Depuis la promulgation du décret n°2022-24 du 11 janvier 2022 concernant les conditions d’implantation de l’activité de soins médicaux et de réadaptation, l’appellation “Soins de Suite et de Réadaptation” (SSR) a été remplacée par “Soins Médicaux et de Réadaptation” (SMR).¹
Cette nouvelle désignation reflète une diversification des services offerts, englobant à la fois les soins médicaux et la réhabilitation. Au sein de cette catégorie, on distingue les SMR polyvalents, qui accueillent des patients présentant diverses pathologies, des SMR spécialisés, orientés vers des soins plus spécifiques en fonction de l’organe ou du système corporel affecté, par exemple, le système locomoteur, respiratoire, cardio-vasculaire ou nerveux.
Cet article se concentre particulièrement sur les SMR spécialisés dans les pathologies respiratoires. Ces structures ciblent une population hétérogène, généralement âgée de 50 ans² et plus, souvent atteinte de multiples maladies chroniques.3 La fréquence et la gravité des maladies respiratoires chroniques sont en augmentation, et on prévoit qu’elles occuperont le troisième rang des causes de mortalité mondiale d’ici 20304. Face à cette réalité, les SMR respiratoires proposent une prise en soins globale des patients, qui inclut des soins continus et une réhabilitation respiratoire adaptée. La gestion de ces affections est assurée par une équipe pluridisciplinaire dédiée, pour maintenir ou améliorer l’autonomie du patient selon ses besoins.
Dans les SMR respiratoires, l’infirmier(e) est souvent comparé à un chef d’orchestre pour sa capacité à coordonner les soins avec l’équipe soignante. Il garantit la transmission des informations et assure le suivi des patients en collaborant étroitement avec d’autres professionnels de santé. Les soins qu’il prodigue sont variés et allient aspects techniques, relationnels et psychologiques.
Dans cet article, nous aborderons ce que vous devez savoir avant de débuter un stage en soins médicaux et de réadaptation respiratoires, des pathologies rencontrées aux compétences à valider.
Typologie du lieu de stage et particularités du service de SMR respiratoires
Le stage en soins médicaux et de réadaptation respiratoires s’inscrit dans la typologie des soins de longue durée et soins de réadaptation (SLD-SSR). Les soins médicaux et de réadaptation se retrouvent majoritairement dans les établissements de santé de type clinique et, dans une moindre mesure, dans le milieu hospitalier. Cette typologie d’hospitalisation permet d’assurer une prise en soins globale du patient et de garantir son confort et la qualité des soins. La durée moyenne d’hospitalisation est d’environ 34 jours.5
Les patients admis en service de soins médicaux et de réadaptation respiratoires peuvent venir :
- D’un service intra-hospitalier : cela implique un transfert depuis un service de pneumologie, de médecine ou de réanimation.
- D’un service extra-hospitalier : le plus souvent, il s’agit de patients en période post-opératoire après une chirurgie programmée, qui ont besoin d’une surveillance et d’un accompagnement pour améliorer et/ou maintenir leur autonomie.
- De leur domicile : cela se fait à la demande du médecin traitant du patient, généralement pour des raisons d’hospitalisation nécessitant une évaluation et/ou une réhabilitation respiratoire ou une réadaptation thérapeutique.
L’objectif visé est de favoriser le retour à domicile du patient, avec ou sans le support de services d’assistance (oxygène, VNI, etc.), ou de faciliter son admission dans une structure adaptée, telle qu’une résidence pour seniors, une unité de soins longue durée (USLD) ou un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Cette hospitalisation favorise un retour rapide à la vie sociale.6
La prise en soins continue des patients implique une équipe soignante disponible en permanence, de jour comme de nuit, y compris les week-ends et jours fériés, dans le cadre d’un travail d’équipe pluridisciplinaire. Une coordination et une communication constantes au sein de l’équipe permettent d’assurer la continuité des soins. Les infirmier(e)s en SMR exercent, la plupart du temps, 12 ou 10 heures par jour.
