Le don de sang est un acte volontaire et altruiste qui sauve des vies chaque jour. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, 118,5 millions de dons de sang sont collectés chaque année dans le monde. 40 % le sont dans des pays à revenu élevé où vit 16 % de la population mondiale.1

En France, ce sont l’Établissement français du sang (EFS) dans le secteur civil et le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) pour le secteur militaire qui collectent et distribuent les produits sanguins issus des dons. Il assure la qualité et la traçabilité de chaque produit sanguin labile. Les différents éléments du sang sont utilisés pour les transfusions sanguines et pour la recherche médicale.

Les infirmier(e)s occupent une position clé dans la chaîne transfusionnelle. Ils assurent la sécurité et l’efficacité de l’acte transfusionnel. La transfusion consiste à administrer du sang ou des produits sanguins d’une personne, le donneur, à une autre, le receveur, généralement lors de pertes de sang excessives ou pour traiter certaines pathologies.2

Cet article explore les aspects clés des produits sanguins labiles en soins infirmiers. Il couvre leur histoire, le processus du don, le prélèvement, les caractéristiques et qualifications des produits sanguins.

Photographie - Concentrés de globules rouges

L’évolution historique du don de produits sanguins labiles

Le don de sang a évolué de manière significative depuis les premières expérimentations au 17ᵉ siècle grâce à des découvertes telles que les groupes sanguins ABO et le facteur Rhésus, identifiés par Karl Landsteiner.

La France a adapté sa législation à ces avancées, avec notamment la création de l’Établissement français du sang en 2000 pour renforcer la sécurité des donneurs et des receveurs.3.4

    • 1949 : Arnault Tzanck fonde le Centre national de transfusion sanguine (CNTS) à Paris et initie la première collecte mobile de sang. Aujourd’hui, l’EFS organise environ 40 000 collectes mobiles par an en France.

    • 1950 : lancement de la Fédération Française pour le Don de Sang Bénévole (FFDSB), qui promeut un don de sang bénévole, volontaire et anonyme.

    • 1952 : première législation française sur la transfusion sanguine, qui affirme la spécificité du sang et de ses dérivés comme non-marchandises issues du corps humain.

    • 1993 : de nouvelles lois établissent un cadre renforcé pour la sécurité des donneurs et des receveurs. Elles encouragent les dons de sang pour sauver des vies et éviter les pénuries.

    • 2000 : création de l’Établissement français du sang (EFS) sous la loi de 1998, qui devient l’unique opérateur civil de la transfusion sanguine en France.

    • 2004 : l’OMS instaure la Journée mondiale du donneur de sang le 14 juin, en hommage à Karl Landsteiner et pour promouvoir le don bénévole. Elle est célébrée dans près de 200 pays et organisée par l’EFS en France depuis 2006.

Les lois continuent d’évoluer en réponse aux demandes sociales, aux nécessités médicales et aux progrès scientifiques. L’évolution constante des pratiques de transfusion sanguine, tant en France qu’à l’international, prouve combien il est important de continuer d’innover et de prendre en compte les questions éthiques et sociales dans le secteur de la santé.

Le processus de don de sang

Le don de sang

Le don doit respecter les principes éthiques du bénévolat, de l’anonymat et de l’absence de profit.5

La transfusion sanguine se pratique dans le respect de valeurs éthiques fondamentales, cependant il convient également de considérer les circonstances qui peuvent limiter ou interdire le don de sang, afin de protéger à la fois le donneur et le receveur.

Certaines situations peuvent  empêcher le don de sang, temporairement ou définitivement. Parmi les restrictions temporaires, nous pouvons citer l’exposition récente à des infections, des épisodes fiévreux récents, des tatouages ou piercings réalisés moins de quatre mois auparavant, des changements multiples de partenaires sexuels dans les quatre derniers mois, des voyages récents dans des zones à risque d’épidémies ou des soins dentaires récents. Le délai d’attente varie selon la cause.

Les contre-indications permanentes incluent le fait d’avoir reçu une transfusion ou une greffe, d’avoir séjourné longuement en Grande-Bretagne durant la période de la crise de la vache folle, le traitement par hormone de croissance humaine, ou le fait d’avoir des proches touchés par la maladie de Creutzfeldt-Jakob. Des problèmes respiratoires, un diabète de type I ou des troubles de la coagulation sont également des contre-indication.

C’est lors du processus de don de sang, effectué par le personnel qualifié de l’Établissement français du sang (EFS), que l’éligibilité au don sera évaluée et confirmée.6.7.8

Le processus de don de sang comprend plusieurs étapes :

1) Avant le don

Avant de procéder au prélèvement sanguin, le patient doit avoir consommé un repas et bu de l’eau, en évitant les aliments gras et l’alcool, et se munir de sa pièce d’identité pour l’enregistrement administratif.

