Et si je vous disais qu’il y a de grandes chances que vous ne révisiez pas de façon optimale ?

Trouver des méthodes de travail efficaces est un vrai défi. Avec toutes les informations disponibles en ligne, comment savoir quelles stratégies fonctionnent vraiment ?

En effet, certaines méthodes sont inefficaces et même contre-productives, malgré leur popularité.

En mettant au point la méthode « Réussis ton IFSI » destinée aux étudiants infirmiers, j’ai découvert une étude publiée par des chercheurs américains1, étude qui va révolutionner votre façon de réviser, quelle que soit la matière.

Dans cet article, nous allons explorer les stratégies d’apprentissage les plus prometteuses, issues des sciences cognitives, ainsi que celles qu’il vaut mieux éviter pour maximiser vos chances de réussite.

Illustration - Méthodes de travail

Les techniques d’apprentissage efficaces : Séparer le mythe de la science

L’étude s’intitule Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology1. C’est grâce à la recherche en sciences cognitives et en se basant sur plus de 700 articles scientifiques portant sur les méthodes d’apprentissage les plus utilisées que les chercheurs les ont classées en 3 catégories : 

  • Les méthodes inefficaces.
  • Les méthodes prometteuses.
  • Les méthodes efficaces. 

Révisez intelligemment : évitez les pièges des méthodes traditionnelles

Avant d’analyser les résultats de l’étude, il me paraît important de vous mettre en garde quant aux conseils qu’on vous donne habituellement. 

La plupart de ces conseils, que ce soit en ligne ou dans la vraie vie, proviennent d’expériences personnelles et ne sont pas nécessairement applicables à tout le monde. Même si une méthode a été efficace pour quelqu’un, il est important de tenir compte de combien de temps cette personne a consacré à ses révisions. Il est possible que la méthode la plus efficace pour vous ne soit pas celle qui a fonctionné pour quelqu’un d’autre.

Ce sont justement ces méthodes, les plus couramment utilisées par les étudiants, qui sont considérées comme peu efficaces par la science. Voyons pourquoi…

Les méthodes considérées comme inefficaces

Surligner ses cours  

En effet, l’étude a révélé que la plupart des étudiants avaient tendance à surligner de manière excessive et que peu d’entre eux étaient en mesure de distinguer les informations importantes de celles qui ne l’étaient pas. Ce type de méthode passive ne nécessite pas d’efforts actifs de la part de l’étudiant et ne permet pas au cerveau d’enregistrer de nouvelles informations ni de les relier aux connaissances déjà acquises. Les recherches montrent que le surlignage est peu efficace pour des textes de toutes longueurs et pour tous les sujets, peu importe l’âge de l’apprenant.

infographie - surligner ses cours

Relire ses cours  

Lire et relire ses cours est considéré comme une méthode passive. Selon les études, la simple lecture ne fournit que peu d’avantages en termes de mémorisation pour les étudiants. Il est donc préférable d’utiliser des méthodes d’apprentissage plus actives pour obtenir de meilleurs résultats

Faire des fiches de révision 

L’étude a également révélé que la création de fiches de révisions était une méthode peu efficace et chronophage. Les résultats montrent que cette méthode est utile uniquement pour certaines tâches spécifiques dans un contexte particulier, mais jamais à long terme. De plus, peu d’étudiants sont capables de faire la différence entre ce qui est vraiment important et ce qui ne l’est pas, ce qui rend cette méthode encore moins efficace.

Découvre les méthodes « prometteuses »

L’interrogation élaborative

L’interrogation élaborative consiste à chercher à comprendre le sujet plutôt que simplement mémoriser des informations par cœur. Il s’agit d’un processus d’apprentissage actif, l’apprentissage par le questionnement donne du sens à ce que l’on apprend. Par exemple, en se posant des questions sur le fonctionnement de l’automatisme du cœur, on peut mieux comprendre ce sujet et retenir les informations de manière plus efficace à long terme. L’objectif est de donner du sens à ce que vous apprenez.

