La pédopsychiatrie est la branche de la psychiatrie consacrée aux pathologies mentales des enfants, depuis la naissance jusqu’à l’entrée dans l’âge adulte.1 Les infrastructures de pédopsychiatrie sont variées, allant des CMP polyvalents aux hôpitaux de jour et unités spécialisées.

La pédopsychiatrie est un véritable enjeu de santé publique en France. Depuis 2020, la santé mentale des jeunes Français, notamment des 11-24 ans, s’est fortement dégradée. Les urgences pour troubles de l’humeur et idées suicidaires ont atteint des niveaux critiques en 2021 et 2022. En 2022, 9.5% des jeunes de 17 ans avaient des symptômes anxio-dépressifs sévères, et 18 % avaient des pensées suicidaires.2 

L’infirmier(e) en pédopsychiatrie travaille en équipe pluridisciplinaire et collabore autour de l’enfant, avec la famille, et les partenaires externes. Ses responsabilités incluent la connaissance des structures locales, les soins d’accueil, d’évaluation et de soutien psychique, l’évaluation clinique avec le pédopsychiatre, la participation aux activités thérapeutiques, la surveillance des comportements à risque, la gestion des médicaments, la participation aux réunions de synthèse et de suivi, ainsi que la traçabilité des informations sur le dossier patient informatisé.

Le stage en pédopsychiatrie permet aux étudiant(e)s de repérer les signes cliniques des troubles psychiatriques de l’enfance, d’adopter les attitudes, d’avoir les aptitudes nécessaires et de mettre en œuvre les soins adaptés. Ils se forment à l’évaluation clinique, participent aux activités thérapeutiques et à la gestion des urgences psychiatriques. Les compétences acquises amélioreront leur capacité à comprendre et à gérer ces troubles.

Dans cet article, nous aborderons tout ce que vous devez savoir avant de débuter un stage en pédopsychiatrie, des pathologies rencontrées aux compétences à valider.

Infographie - guide du stage infirmier en pédopsychiatrie

Typologie du lieu de stage et particularités du service en pédopsychiatrie

Le stage en pédopsychiatrie s’inscrit dans la typologie des soins en santé mentale et en psychiatrie (SMPSY) avec une durée de séjour variant de quelques semaines à plusieurs mois, voire années selon la structure. Les patients peuvent être admis de la naissance à 17 ans selon le lieu de stage et sont accueillis dans diverses unités selon leur âge.3.4.5.6

Il n’existe aucune réglementation légale fixant un nombre minimal ou maximal de patients par infirmier(e) en pédopsychiatrie.7 Néanmoins, dans la pratique, chaque infirmier(e) prend en charge entre 2 à 6 enfants par jour.

En stage en pédopsychiatrie, il faut s’adapter à un planning varié. Les infirmier(e)s peuvent travailler sur des plages horaires de jour et de nuit, en semaine ainsi que les week-ends et jours fériés.8 Les activités peuvent se dérouler en milieu intra-hospitalier ou extra-hospitalier, selon les besoins du service.

À la sortie, les patients peuvent retourner à domicile, être transférés vers d’autres unités spécialisées, ou être orientés vers des structures adaptées selon leur état de santé et leurs besoins. 

Lexique rencontré en pédopsychiatrie

Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité. 

