Les EHPAD, établissements d’hébergement pour Personnes âgées dépendantes, représentent un maillon essentiel de la chaîne de soins gériatriques en France. Ces structures médicalisées accueillent des individus généralement âgés de plus de 60 ans, qui, en raison de diverses pathologies et de la perte d’autonomie, ne peuvent plus demeurer à domicile.1 Les EHPAD proposent un accompagnement global et personnalisé, englobant l’hébergement, la restauration, l’animation et les soins médicaux et paramédicaux.
Dans un contexte de vieillissement démographique marqué, lors duquel la population française âgée de 75 à 84 ans va, selon les prévisions, augmenter de 50 % entre 2020 et 20302, les EHPAD se positionnent comme des acteurs clés de la santé publique. Ils répondent à une demande croissante d’aménagements de la vie quotidienne et de nouveaux types d’habitats adaptés, tout en assurant la sécurité et le bien-être des résidents. Ces établissements sont également en première ligne pour accueillir et soigner les personnes atteintes de maladies neurodégénératives telles que la maladie d’Alzheimer.
Le stage infirmier en EHPAD offre une opportunité unique pour les étudiant(e)s de se plonger dans un environnement riche et diversifié. Ils/elles seront confronté(e)s à une multitude de pathologies touchant l’ensemble des grandes fonctions, telles que les maladies cardiovasculaires, les troubles cognitifs, les déficiences sensorielles, les troubles endocriniens et les soins palliatifs.
L’infirmier(e) en EHPAD joue un rôle pivot. En effet, il agit comme un chef d’orchestre et coordonne les soins, assure la continuité des informations et travaille en étroite collaboration avec d’autres professionnel(le)s de santé. Il/elle est impliqué(e) dans de nombreuses tâches quotidiennes, de la distribution des médicaments à la gestion des risques, en passant par l’accompagnement de la fin de vie et la formation des stagiaires.
Dans cet article, nous aborderons tout ce que vous devez savoir avant de débuter un stage en EHPAD, des pathologies rencontrées jusqu’aux compétences à valider.
Typologie du lieu de stage et particularités de l’EHPAD
Les EHPAD, en tant que lieux de vie dédiés à l’accueil des personnes âgées dépendantes, s’inscrivent dans la catégorie des soins individuels ou collectifs sur des lieux de vie (SICLV). Ces établissements, au nombre de 7 353 en 2021, se répartissent en trois catégories distinctes : 45 % sont publics, 31 % sont privés à but non lucratif, et 24 % sont privés à but lucratif.3
La durée moyenne de séjour dans ces établissements est de 2 ans et 7 mois4, faisant souvent des EHPAD le dernier lieu de résidence des personnes âgées. Pour être admise, la personne doit être âgée d’au moins 60 ans et nécessiter des soins et une assistance quotidienne. Une dérogation peut toutefois être accordée par l’administration du département où se trouve l’EHPAD pour les personnes de moins de 60 ans.1
Les EHPAD accueillent une population de résidents de plus en plus âgée et dépendante. En 2019, la moitié des résidents avaient plus de 88 ans, et 85,1 % étaient classés en GIR 1 à 4, ce qui correspond à un niveau de dépendance élevé. De plus, 35 % des résidents souffrent d’une maladie neurodégénérative.4
La charge de travail dans les EHPAD est un enjeu majeur. Une proposition de loi5 vise à établir un ratio minimal d’encadrement de 0,6 (soit 60 équivalents temps pleins pour 100 résidents) pour les aides-soignant(e)s et infirmier(e)s. Actuellement, le ratio est d’environ 25 aide-soignant(e)s et 6 infirmier(e)s à plein temps pour 100 résidents, bien en deçà des recommandations.
Les étudiant(e)s infirmier(e)s en stage dans les EHPAD travaillent principalement de jour, les postes de nuit étant rares. Les horaires peuvent varier, mais s’étendent généralement sur 7 heures de travail effectif par jour, avec des journées pouvant aller jusqu’à 12 heures. La nécessité d’une prise en charge constante implique la présence des équipes de santé tous les jours, y compris les week-ends.
