L’unité d’hospitalisation de psychiatrie adulte est un service de soins dédié à la prise en charge des personnes atteintes de pathologies psychiatriques aiguës nécessitant des soins immédiats. Ces interventions préviennent l’aggravation de l’état des patients et permettent de gérer les complications telles que le risque hétéro-agressif et le risque suicidaire.

Actuellement, plus de 500 troubles psychiques sont répertoriés, et selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), une personne sur trois vivra avec un trouble psychique au cours de sa vie. En France, on estime qu’une personne sur cinq souffre d’au moins un trouble psychiatrique, ce qui représente environ 13 millions de personnes.1.2

Les missions de l’infirmier(e) en psychiatrie adulte visent à accueillir les patients, évaluer leurs besoins et adapter la réponse thérapeutique. Les soins prodigués sont diversifiés et incluent des soins techniques, des soins relationnels, des soins socio et psychothérapeutiques, ainsi que des soins à visée éducative.

Les stages en psychiatrie sont généralement redoutés à cause de stéréotypes négatifs et de la complexité des connaissances requises. Ce stage familiarisera les étudiant(e)s avec les termes courants, la psychopathologie de l’adulte et les principaux psychotropes utilisés.

Dans cet article, nous aborderons tout ce que vous devez savoir avant de débuter un stage en psychiatrie adulte, des pathologies rencontrées jusqu’aux compétences à valider. Ce guide vise à préparer les étudiant(e)s à cette expérience enrichissante et à dissiper les appréhensions liées à la prise en charge des troubles psychiatriques.

Infographie - Guide du stage infirmier en hospitalisation psychiatrique adulte

Typologie du lieu de stage et particularités du service en psychiatrie adulte

Les services d’hospitalisation de psychiatrie adulte font partie des soins en santé mentale et en psychiatrie (SMPSY). La durée moyenne du séjour dans ce type de service est en général comprise entre 2 à 4 semaines,3 mais varie considérablement en fonction de la complexité de la pathologie du patient, de la réponse aux traitements médicamenteux et du projet de soins. Par exemple, elle peut être de quelques jours pour un patient présentant un épisode psychotique bref ou une pharmacopsychose (épisode psychotique dû à la consommation de substances psychoactives) et de plusieurs mois pour des patients pharmaco-résistants ou qui doivent être placés en institution.

Les patients sont généralement admis via les urgences, ce qui permet d’éliminer une étiologie médicale par rapport aux troubles présentés. 

La sortie des patients dépend de leur état clinique et de leur tolérance des traitements médicamenteux instaurés. 

Si une mesure de contrainte était nécessaire lors de l’admission, elle est levée avant la sortie du patient. Un suivi ambulatoire est programmé et adapté en fonction des besoins et de l’autonomie du patient. Les modes de sortie incluent le retour à domicile et le transfert vers un service de Médecine-Chirurgie-Obstétrique (MCO).3

Les services d’hospitalisation de psychiatrie adulte accueillent des patients de tous les âges à partir de 16 ans, avec une moyenne d’âge autour de 43.7 ans.4 Ces services, qu’ils soient fermés ou ouverts, nécessitent une présence soignante continue, y compris le week-end.5 Le soignant peut travailler entre 7h30 et 12h par jour.

En ce qui concerne la charge de travail, aucune législation spécifique n’impose un ratio infirmier/patient précis pour les services hospitaliers de psychiatrie.6 Cependant, en pratique, un infirmier ou une infirmière est généralement responsable de la prise en charge de 10 à 15 patients. Ces données peuvent varier en fonction des structures et des besoins spécifiques des patients accueillis.

Lexique courant de la psychiatrie adulte

Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité. 