2) Enregistrement et évaluation d’aptitude

Un questionnaire est transmis avant l’entretien pré-don. Il est primordial de répondre avec exactitude au questionnaire, qui est transmis à l’arrivée. Les réponses, recueillies lors de l’enregistrement et de l’évaluation d’aptitude, permettent de respecter des critères de sélection tels que l’âge (entre 18 et 70 ans en France), le poids (plus de 50 kg) et l’état de santé général, pour minimiser tout risque.

Ces informations seront rigoureusement examinées durant l’entretien pré-don avec un professionnel de la santé. Ce questionnaire confidentiel est détruit après le don.

À la suite de l’entretien, deux issues sont possibles :

    • Signature d’un consentement. 

    • Dans le cas où le patient n’est pas éligible, les motifs lui seront clairement expliqués et, le cas échéant, une nouvelle date sera proposée.

3) Prélèvement

le sang est collecté dans des conditions stériles, le dont peut-être un :

    • Don de sang total : le prélèvement dure environ 10 minutes, mais il faut prévoir environ une heure pour l’entretien initial et la collation.

    • Don de plasma : le prélèvement dure environ 45 minutes. 

    • Don de plaquettes : le prélèvement dure approximativement 1 heure 30.

4) Après le don

Une période de repos dite de collation est imposée pour permettre au donneur de boire et de manger s’il le souhaite.

Prélèvement des produits sanguins labiles (PSL)

Pour obtenir un PSL, il existe deux méthodes de prélèvements :

    • Don de sang total : un donneur donne une quantité standard de son sang.

    • Aphérèse : un appareil spécial prélève uniquement les éléments recherchés directement dans le sang du donneur.
        • Plasmaphérèse : cette technique implique la collecte de plasma sanguin. Le sang est extrait du donneur, le plasma est séparé des autres composants sanguins, et les cellules sanguines (globules rouges, globules blancs, et plaquettes) sont rendues au donneur. 

        • Erythraphérèse : cette technique consiste à prélever des globules rouges. Cette procédure est moins courante, mais peut être utilisée dans des cas spécifiques, comme le traitement de certaines maladies hémolytiques comme la drépanocytose.

        • Cytaphérèse : il s’agit de la collecte de plaquettes. Cette méthode est principalement utilisée pour obtenir des plaquettes pour la transfusion, en particulier dans les cas où les patients ont besoin de plaquettes compatibles spécifiques ou de haute qualité.

Une fois le prélèvement effectué, tout PSL est déleucocyté par filtration pour limiter le risque d’immunisation par des antigènes leucocytaires et limiter le risque de contamination par des agents pathogènes intra-leucocytaires. 

Les différents types de produits sanguins labiles (PSL)

On appelle produits sanguins labiles (PSL) les produits obtenus par séparation des éléments, à la différence des médicaments dérivés du sang type albumine, immunoglobuline ou facteurs de coagulation.

Les différents PSL sont issus d’un don de sang, les voici :

    • Les concentrés de globules rouges (CGR).

    • Les concentrés plaquettaires (CP).

    • Le plasma frais congelé (PFC).

    • Les mélanges de concentrés de granulocytes de sang total (MCGST).

La liste exacte est détaillée dans la décision du 4 juin 2020 qui fixe la liste et les caractéristiques des produits sanguins labiles.9

Infographie - Les différents types de produits sanguins labiles (PSL)

Caractéristiques et indications des produits sanguins labiles

Les différents PSL ont des indications et des caractéristiques spécifiques et sont utilisés selon les besoins thérapeutiques du patient que nous allons préciser dans le tableau suivant.10.11.12.13

PSL Caractéristiques Indications
Les concentrés de globules rouges (CGR) Volume moyen de 300 ml. Un minimum de 40 g d’hémoglobine. Conservation à + 4°C (entre 2 et 6°C). Se conservent 42 jours. Transfusion ABO compatible Proviennent d’un don de sang total. Hémorragie massive ou anémie profonde ou mal tolérée. Des seuils d’hémoglobinémie sont donnés à titre indicatif dans l’article : la transfusion de CGR.
Les concentrés plaquettaires (CP) Se conservent 7 jours. Conservation entre 20 et 24°C sous agitation lente et continue. Transfusions si possible ABO compatibles. MCP : mélange de CP issu d’un don de sang total de plusieurs donneurs. CPA : CP d’aphérèse obtenu d’un seul donneur par cytaphérèse. Usage curatif si le patient saigne. Usage préventif si le patient à une thrombopénie.
Seuil à 10 g/l si thrombopénie que le médecin modulera selon le tableau clinique du patient.
Les mélanges de concentrés de granulocytes de sang total (MCGST) Mélange de CG issu d’un don de sang total de plusieurs donneurs. Indication exceptionnelle.
Le plasma frais congelé (PFC)* Règles transfusionnelles inverses aux CGR (anticorps du donneur transfusés). Se conserve un an congelé. Conservation jusqu’à – 25°C Le plasma est utilisé dans le traitement des troubles de la coagulation, des brûlures graves, des chocs hémorragiques et des maladies hépatiques. Certains médicaments sont fabriqués à partir de plasma, y compris des immunoglobulines pour les personnes atteintes de maladies immunitaires.
Tableau des caractéristiques et indications des différents produits sanguins labiles