Lexique spécifique au stage en EHPAD
Chaque service médical a son propre jargon, composé d’une variété d’acronymes et de termes techniques spécifiques à la spécialité.
Par exemple, lors d’un stage en EHPAD, vous entendrez :
- AGGIR / GIR : autonomie gérontologie / groupes iso-ressources
- AIT : accident ischémique transitoire
- Algoplus : échelle d’évaluation comportementale de la douleur aiguë chez la personne âgée présentant des troubles de la communication verbale6
- AMP : aide médico-psychologique
- AOMI : artériopathie oblitérante des membres inférieurs
- APA : aide personnalisée à l’autonomie
- APL : aide personnalisée au logement
- AVC : accident vasculaire cérébral
- AVQ : acte de la vie quotidienne
- BDB : bain de bouche
- BDC : bas/bandes de contention
- BHRe : bactérie hautement résistante émergente
- BMR : bactérie multi-résistante
- BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive
- CANTOU : centre d’activités naturelles tirées d’occupations utiles
- DLU : dossier de liaison d’urgence
- DMLA : dégénérescence maculaire liée à l’âge
- ECBU : examen cytobactériologique des urines
- ECG : électrocardiogramme
- EVA : échelle visuelle analogique
- HAD : hospitalisation à domicile
- HTA : hypertension artérielle
- HTO : hypotension orthostatique
- IDEC: infirmier diplômé d’état coordinateur
- IDM : infarctus du myocarde
- IRA : insuffisance rénale aiguë
- IRC : insuffisance rénale chronique
- K : cancer
- M.A ou ALZ : maladie d’Alzheimer
- MADD : maintien à domicile difficile
- med co : médecin coordonnateur
- MT : médecin traitant
- OAP : œdème aigu pulmonaire
- OMI : œdèmes des membres inférieurs
- OMS : œdèmes des membres supérieurs
- PAP : projet d’accompagnement personnalisé
- PEC : prise en charge
- PST : pansement
- SP : soins palliatifs
- TC : traumatisme crânien OU troubles cognitifs
- TVP : thrombose veineuse profonde
- UVP : unité de vie protégée
Cette liste d’acronymes n’est pas exhaustive et vous aurez l’opportunité de vous familiariser avec elle pendant le stage. Si vous rencontrez des difficultés pour comprendre certains termes, n’hésitez pas à demander des explications aux professionnels de santé qui vous encadrent.
Pathologies rencontrées et facteurs de risque en EHPAD
Pathologies rencontrées en EHPAD
Les EHPAD hébergent une population âgée, généralement polypathologique. Les pathologies rencontrées chez ces résidents peuvent inclure : 7.8
Pathologies cardiovasculaires :
- Artériopathie oblitérante des membres inférieurs
- Coronaropathie
- Hypertension artérielle
- Hypertension oculaire
- Infarctus et angor
- Insuffisance cardiaque
- Phlébite
- Troubles du rythme
Pathologies neurologiques :
- Accident vasculaire cérébral et accident ischémique transitoire, ainsi que leurs séquelles
- Épilepsie
- Maladies neurodégénératives (ex. : syndrome parkinsonien, maladie d’Alzheimer)
- Syndrome vertigineux
Pathologies psychiatriques :
- Troubles anxieux
- Troubles bipolaires
- Troubles dépressifs
- Troubles schizophréniques
Pathologies broncho-pulmonaires :
- Apnée du sommeil
- Bronchopneumopathie chronique obstructive et insuffisance respiratoire chronique
- Embolie pulmonaire
- Œdème aigu pulmonaire
- Pneumopathie
Pathologies dermatologiques :
- Infections cutanées : fongiques (mycoses), bactériennes (érysipèle)…
- Escarre
Pathologies ostéo-articulaires :
- Arthrose
- Crise de goutte
- Ostéoporose
- Polyarthrite rhumatoïde
- Sarcopénie (en lien avec la dénutrition, pouvant impacter la santé ostéo-articulaire)
Pathologies gastro-entérologiques :
- Cirrhoses
- Dénutrition
- Déshydratation
- Hémorroïdes
- Incontinence
- Reflux gastro-œsophagien
- Troubles de la déglutition
- Troubles du transit (constipation et diarrhées)
Pathologies endocriniennes :
- Diabète (de type 1 et 2)
- Dysthyroïdies et autres pathologies thyroïdiennes
Pathologies tumorales et hématologiques :
- Anémie
- Divers types de cancers
- Syndromes inflammatoires
Pathologies oculaires :
- Cécité
- Dégénérescence maculaire liée à l’âge
Facteurs de risque des pathologies en EHPAD
Les facteurs de risque de ces pathologies sont nombreux :
- L’âge avancé
- La malnutrition
- La sédentarité
- Le surpoids
- Le tabagisme
- Le manque de stimulation
Connaître et comprendre ces facteurs est crucial pour tout professionnel travaillant en EHPAD. Cela vous permet non seulement d’offrir des soins personnalisés, mais aussi de dispenser des conseils avisés aux résidents. Toutefois, il est primordial de se rappeler que l’objectif principal est de préserver l’autonomie du résident, tout en respectant ses souhaits et décisions.