Par exemple, en service de psychiatrie adulte, quelques acronymes peuvent être utilisés régulièrement : 5

  • AFT : accueil familial thérapeutique 
  • APA : antipsychotique atypique
  • CAARUD : centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues
  • CAC : centre d’accueil et de crise
  • CATTP : centre d’accueil thérapeutique à temps partiel
  • CHRS : centre d’hébergement et de réinsertion sociale
  • CMP : centre médico-psychologique
  • CSAPA : centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie
  • CSI : chambre de soins intensifs 
  • ECT : électroconvulsivothérapie
  • EEG : électroencéphalogramme
  • EHPAD : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes
  • ESAT : établissement et service d’aide par le travail
  • FAM : foyer d’accueil médicalisé
  • HDJ : hôpital de jour 
  • IMAO : inhibiteur de la monoamine oxydase
  • IMR : injection intramusculaire retard
  • IMV : intoxication médicamenteuse volontaire
  • IRM : imagerie par résonance magnétique 
  • IRSNA : inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline 
  • ISRS : inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine
  • JLD : juge des libertés et de la détention
  • MAS : maison d’accueil spécialisée 
  • MDPH : maison départementale des personnes handicapées 
  • OH : alcool
  • rTMS : stimulation magnétique transcrânienne
  • SAU : service d’accueil des urgences
  • SESSAD : services d’éducation spéciale et de soins à domicile
  • SL : soins libres
  • SPDRE : soins psychiatriques à la demande d’un représentant de l’État 
  • SPDT : soins psychiatriques à  la demande d’un tiers
  • SPDTU : soins psychiatriques à la demande d’un tiers en cas d’urgence
  • SPPI : soins psychiatriques en cas de péril imminent 
  • TCA : troubles des conduites alimentaires 
  • TCC : thérapie cognitivo-comportementale 
  • TDAH : troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité
  • THC : tétrahydrocannabinol, molécule présente dans le cannabis 
  • TS : tentative de suicide 
  • TSA : trouble du spectre autistique  
  • UF : unité fonctionnelle
  • UHTP : unité d’hospitalisation à temps plein 

Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent. 

Pathologies rencontrées et facteurs de risque en psychiatrie adulte

Pathologies rencontrées en psychiatrie adulte

Voici un aperçu des pathologies les plus couramment rencontrées dans les services de psychiatrie adulte : 5

Pathologies les plus fréquentes

  • Épisode dépressif dans le cadre d’un trouble bipolaire.
  • Épisode maniaque dans le cadre d’un trouble bipolaire.
  • Épisode dépressif dans le cadre d’un trouble dépressif récurrent ou d’un trouble unipolaire.
  • Crise suicidaire. 
  • Épisode psychotique chez un patient souffrant de trouble schizophrénique.

Pathologies moins fréquentes

  • Troubles du comportement de patients atteints de pathologies neurodéveloppementales. Ils incluent les troubles du spectre autistique et les troubles du développement intellectuel.
  • Troubles du comportement de patients atteints de pathologies neurodégénératives. Même si des unités spécifiques pour ces patients existent, comme les unités de géronto-psychiatrie, tous les hôpitaux n’en disposent pas et les places sont souvent rares.
  • Trouble délirant persistant : autrefois nommé trouble non schizophrénique, comme la paranoïa.   
  • Troubles psychiques du post-partum : incluent la dépression du post-partum, l’épisode maniaque du post-partum et l’épisode psychotique du post-partum.
  • Épisode psychotique bref : anciennement appelé bouffée délirante aiguë, il s’agit d’un épisode psychotique de courte durée.
  • Pharmacopsychose : psychose induite par la consommation de substances psychoactives.

Les troubles des conduites alimentaires (TCA) sont généralement pris en charge dans des lieux de soins spécifiques. Les troubles du comportement des patients atteints de pathologies neurodégénératives sont en général traités en unités de géronto-psychiatrie. Les patients atteints de troubles anxieux (trouble phobique, trouble panique, état de stress post-traumatique, trouble anxieux généralisé) sont rarement hospitalisés et sont principalement pris en charge en ambulatoire.

Facteurs de risque en psychiatrie adulte

Bien que l’étiologie des troubles psychiatriques ne soit pas complètement élucidée, il est généralement admis que ces troubles ont un déterminisme multifactoriel. Il existe des facteurs de risque spécifiques à chaque pathologie psychiatrique.