En ce qui concerne la charge de travail, le Code de la santé publique indique que le nombre de patients par soignant(e) est adapté « […] aux besoins de santé des patients, à la nature et au volume d’activité effectués, et aux caractéristiques techniques des soins dispensés ».7 Autrement dit, il n’existe pas de ratio personnel/lit pour ce type d’hospitalisation.
Lexique du service de SMR respiratoires
Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques.
Par exemple, en service de soins médicaux et de réadaptation respiratoires, vous entendrez : 8
- ADK : adénocarcinome.
- BDC : bas/bandes de contention.
- BHRe : bactérie hautement résistante émergente.
- BMR : bactérie multi-résistante.
- BPCO : broncho-pneumopathie chronique obstructive.
- CD : Clostridium difficile.
- CT : chimiothérapie.
- DDB : dilatation des bronches.
- DEP : débit expiratoire de pointe/Peak Flow.
- ECBC : examen cytobactériologique des crachats.
- EFR : explorations fonctionnelles respiratoires.
- ETP : éducation thérapeutique du patient.
- GDS : gaz du sang/gazométrie artérielle.
- HTAP : hypertension artérielle pulmonaire.
- HTO : hypotension orthostatique.
- IRA : insuffisance respiratoire aiguë.
- IRC : insuffisance respiratoire chronique.
- K : cancer.
- OMI : œdèmes des membres inférieurs.
- PCA : précautions complémentaires de type air.
- PCC : précautions complémentaires de type contact.
- PCG : précautions complémentaires de type gouttelettes.
- PCO2 : pression partielle en dioxyde de carbone.
- PID: pneumopathie interstitielle diffuse.
- PNP : pneumopathie.
- PNPI : pneumopathie d’inhalation.
- PO2 : pression partielle en oxygène.
- PPC : ventilation en pression positive continue.
- RP : radiographie pulmonaire.
- RR : réhabilitation respiratoire.
- SAOS : syndrome d’apnée obstructive du sommeil.
- TVP : thrombose veineuse profonde.
- VNI : ventilation non invasive.
Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent.
Pathologies rencontrées et facteurs de risque en SMR respiratoires
Pathologies rencontrées en SMR respiratoires
Les infirmier(e)s en soins médicaux et de réadaptation respiratoire prennent en soins une variété de patients présentant diverses pathologies et situations prévalentes : 9.10
Nous rencontrons essentiellement les pathologies respiratoires, le plus souvent chroniques : broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), asthme, dilatation des bronches, insuffisance respiratoire, hypertension artérielle pulmonaire, emphysème, pneumopathie infectieuse, syndrome de l’apnée du sommeil, maladies respiratoires liées à l’obésité, fibrose pulmonaire…
En parallèle, nous avons également des pathologies liées ou non aux conséquences physiopathologiques des pathologies respiratoires :
- Pathologies cancéreuses : cancers pulmonaires ou métastases…
- Pathologies du système circulatoire : artérite oblitérante des membres inférieurs (AOMI), thrombose veineuse, embolie pulmonaire…
- Pathologies cardiovasculaires : hypertension artérielle (HTA), fibrillation auriculaire (FA), accident vasculaire cérébral (AVC) avec ou sans séquelles (hémiplégie, hémiparésie…), insuffisance cardiaque, infarctus du myocarde.
- Pathologies endocriniennes : diabète de type 1, diabète de type 2, hyper/hypothyroïdie…
- Pathologies rénales : insuffisance rénale .
- Pathologies ou altération de l’état cutané : escarre, mycose, dermite, ulcère, zona…
- Pathologies diverses : altération de l’état général, déshydratation, dénutrition, troubles de la déglutition, maintien à domicile difficile avec ou sans épuisement de l’aidant principal, chutes à répétition, soins palliatifs et de fin de vie…
Facteurs de risque en SMR respiratoires
Les facteurs de risque courants de ces pathologies sont11 :
- Âge avancé.
- Alimentation : dénutrition/malnutrition.
- Athérosclérose.
- Dyslipidémie.