Spécificités du stage en EHPAD
Les EHPAD exigent des infirmier(e)s une expertise approfondie pour gérer les défis de la préservation de l’autonomie, de la gestion des comorbidités, polypathologies et de prévention des complications liées au vieillissement.
La préservation de l’autonomie et la grille AGGIR
En EHPAD, la promotion et la préservation de l’autonomie des résidents sont primordiales. Cela exige une surveillance continue de leurs capacités, des stimulations ciblées et des interventions sur mesure pour les assister dans les tâches quotidiennes. Les grilles GIR (groupes iso-ressources), dérivées de l’outil AGGIR9 (autonomie gérontologie groupes iso-ressources), jouent un rôle crucial en offrant une évaluation précise du niveau de dépendance des séniors. Elles répartissent les personnes âgées en six catégories, du GIR 1, désignant les personnes nécessitant une prise en charge constante, au GIR 6 pour les plus autonomes. Ces classifications, qui englobent divers aspects de la vie quotidienne comme la mobilité ou la communication, sont déterminantes, notamment pour allouer l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) ou pour ajuster les soins en EHPAD. Ces grilles assurent une approche individualisée, propice à un bien-être optimal. L’évaluation du GIR, réalisée par une équipe pluridisciplinaire, se concentre sur les compétences actuelles du résident plutôt que sur ses limites. Elle est révisée périodiquement et à chaque changement significatif de la santé du résident.
La gestion des comorbidités, polypathologies et de la polymédication
Dans les EHPAD, la gestion des comorbidités, des polypathologies et de la polymédication est cruciale, requérant expertise et vigilance de l’infirmier(e) pour une prise en charge adaptée et sécurisée des résidents.
Comorbidité : fait référence à la présence de deux maladies ou plus chez un individu, où l’une des maladies est considérée comme la maladie principale et les autres comme des conditions secondaires. Par exemple, une personne peut avoir une maladie cardiaque (maladie principale) et développer un diabète (comorbidité).10
Polypathologie : désigne la présence simultanée de plusieurs maladies chroniques chez un individu, sans qu’une maladie soit nécessairement considérée comme principale. Plusieurs affections coexistent.10
Polymédication et observance : la polypathologie entraîne souvent une polymédication, ce qui augmente le risque d’interactions médicamenteuses potentiellement néfastes. L’infirmier(e) doit adopter une démarche proactive, en s’interrogeant régulièrement sur les traitements administrés et en sollicitant l’avis des membres de l’équipe pluridisciplinaire.