Les principaux facteurs de risque incluent : 7

  • Les facteurs génétiques : l’interrogatoire concernant les antécédents familiaux de troubles psychiatriques est systématique. 
  • Les facteurs biologiques : infections maternelles néonatales, complications obstétricales, prématurité et usage de substances psychoactives.
  • Les facteurs psychologiques : perturbation des capacités d’ajustement à un facteur de stress comme des changements dans l’équilibre environnemental, maltraitance, carence affective, violences physiques et psychologiques, abus sexuel, conditions de travail, deuil, guerre, catastrophes naturelles.
  • Les facteurs sociaux : comme l’isolement, la précarité, la discrimination, la stigmatisation et la migration.

Concept d’interaction gène-environnement

Le schéma suivant illustre le concept d’interaction gène-environnement. Il montre comment les facteurs génétiques et environnementaux interagissent pour contribuer au développement de troubles psychiatriques, qui se manifestent ensuite par des signes et symptômes psychiatriques. L’ensemble de la population est exposé à ces facteurs de risque, mais seuls les individus génétiquement vulnérables développent des troubles en raison de cette interaction.7

Infographie - Concept d’interaction gène-environnement

Vous devez être informé(e) des facteurs de risque et des pathologies associées afin de donner des conseils de qualité aux patients. Par exemple, vous pouvez informer les patients sur le risque de rechute et l’impact de l’usage de substances psychoactives comme le cannabis. Cette prévention tertiaire a pour objectif de réduire la morbidité, la mortalité et le handicap.

Spécificités de la psychiatrie adulte

Sémiologie en psychiatrie adulte

La sémiologie psychiatrique consiste en l’étude des signes et symptômes observés chez les patients. Voici une liste des termes et des comportements fréquemment rencontrés dans les services d’hospitalisation psychiatrique : 8

  • Aboulie 
  • Agitation
  • Anhédonie 
  • Anorexie ou perte d’appétit 
  • Anxiété
  • Apragmatisme 
  • Auto-agressivité
  • Barrages 
  • Bizarreries comportementales
  • Clinophilie
  • Contact familier
  • Crise clastique 
  • Discordance idéo-affective (ou dissociation idéo-affective)
  • Discours du coq à l’âne
  • Euthymique
  • Hétéro-agressivité 
  • Idées mégalomaniaques
  • Idées noires ou pensées morbides
  • Incurie ou incurique 
  • Logorrhée 
  • Émoussement des affects
  • Mutisme 
  • Néologisme 
  • Rires immotivés 
  • Sthénique ou sthénicité
  • Tachypsychie 
  • Trouble du comportement 
  • Trouble du sommeil

Vous trouverez les définitions de chacun de ces termes dans les cours de l’unité d’enseignement 2.6 sur la plateforme Réussis ton IFSI

Types d’hospitalisations et sectorisation en psychiatrie

La psychiatrie adulte présente certaines spécificités qu’il faut connaître, notamment en ce qui concerne les types d’hospitalisations et la sectorisation.7.9

Secteur ouvert/fermé

Un secteur ouvert en psychiatrie est un service où les patients peuvent circuler librement et sortir de l’unité sous certaines conditions, afin de favoriser leur autonomie. En revanche, un secteur fermé est une unité sécurisée où les patients ne peuvent pas quitter l’établissement sans autorisation, utilisée pour les soins sous contrainte ou les situations de crise aiguë.

Types d’hospitalisations

  1. Hospitalisation libre

En hospitalisation libre, les patients demandent des soins ou acceptent l’hospitalisation proposée par leur médecin. Les patients conservent leurs droits et libertés et peuvent quitter l’hôpital à tout moment, après discussion avec le psychiatre. En soins libres, les patients ont le droit de refuser les traitements.

  1. Hospitalisation sans consentement à la demande d’un tiers

Cette hospitalisation intervient lorsque l’état de santé d’une personne nécessite des soins immédiats et une surveillance constante et que les troubles mentaux ne permettent pas au patient de consentir. 

