La pose d’une aiguille de Huber consiste à insérer, à travers la peau, une aiguille spécifique à biseau non traumatique (dit tangentiel) dans la membrane en silicone d’une chambre implantable (un petit boîtier sous-cutané relié à un cathéter veineux central).1.2 Ce geste permet l’administration sécurisée de traitements intraveineux (chimiothérapies, antibiothérapies, nutrition parentérale…) ainsi que la réalisation de prélèvements sanguins.
Courante, mais techniquement exigeante, la pose de l’aiguille de Huber dans une chambre implantable (CIP) est un soin à fort enjeu, notamment en oncologie, hématologie et autres spécialités nécessitant un abord veineux central sécurisé. L’aiguille n’est jamais laissée en place en continu : elle est posée uniquement pendant les périodes de traitement, puis retirée pour limiter le risque d’infection et préserver le confort du patient. Ce geste nécessite une préparation rigoureuse, une parfaite maîtrise de l’asepsie et le respect des protocoles en vigueur pour garantir la sécurité du patient et la pérennité du dispositif.
Dans cet article, vous trouverez toutes les étapes pour réaliser une pose de l’aiguille : du choix du bon matériel à la vérification de la perméabilité, en passant par la préparation du champ stérile, la pose de l’aiguille proprement dite, et la fixation du pansement. Ce guide est enrichi des recommandations les plus récentes et de conseils d’expert(e)s pour aider chaque soignant(e) à gagner en confiance, en compétence et en efficacité pour la maîtrise de ce soin à haut risque infectieux.
Pour une vision d’ensemble sur la prise en charge infirmière des chambres implantables, n’hésitez pas à consulter notre guide complet sur la chambre implantable percutanée (CIP), qui détaille sa définition, ses indications, les soins postopératoires, la surveillance quotidienne et les conseils à donner aux patients. Vous pouvez également approfondir votre pratique en consultant nos articles dédiés au retrait de l’aiguille de Huber, avec toutes les précautions à respecter pour limiter les risques infectieux, et au prélèvement sanguin sur chambre implantable, qui décrit pas à pas la procédure, les volumes de rinçage et les conduites à tenir selon la suite du soin.
Matériel pour la pose de l’aiguille de Huber
La préparation minutieuse du matériel avant la pose d’une aiguille de Huber est primordiale pour assurer la sécurité, le confort du patient et l’efficacité du soin. Cette organisation préalable limite considérablement les risques liés à la contamination, aux erreurs de manipulation et aux interruptions en cours de procédure.
Avant toute intervention, il est indispensable de réunir tout le matériel nécessaire et de procéder à une vérification de l’intégrité des emballages, de leur stérilité, ainsi que de leur date de péremption.
Voici une liste du matériel : 3
- Pour le patient : masque, voire charlotte (pour éviter que les cheveux du patient tombent sur le champ ou près de la CIP)
- Pour le soignant : solution hydroalcoolique pour les mains, gants stériles, masque, charlotte et même parfois une surblouse selon le protocole de l’établissement.
- Pour nettoyer l’environnement avant le soin : un gant non stérile, un spray désinfectant de surface de type Surfanios®, une lingette, déchets assimilables aux ordures ménagères (DAOM).
- Pour le soin : un antiseptique adapté à la voie centrale (chlorhexidine 2 % alcoolique de préférence)4, un plateau, des compresses stériles, un champ percé stérile, une aiguille de préparation adaptée, un robinet à trois voies si plusieurs perfusions sont prévues, une seringue de 10 mL de Luer Lock, deux ampoules de 10 mL de NaCl 0,9 %, ou une seringue préremplie de 10 mL de NaCl, un pansement transparent, matériel pour injection, prise de sang ou perfusion.

Choix du diamètre de l’aiguille de Huber
L’aiguille de Huber, est conçue pour traverser la membrane de silicone sans l’endommager. Sa forme permet des insertions répétées au même endroit sans fuite ni altération du dispositif.

Le choix du diamètre de l’aiguille (calibre G) doit prendre en compte plusieurs paramètres pour garantir une perfusion optimale et sécurisée : 5
- La profondeur du Port-à-Cath® : il faut que l’aiguille soit suffisamment longue pour traverser la peau et atteindre la membrane sans être trop longue.
- La viscosité de la solution perfusée : 6
- Pour des produits visqueux (alimentation parentérale, transfusion de CGR, certains cytotoxiques…), une aiguille de calibre 19G est préférable.
