L’injection sous-cutanée est un soin courant qui permet à un professionnel de santé ou au patient d’administrer certains traitements dans le tissu sous-cutané situé sous le derme. Cependant, une administration correcte est essentielle afin de minimiser le risque d’infection et de lésions. La taille de l’aiguille, l’angle d’insertion et la formation d’un pli cutané sont des recommandations à connaître et à appliquer.
Cet article propose un guide complet sur les injections sous-cutanées, y compris leurs avantages et risques, les recommandations et conseils pour les réaliser en toute sécurité.
Avantages des injections sous-cutanées
Le tissu sous-cutané étant moins vascularisé que le muscle, l’absorption du produit se fait plus lentement qu’en intramusculaire1
Cette méthode d’administration est particulièrement utile pour les médicaments qui ne sont pas bien absorbés par voie orale.
Les injections sous-cutanées présentent un risque d’infection moins élevé que les injections intraveineuses, car elles impliquent généralement moins de manipulations.
Les patients peuvent s’auto-injecter, ce qui est pratique s’ils préfèrent être autonomes vis-à-vis de leur traitement.
Les injections sous-cutanées sont généralement considérées comme sûres et indolores. Cependant, une administration correcte est essentielle afin de minimiser les risques potentiels qui seront abordés ci-dessous.
Les professionnels de la santé doivent fournir des instructions claires sur la manière de les administrer en toute sécurité.
Complications, risques et incidents des injections sous-cutanées
Les risques les plus courants associés aux injections sous-cutanées sont les infections et les lésions tissulaires. Pour minimiser le risque d’infection, il est essentiel d’utiliser une aiguille et une seringue stériles. La zone doit être nettoyée avec une compresse imbibée d’alcool avant d’effectuer l’injection, sauf pour les injections d’insuline.2
Une administration incorrecte peut entraîner des lésions tissulaires, telles que des ecchymoses, une hypertrophie (épaississement de la peau) ou des lipodystrophies (atrophie des tissus).2 Pour éviter ces complications, il est recommandé d’alterner les sites d’injection. Il est également important d’éviter de masser le site d’injection après celle-ci.4
Il est essentiel de jeter correctement les aiguilles après utilisation. Il ne faut surtout pas recapuchonner l’aiguille, ce qui peut entraîner une blessure ou une piqûre accidentelle, et ainsi provoquer un accident d’exposition au sang (AES). Il est essentiel d’être VIGILANT.
Les aiguilles et seringues usagées doivent être placées dans un récipient approprié et jetées dans un conteneur pour objets tranchants.
Les personnes souffrant de bélénophobie (peur des aiguilles…) nécessitent une attention particulière lors de l’administration d’injections. Il est important de créer des conditions optimales, notamment en s’assurant de leur confort, en les encourageant à pratiquer une respiration profonde, en utilisant des méthodes de distraction et en employant des mots rassurants.
Enfin, il est important de bien connaître le produit injecté et ses éventuels effets secondaires.
Guide pratique pour effectuer ce soin en toute sécurité et améliorer la pratique.
Comment injecter et éviter la survenue d’effets indésirables ?
Quelques pré-requis3 :
- Ergonomie respectée.
- Hygiène des mains. Asepsie rigoureuse.
- Il est recommandé de sortir les seringues conservées dans un réfrigérateur 15 à 30 minutes avant l’injection, afin de permettre à la solution de revenir à température ambiante.
- Sur peau saine.
- Vérification de l’intégrité du produit et de sa date de péremption.
- Soins expliqués au patient et recueil de son consentement.
- Produit et ses effets connus.
- « Je prépare, j’injecte ».
- Prescription conforme et règle des 5B respectée.
- Au moindre doute, se référer au guide Vidal.
- Sites d’injection différents.
Que fait-on de la bulle d’air ?5
- Les seringues prêtes à l’emploi avec bulle d’air garantissent que l’intégrité de la dose sera injectée. La bulle doit être injectée en dernier.
Exemples : fondaparinux sodique et énoxaparine sodique (anticoagulants). - Les seringues avec bulle d’air à éliminer.
Exemple : héparine calcique (ATC). - Les seringues sans incidence, que l’on garde ou non la bulle, mais pour lesquelles il faut veiller à injecter la totalité du produit.
Vous l’aurez compris, tout dépend du produit injecté…
Sachez que la bulle d’air est surtout dangereuse pour les injections intraveineuses.
Matériel requis :
- Compresse imbibée d’alcool.
- Compresse sèche.
- Poubelle dédiée à la récupération d’aiguilles.
- Seringue ou stylo injecteur.
- Aiguille adaptée à la corpulence du patient (4 à 8 mm).
Petite dose → aiguille courte.
Grande dose → aiguille plus longue. - Gant, s’il ne s’agit pas d’une auto-injection.
Comment effectuer l’injection sous-cutanée ?
Étape 1 : Désinfectez avec une compresse imbibée d’alcool en escargot, puis laissez sécher la peau 30 secondes, sinon il y a risque d’irritation locale par pénétration de l’antiseptique dans le tissu.
Pour l’insuline, il est inutile de désinfecter la peau à l’alcool si les précautions standards sont respectées. Si la peau est sale, laver la à l’eau et au savon avant d’injecter.6
Quelle zone ? Région péri-ombilicale, épaules, faces antérieures des cuisses (cf. photographie).
Étape 2 : Enfilez des gants, puis pincez délicatement la peau entre le pouce et l’index de la main non dominante pour le pli cutané.
Enlevez le capuchon de l’aiguille et tenez la seringue comme un crayon dans la main dominante, le biseau vers le haut. Prévenez le patient en choisissant correctement vos mots.
Évitez de dire « Attention, je pique ! »
Étape 3 : Insérez rapidement l’aiguille dans le tissu à un angle de 90° pour les personnes de corpulence forte, à un angle de 45° pour les personnes ayant une corpulence moyenne et pour celles qui sont minces.
Injectez le produit lentement pour éviter la douleur pour le patient.
En ce qui concerne l’injection d’insuline, maintenez l’aiguille sous la peau pendant 10 secondes en fin d’injection.6
Étape 4 : Enlevez l’aiguille, sans masser la zone, et placez une compresse sèche sur la peau.
Étape 5 : Ne remettez pas le capuchon sur l’aiguille que vous jetez directement dans la poubelle dédiée. Retirez vos gants et désinfectez-vous les mains.
Étape 6 : Utilisez un nouveau matériel à chaque fois.7
Sources
- Dougherty L. & Lister S. E. (2015). The royal marsden manual of clinical nursing procedures (Professional edition. Ninth). Royal Marsden NHS Foundation Trust : Wiley Blackwell.
- O’Neill J., Grinager H., Smith S.D., Sibley S., Harrison A.R., Lee M.S. Isopropyl alcohol skin antisepsis does not reduce incidence of infection following insulin injection. Am J Infect Control. 2013 Aug;41(8):755-6. doi: 10.1016/j.ajic.2012.11.009. EPUB 2013 Feb 15. PMID: 23419612.
- Réussis ton IFSI « Administration d’injectables » [Cours appartenant à l’U.E. 4.4, semestre 1], 2023.
- Centre hospitalier universitaire vaudois – “Injection sous cutanée” : 22/11/2019
- CM/CF – Hôpitaux universitaires de Genève – « Manipulation des seringues prêtes à l’emploi », août 2022.
- Observatoire du Médicament, des Dispositifs médicaux et de l’Innovation Thérapeutique « Les étapes d’injection de l’insuline » – 12/2014
- Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Abitibi-Témiscamingue – « Injection sous-cutanée » – Mars 2022.