Dans certains services dits « fermés », vous rencontrerez des situations particulières :

Vous serez amené(e) à prendre en charge des patients sous différents régimes de soins sous contrainte, tels que : 4.7

  • Admission classique : soins psychiatriques à la demande d’un tiers (SPDT).
  • Admission en cas d’urgence : soins psychiatriques à la demande d’un tiers urgence (SPDTU).
  • Admission en cas de péril imminent : soins psychiatriques en cas de péril imminent (SPPI).
  • Soins psychiatriques sur décision du représentant de l’État (SPDRE).

Sectorisation

La sectorisation, instituée par la loi du 31 décembre 1970, désigne l’organisation administrative de la prise en charge des maladies mentales et la répartition des structures de soins en santé mentale sur l’ensemble du territoire. Elle consiste à organiser la prise en charge des patients en fonction de leur lieu de résidence, et assure donc une continuité des soins et une meilleure coordination entre les différentes structures de prise en charge (hôpitaux, centres médico-psychologiques, etc.).7

Voici quelques points essentiels sur la sectorisation :

  • Chaque secteur couvre une zone géographique spécifique et assure la prise en charge des patients résidant dans cette zone.
  • Les patients bénéficient d’un suivi coordonné entre les structures intra-hospitalières (à l’hôpital) et extra-hospitalières (en ambulatoire).
  • Les secteurs comprennent diverses structures telles que les centres médico-psychologiques (CMP), les hôpitaux de jour et les équipes mobiles de psychiatrie, ce qui facilite une prise en charge globale et cohérente.

Addiction en psychiatrie

Dans le cadre de la psychiatrie adulte, il est important d’acquérir des connaissances sur les addictions, car les pathologies psychiatriques sont souvent comorbides avec divers troubles de l’usage (alcool, tabac, cannabis). 

  • Évaluation de la dépendance : apprendre à reconnaître les signes de dépendance et à utiliser des outils d’évaluation pour mesurer la gravité de l’addiction (par exemple l’échelle de Fagerström pour évaluer la dépendance à la nicotine, ou le questionnaire AUDIT pour évaluer la consommation d’alcool).
  • Sevrage : apprendre les signes de sevrage et utiliser des outils d’évaluation (comme l’échelle de Cushman pour évaluer la sévérité du sevrage alcoolique) et les complications aiguës du sevrage, en particulier pour l’alcool, comme le delirium tremens ou l’épilepsie de sevrage.
  • Prise en charge de l’addiction :
    • Traitements non médicamenteux : techniques de soutien psychologique, entretien motivationnel, thérapies cognitivo-comportementales et programmes de réhabilitation.
    • Traitements de substitution : utilisation de médicaments de substitution pour faciliter le sevrage.
    • Aide au maintien du sevrage : stratégies pour prévenir les rechutes, comme les groupes de soutien et les thérapies de suivi.

CIM et DSM

Deux systèmes nosographiques psychiatriques sont principalement utilisés au niveau international : 7

  • CIM-11 (Classification internationale des maladies, 11e édition) : rédigée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cette classification inclut toutes les maladies, y compris les troubles psychiatriques. Elle est principalement utilisée dans les hôpitaux pour la cotation des actes médicaux et la gestion des dossiers.
  • DSM-5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, 5e édition) : rédigé par l’Association américaine de psychiatrie (APA), ce manuel est spécialisé dans la classification des troubles psychiatriques. Il est couramment utilisé en pratique clinique et en recherche psychiatrique.

Bien que ces deux systèmes présentent de grandes similitudes, il existe des différences subtiles qui concernent principalement les spécialistes. Les critères de ces classifications ne doivent pas être appris sans comprendre leur pertinence sémiologique, c’est-à-dire les termes et syndromes précis auxquels ils se réfèrent. Ainsi, la CIM-11 et le DSM-5 ne doivent pas être considérés comme des manuels de psychiatrie, mais comme des outils permettant de diagnostiquer précisément les troubles mentaux en se basant sur des ensembles spécifiques de signes et de symptômes.