- Pour des injections standards, un calibre 20G ou 22G suffit.
- La durée de l’administration : pour une perfusion longue ou un transfert de volume important, une aiguille de gros calibre est préférable afin d’éviter un débit trop faible.
En général, les aiguilles de Huber d’un diamètre de 22 Gauge sont fortement recommandées.7
À noter : les aiguilles de Huber sont disponibles en différentes longueurs, généralement comprises entre 1,5 et 3,5 centimètres, afin de s’adapter à la profondeur de la chambre implantable et à la corpulence du patient.8
Pose de l’aiguille de Huber sur chambre implantable en 7 étapes
L’hygiène est essentielle pour prévenir les infections. Cela inclut l’absence de bijoux et de manches longues. Pour une lecture plus aisée, le temps de lavage des mains ne sera pas mentionné. Ne pas oublier d’effectuer un lavage à ces moments :

Ce guide s’appuie sur les dernières recommandations de bonnes pratiques pour la pose d’une aiguille de Huber sur chambre implantable. Il convient toutefois de toujours vous référer aux protocoles en vigueur dans votre établissement.
1) Avant la pose d’une aiguille de Huber
- Identitovigilance : avant toute procédure, vérifier l’identité du patient permet de garantir la sécurité des soins. Cette vérification doit être rigoureuse, en demandant directement au patient son nom, son prénom et sa date de naissance, et en croisant ces informations avec au moins deux sources distinctes (bracelet d’identification, dossier médical, pièce d’identité). Une vigilance particulière est requise pour les patients non communicants, désorientés ou qui présentent des troubles cognitifs.
- Consentement : le consentement libre et éclairé du patient est également nécessaire, conformément au Code de la santé publique.9.10 Cette information doit être claire et adaptée pour permettre au patient de décider en toute autonomie.
- Regarder le carnet de suivi : pour vérifier les antécédents de pose.
- Douleur et anxiété : pour limiter la douleur et l’anxiété, des approches non médicamenteuses (langage rassurant, distraction) ou médicamenteuses (crèmes anesthésiantes, MEOPA) peuvent être proposées, en tenant compte du niveau de communication du patient et de son confort. Un anesthésique local, tel que la crème ou le patch EMLA®2.3.11, peut être appliqué et laissé en place au moins 60 minutes avant l’insertion de l’aiguille.
Pendant le temps de pose de l’anesthésique, le/la soignant(e) peut en profiter pour préparer méthodiquement le matériel nécessaire, vérifier la conformité des dispositifs et organiser l’espace de soin, afin de limiter les manipulations une fois l’aiguille en place.
2) Préparation de l’environnement et du matériel
- Sélection de l’espace de soin : choisir un espace de travail propre, calme et bien éclairé, qui offre une visibilité optimale et un accès facile au matériel nécessaire à la pose de l’aiguille. Le lieu doit permettre au/à la soignant(e) de maintenir une posture stable et ergonomique. Cela réduit les risques de maladresse et de fatigue musculaire.
- Désinfection du plan de travail : nettoyer et désinfecter la surface de travail avec un produit répondant à la norme EN 1369712, en respectant scrupuleusement le temps de contact recommandé par le fabricant.
- Préparation de la perfusion (si prescrite) : adapter au soluté prescrit et purger la tubulure.
- Organisation du matériel : disposer méthodiquement l’ensemble du matériel non ouvert sur un plateau ou une surface propre, en vérifiant préalablement son intégrité et sa stérilité. L’organisation doit être logique, car il faut éviter les croisements inutiles des mains et les gestes parasites pour préserver l’asepsie tout au long de la procédure.
- Préparation du matériel stérile : ouvrir le set stérile pour la pose de l’aiguille de Huber, ou, en l’absence de set, réunir les composants nécessaires (compresses, aiguilles, seringues, pansements) et les disposer soigneusement sur un champ stérile, en veillant à ne pas toucher les parties stériles. Avoir l’ensemble du matériel à portée de main pour limiter les manipulations pendant le soin.
3) Préparation du patient et de l’opérateur
- Habillage de l’opérateur : porter un masque et une charlotte pour obtenir une barrière efficace contre les contaminations. Le port de la charlotte par le/la soignant(e) est particulièrement recommandé pour les patients aplasiques, neutropéniques et selon les protocoles spécifiques de l’établissement.