- Éthylisme actif/passif.
- Hypercholestérolémie.
- Ostéoporose.
- Poids : surpoids/obésité/maigreur.
- Prédisposition génétique.
- Sédentarité.
- Tabagisme actif/passif.
- Troubles de l’équilibre.
Vous devez être informé(e) des facteurs de risque et des pathologies associées afin de dispenser des conseils de qualité. Vous pourrez ainsi faire des recommandations et donner des conseils afin que les patients appréhendent mieux les soins et traitements récurrents, améliorent ou maintiennent leur autonomie, poursuivent leur réadaptation, et pour qu’ils soient véritablement acteurs de leur santé. Par exemple, en tant qu’infirmier(e), vous pourrez être amené(e) à apprendre au patient à utiliser un dispositif médical comme un concentrateur d’oxygène transportable afin qu’il soit autonome pour l’utilisation de l’oxygène à domicile.
Spécificités du service de SMR respiratoires
Les soins médicaux et de réadaptation respiratoires se distinguent d’autres services par la diversité des soins et par la prise en soins pluridisciplinaire du patient.
En tant que futur(e) professionnel(le) de santé, vous serez formé(e) à la prise en soins de patients ayant une affection aiguë ou chronique affectant l’appareil respiratoire, pour cela voici quelques spécificités à prendre en compte :
Les dispositifs médicaux prévalents du service de SMR respiratoires
Vous serez formé(e) à l’utilisation des dispositifs médicaux prévalents du service de SMR respiratoires :
- VNI (ventilation non invasive) : ce dispositif permet de garantir la respiration sans avoir besoin d’intuber le patient (c’est-à-dire sans introduire de tube dans la trachée). Il est souvent utilisé pour les patients ayant des difficultés respiratoires aiguës ou chroniques, comme dans les cas de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) ou d’insuffisance respiratoire. La VNI fournit un flux d’air à travers un masque nasal ou facial, ce qui permet au patient de respirer plus facilement.
- PPC (pression positive continue) : souvent utilisée pour le traitement du syndrome d’apnées du sommeil, la PPC maintient les voies aériennes supérieures ouvertes en fournissant un flux d’air constant et régulé à travers un masque nasal ou facial. Elle empêche les interruptions de la respiration pendant le sommeil.
- Masque d’aérosol : utilisé pour administrer des médicaments directement dans les poumons sous forme d’aérosol. Ce dispositif est souvent employé pour traiter des affections respiratoires telles que l’asthme, la BPCO, et les infections respiratoires. Le patient respire le médicament à travers le masque, ce qui implique une action directe et rapide dans les voies respiratoires.
- Lunettes à oxygène : ce sont des dispositifs légers et discrets utilisés pour administrer de l’oxygène supplémentaire aux patients. Elles se composent de deux petits tubes qui s’insèrent dans les narines, reliés à une source d’oxygène. Les lunettes à oxygène permettent au patient de se déplacer plus librement tout en recevant l’oxygène nécessaire. (Vous pourrez lire ou écouter le cours “oxygénothérapie” UE 4.4 semestre 2 pour comprendre l’utilisation des lunettes à oxygène, du masque à haute concentration, du masque facial et du BAVU.)
- Canule de trachéostomie : utilisée chez les patients ayant subi une trachéostomie (une procédure où une ouverture est pratiquée dans la trachée au niveau du cou pour aider le patient à respirer). Cette canule permet le passage de l’air.
L’éducation thérapeutique du patient
L’éducation thérapeutique respiratoire est un aspect fondamental du traitement pour les patients atteints de maladies respiratoires. Elle vise à les informer et à les former sur leur situation, sur les moyens de la gérer et sur les techniques pour améliorer leur respiration au quotidien. Cette éducation comprend :
- Connaissance de la maladie : donner aux patients des informations complètes sur leur pathologie respiratoire, ses causes, ses symptômes, et son évolution. Cela comprend l’enseignement des mécanismes sous-jacents de la maladie et des facteurs déclenchants potentiels.