* Les médicaments dérivés du sang sont fabriqués à partir du plasma, notamment les immunoglobulines utilisées pour les personnes atteintes de troubles immunitaires congénitaux ou acquis. Le plasma est également utilisé dans les échanges plasmatiques mis en œuvre dans plusieurs pathologies.

Les qualifications des produits sanguins labiles (PSL)

La qualification implique d’attribuer une caractéristique supplémentaire, pour choisir le produit le plus approprié pour le receveur afin de minimiser les risques immunologiques et infectieux. Ce processus ne change ni la composition ni la date d’expiration du produit. 

Voici les différentes qualifications : 11.13.14

1) Phénotypage

Le phénotypage prévient l’allo-immunisation et les accidents hémolytiques.

Pour les concentrés de globules rouges : 

  • Phénotypé RH-KEL1 : identification des antigènes Rhésus – Kell.

  • Phénotypé étendu : vérification d’autres antigènes sanguins que les systèmes ABO, Rhésus et Kell pour une compatibilité quasi complète avec le receveur.

Pour les concentrés plaquettaires :

  • Recherche d’antigènes dans les systèmes HLA et HPA. 

2) Compatibilisation ou cross-match

Test de compatibilité entre le sérum du receveur et les globules rouges choisis pour transfuser pour confirmer l’absence de réaction indésirable lors de la transfusion (réglementaire en cas de RAI positive).

Les différentes transformations des produits sanguins labiles (PSL)

Les produits sanguins labiles peuvent subir une modification par l’EFS de ses caractéristiques quantitatives ou qualitatives qui nécessitent des préparations spécifiques : 11.13.14

Le prescripteur notifie la « transformation » souhaitée dans chaque prescription.

  • Déleucocytation : filtration des globules blancs (obligatoire depuis 1998 pour diminuer l’allo-immunisation et la transmission de virus).

  • Déplasmatisation : soustraction aseptique du plasma pour éliminer les protéines plasmatiques résiduelles pour les patients ayant des antécédents de réactions allergiques aux protéines plasmatiques.

  • Réduction de volume : prévention utilisée essentiellement pour la néonatologie.

  • Congélation ou cryoconservation : congélation de CGR ou de CP pour prolonger leur temps de conservation.

  • Irradiation : exposition à des rayons ionisants visant à détruire les lymphocytes T pour prévenir la maladie du greffon contre l’hôte (GVH) chez les patients à risque.

  • Viro-inactivation : inactivation des virus enveloppe (notamment VIH,VHB,VHC).

L’importance de bien connaître les produits sanguins labiles (PSL) en soins infirmiers

Les produits sanguins labiles (PSL) sont essentiels dans le domaine médical, et leur gestion par les infirmier(e)s permet la sécurité et l’efficacité des soins transfusionnels. L’acte de don de sang, géré en France par l’Établissement français du sang (EFS), sauve des vies et fait avancer la recherche médicale. L’histoire du don de sang, depuis ses débuts jusqu’à l’ère moderne, reflète les progrès et les adaptations législatives importantes dans ce domaine.

Une gestion efficace des risques nécessite une connaissance approfondie du parcours du produit sanguin labile (PSL) depuis le donneur jusqu’au receveur. Il est donc important de comprendre ce cheminement et les transformations subies par le PSL. Si vous souhaitez davantage d’informations sur la transfusion, nous avons rédigé un guide infirmier complet sur l’acte transfusionnel.

Remerciements

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude au Docteur Jean-Yves PY, secrétaire général de la Société Francophone de Transfusion Sanguine (SFTS), pour sa relecture attentive de cet article et sa précieuse contribution.

Chez Réussis ton IFSI, nous nous engageons à proposer des contenus d’une fiabilité inégalée. En complément de l’expertise interne de notre équipe habituelle, nous valorisons l’apport de professionnels extérieurs qualifiés qui enrichissent nos articles de perspectives nouvelles et essentielles.

Sources

  • L’ECN en fiches « Hématologie adulte et pédiatrique onco-hématologie » 5e édition – publié le 25/08/2015

  • Collège national des enseignants de réanimation « Réanimation, urgences et défaillances viscérales aiguës » 5e édition – 2015 – Elsevier Masson.