- Installation du patient : installer le patient en position confortable, assise ou allongée selon son état clinique, en veillant à ce que le torse soit dégagé pour faciliter l’accès au site de ponction, tout en préservant l’intimité du patient. Positionner la tête du côté opposé au soin pour limiter les risques de contamination du champ stérile. Placer un masque sur le patient pour réduire le risque de projection et garantir un environnement aseptique.
- Retrait du pansement anesthésique : si une crème anesthésiante de type EMLA® a été appliquée, retirer le pansement avant de procéder à l’étape suivante : l’antisepsie cutanée.
- Préparation cutanée : si la peau est visiblement souillée, la nettoyer préalablement avec un savon doux, puis la sécher soigneusement.13 Réaliser une préparation cutanée en 4 étapes (détersion, rinçage, séchage, antisepsie) ou en un seul temps avec un produit comme Chloraprep® (chlorhexidine 2 % + alcool isopropylique 70 %) ou une solution de chlorhexidine alcoolique14.15, en respectant le temps de contact recommandé par le fabricant pour une efficacité antimicrobienne optimale. Dans tous les cas, privilégiez le protocole de votre établissement.
4) Préparation du champ et du système clos
- Déploiement du champ stérile : déployer le champ stérile non troué, en veillant à préserver la stérilité du matériel contenu dans le set.
- Organisation du matériel : disposer méthodiquement le matériel sur le champ stérile sans compromettre l’asepsie. Ne pas jeter les éléments du set, même s’ils ne sont pas immédiatement utilisés, pour éviter toute contamination croisée.
- Préparation des compresses : imprégner les compresses stériles de produit antiseptique (si le produit utilisé est la chlorhexidine alcoolique ou la povidone iodée alcoolique en 5ème temps), en veillant à ne pas toucher le champ pour maintenir la stérilité de la zone de travail.
- Mise en place des équipements : mettre des gants stériles. Accorder la valve bidirectionnelle (si fournie) et raccorder le robinet et la seringue à l’aiguille de Huber, préalablement purgée avec du sérum physiologique.
- Purge du système : purger le dispositif pour éliminer l’air, en utilisant la seringue de sérum physiologique. Fermer ensuite le robinet, en laissant la seringue connectée pour maintenir le système clos et prêt à l’utilisation.
5) Pose de l’aiguille
- Installation du champ troué : placer le champ troué sur le patient, en veillant à ne pas couvrir excessivement son visage.
- Préparation cutanée :
Si vous utilisez de la chlorhexidine alcoolique, appliquez-la en respectant strictement le temps de contact indiqué par le fabricant, suivi d’un séchage complet à l’air libre sans essuyage. Si vous avez utilisé une antisepsie en 4 temps à base de povidone iodée, vous pouvez réaliser un 5ᵉ temps à ce stade, consistant en un dernier passage unique du centre vers la périphérie, afin d’optimiser l’efficacité antiseptique avant la ponction.
- Maintien de l’asepsie : garder la main dominante stérile pendant toute la procédure pour éviter toute contamination du site d’injection.
- Localisation de la chambre : utiliser l’autre main pour palper et localiser la chambre du cathéter, en la maintenant fermement avec 2 à 3 doigts pour stabiliser le dispositif pendant la ponction.
- Préparation du patient : prévenir le patient avant l’insertion de l’aiguille. Lui demander de prendre une inspiration forcée et de bloquer sa respiration pendant la ponction. Cette technique réduit les mouvements involontaires et facilite l’accès au septum.
- Insertion de l’aiguille : piquer franchement et perpendiculairement au plan cutané, en enfonçant l’aiguille jusqu’au fond du septum, jusqu’au moment où vous sentez une butée métallique, signe de bon placement. Puis, maintenez l’aiguille avec deux doigts pour garantir sa stabilité pendant l’injection.
6) Vérification de la perméabilité et fixation
- Vérification de la perméabilité : ouvrir le robinet proximal et vérifier la présence de reflux sanguin à travers le prolongateur, en aspirant doucement puis rincer de manière pulsée avec 10 mL de NaCl 0,9 % afin de vérifier l’absence de résistance et garantir la perméabilité du cathéter. Clamper l’aiguille sous pression positive⚠️ pour éviter le reflux de sang et réduire le risque d’obstruction.
- Gestion des résistances : en cas de résistance au produit injecté, ne pas insister et envisager de repiquer, car l’aiguille pourrait être mal positionnée.