Par exemple, en service de pédopsychiatrie, vous entendrez : 9

  • AED : aide éducative à domicile
  • AEMO : aide en milieu ouvert
  • AFT : accueil familial thérapeutique 
  • APLV :  allergie aux protéines du lait de vache
  • ASE : aide sociale à l’enfance
  • CAMSP : centre d’action médico-sociale précoce
  • CATTP : centre d’aide thérapeutique à temps partiel
  • CMPP : centre médico-psycho-pédagogique précoce
  • CRA : Centre de Ressources Autisme
  • CRIP : Cellule de recueil des informations préoccupantes du Département
  • EJE : éducateur de jeunes enfants.
  • EPDS : Edinburgh Postnatal Depression Scale ou échelle d’Édimbourg 
  • ESAT : établissement et service d’aide par le travail 
  • IME : institut médico-éducatif
  • IMG : interruption médicale de grossesse
  • IMPro : institut médico-professionnel
  • IP : information préoccupante  ou signalement
  • ITEP : Institut Thérapeutiques, Éducatif et Pédagogique 
  • IVG :  interruption volontaire de grossesse
  • MDPH: Maison départementale des Personnes Handicapées 
  • MSN : maladies du système nerveux 
  • OPP : ordonnance de placement provisoire
  • PAI : plan d’accompagnement individualisé 
  • PAP : plan d’accompagnement personnalisé 
  • PMA: assistance médicale à la procréation
  • PMI : service de protection maternelle infantile
  • PMP : préoccupation maternelle primaire
  • PPS : plan personnalisé de scolarisation
  • SESSAD : service d’éducation spéciale et de soins à domicile
  • TAC : trouble d’acquisition de la coordination  
  • TCA : troubles des conduites alimentaires
  • TCC : thérapie cognitivo-comportementale  
  • TDAH : troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité de l’enfant 
  • TDI : troubles du développement intellectuel 
  • TED : trouble envahissant du développement  
  • TND : troubles du neuro-développement 
  • TOC : troubles obsessionnels compulsifs
  • TOP : trouble oppositionnel avec provocation
  • TPB : troubles de la personnalité borderline
  • Troubles DYS : troubles cognitifs (dyscalculie, dyschronie, dysgraphie, dyslexie, dysorthographie, dysphasie, dyspraxie…)
  • TSA : troubles du spectre autistique
  • TSDL : troubles spécifiques du développement du langage
  • TSLO : trouble spécifique du langage oral
  • TSPT : troubles du stress post-traumatique
  • TVS : troubles visuo-spatiaux
  • ULIS : unités localisées pour l’inclusion scolaire
  • VAD : visite à domicile

Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent. 

Pathologies rencontrées et facteurs de risque de la pédopsychiatrie

Pathologies rencontrées en pédopsychiatrie

Les infirmier(e)s en pédopsychiatrie prennent en charge une variété de patients présentant diverses pathologies. 

Ces patients peuvent souffrir de : 6.10

  • Troubles précoces de la relation : difficultés d’attachement et d’interactions sociales dès le plus jeune âge.
  • Retrait, agitation, agressivité, fugues, scarifications : comportements variés manifestant une détresse psychologique ou relevant d’une pathologie plus lourde.
  • Troubles du sommeil : difficultés à s’endormir, réveils nocturnes, insomnies.
  • Troubles anxieux : incluant les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), la panique, les phobies sociales (phobie scolaire) et l’anxiété généralisée. Ils peuvent se manifester par des préoccupations excessives, des troubles du sommeil et de la mémoire.
  • Troubles du comportement alimentaire (TCA) : anorexie, boulimie, et d’autres dysfonctionnements alimentaires.
  • Troubles neurodéveloppementaux (TND) : retards dans le développement des compétences motrices, cognitives ou sociales.
  • Troubles du spectre de l’autisme (TSA) : problèmes de communication et d’interaction sociale, comportements répétitifs.
  • Difficultés relationnelles ou caractérielles : problèmes dans les interactions avec les pairs et les adultes.
  • Problèmes de comportement : hyperactivité, impulsivité, non-respect des règles.
  • Trouble schizo-affectif : combinaison de symptômes schizophréniques et de troubles de l’humeur.
  • Schizophrénie : idées délirantes, hallucinations, troubles de la pensée. Rarement diagnostiquée avant la fin de l’adolescence.
  • Troubles psychomoteurs : problèmes de coordination et de motricité.
  • Trouble dissociatif de l’identité (TDI) : présence de deux ou plusieurs identités distinctes.
  • Troubles d’adaptation scolaire : difficultés à s’adapter au cadre scolaire, retard scolaire.
  • Trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) : inattention, hyperactivité, impulsivité.
  • Troubles DYS (dyslexie, dyspraxie, etc.) : difficultés spécifiques des apprentissages.
  • Troubles de l’humeur : états dépressifs, dépression, tentative de suicide
  • Trouble de l’usage de substances addictives ou conduites addictives : usage problématique de substances ou comportements addictifs (jeux vidéo, internet, etc.).

Facteurs de risques en pédopsychiatrie

Une histoire de vie difficile, une vulnérabilité individuelle ou génétique, ainsi que des facteurs de risque environnementaux, peuvent conduire au développement de maladies mentales. Lors des premiers entretiens cliniques, les professionnels recueillent ces facteurs de risque dans le cadre de l’anamnèse. Cette démarche a pour but de collecter des informations sur l’histoire de vie de l’enfant ou de l’adolescent, les antécédents psychiatriques familiaux, ainsi que d’autres éléments pertinents tels que :

Facteurs environnementaux :

  • Stress.
  • Qualité du sommeil et de l’alimentation.
  • Activité physique.