Dans les EHPAD, il est crucial de surveiller la prise de médicaments. En effet, les patients peuvent souffrir de troubles de la mémoire ou de dépression limitant leurs prises. Pour mieux gérer ces situations, il est recommandé de mettre en place des dispositifs de veille, de partager les observations et d’adapter les interventions en conséquence. La formation continue du personnel est également essentielle pour garantir une meilleure prise en charge et ainsi réduire les risques associés à la médication.11
La prévention des chutes
Les chutes sont une préoccupation majeure en EHPAD, engendrées par divers facteurs tels que la mobilité réduite, les troubles alimentaires, la polymédication et le déclin naturel des sens. Ces incidents, loin d’être anodins, peuvent entraîner des complications graves, y compris la mort, particulièrement chez les personnes âgées.12 De surcroît, il a été démontré qu’après une chute, il y a une augmentation notable de l’admission en EHPAD, de la dépendance et de la mortalité.13.14 Le risque d’admission s’accroît progressivement avec le nombre de chutes et la gravité des blessures. Ainsi, la mise en œuvre de mesures préventives est cruciale pour minimiser le risque de chutes et leurs conséquences dévastatrices chez les résidents d’EHPAD.13.14
Dans les EHPAD, il est essentiel d’être vigilant(e) quant aux signes d’alerte de chutes, tels que des chutes antérieures, la crainte de tomber, la présence d’ecchymoses ou les troubles de l’équilibre. Plusieurs facteurs peuvent augmenter ces risques, comme la sédentarité, l’abus d’alcool, un logement mal aménagé ou des problèmes médicaux. Il est recommandé que les structures mettent en place des dispositifs de surveillance, favorisent la communication ouverte avec les résidents, adaptent leurs interventions en conséquence et forment activement leur personnel à la prévention des chutes. L’objectif est de garantir que l’équipe soit bien informée, dispose des outils nécessaires et fournisse un accompagnement adapté aux résidents.15
La prévention des altérations de l’état cutané
Les complications cutanées, notamment les escarres, représentent une préoccupation majeure en EHPAD. L’infirmier(e) joue un rôle essentiel dans l’évaluation des risques et la mise en œuvre de mesures préventives. À ce titre, l’échelle de Braden© est fréquemment utilisée comme outil de référence. Cette échelle permet d’évaluer le risque et l’état cutané du patient. Il est recommandé de procéder à cette évaluation à l’entrée ou dans les 24 heures suivant l’arrivée du résident, puis de la réévaluer au troisième jour ou un mois après et ensuite selon l’évolution de l’état du patient. Cette évaluation doit également être renouvelée en cas de changement notable de l’état clinique du patient, comme une baisse de l’état général, une variation de température, et d’autres signes cliniques. Ainsi, grâce à des outils comme l’échelle de Braden©, l’infirmier(e) peut mettre en place des dispositifs adaptés et anticiper les lésions potentielles.16
L’échelle de Braden© est un outil d’évaluation conçu spécifiquement pour mesurer le risque de développement d’escarres chez les patients hospitalisés. Elle se base sur différents critères tels que la perception sensorielle, l’humidité, l’activité, la mobilité, la nutrition et le frottement ou le cisaillement.
La lutte contre la dénutrition, malnutrition, déshydratation et fausse route
Les signes d’alerte d’une mauvaise nutrition chez les personnes âgées englobent le refus de manger ou de boire, les changements d’habitudes alimentaires et les fluctuations de poids.17 Ces problèmes peuvent être déclenchés par des facteurs socio-psychologiques tels que l’isolement ou des facteurs médicaux comme les maladies et les problèmes dentaires. Une collaboration étroite avec l’entourage et les professionnels, l’adaptation des soins et la formation continue du personnel sont cruciales pour traiter efficacement ces problèmes nutritionnels.
Dénutrition : la dénutrition est un état résultant d’une insuffisance d’apport en nutriments par rapport aux besoins de l’organisme, conduisant à une diminution de la masse musculaire et des réserves énergétiques.
L’infirmier(e) doit identifier les signes cliniques (perte de poids, altération de l’état général), évaluer les apports alimentaires, encourager une alimentation équilibrée, surveiller régulièrement le poids du résident, et signaler tout signe de dégradation à l’équipe médicale pour une prise en charge adaptée.
Malnutrition : la malnutrition englobe à la fois la sous-nutrition (dénutrition) et la surnutrition, et se manifeste par une alimentation inadaptée en qualité et/ou en quantité par rapport aux besoins de l’individu.
