Il peut être difficile de choisir le pansement approprié pour une plaie.
Il faut d’abord identifier le type de plaie, puis la nettoyer soigneusement, et déterminer le pansement le plus adapté en fonction de facteurs tels que la localisation de la plaie et l’état général du patient.
Le pansement adéquat permettra de créer un environnement humide favorable à la cicatrisation, qui contribue au maintien d’un équilibre entre les plaies sèches et exsudatives.
Dans cet article vous découvrirez les principes, intérêts et propriétés des pansements, ainsi que les recommandations à suivre.
Cadre législatif1
Le pansement simple est régi par l’article R. 4311-5 du Code de la Santé Publique :
« Dans le cadre de son rôle propre, l’infirmier ou l’infirmière accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de son entourage : […]
20° Réalisation, surveillance et renouvellement des pansements non médicamenteux
21° Réalisation et surveillance des pansements et des bandages autres que ceux mentionnés à l’article R. 4311-7 ».
Cela signifie que l’infirmier(e) peut appliquer un pansement simple non médicamenteux mais doit se référer à la prescription ou protocole pour les autres pansements.
Les principes de base pour le choix d’un pansement2
Lorsque vous choisissez un pansement pour une plaie, il est important de prendre en compte les facteurs de risque associés à la plaie, tels que le diabète, une malnutrition, une infection…
Une fois les causes d’obstacles à la bonne cicatrisation écartées, la plaie doit être analysée.
Est-elle étendue, où se trouve-t-elle et à quoi ressemble-t-elle ?
Il est important de la nettoyer correctement, de retirer les tissus nécrotiques, de repérer la présence ou l’absence de signes d’infection, de combler la cavité et de gérer les exsudats. Le tout dans un environnement favorable à la bonne cicatrisation, un milieu humide avec isolation thermique pour limiter les changements de pansements, et ainsi minimiser les traumatismes de la plaie.
En gardant ces principes à l’esprit, vous serez en mesure de sélectionner le type de pansement adéquat pour chaque situation, ce qui favorisera une guérison rapide et efficace.
Intérêts des pansements
- Protéger la plaie des agents extérieurs tels que les bactéries, le soleil et les frottements des vêtements…
- Absorber les exsudats.
- Favoriser la cicatrisation en maintenant un milieu humide, sans faire macérer la plaie.
Toutes les plaies ne nécessitent pas de pansement. Par exemple, les plaies recousues ou petites et sèches peuvent ne pas être couvertes.
Ordre d’efficacité d’absorption des pansements
Le coefficient d’absorption Ka est défini comme étant le pouvoir d’absorption d’un pansement. Il est évalué en g/100 cm2/24 h à une température de 37°.3
Propriétés des pansements2,4,5
Pansements | Exemple | Fonctionnement | Risques et/ou contre-indications |
---|---|---|---|
Tulles et interfaces | Jelonet® Vaselitulle® Adaptic® Mépitel® Urgotul® Physiotulle® (+ CMC) | Les corps gras de type vaseline maintiennent un milieu humide, sans coller à la plaie.Ils facilitent la migration cellulaire, donc la cicatrisation. | Macération et peau blanchâtre au pourtour. |
Pansements hydrocellulaires | Biatin silicone® Mepilex Border® | Composés de polymères absorbants. Ils sont adhésifs ou non, sous forme de mousse. La mousse centrale a pour rôle d’absorber les exsudats.Ils créent un milieu humide et absorbant. | Contre-indiqués pour les allergies connues, sur les plaies infectées (sauf si antibiothérapie en cours).Contre-indiqués également avec des agents oxydants (eau oxygénée, Dakin…). |
Pansements hydrofibres | Aquacel® | Ces fibres se transforment en gel au contact des exsudats.Pouvoir absorbant (x30). Utiles pour les plaies exsudatives, voire très exsudatives. | Plaies sèches ou brûlures au troisième degré. |
Pansements hydrocolloïdes | Duoderm® Comfeel® Hydrocoll® | Permettent le contrôle de l’exsudat par absorption. Sous forme de plaques adhésives.Se délitent au contact des exsudats et forment un gel. | Occlusifs donc : – Provoquent de la macération.- Hyperbourgeonnement.- Contre-indiqués pour les plaies infectées. |
Pansements alginates | Algostéril® Urgosorb® | Obtenus à partir d’algues.Au contact des sécrétions, les fibres d’alginate se gélifient. Les bactéries sont piégées, ce qui évite la propagation microbienne.L’alginate est aussi hémostatique.Pouvoir absorbant (x15). | Plaies sèches ou nécrotiques. |
Pansements à l’argent | Argent pur : Acticoat® Argent combiné : Aquacel® Ag (hydrofibre) Acticoat absorbent® (Alginate de calcium) Biatain® Ag (Hydrocellulaire) Mepilex® arg (Hydrocellulaire siliconé) Actisorb® Plus (charbon) | Mèches ou compresses imprégnées d’ions d’argent.Action antibactérienne et fongicide.Doivent être humidifiés tous les jours. Utiles pour les plaies infectées.Ulcères de jambes inflammatoires avec au moins 3 signes/5(douleur, érythème périlésionnel, œdème, plaie odorante, exsudat). | IRM.Allergies connues.Contre-indiqués en cas de grossesse ou d’allaitement. |