Facteurs génétiques :

  • consanguinité.11.12

Facteurs biologiques :

  • Traumatismes et complications obstétricales.
  • Infections materno-foetales.
  • Conduites addictives et usage de substances psychoactives.
  • Prématurité.
  • Encéphalite. 
  • Maladie somatique chronique ou invalidante.
  • Handicap sensoriel.

Facteurs psychosociaux :

  • Carence.
  • Précarité.
  • Isolement, exclusion.
  • Harcèlement scolaire ou sur les réseaux sociaux, stigmatisation, discrimination.
  • Violences familiales.
  • Maltraitance physique, sexuelle et psychologique.
  • Abus sexuels, viol.
  • Deuil, accident, maladie d’un proche, déménagement.
  • Traumatisme de guerre, attentat, catastrophe naturelle.

Le repérage et la prise en charge des troubles psychiatriques de l’enfant et l’adolescent connaissent depuis quelques années des progrès même si ces troubles sont encore  parfois diagnostiqués trop tardivement. La prévention est un point important dans l’approche de ces troubles. En effet, le repérage précoce de certaines pathologies peut aboutir à des résultats positifs en termes d’atténuation et de diminution des troubles, mais aussi en termes d’intégration scolaire ou sociale.

Spécificités du stage en pédopsychiatrie 

Lieux de stages spécifiques à la pédopsychiatrie

Il existe différents types de lieux de stages selon les pathologies ou l’âge des enfants. En voici une liste non exhaustive.

CMP : centre médico-psychologique3.13

Le CMP est la structure centrale qui accueille initialement parents et enfants/adolescents pour évaluer les demandes et élaborer des projets de soins. Les premiers entretiens, réalisés en ambulatoire par un pédopsychiatre (ou par un(e) infirmier(e) en attendant cette consultation), permettent d’évaluer la demande. Ensuite, un projet de soins est élaboré, incluant le soutien de l’enfant et de ses parents, ou une orientation vers une structure de soins plus intensive (centre de crise, HDJ) ou vers des institutions spécialisées (CAMPS, MDPH en cas de handicap). 

Équipe mobile de périnatalité

Unité mobile intervenant auprès des parents en difficulté durant la période anténatale et postnatale immédiate, souvent dans les maternités et parfois à domicile.

CMPP : centre médico-psycho-pédagogique

Les CMPP offrent un suivi et un accompagnement aux enfants et adolescents de 0 à 20 ans qui ont des difficultés d’apprentissage, des troubles psychomoteurs, du langage ou des troubles du comportement.

CAMSP : centre d’action médico-sociale précoce

Les CAMSP prennent en charge les enfants de 0 à 6 ans présentant des handicaps ou des retards de développement. Ils offrent des soins précoces et adaptés.

HDJ : hôpital de jour13

L’hospitalisation de jour offre des soins intensifs et un soutien pendant la journée aux enfants et adolescents, afin de favoriser la continuité des apprentissages scolaires et de la vie familiale. Les HDJ parents-bébés, en particulier, sont des lieux privilégiés pour traiter la dépression post-partum (DPP) et les troubles des interactions précoces. Ils permettent le dépistage, la prévention et les soins pour le bébé, et contribuent ainsi à prévenir l’installation de pathologies futures. Ces unités peuvent être rattachées à la pédopsychiatrie ou à la psychiatrie adulte, selon le secteur.

CATTP : centre d’accueil thérapeutique à temps partiel13

Le CATTP propose des soins thérapeutiques à temps partiel pour les enfants et les adolescents. Ces structures offrent un espace de soins en dehors du cadre scolaire et familial. Ils permettent aux jeunes de bénéficier d’un suivi adapté sans être totalement hospitalisés.

SESSAD : service d’éducation spéciale et de soins à domicile  

Les SESSAD accompagnent les enfants et les adolescents atteints de déficiences intellectuelles, motrices ou auditives. Ils favorisent leur inclusion scolaire et leur autonomie.

Centre de crise pour adolescents

Ces centres accueillent et hospitalisent en urgence les adolescents en crise. Ils leur offrent un espace sécurisé pour apaiser et diagnostiquer leur situation.

Sectorisation

Les établissements psychiatriques en France sont organisés selon le principe de la sectorisation.14 Les secteurs psychiatriques, définis dans l’article L. 3221-4 répondent aux besoins de santé mentale des jeunes et couvrent des zones géographiques spécifiques, souvent en coordination avec des secteurs de psychiatrie pour adultes.