Actes et soins rencontrés en psychiatrie adulte

Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins, parmi lesquels on peut citer : 3.10

  • Accueil et orientation du patient.
  • Administration et surveillance des injections intramusculaires, veineuses, sous-cutanées.
  • Aide dans les actes de la vie quotidienne (toilette, habillage/déshabillage, repas).
  • Continuité des soins à assurer avec les structures externes pour les soins ambulatoires.
  • Conduite d’entretiens d’aide thérapeutique.
  • Conduite d’entretiens médico-infirmiers.
  • Création d’un projet de soin en collaboration pluriprofessionnelle, visant la poursuite des soins en ambulatoire après la sortie du patient.
  • Évaluation clinique en collaboration avec le psychiatre.
  • Mesure des paramètres vitaux (fréquence cardiaque, pression artérielle, saturation en oxygène, température).
  • Mise en place et surveillance des protocoles de risque suicidaire, chambres d’isolement et contentions.
  • Participation aux réunions cliniques et aux réunions de synthèse
  • Préparation, vérification, administration et surveillance des traitements médicamenteux.
  • Préparation du patient à la sismothérapie.
  • Prévention des situations d’urgence et des risques de violence ou de passage à l’acte.
  • Programmation et organisation d’activités médico-socio-thérapeutiques.
  • Réalisation de prélèvements veineux.
  • Réalisation de sessions de psychoéducation.
  • Réalisation d’actions d’information, de collaboration et de coordination avec les différents acteurs de l’établissement.
  • Réalisation d’électrocardiogrammes (ECG).
  • Réalisation de pansements simples.
  • Surveillance et soins aux patients en chambre d’isolement.

Tous les soins sont traités dans l’unité d’enseignement 4.4 sur la plateforme Réussis ton IFSI.

Traitements rencontrés en psychiatrie adulte

Pharmacologie en psychiatrie adulte

La pharmacologie en psychiatrie de l’adulte comprend une variété de médicaments, tels que : 7

  • Les antipsychotiques. 
  • Les antidépresseurs.
  • Les thymorégulateurs. 
  • Les anxiolytiques.
  • Les psychostimulants.
  • Les hypnotiques. 

Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.

Traitements spécifiques en psychiatrie adulte

Psychothérapies 7

La psychothérapie est une méthode de traitement utilisant des moyens psychologiques contre des troubles psychiatriques ou des problèmes causant une souffrance psychologique. Elle vise à provoquer des changements significatifs dans les pensées, les émotions et les comportements du patient, afin d’améliorer son bien-être général. 

Les principaux courants psychothérapeutiques incluent :

  • Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC).
  • Les psychothérapies psychodynamiques.
  • Les thérapies systémiques et familiales.

Sismothérapie et électroconvulsivothérapie

Certains services de psychiatrie adulte proposent des soins spécifiques tels que la sismothérapie, également connue sous le nom d’électroconvulsivothérapie (ECT). Ce traitement consiste à administrer un courant électrique de faible intensité pour provoquer une crise convulsive chez le patient. L’ECT est particulièrement efficace dans certaines situations cliniques :

  • Psychose du post-partum. 
  • Syndrome catatonique.
  • Pathologies pharmacorésistantes.
Infographie- Électroconvulsivothérapie (ECT)

Isolement, contention et surveillance

  • Protocole de risque suicidaire : comprend l’évaluation régulière du risque suicidaire, la mise en place de mesures de prévention (literie et pyjamas en papier déchirable à la pression) et le suivi étroit des patients à risque.
  • Chambre d’isolement : utilisée pour gérer les crises aiguës et protéger le patient ainsi que les autres. Cette pratique nécessite une surveillance continue. Renouvellement obligatoire de la mesure d’isolement toutes les 12 heures. Contrôlé par le JLD depuis la loi du 22 janvier 2022.11
  • Contentions mécaniques : emploi de moyens physiques pour restreindre les mouvements du patient en cas de danger imminent. Renouvellement obligatoire de la mesure d’isolement toutes les 6 heures. Contrôlé par le JLD depuis la loi du 22 janvier 2022.11

