qualité du préleveur.2
Si une carte de groupe est demandée, deux préleveurs différents à deux moments différents.12
Test de grossesse (B HCG) Date des dernières règles.11
Bilan hormonalSexe et âge du patient, son traitement, date des dernières règles.5
HémoculturesFièvre ou non, début des signes. Antibiothérapie (aucune, récente, en cours). Date et heure du prélèvement. Prélèvement périphérique ou sur cathéter.10.11
HémostaseTraitements anticoagulants – posologie. Heure du prélèvement.  Nature des anticoagulants. Date de la dernière prise si arrêt. Si héparinémie : heure du prélèvement et heure de dernière injection.11
HépatitesVaccination – voyage – contexte clinique.
Marqueurs tumorauxTraitement – suivi ou dépistage.
NFSSuivi d’hémopathie – chimiothérapie – urgence.
RAIInjection anti-D et date – notion de transfusion. Antécédents de RAI positive. Accouchement ou suivi de grossesse. Degré d’urgence.11
Recherche de mutation génétiqueAttestation de consultation et consentement éclairé.
PaludismeLieu et date de séjour à l’étranger – prophylaxie – fièvre.
RubéoleGrossesse et date – vaccination.
Toxoplasmose, CMVGrossesse et date.
Vitamine DTraitement.

Règles de sécurité pour le prélèvement sanguin

Enfin, la prise de sang étant un processus potentiellement dangereux, les protocoles d’hygiène et de sécurité doivent être strictement respectés.3

  • Le risque majeur pour le soignant est l’accident d’exposition au sang. Pour limiter les risques, voici les règles de base à appliquer. 
  • Ne pas recapuchonner l’aiguille.9.10
  • Porter des gants.9.10
  • Avoir un collecteur OPCT (objets piquants, coupants, tranchants) à proximité pour évacuer l’aiguille immédiatement après le soin.9.10
  • Connaître le protocole de l’établissement pour tout AES.9

Maintenant que vous avez pu consulter les prérequis au prélèvement sanguin, nous vous invitons à lire notre article sur le déroulement du soin : Guide pratique infirmier : le prélèvement sanguin

Nous sommes reconnaissants envers Marouan Bennani biologiste médical, pour la relecture de cet article et ses précieux conseils. 

Sources

  1. Légifrance « Code de la santé publique : Articles R1222-17 à R1222-22 » Modifié par Décret n°2022-1425 du 10 novembre 2022.
  2. Légifrance « Code de la santé publique : Articles R4311-1 à D4311-15-2 » Modifié par Décret n°2022-610 du 21 avril 2022.
  3. Réussis ton IFSI « Prélèvements sanguins » – [Cours appartenant à l’U.E. 4.4, Semestre 2], 2023.
  4. Manuels MSD – « Comment effectuer un prélèvement de sang veineux » Par Yiju Teresa Liu , MD, Harbor-UCLA Medical Center – Octobre 2020
  5. CHU Dijon – « Examens de Biologie Médicale et Prélèvements sanguins. Notions fondamentales et Rappels » 19 02 2020  Dr Nathalie SIXT, Biologiste
  6. Clinical and laboratory standards institute, collection of diagnostic venous blood specimen approved standard seventh edition CLSI document GP41-A7 Wayne, PA : CLSI, 2017
  7. Hôpitaux universitaires de Genève « PRÉLÈVEMENT SANGUIN PAR PONCTION DIRECTE (SYST. VACUTAINER) » – avril 2017
  8. Hôpitaux universitaires de Genève – « Prise de sang veineuse et capillaire chez l’adulte et l’enfant » – 2019/2020
  9. Organisation Mondiale de la Santé. « Lignes directrices de l’OMS applicables aux prélèvements sanguins : meilleures pratiques en phlébotomie » 2010
  10. Santé Publique du Canada « Pratiques de base et précautions additionnelles visant à prévenir la transmission des infections dans les milieux de soins » – Modifié en 2017
  11. CHU Nord Deux-Sèvres -« ANALYSES NECESSITANT L’OBTENTION DE RENSEIGNEMENTS PARTICULIERS »  consulté en mai 2023
  12. Aquilab « Guide des prélèvements » – consulté en mai 2023