- Précautions en cas d’échec : toute tentative non médicale de désobstruction sous pression est formellement interdite, en raison du risque de rupture du cathéter.
- Vérification finale : poser un pansement occlusif stérile en vérifiant son adhésion totale au dispositif.
- Brancher le soluté prescrit : en utilisant une compresse imbibée d’antiseptique alcoolique pour éviter les contaminations croisées. Régler le débit du soluté et retirer le champ percé. Ou, en l’absence de soluté, laisser la tubulure de l’aiguille clampée en pression positive et mettre, de façon stérile, un bouchon au bout.
⚠️Clamper en pression positive consiste à fermer le clamp de l’aiguille pendant l’injection des derniers millilitres de la solution, en maintenant une légère pression sur la seringue. Cette technique crée une pression positive à l’intérieur du cathéter et empêche ainsi le sang de refluer dans la chambre implantable et réduit le risque de formation de thrombus ou de précipités, qui pourraient obstruer le dispositif.
7. Fin du soin
- Gestion des déchets : les déchets non souillés ou faiblement souillés (emballages, matériel légèrement imbibé de sang) doivent être placés dans des poubelles DAOM, selon les protocoles de l’établissement. Nettoyer et désinfecter soigneusement le plan de travail, le chariot et tout le matériel utilisé pour que l’environnement soit propre pour les soins suivants.
- Confort et sécurité du patient : avant de quitter la chambre, s’assurer que le patient est confortablement installé, en position sécurisée et adaptée à son état clinique. Le rhabiller si nécessaire et replacer la sonnette à portée de la main des patients hospitalisés. Rappeler au patient qu’il peut se déplacer librement, mais avec précaution, pour éviter toute traction accidentelle sur la tubulure. Rester disponible pour toute question ou tout inconfort.
- Traçabilité des soins : s’assurer que la carte d’identification du cathéter de chambre implantable (numéro de produit) et son livret (indiquant la longueur de l’aiguille à utiliser et tous les soins donnés avec désignation de la procédure, date et signature du/de la soignant(e)) sont remis au patient.2
Et compléter sans délai les transmissions écrites dans le dossier de soins infirmiers, en notant : 5
- La date et l’heure de la pose.
- Le type, la longueur et le calibre de l’aiguille utilisée.
- Le nom de l’opérateur.
- L’état cutané avant la ponction.
- Le type de pansement posé.
- La présence ou l’absence de reflux sanguin (à noter également dans le carnet du patient).
- Toute complication observée (douleur, saignement, résistance à la perfusion, reflux absent, échec, reprise du geste, etc.).
Fréquence du changement de pansement sur CIP
La chambre implantable ne nécessite pas de pansement au quotidien lorsqu’elle n’est pas utilisée. Cependant, lorsqu’une aiguille de Huber est insérée dans la chambre pour administrer des traitements, il faut appliquer un pansement pour maintenir l’asepsie du site d’insertion et le protéger.
Voici les recommandations actuelles concernant la fréquence de changement du pansement :
- Si un pansement adhésif stérile avec compresse est utilisé, il doit être remplacé toutes les 96 heures. En revanche, si le pansement transparent est stérile semi-perméable, il peut rester en place jusqu’au changement d’aiguille (soit 8 jours maximum).6.7
- Il faut changer le pansement sans délai s’il fuit ou n’est plus étanche.2.6
Manipulations du site d’injection de l’aiguille de Huber
Voici les principes clés et les pratiques recommandées actuellement pour la manipulation sûre du site d’injection associée à une chambre implantable.