Prérequis du stage en psychiatrie adulte

L’exercice infirmier en psychiatrie adulte nécessite la maîtrise de certains prérequis : 3

  • Connaissances sur la sectorisation.
  • Connaissances sur les soins sous contrainte. 
  • Connaissances sur l’isolement et la contention : comprendre les indications, contre-indications, la législation et les procédures de surveillance relatives à l’isolement et à la contention des patients.
  • Bases en psychopharmacologie : avoir des connaissances générales sur les psychotropes, leurs indications et leurs effets secondaires. 
  • Connaissances sur les comorbidités. 
  • Évaluation des traitements : savoir évaluer l’efficacité et la tolérance des traitements.
    Connaissance des mesures de protection : connaître les différentes mesures de protection légale, telles que la sauvegarde de justice, la curatelle (simple, renforcée, aménagée) et la tutelle.
  • Notions sur les pathologies psychiatriques.

Objectifs de stage en psychiatrie adulte

En stage de psychiatrie adulte, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.

Notre équipe a écrit un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment rédiger ses objectifs de stage en soins infirmiers.

Voici une liste non exhaustive de compétences requises dans la structure d’accueil : 3.4 

  • Adapter la psychoéducation en fonction de la conscience des troubles du patient.
  • Administrer les prescriptions médicales et en surveiller les effets.
  • Analyser les besoins du patient et établir une relation d’aide appropriée.
  • Conduire une relation thérapeutique dans un contexte de soins.
  • Contribuer aux transmissions orales et rédiger les transmissions écrites.
  • Développer un projet de soins au sein de l’équipe pluridisciplinaire.
  • Effectuer des injections en respectant les bonnes pratiques et les techniques aseptiques.
  • Évaluer l’efficacité des traitements psychotropes et la condition clinique du patient.
  • Évaluer l’autonomie d’un patient 
  • Identifier et gérer les situations d’urgence (notamment les crises suicidaires).
  • Identifier le rôle de chaque intervenant et collaborer efficacement.
  • Initier et mettre en œuvre des soins à visée éducative et préventive, notamment sur l’observance thérapeutique, les effets indésirables des traitements, la reconnaissance des prodromes comme signes de rechute ou de récidive. 
  • Maîtriser les protocoles spécifiques du service.
  • Observer et évaluer le niveau d’autonomie du patient dans les activités de la vie quotidienne.
  • Observer les paramètres vitaux en lien avec les effets indésirables éventuels des traitements psychotropes.
  • Recueillir des informations pertinentes selon le motif d’hospitalisation du patient.
  • Savoir effectuer les soins évoqués ci-dessus (en fonction de votre expérience).
  • Surveiller les paramètres vitaux en lien avec les effets indésirables potentiels des traitements psychotropes. 
  • Travailler avec l’équipe pluridisciplinaire pour planifier la continuité des soins après la sortie du patient.

Professionnels rencontrés en psychiatrie adulte

Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez : 3.4.9.10

  • Aide-soignant(e)s
  • Agents des services hospitaliers
  • Assistante sociale 
  • Cadre de santé
  • Diététicien(ne)
  • Ergothérapeute 
  • Médecin généraliste 
  • Neuropsychologue 
  • Psychiatres
  • Psychologues 
  • Psychomotricien 
  • Secrétaire médicale 

Témoignage d’un infirmier en psychiatrie adulte

Infographie - Témoignage d'un infirmier en hospitalisation psychiatrique adulte

Dans le cadre de notre série « Guides de stages infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par un infirmier expérimenté qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en psychiatrie, nous avons eu la chance de collaborer avec Alexandre, un infirmier aguerri exerçant dans ce service.

Dans le cadre de la rédaction de cet article, Alexandre a non seulement contribué par son expertise, mais a également généreusement accepté de partager son expérience personnelle en psychiatrie, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service. 

Pourquoi as-tu choisi de travailler en psychiatrie adulte ?

J’ai choisi de travailler en psychiatrie adulte pour une multitude de raisons, et il est important de souligner que ce choix n’est jamais fait par défaut.