Hydrogel | • Alginate de Ca (Purilon®) ou Na (NuGel®) • Pectine (Duoderm® Hydrogel) • Propylène glycol (Intrasite®) • Tube Purilon. | > 50% d’eau : réhydratent la plaie, ce qui facilite la détersion et le bourgeonnement. Pour plaies sèches et nécrotiques. | Plaies exsudatives ou infectées. Ne pas utiliser avec un pansement absorbant, ce serait contre-productif. |
Pansements au charbon | Actisorb® PLUS (+Arg) Carbonet® Souple Carboflex® (hydrofibre + charbon) | Ils absorbent les molécules responsables des mauvaises odeurs et limitent la prolifération bactérienne quand ils sont associés à l’argent.Utiles pour les plaies odorantes, infectées et cancéreuses. | Plaies non exsudatives ou non malodorantes. |
Tulles et gel bétadinées | Betadine Tulle 10 %® | Médicament (donc sur prescription) contenant un antiseptique local qui contient de l’iode. Nettoyage préalable puis application du tulle recouvert d’une compresse puis d’un bandage. | antécédent d’allergie à la polyvidone iodée,nouveau-né (de moins de 1 mois),grossesse (à partir du 4e mois, en cas d’utilisation prolongée),allaitement, en cas de traitement prolongé. |
Méthode6
Maintenant que vous savez quel pansement utiliser pour chaque type de plaie et que vous avez pu rassembler votre matériel, voici quelques principes fondamentaux à respecter pour effectuer la réfection d’un pansement de manière optimale.
Le tout dans un respect rigoureux des règles d’hygiène afin de limiter les risques de contamination.
- Fenêtre fermée.
- Après la toilette du patient.
- Après le ménage de la chambre.
- Après vérification de la date de péremption du matériel et de l’intégrité des emballages.
- Dates d’ouverture notée sur les flacons.
- Installation confortable pour le patient et le soignant.
- Respect de l’intimité pendant le soin (par exemple : pour les pansements au niveau du pli de l’aine, cacher les parties intimes.)
- Informations données et consentement recueilli.
- Gaspillage évité.
- Respect des prescriptions ou des consignes chirurgicales. (Pour les plaies chirurgicales, vous devez savoir s’il existe un protocole particulier. Tous les chirurgiens ne suivent pas les mêmes protocoles.)
- Organisation de l’espace respectée.
- Administration d’une prémédication sur protocole ou prescription s’il y a risque de douleur.
- Respect des règles d’hygiène et d’asepsie, c’est-à-dire respect du tri des déchets, lavage des mains à bon escient…
- Port de lunettes et blouse de protection s’il existe un risque de projection.
- Transmissions écrites et orales.
Nettoyage du plus « propre » au plus « sale »
- S’il y a plusieurs plaies : commencer par la plus « propre ».
- Plaie propre : du centre vers les berges.
- Plaie avec écoulements : des berges vers le centre.
Bon à savoir
« Paix sur la plaie aux germes de bonne volonté » (Pr R. Villain) : il faut respecter l’écosystème bactérien des plaies, donc :
- L’application d’un antiseptique retarde la cicatrisation, d’où l’utilisation de sérum physiologique.
- Le Dakin inhibe la microcirculation et retarde la production de collagène.
- L’éosine assèche la peau.
L’utilisation d’antiseptique est sur prescription en cas de surinfection locale.
Protocole 4 temps (Moyen mnémotechnique : pensez à votre douche) :
- Lavage, avec Bétadine Scrub + eau stérile. (savonnage)
- Rinçage avec sérum physiologique. (rinçage)
- Séchage. (séchage)
- Désinfection, avec Bétadine dermique. (On ne se désinfecte pas après la douche, imaginons appliquer de la crème hydratante.)
Importance des transmissions pour le suivi des pansements
Maintenant que vous avez évalué et nettoyé la plaie et que vous avez appliqué le pansement approprié, il est important de surveiller l’efficacité du traitement. Cependant, avec la rotation constante de l’équipe infirmière, il est crucial de communiquer de manière précise pour assurer le suivi efficace de la plaie et évaluer l’efficacité du pansement. En utilisant un vocabulaire spécifique pour décrire l’état de la plaie, par exemple « pansement saturé et plaie étendue d’environ 15 cm », nous pouvons déterminer si l’évolution est favorable ou défavorable. En suivant ces principes, la plaie sera correctement traitée et surveillée.
Sources
- Code de la santé publique : « Section 1 : Actes professionnels. (Articles R4311-1 à D4311-15-1) » – Version en vigueur au 28 décembre 2020.
- CHU de Montréal : « Guide de pratique en soins de plaies » – 07/2019.
- Actusoins : « Les pansements et leurs utilisations » – Philippe Viseux de Potter – 29/06/2017.
- Haute Autorité de Santé : « Bon usage des technologies médicales » – 04/2011
- Vidal – consulté le 29/03/2023
- Réussis ton IFSI « Pansements » – [Cours appartenant à l’U.E. 4.4, Semestre 1], 2023.