- Vérifier que la première ponction a bien été réalisée en peropératoire par un médecin.7
- Respecter les principes aseptiques lors de chaque manipulation.2.3
- Porter un masque et des gants stériles lors d’une manipulation proche du site d’injection ; le patient doit également porter un masque pour limiter les risques de contamination croisée.2
- Documenter chaque manipulation, y compris les volumes de rinçage et les complications éventuelles, dans le dossier patient et le carnet de surveillance.2
- Limiter les manipulations inutiles.16
- Ne pas utiliser d’aiguille sur une zone non cicatrisée, infectée, brûlée ou présentant des nécroses.7
- Utiliser uniquement du matériel spécifique pour les chambres implantables. Par exemple, en cas d’injection d’un volume quelconque, utiliser des seringues en verrou de 10 mL ou plus afin d’éviter toute surpression dans le système.7
- Pratiquer le rinçage pulsé avec 10 mL de NaCl 0,9 % (c’est-à-dire par petites poussées successives, tout en maintenant une pression positive pour prévenir le reflux sanguin et réduire le risque d’obstruction du cathéter) avant et après toute injection, après un prélèvement sanguin, entre chaque injection de médicaments2.3.17, augmenter à 20 mL après l’administration de produits visqueux (ex. : produits sanguins, lipides, mannitol, produits de contraste).5
- Éviter l’utilisation de verrous héparinés de façon routinière, les études récentes montrant que le rinçage pulsé au sérum physiologique 0,9 % est aussi efficace pour prévenir les occlusions et infections, avec moins de risques de complications.2.5.7
- Effectuer un verrou de NaCl 0.9 % sous pression positive au minimum (si le cathéter à chambre implantable n’est pas utilisé) : 17
- Le 3e jour après la pose de la CIP.
- Lors de l’ablation des fils (J7 ou plus si retard de cicatrisation).
- 1 fois par mois jusqu’au 3e mois.
- Dès le 3e mois : tous les 6 mois.
Manipulations des lignes et perfusions de l’aiguille de Huber
Voici les principes clés et les pratiques recommandées actuelles pour une manipulation sûre des lignes de perfusions associées à une chambre implantable.
- Respecter les règles d’asepsie rigoureuse lors de chaque manipulation des lignes de perfusion pour réduire les risques d’infection, en respectant le plus possible la notion de système clos.2
- Limiter les manipulations des lignes et des raccords.2
- Maintenir la ligne de perfusion aussi simple que possible, sans extensions ou robinets inutiles.
- Utiliser des compresses stériles imbibées d’antiseptique (alcool à 70 %) pour manipuler les connexions.2.6
- Porter des gants stériles pour la manipulation des lignes uniquement pour les patients neutropéniques.2
- Mettre des lunettes, un masque et une blouse s’il y a un risque d’éclaboussures de liquides biologiques ou de produits cytotoxiques.
- Changer les tubulures et les accessoires (robinets…) toutes les 72 à 96 heures en cas de perfusion continue et selon les protocoles internes.3
- Remplacer immédiatement la tubulure après l’administration de produits sanguins labiles ou de solutions lipidiques.2
- Désinfecter les connecteurs avant chaque injection pour limiter les risques d’infection.2
- Retirer les tubulures à la fin des perfusions uniques et ne pas les laisser connectées si elles ne sont pas utilisées en continu.2
- Fixer les rampes sur les pieds à perfusion et éviter tout contact avec la literie pour prévenir les contaminations.3.6
- Remplacer le bouchon lors de chaque manipulation pour maintenir l’étanchéité du système.6
Surveillances et complications liées à l’utilisation de l’aiguille de Huber
La pose et l’utilisation d’une aiguille de Huber dans une chambre implantable nécessitent une vigilance constante. Ce geste, bien que courant, peut entraîner diverses complications si les bonnes pratiques ne sont pas rigoureusement appliquées : obstruction, extravasation, absence de reflux, douleur anormale, œdème, ou suspicion d’infection locale ou systémique. Ces événements peuvent survenir en cas de mauvaise insertion, de manipulation inadaptée ou de défaut d’asepsie.
L’infirmier(e) doit savoir reconnaître rapidement les signes d’alerte et adopter la conduite adaptée : arrêter l’injection, prévenir le médecin, effectuer les prélèvements requis, réévaluer la position de l’aiguille, ou vérifier la perméabilité du système. Une injection douloureuse, un reflux absent, une résistance au rinçage, ou une désunion des raccords doivent toujours faire l’objet d’une évaluation immédiate. Un rinçage pulsé, une pose en pression positive et un changement d’aiguille tous les 7 à 8 jours sont autant de gestes préventifs essentiels.
Pour approfondir vos connaissances sur les complications, les gestes de surveillance au quotidien et les conduites à tenir, vous pouvez consulter notre guide infirmier complet sur la chambre implantable percutanée (CIP). Vous y trouverez un tableau synthétique des principaux incidents liés à l’utilisation de la chambre, enrichi de recommandations pratiques.
Pour aller plus loin
La chambre implantable est un dispositif central dans la prise en charge des traitements intraveineux de longue durée, mais elle nécessite des soins rigoureux à chaque étape. Pour une vue d’ensemble complète, commencez par consulter notre guide infirmier dédié à la chambre implantable percutanée (CIP) : vous y trouverez les indications, contre-indications, les étapes de la pose, les soins postopératoires, la surveillance quotidienne et les conseils à donner aux patients.