- Gestion des médicaments : instruire les patients sur les médicaments prescrits, leur dosage, leur posologie, leur utilisation (par exemple, l’usage correct d’inhalateurs ou de nébuliseurs), et les effets secondaires potentiels.
- Exercices et réhabilitation : encourager et guider les patients dans des programmes d’exercices adaptés, qui peuvent aider à renforcer les muscles respiratoires, améliorer l’endurance et augmenter la capacité pulmonaire.
- Prévention des infections : conseiller sur les méthodes pour réduire le risque d’infections respiratoires, y compris la vaccination, l’hygiène des mains, et les façons de prévenir des irritants et des polluants
- Gestion du stress et du mode de vie : offrir des stratégies pour que le patient puisse gérer son stress et améliorer son bien-être général, y compris des conseils sur l’alimentation, le sommeil et l’arrêt du tabac.
- Planification d’urgence : préparer les patients à reconnaître les signes d’une exacerbation de leur maladie et à savoir quand et comment demander de l’aide.
Les surveillances cliniques et biologiques du patient
Les spécificités en soins médicaux et de réadaptation respiratoire comportent aussi la surveillance clinique et biologique du patient : paramètres vitaux, douleur, transit, élimination, état cutané, alimentation, hydratation, poids, thymie, résultats d’analyses biologiques (NFS, hémostase, ionogramme sanguin et urinaire, infectiologie), etc.
Terminologies cliniques générales que l’on peut rencontrer en SMR respiratoire :
- Bradypnée : fréquence respiratoire inférieure à 12 mouvements respiratoires par minute.
- Polypnée : augmentation de la fréquence respiratoire associée à une diminution de l’amplitude des mouvements respiratoires (respiration superficielle).
- Tachypnée : fréquence respiratoire supérieure à 20 mouvements respiratoires par minute.
- Cyanose : coloration bleutée de la peau et des muqueuses due à la présence importante d’hémoglobine désoxygénée.
- Dyspnée : difficulté à respirer avec une sensation désagréable et de gêne
- Hémoptysie : toux ramenant du sang en provenance des voies respiratoires.
- Hypercapnie : augmentation anormale de la pression partielle en dioxyde de carbone (CO2) dans le sang artériel.
- Hypocapnie : diminution anormale de la pression partielle en dioxyde de carbone (CO2) dans le sang artériel.
- Hypoxémie : faible quantité d’oxygène transportée dans le sang (baisse de la PaO2). Une hypoxémie entraîne une hypoxie. On peut aussi avoir une hypoxie sans hypoxémie dans certaines pathologies.
- Hypoxie : déficit d’apport en oxygène au niveau tissulaire. Il s’agit d’une souffrance cellulaire due à un manque d’oxygène, à cause d’une diminution de la quantité d’oxygène que le sang distribue aux tissus.
Examen réalisable en SMR respiratoires
- Peak Flow/débitmètre de pointe (DEP) : dispositif permettant d’évaluer la sévérité de l’asthme en mesurant le degré d’obstruction des bronches.
- Spirométrie : examen indolore d’explorations fonctionnelles respiratoires (EFR) qui permet d’étudier les débits ventilatoires et les volumes mobilisables. Il fait partie du diagnostic de certaines pathologies respiratoires obstructives comme l’asthme ou la BPCO.
- Gazométrie artérielle : ponction de sang au niveau artériel permettant d’apprécier le pH (potentiel hydrogène), la pression en oxygène (PaO₂), en dioxyde de carbone (PaCO₂) et les bicarbonates (HCO₃) dans le sang artériel.
Actes et soins rencontrés en SMR respiratoires
Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins à visée éducative, curative, diagnostique, palliative et préventive, parmi lesquels on peut citer12 :
- Les soins de nursing (accompagnement de la personne dans la réalisation d’actes et de soins du quotidien en fonction de son degré d’autonomie et de sa capacité respiratoire : hygiène, alimentation, mobilité…).