L’infirmier(e) évalue les habitudes alimentaires du patient, identifie les signes de nutrition inadéquate (obésité ou perte de poids), éduque le patient sur une alimentation équilibrée, et travaille en collaboration avec une diététicienne ou un nutritionniste pour élaborer un plan alimentaire adapté.
Déshydratation : la déshydratation est un déséquilibre entre les apports et les pertes d’eau et d’électrolytes de l’organisme, qui conduit à un manque de fluides essentiels.
L’infirmier(e) surveille les signes cliniques de déshydratation (peau sèche, muqueuses sèches, oligurie, altération de l’état mental), encourage la prise de liquides, évalue les pertes hydriques (diarrhées, vomissements, transpiration excessive), surveille la diurèse, et alerte l’équipe médicale si nécessaire pour un réajustement du traitement ou une réhydratation intraveineuse.
La prise en charge nutritionnelle en EHPAD est cruciale, notamment face aux risques de fausse route liés à des troubles de déglutition chez les résidents âgés. L’infirmier(e), appuyé(e) par l’équipe médicale, doit surveiller ces capacités et intervenir en cas de danger. L’alimentation peut être adaptée (mixée,hachée ou traditionnelle) selon les besoins du résident, mais il est vital d’éviter une modification hâtive, car elle peut accroître le risque de malnutrition. Avant tout changement, une évaluation orthophonique est nécessaire. L’initiative IDDSI, introduite en 2013, offre une classification standard des aliments pour les dysphagiques, ce qui garantit une meilleure sécurité et qualité des repas.
Actes et soins infirmiers effectués en EHPAD
Au cours de votre journée de travail, vous serez amené(e) à effectuer de nombreux actes et soins, parmi lesquels on peut citer : 7.8.18
- Accompagnement des patients en fin de vie.
- Accueil des résidents et entretien avec les familles.
- Administration de thérapeutiques médicamenteuses : en intraveineux, per os, sous-cutanée, intramusculaire et surveillance de l’absence d’effets secondaires.
- Aide alimentaire avec textures adaptées suivant les recommandations orthophoniques.
- Démarche éducative auprès des résidents (hygiène bucco-dentaire, constipation, AVK, etc.).
- Évaluation de la douleur avec des échelles adaptées et sa prise en charge.
- Gestion et accompagnement des troubles du comportement et communication auprès de résidents présentant des troubles cognitifs.
- Organisation du parcours de santé du résident (rendez-vous médicaux, gestion des transports, etc.).
- Pansements simples et complexes, y compris l’ablation de fils et agrafes.
- Pose de bandes de contention.
- Pose d’oxygénothérapie et d’aérosols.
- Prélèvements veineux et/ou capillaires.
- Préparation pour des examens radiologiques, fonctionnels, biologiques.
- Prévention et soins d’escarres avec utilisation de l’échelle de Braden© pour évaluation des risques d’escarre.
- Réalisation de calculs de doses et débits médicamenteux.
- Réalisation d’entretiens d’aides avec les résidents et leurs proches.
- Soins concernant l’élimination : pose d’étui pénien, pose et surveillance de sonde urinaire, soins de stomie.
- Soins d’hygiène et de confort.
- Soins de trachéotomie.
- Surveillances pré et post-opératoires.
- Techniques d’apaisement, prise en charge de la violence.
- Techniques de manutention et utilisation de matériel adapté.
- Utilisation de seringues auto-pulsées.
Les traitements en EHPAD
La gestion des traitements en EHPAD est une tâche complexe et diversifiée, reflétant la multitude de pathologies rencontrées . Vous pourrez être amené(e) à administrer des :
- Antalgiques : ils sont utilisés pour soulager la douleur, avec différents paliers pour traiter des douleurs d’intensités variables.
- Anticoagulants : ces médicaments sont prescrits pour prévenir et traiter les thromboses, en inhibant la formation de caillots sanguins.
- Antidépresseurs : ils sont utilisés pour traiter les troubles dépressifs et certains troubles anxieux, en modifiant l’équilibre des neurotransmetteurs dans le cerveau.
- Antidiabétiques : ces médicaments régulent la glycémie et sont essentiels pour les personnes atteintes de diabète.