Au début de ma formation, mon projet était de travailler en réanimation, mais j’ai rapidement changé d’avis après mon premier stage en unité d’hospitalisation de psychiatrie adulte. Le travail pluridisciplinaire m’a beaucoup plu, notamment la collaboration avec les autres professionnels du service et le réseau avec les structures en amont et en aval. J’apprécie particulièrement l’organisation du parcours de soins en fonction des besoins et de l’autonomie des patients.

La complexité et la diversité des pathologies et des thérapeutiques rencontrées m’ont captivé, ainsi que les hypothèses physiopathologiques, notamment neurobiologiques, qui expliquent les troubles des patients. 

Ce qui m’a passionné, c’est la place centrale qu’occupe l’infirmier(e). L’observation clinique et les informations recueillies lors des entretiens par l’infirmier(e) sont déterminantes dans la démarche diagnostique, l’évaluation de l’efficacité des traitements et la surveillance de leur tolérance.

L’espérance de vie des patients atteints de troubles psychiatriques sévères est réduite en moyenne de 16 ans chez les hommes et de 13 ans chez les femmes.12 L’infirmier a un rôle transversal pour soutenir ces patients, souvent victimes de stigmatisation et ayant un accès aux soins plus restreint. Cela inclut la prévention, le dépistage et le traitement des addictions, des maladies cardiométaboliques, respiratoires et des pathologies néoplasiques.

Entre aptitudes relationnelles, compétences techniques, capacité d’observation et attitude réflexive, l’infirmier en psychiatrie est un professionnel polyvalent.

Qu’est-ce qui te plaît le plus en psychiatrie ?

Travailler en psychiatrie est extrêmement diversifié, à condition de le vouloir. Le domaine de la santé mentale est en constante évolution, ce qui nécessite des mises à jour régulières par le biais de formations, de lectures et de réunions d’équipe. Cela permet de rester à la pointe des nouvelles pratiques et découvertes.

Encadrer et former les étudiant(e)s et les professionnel(le)s en psychiatrie est une partie enrichissante de ce travail. Cela permet de partager ses connaissances et d’améliorer les pratiques au sein de l’équipe.

La recherche est en pleine expansion dans le domaine de la santé mentale. Participer à des projets de recherche en soins infirmiers, qu’ils soient médico-infirmiers ou exclusivement infirmiers, a toute sa place dans la pratique quotidienne. C’est une opportunité de contribuer activement à l’amélioration des soins.

Travailler en psychiatrie permet de s’engager dans une variété de tâches, telles que l’enseignement, la formation, la recherche et la prise en charge directe des patients. Cette diversité rend le travail stimulant et enrichissant.

Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en psychiatrie ? 

Pour commencer au mieux votre stage en psychiatrie, il faut bien vous préparer et vous informer sur votre lieu de stage et ses spécificités.

  •  Informez-vous sur la nature du service. Est-ce un service ouvert accueillant uniquement des patients en soins libres ou un service fermé prenant en charge des patients sous contrainte ? Découvrez si le service propose des activités particulières, comme la sismothérapie ou d’autres traitements spécifiques.
  • En fonction de la durée de votre stage, certains établissements peuvent offrir des parcours combinant l’intra-hospitalier et l’extra-hospitalier. Vous pourrez donc passer une partie de votre stage en milieu hospitalier et une autre partie en ambulatoire (centre médico-psychologique, hôpital de jour).
  • Les étudiant(e)s appréhendent souvent le stage en psychiatrie à cause de la crainte de la violence, et à cause de la méconnaissance et des préjugés sur la psychiatrie. Il est important de surmonter ces peurs pour profiter pleinement de votre stage. N’hésitez pas à parler de vos craintes avec vos tuteurs et votre maître de stage dès le début du stage.
  • Pour bien débuter votre stage, il est indispensable de maîtriser les connaissances spécifiques à ce domaine, comme celles abordées dans les unités d’enseignement 2.6 des semestres 2 et 5 de l’IFSI. Le stage en psychiatrie vous permettra de faire le lien entre les cours théoriques et la pratique.
  • Profitez de ce stage pour améliorer vos compétences relationnelles. 
  • Familiarisez-vous avec les différents professionnels, leurs missions et les structures intégrées dans le parcours de soins du patient. 
  • Même si le stage en psychiatrie n’était pas votre premier choix, il est primordial. Les connaissances et compétences acquises seront utiles dans d’autres domaines, y compris en hospitalisation adulte (chirurgie et médecine), où vous rencontrerez des patients atteints de pathologies psychiatriques. Profitez de ce stage pour en apprendre un maximum sur les pathologies et les traitements psychiatriques.