Les infirmier(e)s travaillant en pédopsychiatrie sont rattaché(e)s à ces secteurs, pour une prise en charge proche du domicile des patients et pour garantir la continuité des soins. Cette organisation permet de suivre les enfants de 0 à 18 ans ainsi que leurs familles, y compris en période anténatale. Elle garantit une couverture territoriale complète.

Systèmes nosographiques

Un système nosographique est un système de classification des maladies et des troubles médicaux, basé sur des critères précis. En médecine, la nosographie permet de regrouper et de nommer les différentes pathologies selon leurs caractéristiques cliniques, étiologiques (causes) et parfois selon leur évolution. 

Voici les différents systèmes nosographiques de la pédopsychiatrie :

Infographie - Les différents systèmes nosographiques de la pédopsychiatrie

Ces classifications ne sont pas des manuels de pédopsychiatrie, mais des outils essentiels pour orienter et poser un diagnostic basé sur les signes cliniques et la symptomatologie identifiée.

Le bébé, l’enfant et l’adolescent sont en pleine phase de développement neuro-sensitivo-psychomoteur et psycho-affectif. En psychopathologie infantile, la distinction entre signes d’appel, signes critiques, symptômes et troubles est souvent subtile, et la signification des symptômes peut varier selon le contexte.

En pédopsychiatrie, le diagnostic est souvent lié au risque évolutif plutôt qu’à un état pathologique définitif. Cependant, un diagnostic précis est nécessaire pour une prise en charge rapide et adaptée.

Exemples d’outils utilisés en pédopsychiatrie

L’évaluation en pédopsychiatrie repose sur divers outils et échelles pour diagnostiquer et comprendre les besoins des jeunes patients et de leurs familles. En voici quelques exemples clés :

EPDS (échelle de dépression postnatale d’Édimbourg)15

L’EPDS est un questionnaire utilisé pour dépister les symptômes de dépression postnatale des nouvelles mères. Il se compose de 10 questions permettant d’évaluer les sentiments des mères au cours des sept derniers jours. Il aide les professionnels de santé à identifier les besoins en soutien psychologique et à intervenir rapidement si nécessaire.

Échelle de Brazelton16

L’échelle de Brazelton, ou Neonatal Behavioral Assessment Scale (NBAS), est utilisée pour évaluer le comportement des nouveau-nés. Elle mesure des aspects tels que les réflexes, les réponses à la stimulation et la capacité d’adaptation à l’environnement. Cet outil aide les professionnels de santé à comprendre les besoins et les compétences des nourrissons et à guider les parents dans leur prise en charge.

L’observation du bébé selon la méthode Esther Bick17

L’observation du bébé selon la méthode Esther Bick est une technique utilisée en pédopsychiatrie et en psychanalyse pour comprendre le développement émotionnel et relationnel des nourrissons. Cette méthode implique des séances d’observation régulières, souvent hebdomadaires, pendant lesquelles un observateur formé et supervisé pendant deux ans se rend au domicile du bébé. Pendant ces visites, l’observateur reste en retrait. Il note de manière détaillée les comportements du bébé, ses interactions avec ses parents et les réponses émotionnelles. Lles observations varient de quelques séances à une par semaine sur plusieurs mois, et pas nécessairement pendant deux ans. Cette approche permet de recueillir des données sur le développement précoce, d’identifier d’éventuels problèmes émotionnels ou relationnels, et de fournir des bases solides pour des interventions thérapeutiques si nécessaire. La méthode Esther Bick est reconnue pour sa rigueur et son efficacité dans la compréhension approfondie des dynamiques familiales et du développement infantile.

Sémiologie

Cette sémiologie tient compte du vocabulaire des différentes approches du soin en pédopsychiatrie ainsi que  des nosographies actuelles.9