- Antiépileptiques : ils sont prescrits pour contrôler et prévenir les crises épileptiques.
- Antifongiques : ces médicaments traitent les infections fongiques.
- Antihypertenseurs et antiarythmiques : ils sont utilisés pour contrôler la pression artérielle et réguler le rythme cardiaque.
- Anti-inflammatoires : ils réduisent l’inflammation et peuvent soulager la douleur et la fièvre.
- Anxiolytiques : ces médicaments réduisent l’anxiété et peuvent avoir un effet relaxant.
- Bronchodilatateurs : ils sont utilisés pour traiter les troubles respiratoires tels que l’asthme, en dilatant les voies respiratoires.
- Diurétiques : ils augmentent l’excrétion d’urine et sont utilisés pour traiter l’hypertension et l’insuffisance cardiaque.
- Laxatifs : ces médicaments favorisent l’évacuation des selles et sont utilisés pour traiter la constipation.
- Neuroleptiques : ils sont utilisés pour traiter les troubles psychotiques tels que la schizophrénie.
Prérequis avant un stage en EHPAD
Le rôle infirmier en EHPAD exige des compétences et des connaissances diversifiées. Voici quelques prérequis à maîtriser avant d’entamer un stage dans ce type d’établissement :
- Normes des paramètres vitaux : ces normes, telles que la tension, la saturation, le pouls, la température, et la fréquence respiratoire, sont essentielles pour affiner votre diagnostic clinique et répondre de manière adaptée à l’évolution de l’état de santé des résidents. (Si vous souhaitez aller plus loin, nous avons rédigé un guide infirmier : les paramètres vitaux).
- Normes biologiques : tout comme les paramètres vitaux, connaître des éléments tels que la natrémie (Na+), la kaliémie (K+), l’urée, la créatine, et l’hémoglobine vous aidera à vous poser les bonnes questions et à alerter le médecin en cas de besoin.
- Physiologie et grandes fonctions : une compréhension approfondie de la physiologie humaine est nécessaire pour établir des pré-diagnostics précis face à diverses pathologies.
- Connaissances gériatriques : comprendre l’impact du vieillissement sur la physiologie et les besoins des personnes âgées est crucial. Par exemple, être conscient des défis tels que la presbyphagie ou le risque de sarcopénie.
- Maladies neurodégénératives : de nombreux résidents en EHPAD souffrent de maladies neurodégénératives. Il est donc vital de comprendre ces maladies et les troubles du comportement qui leur sont associés pour offrir un accompagnement adapté.
- Traitements, effets attendus et secondaires : la pharmacologie est essentielle dans tout milieu de soins, mais particulièrement en EHPAD où les patients souffrent de polypathologies. Il est primordial de connaître les traitements courants, leurs effets désirés et leurs effets secondaires.
- Pathologies spécifiques à la personne âgée : il est essentiel d’avoir une connaissance des pathologies gériatriques, y compris celles des personnes atteintes de démence.
- Prévention en EHPAD : cela englobe la prévention des infections nosocomiales, des escarres, de la dénutrition, de la déshydratation, du risque de chute, de l’altération de la mobilité, des risques thromboemboliques et de l’isolement social.
En s’armant de ces connaissances, les soignant(e)s en EHPAD sont mieux préparé(e)s pour fournir des soins complets et individualisés à leurs résidents.
Objectifs de stage infirmier en EHAD
Lors de votre stage en EHPAD, vous pourrez acquérir et valider différentes compétences, en fonction de votre niveau et de vos objectifs.
Notre équipe a écrit un article sur la rédaction de vos objectifs de stage : comment fixer ses objectifs de stage en soins infirmiers
Voici une liste non exhaustive de compétences requises dans la structure d’accueil : 8
- Accompagner le résident dans la prise alimentaire et hydrique, en adaptant les approches en fonction des besoins et des préférences individuelles.
- Accompagner le résident dans la réalisation de ses soins d’hygiène.
- Appliquer les règles, procédures et outils pour la qualité, la sécurité, l’hygiène et la traçabilité.
- Argumenter le projet de soins lors de réunions professionnelles et interprofessionnelles.