Vous pouvez également approfondir votre connaissance des soins techniques associés avec nos articles complémentaires :
- Retrait de l’aiguille de Huber : découvrez les précautions à adopter pour réaliser un retrait en pression positive, limiter les risques de reflux ou d’obstruction, éliminer le matériel en toute sécurité, et assurer une traçabilité rigoureuse.
- Prélèvement sanguin sur chambre implantable (CIP) : suivez les bonnes pratiques pour effectuer un prélèvement sanguin, avec ou sans perfusion, en respectant les volumes de purge, le rinçage adapté et les suites de soin à prévoir.
Conseils d’expert(e)s
Christophe RUDIGCKO
Si je peux donner quelques conseils aux futur(e)s soignant(e)s, c’est grâce à la mise en confiance du patient lors de vos premières exécutions que le soin se passera au mieux. Une certaine appréhension peut apparaître lorsqu’il s’agit d’insérer une aiguille droite visuellement à travers le thorax du patient, du côté du patient comme du soignant. Ce geste, dans des conditions normales, n’est pas douloureux pour le patient, au pire il est inconfortable. L’enjeu est alors de garantir le confort du patient afin d’être dans les meilleures conditions possible. Au-delà d’une attitude positive et rassurante avec le patient, à votre niveau, vous pouvez garantir un acte sans inconfort grâce à une bonne installation du patient et surtout une bonne prévention de la douleur avec l’application d’un anesthésiant local (Emla) sous forme de pommade ou de patch au niveau du site d’injection.
Aude PALLIER
La manipulation d’une chambre à catheter implantable (CCI), incluant la pose d’aiguille, l’injection et la perfusion, est un acte technique à haut risque infectieux, nécessitant une maîtrise rigoureuse des règles d’asepsie, des procédures spécifiques et de la notion de pression positive. La pose de l’aiguille de Huber, réalisée en conditions stériles, requiert une connaissance approfondie du matériel et du protocole, notamment pour anticiper chaque étape avant l’enfilage des gants stériles. Le repérage précis du site d’injection est essentiel, surtout lorsque la chambre est profonde ou légèrement tournée. La technique de pression positive, consistant à maintenir une pression dans le système lors du rinçage ou du retrait de l’aiguille, prévient les obstructions et les reflux sanguins. Une formation approfondie et des entraînements réguliers sont indispensables pour assurer la sécurité du patient et la qualité des soins.
Marielle LABORDE
La chambre implantable est un dispositif révolutionnaire dans la prise en charge des patients nécessitant des injections intraveineuses au long cours. Elle permet de préserver le capital veineux en évitant les multiples tentatives de pose de perfusion. Si la pose d’une aiguille de Huber est généralement plus simple que la pose d’une voie veineuse périphérique, il est impératif de respecter rigoureusement les règles d’asepsie et les conditions stériles afin de prévenir tout risque infectieux !
Isabelle RAFFIN
Lors des premières utilisations, la chambre implantable percutanée (CIP) peut susciter de l’appréhension chez les patients, notamment en raison de son association fréquente avec la chimiothérapie. Il est donc important de maîtriser les gestes techniques, tels que le respect des règles d’asepsie et l’application de la pression positive, tout en assurant le confort du patient. Une communication claire et une approche rassurante contribuent à instaurer un climat de confiance, facilitant ainsi la réalisation des soins.
Badia JABRANE
La ponction dans une chambre implantable est un acte technique qui doit être effectué en palpant la chambre pour bien localiser le centre et éviter une ponction à l’aveugle. Ce geste à fort risque infectieux requiert une asepsie qui n’est pas négociable. Le soin se fait exclusivement avec une aiguille de Huber qui est adaptée à ce type de ponction, il est formellement interdit d’utiliser des aiguilles standards. L’essentiel dans ce soin reste la communication et l’explication donnée au patient pour le rassurer et lui apprendre les gestes à suivre pour préserver ce dispositif.