  • Aboulie
  • Accordage
  • Agoraphobie
  • Attachement
  • Attention conjointe
  • Auto-agressivité
  • Baby blues
  • Barrage psychique
  • Bruxisme
  • Capacités ou compétences maternelles 
  • Carence
  • Contenance psychique
  • Déficit attentionnel
  • Dépression
  • Diagnostic différentiel
  • Dyade
  • Dysmorphophobie
  • Dysphorie
  • Dysharmonie
  • Dysphasie
  • Dysorthographie
  • Dyspraxie 
  • Écholalie 
  • Empathie
  • Epigénétique 
  • Espace transitionnel
  • Évitement 
  • Figure d’attachement
  • Fonction phorique
  • Guidance parentale 
  • Habiletés cognitives
  • Habiletés sociales
  • Handling 
  • Hetero-agressivité
  • Holding  
  • Hospitalisme
  • Hypertonie ou hypotonie
  • Insight 
  • Intervention précoce
  • Logorrhée
  • Négligence 
  • Néologisme
  • Mérycisme
  • Motherese/mamanais
  • Névrose
  • Pouponnière 
  • Prosodie
  • Proto-conversation/proto-langage 
  • Psychose
  • Remédiation cognitive 
  • Rêverie maternelle
  • Scarification
  • Spasme du sanglot 
  • Stéréotypies 
  • Supervision des pratiques
  • Synchronie 
  • Terreur nocturne
  • Tics
  • Transfert et contre-transfert
  • Triade

Méthode de communication

Le programme Makaton est une méthode de communication multimodale qui combine la parole avec des signes tirés de la langue des signes et des symboles visuels. Il est conçu pour aider les personnes ayant des troubles de la communication, comme les enfants atteints d’autismes ou de troubles du langage, à mieux comprendre et à se faire comprendre. Utilisé dans divers contextes, notamment à l’école, à la maison et dans les soins de santé, le programme Makaton facilite la communication en renforçant le langage verbal avec des supports visuels et gestuels. Il aide à réduire la frustration et à améliorer l’interaction sociale.

Actes et soins rencontrés en pédopsychiatrie

Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins, parmi lesquels on peut citer : 8.10

  • Aide aux actes de la vie quotidienne, tels que l’habillage, le déshabillage et parfois la toilette.
  • Élaboration, organisation et participation aux projets d’ateliers thérapeutiques de groupe avec médiation.
  • Organisation et participation à des repas ou goûters thérapeutiques.
  • Responsabilité du respect du cadre de l’atelier thérapeutique, de la contenance psychique et de la confidentialité des événements concernant l’enfant dans l’espace de soin.
  • Entretiens infirmiers
  • Injections intramusculaires.
  • Prélèvements veineux.
  • Surveillance des paramètres vitaux.
  • Accompagnement lors de sorties thérapeutiques.
  • Soins en situation de crise psychique.
  • Réalisation d’ECG.

Vous trouverez, dans l’unité d’enseignement 4.4 de Réussis ton IFSI, des cours approfondis sur la méthode de chacun de ces soins.

Traitements en pédopsychiatrie

En pédopsychiatrie, les traitements sont pharmacologiques et non pharmacologiques.

Pharmacologie

La pharmacologie en pédopsychiatrie comprend une variété de médicaments : 

  • Anxiolytiques 
  • Hypnotiques
  • Antidépresseurs
  • Antipsychotiques
  • Thymorégulateurs

Le choix des traitements en pédopsychiatrie dépend également de l’âge et du poids de l’enfant.

Il est important de noter que chez l’enfant et l’adolescent, seuls les antidépresseurs de type ISRS ont une autorisation de mise sur le marché en France pour traiter l’épisode dépressif majeur à partir de 8 ans (fluoxétine) et le trouble obsessionnel compulsif (sertraline, fluvoxamine).

Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.

Approches thérapeutiques en pédopsychiatrie

Dans les lieux de soins, diverses approches thérapeutiques et méthodes éducatives sont utilisées. Elles sont basées sur les principaux courants suivants : psychanalytique, cognitivo-comportemental, neuropsychologique, neurobiologique et systémique. Ces choix de pratiques cliniques permettent différentes formes de prises en charge adaptées aux besoins de chaque patient.

Psychothérapies et thérapies

  • Psychothérapies individuelles d’inspiration psychanalytique.
  • Thérapies comportementales.
  • Thérapies familiales.

Méthodes développementales, éducatives et comportementales

  • Méthode TEACCH.
  • Méthode de Denver.
  • Méthode ABA.

Psychomotricien et orthophoniste

  • Le psychomotricien met en place des thérapies à médiation corporelle individuelles et groupales (ex. : groupes de portage, massages pour les mamans et leurs bébés, piscine pour les enfants), pour rétablir un équilibre et une harmonie avec le corps.
  • L’orthophoniste aide les enfants à développer leurs compétences en communication et en langage.