- Assurer la mobilisation du résident en respectant les bonnes pratiques de manutention.
- Surveiller régulièrement l’état cutané des résidents et ajuster les interventions préventives en fonction de l’évolution de leur état et des risques identifiés.
- Développer une communication adaptée pour une personne ayant des difficultés de communication (cécité ou maladie neurodégénérative)
- Conduire un entretien de recueil de données.
- Conduire un entretien d’aide auprès d’un résident et/ou de sa famille.
- Connaître et collaborer avec les différents professionnels de l’établissement.
- Développer des connaissances sur les pathologies prévalentes chez les personnes âgées.
- Élaborer un diagnostic clinique et/ou un diagnostic infirmier et déterminer les interventions nécessaires.
- Être vigilant quant aux signes d’alerte de chutes, tels que des chutes antérieures, la crainte de tomber, la présence d’ecchymoses ou de troubles de l’équilibre.
- Évaluer et prévenir les risques liés à l’altération de l’autonomie.
- Évaluer la douleur du résident à l’aide d’une échelle appropriée.
- Évaluer les risques dans une situation de violence ou d’aggravation et déterminer les mesures prioritaires.
- Garantir une traçabilité fiable et de qualité sur le logiciel de soins
- Hiérarchiser et planifier les objectifs et activités de soins selon l’urgence des situations.
- Identifier des activités pour améliorer ou maintenir l’état physique et psychique du résident.
- Identifier les risques liés aux situations de soins et déterminer les mesures préventives ou correctives adaptées.
- Prendre des mesures appropriées en situation d’urgence en se référant aux protocoles (exemple : savoir agir en cas de chute d’un résident).
- Préparer, traiter et assurer le suivi de la visite du médecin traitant du résident.
- Préparer, vérifier et administrer les traitements en respectant la règle des 5B.
- Réaliser des pansements adaptés et suivre leur évolution.
- Surveiller les capacités de déglutition des résidents, intervenir en cas de danger, adapter l’alimentation selon les besoins, éviter les modifications hâtives et assurer une évaluation orthophonique avant tout changement alimentaire.
- Surveiller les signes cliniques de déshydratation, encourager la prise de liquides, évaluer les pertes hydriques, surveiller la diurèse et alerter l’équipe médicale si nécessaire.
Professionnels rencontrés en EHPAD
Ceci dépend de l’établissement dans lequel vous serez en stage, mais, en général, vous rencontrerez : 7.8.19
- AES/AMP (accompagnant(e) éducatif(ve) et social(e)/aide médico-psychologique)
- Aide-soignant(e)s
- ASH/agent(e) d’hébergement
- Cuisinier(e)
- Directeur/directrice
- Ergothérapeute(s)
- Infirmier(e) en pratique avancée
- Infirmier(e)s
- Infirmier(e) référent(e)/coordinateur(trice)
- Kinésithérapeute(s)
- Médecin coordinateur/coordinatrice
- Médecin traitant
- Orthophoniste(s)
- Psychologue(s)
En fonction des spécificités des établissements, vous pourrez également rencontrer d’autres professionnels tels que des agents d’accueil, gouvernantes, secrétaires de direction, animateurs, pédicures/podologues, lingères, éducateurs sportifs, coiffeurs ou coiffeuses et agents d’entretien. Ces professionnels jouent également un rôle essentiel dans le fonctionnement quotidien de l’EHPAD et contribuent au bien-être des résidents.
Témoignage d’un infirmier en EHPAD
Dans le cadre de notre série « Guides de stages infirmiers », nous tenons à ce que chaque article soit rédigé par un(e) infirmier(e) expérimenté(e) qui exerce dans le lieu de stage concerné. Pour ce guide du stage infirmier en EHPAD, nous avons eu la chance de collaborer avec Benjamin, infirmier aguerri ayant exercé dans ce service pendant plusieurs années.
Dans le cadre de la rédaction de cet article, Benjamin a non seulement contribué par son expertise, mais a généreusement accepté de partager son expérience personnelle en EHPAD, ainsi que ses précieuses recommandations pour les étudiant(e)s sur le point de débuter un stage dans ce service :
Pourquoi as-tu choisi de travailler en EHPAD ?