Sandra STOESSEL
En tant qu’ancienne infirmière et désormais formatrice, je conseille aux étudiant(e)s de ne pas se focaliser uniquement sur le geste technique lors de la réalisation de la pose d’aiguille de Huber dans une chambre implantable : il devient vite “classique” avec la pratique. Ce qui fait vraiment la différence, c’est votre rigueur sur tout ce qui entoure le soin, notamment le respect strict de la stérilité à chaque étape. Le temps n’a pas d’importance au début, vous en gagnerez naturellement avec l’expérience, alors privilégiez toujours la qualité et la sécurité du soin avant la rapidité.
Anthony KERYHUEL
Pour moi le point le plus important en tant qu’ancien IDE est de ne pas vous précipiter : vous connaissez le soin, vous en connaissez les étapes. Cependant chaque patient est différent et chaque chambre implantable aussi. Commencez toujours par observer l’aspect de la chambre implantable de votre patient afin de ne pas y aller à l’aveugle, repérer son centre avec vos doigts, tenez bien celle ci avec trois doigts au risque de vous piquer lors du soin ou de positionner l’aiguille en périphérie. Et surtout tenter de vous détendre car souvent vous avez en face de vous des patients qui sont là pour la réalisation de leur traitement pour la première fois .
Remerciements
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude à Anthony KERYHUEL (IDE en médecine oncologique et formateur en IFSI), Sandra STOESSEL (formatrice en IFSI), Christophe RUDIGCKO (formateur en IFSI, anciennement IDE en hématologie), Alexandre MOUZAKITIS, (IDE en oncologie, EIPA oncologie), Isabelle BATAILLE (cadre de santé et formatrice en IFSI), Marielle LABORDE (formatrice en santé), Aude PALLIER (formatrice et référente en santé), Viviane CASSOTTI (hygiéniste), Badia JABRANE (directrice pédagogique) pour leur contribution et leur regard d’expert(e).
Chez Réussis ton IFSI, nous nous engageons à proposer des contenus d’une fiabilité inégalée. En complément de l’expertise interne de notre équipe habituelle, nous valorisons l’apport de professionnel(le)s extérieur(e)s qualifié(e)s qui enrichit nos articles de perspectives nouvelles.
Sources
- Hôpitaux universitaires de Genève « Vivre avec une chambre implantable ou un Picc Line » mis à jour le 25/09/2023
- Haute Autorité de Santé « Évaluation des pratiques professionnelles dans les établissements de santé – évaluation de la qualité de l’utilisation et de la surveillance des chambres à cathéter implantables » 13/08/2009
- Réseau Espace Santé Cancer « Techniques de manipulation et d’entretien d’une chambre implantable » 27/03/2014
- Société française d’hygiène hospitalière « Antisepsie de la peau saine avant un geste invasif chez l’adulte. Recommandations pour la pratique clinique » 13/05/2016
- PFM médical « Nursing Guide Port Care and Port Access Procedure » 18/08/2022
- Réseau AURA. « Techniques de manipulation et d’entretien d’une chambre à cathéter implantable (CCI) » 07/01/2025.
- Société Française d’Hygiène Hospitalière « Préventions des infections associées aux chambres à cathéter implantable pour accès veineux » 05/04/2012
- OMEDIT Centre-Val de Loire « Choisir une aiguille de Huber adaptées » consulté le 20/05/2025
- Code de la santé publique « Article R4312-14 » version en vigueur depuis le 31/05/2021
- Code de la santé publique « Article L1111-4 » version en vigueur depuis le 01/10/2020
- Institut National du Cancer « La chambre à cathéter implantable » 31/03/2021
- Afnor « NF EN 13697 » 01/11/2023
- Comité de lutte contre les infections nosocomiales Sud-ouest « Le bon usage des antiseptiques pour la prévention du risque infectieux chez l’adulte » 2013
- Haute Autorité de Santé « Chloraprep colore – chloraprep (chlorhexidine (gluconate de)/ isopropylique (alcool)) » 18/10/2019
- Base de données publique des médicaments « Chloradrep, solution pour application cutanée – résumé des caractéristiques du produit » 22/10/2021
- Sugawara, S., Sone, M., Sakamoto, N., Sofue, K., Hashimoto, K., Arai, Y., Tokue, H., Takigawa, M., Mimura, H., Yamanishi, T., & Yamagami, T. (2023). Guidelines for Central Venous Port Placement and Management (Abridged Translation of the Japanese Version). Interventional radiology (Higashimatsuyama-shi (Japan), 8(2), 105–117.
- Hôpitaux universitaires Genève « Cathéter à chambre implantable (DAVI) – Utilisation et entretien – enfants et adultes » 09/04/2024