Médiations thérapeutiques

Les médiations thérapeutiques sont des outils et techniques utilisés en psychothérapie pour faciliter l’expression et la communication des patients, souvent par des moyens créatifs et sensoriels. En voici quelques exemples :

  • L’équithérapie
  • L’approche Snoezelen® 
  • Le collage
  • Le jardinage
  • Le recyclage
  • Les arts plastiques
  • Les jeux d’eau
  • Les contes
  • Les marionnettes
  • Le psychodrame
  • La danse
  • La relaxation

Ces méthodes et approches permettent une prise en charge holistique et personnalisée du patient dans le but d’améliorer la qualité de vie et le bien-être des enfants et adolescents en pédopsychiatrie.

Prérequis du stage en pédopsychiatrie

  • Connaissance de la psychopathologie de l’enfant : il est essentiel de comprendre les différents troubles mentaux et leurs manifestations chez les jeunes patients afin de poser des diagnostics précis et de planifier les soins appropriés.
  • Connaissance des étapes du développement : maîtriser les principales étapes du développement neuro-sensori-moteur, psycho-affectif et du langage de l’enfant et de l’adolescent selon les modèles actuels est fondamental pour évaluer et soutenir leur développement.
  • Nouvelles parentalités et théories du lien parent-enfant : connaître les différentes formes de parentalité et les théories modernes sur le lien parent-enfant permet d’adapter les approches thérapeutiques aux contextes familiaux.
  • Droits de l’enfant : une connaissance approfondie des droits de l’enfant est indispensable pour que les soins prodigués respectent la législation et les meilleures pratiques en matière de protection de l’enfance.
  • Techniques de soins psycho-socio-thérapeutiques : maîtriser les techniques de soins destinées à améliorer le bien-être psycho-social des patients permet d’offrir un soutien holistique adapté. (cf. la section “traitements”)
  • Paramètres vitaux et normes biologiques : connaître et savoir surveiller les paramètres vitaux ainsi que les normes biologiques permettent de détecter rapidement toute anomalie ou complication.
  • Observation et sémiologie : développer des compétences en observation et en sémiologie est indispensable pour repérer les signes cliniques et les symptômes des troubles psychiatriques des jeunes patients.
  • Liens entre services de pédopsychiatrie et protection de l’enfance : comprendre les missions communes et le partenariat entre les services de pédopsychiatrie et les structures de protection de l’enfance, comme la CRIP (cellule de recueil des informations préoccupantes) garantit une prise en charge complète et coordonnée des enfants en situation de grande vulnérabilité.

Objectifs de stage en pédopsychiatrie

En pédopsychiatrie, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.

Notre équipe a écrit un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment fixer ses objectifs de stage en soins infirmiers

Voici une liste non exhaustive de compétences requises dans la structure d’accueil : 8

  • Accompagner un enfant pendant les ateliers et dans la vie quotidienne en accord avec le référent de stage pour comprendre sa situation clinique et les enjeux du programme de soins.
  • Améliorer ses connaissances sur la psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent et étudier les principales pathologies et leur impact sur le développement.
  • Collaborer avec des pédopsychiatres, psychologues, éducateurs spécialisés, psychomotriciens, etc., et maîtriser les transmissions orales et écrites. 
  • Établir et maintenir la bonne proximité ou distance, analyser et évaluer les besoins de l’enfant, proposer une communication adaptée, et instaurer une relation de confiance. Aider l’enfant à gérer et à exprimer ses émotions.
  • Observer et participer aux ateliers thérapeutiques et acquérir une expérience pratique en participant aux activités thérapeutiques.
  • Participer aux réunions de synthèse.
  • Perfectionner les techniques de soins relationnels et développer des compétences en observation, écoute et techniques d’entretien.
  • Se familiariser avec le secteur et le fonctionnement du service et lire la plaquette de présentation du service, connaître le projet de l’établissement et les protocoles en vigueur.
  • Utiliser efficacement les logiciels et outils mis à disposition pour garantir la continuité des soins.
  • Participer à un projet de soins dans un contexte pluri-professionnel.
  • Mener un entretien infirmier.
  • Établir un recueil de données complet adapté aux besoins de l’enfant.