- La communication et la gestion du travail (collaboration et cohésion avec les différents professionnels de santé/médico-sociaux, travail en équipe, transmissions au médecin, communication avec votre binôme aide-soignant(e), gestion des priorités, organisation des soins, gestion de situations d’urgence…).
- La prise des paramètres vitaux (tension artérielle, saturation en oxygène, pouls, température, fréquence respiratoire) et d’autres paramètres (hémoglucotest, IMC, diurèse, bladder-scan…).
- La réfection de pansements simples ou complexes (plaies chirurgicales, ablation de points, surjets, agrafes).
- Les soins curatifs et préventifs autour de l’escarre, de la mycose et de la dermite.
- Le prélèvement sanguin et la gazométrie artérielle.
- La réalisation d’examens bactériologiques : bandelette urinaire, ECBU, ECBC, hémoculture, coproculture, écouvillonnage.
- La préparation de perfusion en PSE (pousse-seringue électrique).
- Les soins autour de la stomie (urinaire/digestive).
- La pose et la surveillance de voies veineuses périphériques ou sous-cutanées.
- Les soins autour de la trachéostomie.
- La manipulation et la surveillance de Picc Line/Midline.
- La pose et la surveillance de sondes vésicales.
- Les soins palliatifs et les soins de fin de vie (soins de confort et de bien-être, Patient Controlled Analgesia : PCA de morphine et/ou benzodiazépine, alimentation “plaisir”…).
- La mise en place et la surveillance d’une aérosolthérapie et d’une oxygénothérapie.
- L’administration et la surveillance d’une insulinothérapie.
- L’administration et la surveillance de traitements thérapeutiques.
- L’alimentation parentérale et entérale.
- L’électrocardiogramme (ECG).
- Les soins relationnels (communication verbale et non verbale adaptées au patient, explication des soins, traitements et examens, éducation du patient concernant sa pathologie et les thérapeutiques, information des familles en tenant compte du secret professionnel…).
- L’éducation thérapeutique et la réhabilitation respiratoire.
- L’utilisation de dispositifs ventilatoires (VNI, PPC…).
- L’entretien de l’environnement et le bionettoyage (préparation d’une chambre lors d’une entrée, réfection d’une chambre lors de la sortie d’un patient, désinfection quotidienne de l’environnement du patient, réfection du lit).
Vous trouverez, dans l’unité d’enseignement 4.4 sur notre plateforme d’apprentissage Réussis ton IFSI des cours approfondis sur la méthode de chacun de ces soins.
Traitements en SMR respiratoires
La pharmacologie en soins médicaux et de réadaptation pneumologie comprend une variété de médicaments. Toutefois, on retrouve systématiquement les 5 classes pharmacologiques suivantes :
- Les antalgiques de palier 1 (ex. : Paracétamol), de palier 2 (ex. : Lamaline, Acupan, Tramadol), de palier 3 (traitements morphiniques).
- Les antibiotiques (en per os, en intraveineux, en sous-cutané).
- Les antithrombotiques (anticoagulants injectables, anti-vitamine K, anticoagulants oraux directs, antiagrégants plaquettaires).
- Les bronchodilatateurs : souvent administrés par inhalation.
- Les anti-inflammatoires : non stéroïdiens, glucocorticoïdes.
Il est possible de rencontrer ces classes pharmacologiques en SMR respiratoires :
- Les antifongiques.
- Les antigoutteux : colchicine.
- Les électrolytes hypertoniques : chlorure de potassium à 10 %, chlorure de sodium à 10 %…
- Les hypolipémiants.
- Les psychotropes (neuroleptiques, thymorégulateurs, benzodiazépines, antidépresseurs, antiépileptiques).
- Les traitements de cardiologie (diurétiques, bêtabloquants, inhibiteurs de l’enzyme de conversion, sartans, inhibiteurs calciques…).
- Les traitements diabétiques : insulinothérapie et antidiabétiques oraux.
- Les traitements gastro-entéro-hépatiques (laxatifs, antiémétiques, antispasmodiques, antiulcéreux).