En résumé, soyez curieux/curieuse, ouvert(e) et proactif/proactive durant votre stage. Cela vous permettra de tirer le meilleur parti de cette expérience enrichissante en psychiatrie adulte.

Devenir infirmier(e) en psychiatrie adulte

Un stage en psychiatrie adulte offre une excellente opportunité pour enrichir ses compétences dans la prise en charge des pathologies mentales aiguës et la gestion des traitements psychotropes.

Ce milieu favorise le travail collaboratif avec divers professionnels, et permet de développer des compétences en équipe. Les étudiant(e)s apprendront les bases théoriques de la sémiologie psychiatrique, l’évaluation des risques suicidaires et hétéro-agressifs, ainsi que les pratiques spécifiques telles que la sectorisation et les soins sous contrainte.

Les stages en psychiatrie adulte ouvrent également la porte à diverses spécialisations, comme les diplômes universitaires (DU) en santé mentale, urgences psychiatriques, troubles du comportement alimentaire, psychiatrie du sujet âgé et addictologie. Il est aussi possible de se spécialiser en tant qu’Infirmier(e) en Pratique Avancée (IPA), reconnu au grade de master, mention psychiatrie et santé mentale.

Les possibilités d’évolution sont nombreuses. Vous pouvez travailler dans des structures telles que le centre médico-psychologique (CMP), l’hôpital de Jour (HDJ), et le Centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP), ou vous spécialiser en urgences psychiatriques ou dans des unités pour les troubles des conduites alimentaires (TCA). Poursuivre une formation de cadre de santé ou de cadre formateur est également une option. De plus, vous pouvez participer à la création d’unités innovantes telles que le SAMU psychiatrique, les unités mobiles de psychiatrie et les unités de réhabilitation psychosociale.

Pour approfondir vos connaissances, consultez nos guides sur les stages en pédopsychiatrie et aux urgences psychiatriques. Ces ressources vous aideront à mieux comprendre les spécificités et les compétences requises dans ces domaines.

Sources

  1. Ministère de la Santé et de la Prévention « Santé mentale et psychiatrie. Synthèse du bilan de la feuille de route » 03/03/23 
  2. Agence régionale de santé « Santé mentale : définition et enjeux » 11/03/23
  3. Hôpitaux Universitaires Paris Nord Val de Seine « Livret d’accueil du service de Psychiatrie » 20/06/2018
  4. Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques « Les établissements de santé en 2021 – Les patients suivis en psychiatrie » 26/07/2023
  5. Groupe Hôpitaux Universitaires Paris « Livret d’accueil des stagiaires paramédicaux » 08/04/2022
  6. Sénat « Proposition de loi relative à l’instauration d’un nombre minimum de soignants par patient hospitalisé » rapport n° 281 (2022-2023), déposé le 25 janvier 2023
  7. Épreuves classantes nationales « Psychiatrie et Addictologie » modifié le 12/04/2024
  8. Association pour l’enseignement de la sémiologie psychiatrique. Consulté le 21/05/24
  9. Centre Hospitalier Nord Deux-Sèvres « Livret d’accueil du patient Psychiatrie » 14/10/2022
  10. Centre Hospitalier Henri Ey « Livret d’accueil des stagiaires » 28/06/2017
  11. Ministère des Solidarités et de la Santé « Bulletin officiel : Santé Protection sociale Solidarité » 27/04/2022
  12. Santé mentale « Espérance de vie réduite et mortalité prématurée en cas de troubles psychiques sévères » 11/11/2018