Professionnels rencontrés en pédopsychiatrie

Dans les différentes structures de soins, on retrouve en général les professions suivantes : 11.18

  • AES : accompagnant éducatif et social
  • Aides-soignant(e)s
  • ASH : agent des services hospitaliers
  • Art-thérapeute
  • Assistante sociale
  • Éducateur(trice) de jeunes enfants, éducateur(trice) spécialisé(e), moniteur(trice) spécialisé(e)
  • Ergothérapeute, 
  • Infirmier(e) diplômé(e) d’État, infirmier(e) puériculteur(trice), infirmier(e) psychiatrique, infirmier(e) en pratique avancée, infirmier(e) cadre de santé, infirmier(e) coordinateur(trice)
  • Intervenants extérieurs : artiste, professeur des écoles… 
  • Médecin généraliste
  • Médecin psychiatre et/ou pédopsychiatre, médecin chef de pôle, en internat, assistant(e) 
  • Orthophoniste
  • Pédiatre
  • Psychologue
  • Psychomotricien(ne)
  • Secrétaire médical(e) 

Témoignage d’une infirmière en pédopsychiatrie

Infographie - témoignage d'une infirmière en pédopsychiatrie

Dans le cadre de notre série « Guides de stages infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par une infirmière expérimentée qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en pédopsychiatrie, nous avons eu la chance de collaborer avec Magali Lachuer, une infirmière expérimentée exerçant en pédopsychiatrie.

Dans le cadre de la rédaction de cet article, Magali a non seulement contribué par son expertise, mais a généreusement accepté de partager son expérience personnelle en pédopsychiatrie, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service.

Pourquoi as-tu choisi de travailler en pédopsychiatrie ?

J’ai toujours voulu travailler avec des enfants présentant un TSA et pratiquer les arts plastiques, un intérêt qui remonte à mes 16 ans. Mes choix professionnels s’expliquent en partie par mon histoire personnelle et transgénérationnelle. Comme beaucoup, le choix de devenir soignant est aussi motivé par un besoin de réparation personnelle, un aspect auquel il faut réfléchir lorsque l’on se destine aux métiers du soin.

Je recherchais également un métier polyvalent dans le domaine des soins, un métier qui me permettrait de voyager ou de m’engager dans des domaines variés comme l’humanitaire en France ou à l’étranger si je souhaitais changer de service et d’activité, tout en faisant des rencontres humaines enrichissantes. 

En tant qu’infirmière, je suis constamment en réflexion sur la qualité du lien soignant/soigné, un aspect central du soin, particulièrement en psychiatrie et en pédopsychiatrie.

Finalement, cela fait maintenant 25 ans que je travaille en psychiatrie et en pédopsychiatrie, avec une curiosité intacte et l’impression d’apprendre chaque jour de nouvelles situations cliniques sur le terrain, grâce aux autres professionnels, à mes lectures et à mes formations. J’ai commencé par exercer en psychiatrie adulte avant de rapidement rejoindre la pédopsychiatrie. J’ai passé une longue période à m’occuper d’adolescents et d’enfants autistes et, depuis de nombreuses années, je travaille dans des structures de type hôpital de jour avec des bébés et leurs parents, où le soin passe aussi  par une prévention des troubles et où j’ai pu me spécialiser dans ce qu’on appelle la clinique “des dysfonctionnements des interactions précoces ».

Depuis de nombreuses années, j’interviens également dans des IFSI, où je partage mon expérience et explique le rôle de l’infirmier(e) en pédopsychiatrie.

Qu’est-ce qui te plaît le plus en pédopsychiatrie ?

Ce qui me plaît le plus en psychiatrie, c’est la possibilité de suivre les patients sur plusieurs mois, voire plusieurs années, ce qui permet d’avoir une continuité des soins, favorable à leur évolution. Cette continuité permet de créer un véritable lien, essentiel dans le processus de soin et pour l’amélioration de la situation des patients.

J’apprécie également de travailler au sein d’une équipe pluridisciplinaire, ce qui favorise les échanges et les réflexions conjointes sur la clinique, au service des soins prodigués aux patients. Ce travail collaboratif enrichit chaque jour ma pratique professionnelle. Je tire également beaucoup de satisfaction de l’interaction avec les élèves infirmier(e)s, que ce soit en IFSI ou en stage. Ces échanges me permettent de constamment remettre en question et d’améliorer, me semble-t-il, ma pratique.

La créativité est un autre aspect de la psychiatrie que j’apprécie particulièrement. Il existe une certaine liberté de penser et de proposer des activités ou médiations thérapeutiques auxquelles les infirmier(e)s peuvent pleinement participer. Travaillant actuellement dans un nouvel hôpital de jour parents-bébés, j’ai pu, avec mes collègues, mettre en place des groupes thérapeutiques tels que « Lecture pour le tout-petit » et un atelier créatif appelé « Esquisse », destiné aux mamans, proposant des sessions d’écriture ou de collage. Nous organisons également de nombreuses sorties culturelles en dehors de l’hôpital avec les familles, ce qui enrichit encore notre approche thérapeutique.

Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en pédopsychiatrie ?

Je conseillerais d’être curieux/curieuse et créatif/créative dans l’établissement du lien avec l’enfant, tout en restant stable et prévisible dans son comportement. Cela permet de créer un environnement sécurisé et rassurant, essentiel pour le bien-être des jeunes patients.

Petit plus : voici quelques ouvrages et revues que je vous recommande avant un stage en pédopsychiatrie.

Infographie - Quelques ouvrages et revues utiles avant un stage infirmier en pédopsychiatrie

Devenir infirmier(e) en pédopsychiatrie

Un stage en pédopsychiatrie permet d’acquérir des compétences en observation et en soins relationnels, essentiels pour travailler avec des enfants et des adolescents présentant des troubles psychiatriques. Les étudiant(e)s apprendront à identifier et à gérer les comportements difficiles, à communiquer et à travailler en équipe pluridisciplinaire.

Le DU en Santé Mentale permet d’approfondir les connaissances et compétences dans ce domaine. Le DU Psychiatrie et Compétences Transculturelles forme à la prise en charge des patients dans un contexte multiculturel. Le DU Psychisme et Périnatalité approfondit les facteurs psychiques liés à l’infertilité, la gynécologie, l’obstétrique et la néonatologie. Ce diplôme fournit aux professionnels de la périnatalité les notions nécessaires pour la prise en charge psychologique de la mère et de son enfant. Le DU Psychologie et Psychopathologie de la Parentalité répond à la demande de formation des professionnels confrontés aux problématiques de la parentalité dans les secteurs sanitaire, éducatif, social et judiciaire. Il aborde les enjeux typiques et atypiques de la parentalité avec une approche transdisciplinaire.

Les infirmier(e)s en pédopsychiatrie peuvent évoluer vers des rôles tels que infirmière puéricultrice, infirmier(e) en  pratique avancée (IPA) ou infirmier(e) en recherche clinique.

Les options de reconversion professionnelle, en restant dans le domaine de la pédopsychiatrie, incluent devenir éducateur spécialisé, psychologue, ergothérapeute ou art-thérapeute. 

Ce parcours offre une diversité d’opportunités pour enrichir ses compétences et explorer de nouvelles spécialisations dans le domaine de la pédopsychiatrie.

Sources

  1. Université Paris-Saclay « Troubles pédopsychiatriques : infléchir les trajectoires dès le plus jeune âge » publié le 02/06/2023
  2. Santé publique France « Santé mentale des jeunes : des conseils pour prendre soin de sa santé mentale, La santé mentale des 11-24 ans est toujours dégradée en 2023 » 09/10/2023
  3. Centre Hospitalier des Pyrénées « Livret d’accueil Pôle 4 de pédopsychiatrie » 25/01/2024
  4. Université de Montréal « Hospitalisation psychiatrique de l’enfant et de l’adolescent » 24/03/2015
  5. Université de Montréal « Psychiatrie de la petite enfance » 24/03/2015
  6. Université de Montréal « Hospitalisation psychiatrique de l’enfant et de l’adolescent » 24/03/2015
  7. Sénat « Proposition de loi relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé » déposé le 25/01/2023
  8. Centre hospitalier Henri Ey « Livret d’accueil des stagiaires » 28/06/2017
  9. GHU Pitié-Salpêtrière « Lexique des termes et abréviations utilisés en pédopsychiatrie » 09/10/2017
  10. Université de Bordeaux « Principaux troubles en pédopsychiatrie » 11/05/2021
  11. Roy, N., Ghaziuddin, M., & Mohiuddin, S. (2020). Consanguinity and Autism. Current psychiatry reports, 22(1), 3. https://doi.org/10.1007/s11920-019-1124-y
  12. Dahdouh, A., Taleb, M., Blecha, L., & Benyamina, A. (2016). Genetics and psychotic disorders: A fresh look at consanguinity. European journal of medical genetics, 59(2), 104–110. https://doi.org/10.1016/j.ejmg.2015.12.010
  13. Groupe Hospitalier Artois-Ternois « Livret d’accueil de pédopsychiatrie » 11/05/2022
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  15. CH Charles Perrens « Calcul du score de dépression à partir de l’échelle de Edinburgh Postnatal Depression Scale (EPDS) » 15/06/2016
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