Dans cette liste thérapeutique, certains sont considérés comme des médicaments à risque, car ils ont une marge thérapeutique étroite nécessitant une surveillance biologique et clinique. Ils sont identifiables dans les armoires du service de soins, dans les piluliers, par un logo sur le médicament ainsi que sur le logiciel de santé. La liste des médicaments à risque est affichée dans les postes de soins.
Toutes ces classes thérapeutiques sont traitées dans l’unité d’enseignement 2.11 sur la plateforme Réussis ton IFSI.
Prérequis du stage en SMR respiratoires
Les soignant(e)s en soins médicaux et de réadaptation respiratoires doivent :
- Connaître le protocole en cas de situation d’urgence en SMR respiratoires. Par exemple, en cas de décompensation respiratoire du patient.
- Connaître les principaux antidotes des thérapeutiques, notamment : Paracétamol, AVK, Pradaxa, Morphine, Benzodiazépines, Potassium, Héparine non fractionnée. (Vous trouverez un cours que vous pouvez lire ou écouter dans l’UE 4.3 semestre 4 intitulé “les antidotes” sur la plateforme d’apprentissage.)
- Être capable de repérer une anomalie des paramètres vitaux en connaissant les normes physiologiques et de les prendre en tenant compte des bonnes pratiques.
- Connaître les normes biologiques (NFS, hémostase, ionogramme sanguin et urinaire, infectiologie) et être capable de repérer les anomalies.
- Être capable d’évaluer la douleur du patient avec une échelle de douleur qui lui est adaptée (EN, EVA, EVS, Algoplus, Doloplus).
- Être capable d’observer le patient sur le plan clinique, de repérer les mécanismes de défense, les capacités respiratoires, le degré d’autonomie, le niveau de dépendance.
- Connaître l’anatomie et la physiologie du système respiratoire.
- Connaître et reconnaître les pathologies ainsi que les thérapeutiques prévalentes.
Objectifs de stage en SMR respiratoire
En stage en soins médicaux et de réadaptation respiratoire, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs. Notre équipe a publié un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment fixer ses objectifs de stage en soins infirmiers.
Exemples de compétences requises :
- Collaborer avec les professionnels de santé à partir de la planification de soins.
- Connaître et comprendre les protocoles de soins du service.
- Connaître les pathologies respiratoires, les traitements prévalents et les surveillances d’effets indésirables potentiels.
- Développer sa réflexion professionnelle en questionnant les professionnels de santé et en prenant du recul sur sa pratique.
- Effectuer des transmissions orales et écrites en utilisant le DAR (données, actions, résultats).
- Effectuer une prévention cutanée avec contrôle des points d’appui, et positionnement avec une aide ou un support technique adaptés.
- Comprendre le mécanisme d’action des médicaments prévalents comme les bronchodilatateurs et les corticoïdes.
- Être capable d’analyser et d’interpréter les résultats biologiques d’une gazométrie artérielle.
- Évaluer la douleur du patient à l’aide d’une échelle d’évaluation adaptée.
- Organiser le déroulement de la journée avec l’équipe soignante en fonction des soins à effectuer et des examens du jour, afin d’assurer la continuité des soins.
- Organiser le devenir du patient avec l’équipe pluridisciplinaire.
- Prendre en soins le patient dans sa globalité, en tenant compte de son autonomie, de ses ressources, de ses besoins et de ses habitudes de vie.
- Réaliser et gérer l’entrée du patient dès son admission : du recueil de données à la macrocible d’entrée.
- Surveiller les paramètres vitaux en connaissant les normes.
Professionnels rencontrés en SMR respiratoires
Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez : 2.13
- Agents de services hospitaliers.
- Aide-soignant(e)s.
- Assistant(e)s social(e)s.
- Brancardier(e)s.
- Cadre de santé.
- Diététicien(ne).
- Éducateur d’activités physiques adaptées.
- Ergothérapeutes.
- Infirmier(e)s diplômé(e)s d’État.
- Internes/externes.
- Kinésithérapeutes.
- Médecins généralistes
- Médecins hygiénistes
- Médecins spécialisés : pneumologues
- Orthophonistes
- Psychologues.