Après l’obtention de mon diplôme, je me suis accordé le temps de réfléchir à ce que je souhaitais vraiment faire. J’ai exploré différents services, mais toujours des services en lien avec les personnes âgées. Il est rapidement devenu évident pour moi que travailler auprès de ces personnes était particulièrement enrichissant, tant par leurs histoires que par la richesse de l’accompagnement en soins et par la diversité des tâches. J’apprécie l’idée d’être constamment mis au défi, de devoir développer des compétences et des connaissances dans divers domaines et d’apporter bien-être et réconfort à des personnes qui, parfois, se sentent plus isolées qu’elles ne le voudraient.
Qu’est-ce qui te plaît le plus en EHPAD ?
Ce que j’adore, c’est la relation qui se tisse avec les résidents et l’équipe. Il est indéniable qu’il existe un côté familial et convivial, bien qu’il soit essentiel de conserver une juste distance. Par exemple, je suis toujours invité à l’anniversaire d’une résidente que j’ai accompagnée pendant trois ans. J’apprécie également la nécessité constante d’apprendre et de me perfectionner. Les nombreuses tâches variées à accomplir, au-delà des soins directs, sont très épanouissantes pour qui aime cela. L’image de l’infirmier « couteau suisse » correspond vraiment bien à la réalité en EHPAD.
Quels conseils donnerais-tu à un(e) étudiant(e) sur le point de commencer un stage en EHPAD ?
Mon premier conseil serait de ne pas percevoir ce stage comme se limitant aux soins d’hygiène et à l’accompagnement quotidien. C’est malheureusement une image répandue des stages en EHPAD, et je trouve cela vraiment dommage. Je conseillerais de faire preuve d’ouverture d’esprit et de rigueur. Pour appréhender pleinement le rôle et l’importance de l’infirmier(e) en EHPAD, il est essentiel de prendre du recul sur la volonté de réaliser uniquement des soins techniques et de prendre conscience de la responsabilité globale de l’infirmier(e) dans la prise en charge de la personne. Le stage en EHPAD est également une opportunité de développer ses compétences organisationnelles, relationnelles, administratives ou encore de futur(e) professionnel(le) “formateur/formatrice”.
Devenir infirmier(e) en EHPAD
Devenir infirmier(e) en EHPAD est une mission riche et diversifiée, offrant une multitude d’opportunités pour apprendre et grandir professionnellement. Travailler auprès des personnes âgées est une expérience unique, où chaque jour apporte son lot de défis et de récompenses. Les résidents en EHPAD, avec leurs histoires et leurs besoins variés, nécessitent une approche holistique et personnalisée, faisant appel à un large éventail de compétences et de connaissances.
La poursuite de Diplômes Universitaires (DU) dans des domaines tels que les plaies et cicatrisations, les soins palliatifs, ou la nutrition et le vieillissement, peut significativement enrichir et élargir le champ de compétences de l’infirmier(e) en EHPAD. Devenir référent(e) dans des domaines spécifiques, comme l’hygiène bucco-dentaire, ou s’investir dans l’encadrement des stagiaires et la prévention des chutes sont autant de possibilités d’évolution et de spécialisation.7
Sources
- Direction de l’information légale et administrative « Ehpad : établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » 01/01/2023
- Haut-commissaire au plan « Vieillissement de la société française : réalité et conséquences » 09/02/2023
- Uni Santé « Étude : panorama des EHPAD 2021 » 11/2021
- Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques « Des résidents de plus en plus âgés et dépendants dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées » 07/2022
- Assemblée nationale « Proposition de loi n°4834 établissant un ratio minimal d’encadrement au chevet dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes » 21/12/2021
- Association DOLOPLUS « L’échelle ALGOPLUS » 01/2018
- EHPAD les résidences Camille Cornier « Livret d’accueil – étudiants infirmiers » 10/2019
- EHPAD la montagne « Accueil et accompagnement des étudiants infirmiers, stagiaires aide-soignants et accompagnants éducatif et social (aes) » 06/2020
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