Témoignage d’un infirmier en SMR respiratoires
Dans le cadre de notre série « Guides de stage infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par un(e) infirmier(e) expérimenté(e) qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en soins médicaux et de réadaptation respiratoires, nous avons eu la chance de collaborer avec Jonas, un infirmier aguerri exerçant dans ce service.
Dans le cadre de la rédaction de cet article, Jonas a non seulement contribué par son expertise, mais a généreusement accepté de partager son expérience personnelle en soins médicaux et de réadaptation respiratoires, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service :
Pourquoi as-tu choisi de travailler en SMR respiratoires ?
J’ai toujours voulu travailler dans le service de SMR depuis mon enfance, car je trouvais que ça reflétait l’image de l’exercice de la profession d’infirmière. Au fur et à mesure de la formation à l’IFSI, de mes expériences en tant qu’aide-soignant et ASH et de ma curiosité professionnelle, je me suis orienté dans la prise en soins de la personne âgée. J’ai exercé pendant 2 ans dans un SMR polyvalent et gériatrique dans une clinique et je souhaitais poursuivre cette typologie de service en me spécialisant dans les pathologies respiratoires. Dans le service de SMR, je trouve un équilibre entre les soins techniques et les soins relationnels, mais aussi dans la diversité des pathologies et des thérapeutiques que l’on ne retrouve pas dans d’autres services.
Qu’est-ce qui te plaît le plus en SMR respiratoires ?
Il y a plusieurs choses qui me plaisent particulièrement dans le service de SMR. Tout d’abord, je dirais la diversité des soins et des actes que l’infirmier peut effectuer : de la technicité de ses soins en passant par les soins relevant du rôle propre jusqu’aux soins relationnels. Ensuite, il y a la cohésion de l’équipe soignante et le travail en collaboration avec différents professionnels de santé, ce qui me permet d’approfondir ma réflexion d’infirmier et de mieux connaître le rôle de chaque acteur intervenant auprès du patient. Et en dernier, la multitude des pathologies et des thérapeutiques que l’on retrouve dans ce service. Malgré la prise en soins centrée sur la personne âgée, je rencontre diverses pathologies dont certaines peu courantes, et souvent axées sur l’appareil respiratoire, ce qui m’encourage à développer mes compétences infirmières et à améliorer mes connaissances afin d’avoir le raisonnement clinique le plus pertinent possible.
La satisfaction dans ce type de service est de voir le patient regagner son autonomie petit à petit. Ce sentiment n’en est que plus grand lorsque le patient quitte le service en nous disant simplement : « Merci pour tout. » avant de rentrer chez lui.
A contrario, on peut avoir des patients en fin de vie dans ce type de service, et vous pouvez compter sur vos collègues et sur une véritable cohésion d’équipe dans les prises en soins plus compliquées, lorsqu’il faut soutenir les familles dans ces moments difficiles.
Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en SMR respiratoires ?
Voici quelques conseils pour débuter un stage en SMR respiratoires :
- Avoir une curiosité professionnelle : il s’agit de l’essence même du savoir. Il ne faut pas hésiter à questionner les différents professionnels de santé. Je dis souvent aux étudiant(e)s que j’encadre qu’il n’y a pas de question « bête ». Vous êtes là pour apprendre et développer vos connaissances, car vous êtes les soignant(e)s de demain.
- Prendre des initiatives lors du stage : en tant qu’étudiant(e) en soins infirmiers, vous êtes acteur de votre formation. Les soignant(e)s ne vous donneront pas toutes les réponses. Si vous ne connaissez pas un terme, une pathologie, un traitement, etc., faites des recherches (à l’aide de vos cours et sur des sites officiels comme le Vidal, l’INSERM, le CAIRN ou encore Réussis ton IFSI), prenez des notes et discutez-en avec les professionnels de santé. Je dis souvent aux étudiant(e)s que j’encadre : « Il vaut mieux l’apprendre en faisant des recherches, plutôt que ne pas savoir…, car si le patient vous pose des questions et que vous ne savez pas y répondre, vous allez perdre toute crédibilité et détériorer la relation de confiance avec le patient ». En outre, si vous voyez que vous avez fini tous les soins et actes, n’hésitez pas à proposer votre aide aux soignant(e)s, ou à prendre les paramètres vitaux, consulter les protocoles du service, faire des recherches…
- Connaître les mécanismes physiopathologiques des pathologies prévalentes, les principales thérapeutiques (et leurs antidotes) utilisées dans le service et les normes biologiques. C’est ce socle de connaissances qui vous permettra de faire les liens entre la théorie et la pratique.
- Avoir une posture professionnelle adaptée : dans le service de SMR, il faut faire preuve d’une grande adaptabilité dans l’organisation des soins, mais surtout dans la prise en soins du patient en fonction de ses besoins et de son vécu : la communication verbale et non verbale, la reformulation, l’écoute active, la posture physique, le choix des mots… Ce stage vous permettra aussi d’améliorer la gestion de vos émotions et de votre stress.
Devenir infirmier(e) en SMR respiratoires
Être infirmier(e) en soins médicaux et de réadaptation respiratoires est un rôle complexe et diversifié, nécessitant des connaissances théoriques approfondies du système respiratoire et des thérapeutiques et des compétences variées tant sur le plan technique que relationnel. Les infirmier(e)s doivent évaluer quotidiennement l’état des patients, travailler en équipe pluridisciplinaire et fournir un accompagnement personnalisé, en tenant compte des aspects psychologiques et sociaux.
Le patient est avant tout un individu avec son propre passé, son expérience et ses habitudes de vie, ainsi que ses sentiments et émotions. Les réactions variées, comme une acceptation difficile de l’hospitalisation, une diminution de l’estime de soi, une altération de l’image corporelle, ou un risque d’isolement social, ne doivent pas être sous-estimées. En tant qu’infirmier(e) dans ce service, vous accompagnerez le patient et collaborerez avec les autres professionnels de santé qui interviennent dans le parcours de soins du patient.
En tant qu’infirmier(e) en SMR respiratoires, vous pouvez vous spécialiser. Il existe plusieurs diplômes universitaires tels que le “DIU Réadaptation respiratoire” ou “éducation thérapeutique” qui vous permettront de devenir le/la référent(e) de ce domaine dans votre service ou dans l’ensemble de votre établissement de santé.
En outre, la pluralité de pathologies et de thérapeutiques dans le service de SMR vous permettra de transférer ces connaissances et pratiques dans un service un peu plus spécifique.
Sources
- Légifrance « Décret n° 2022-24 du 11 janvier 2022 relatif aux conditions d’implantation de l’activité de soins médicaux et de réadaptation » 02/03/2024
- Hôpital Le Montaigu « Livret d’accueil du stagiaire en soins infirmiers » 02/03/2024
- Centre Hospitalier de Bigorre « Soins de suite et de réadaptation (SSR) » 01/06/2023
- Agence Régionale de Santé « Projet d’expérimentation d’innovation en santé cahier des charges » 09/10/2023
- Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques « Les soins de suite et de réadaptation en 2008 : patientèle traitée et offre de soins » 23/02/2011
- Soins de Suite et de Réadaptation Ayguerote « Livret d’accueil et d’accompagnement des stagiaires » 06/2016
- Centre Hospitalier d’Obernai « Livret d’accueil du Nouvel Hôpital d’Obernai » 03/2021
- Code de la santé publique « Article D6124-303 » version en vigueur depuis le 01/06/2023
- Clinique des Minimes « Livret d’accueil et d’encadrement à l’usage des étudiants en santé » 03/04/2023
- Clinéa « La Réhabilitation Respiratoire » 02/03/24
- A2LFS « SMR pneumologie » 02/03/24
- IFSI – IFAS du Centre Hospitalier Chartres « Livret d’accueil » 26/01/2023Inicea « SMR pneumologie » 02/03/2024
- Inicea « SMR pneumologie » 02/03/2024