L’auto-explication 

Cette approche rappelle la précédente, le concept étant de vous questionner sur les connaissances nouvellement acquises et de tenter de les expliquer avec vos propres mots. Ainsi, vous pouvez établir des liens avec vos propres connaissances. Cette méthode permet de mieux comprendre les concepts et de les intégrer dans la mémoire à long terme. Par exemple, vous pouvez essayer de réécrire le cours avec vos propres mots. Les études montrent que l’auto-explication est particulièrement utile pour les tâches complexes et les sujets nouveaux.

Les méthodes qui fonctionnent 

L’autotest

De nombreuses études2  ont montré que l’utilisation régulière d’auto-évaluations améliorait considérablement la mémorisation et l’apprentissage, entraînant une rétention durable.

L’apprentissage basé sur l’auto-évaluation a été étudié par des équipes scientifiques en utilisant des protocoles rigoureux, tels que des tests en double aveugle, l’analyse de statistiques et des échantillons représentatifs. Les résultats ont montré une amélioration significative des performances des étudiants.


En faisant une auto-évaluation, vous identifiez vos points forts, les points acquis et les points à approfondir, et, en même temps, vous apprenez en travaillant sur des quiz justifiés (c’est-à-dire des quiz dans lesquels vos mauvaises réponses sont expliquées) qui vous aident à comprendre vos erreurs.

infographie -auto-évaluations

La pratique dispersée 

Ce dernier point n’est pas étonnant ! Les recherches ont démontré que l’apprentissage réparti sur une période de temps était beaucoup plus efficace que des périodes intensives de révisions juste avant les examens.

Le cerveau a besoin de temps pour assimiler et intégrer les informations. Ce résultat se retrouve dans des centaines d’études. 

Il est donc important de réviser régulièrement et cela ne nécessite pas de passer des heures à chaque séance. La régularité est la clé de la réussite.

Optimisez votre temps avec les méthodes les plus efficaces

Pour conclure, on peut se pencher sur les recherches d’Ebersbach3 qui résument ce que nous venons de voir : 

« Les étudiants surestiment souvent leur degré de préparation aux tests, convaincus que les méthodes d’études nécessitant peu d’efforts comme la prise de notes, le surlignement de texte les aideront à réussir. Cependant ces stratégies sont insuffisantes et ne doivent pas être exclusivement utilisées. »

« Cet apprentissage superficiel est favorisé par l’illusion de la connaissance, ce qui signifie que les apprenants ont souvent l’impression, après avoir lu un texte par exemple, d’en avoir compris le message. »

« Les stratégies d’études passives telles que la mise en évidence par le biais du surlignage sont si «   superficielles » qu’elles peuvent nuire à la rétention à long terme » explique Mirjam Ebersbach,     professeure de psychologie à l’Université de Kassel.

infographie - Ne travaillez pas plus dur mais plus intelligemment

En conclusion, les recherches scientifiques ont démontré que les méthodes « passives » n’étaient pas  efficaces du tout. Cela ne signifie pas qu’elles ne peuvent pas être utiles, mais que vous pouvez optimiser votre temps d’étude et améliorer vos connaissances en basant votre approche sur les recherches en sciences cognitives.

Bon courage pour vos révisions !

Sources

  1. Dunlosky, J. et al., Improving Students’ Learning With Effective Learning Techniques: Promising Directions From Cognitive and Educational Psychology,  Psychological Science in the Public Interest 14(1) 4–58 (2013)
  2. Yang, C., Luo, L., Vadillo, M. A., Yu, R. and Shanks, D. R. (2021), Testing (Quizzing) Boosts Classroom Learning: A Systematic and Meta-Analytic Review, Psychological Bulletin, 147 (4), pp. 399–435.
  3. Ebersbach, M., Feierabend, M., & Nazari, K. B. B. (2020), Comparing the effects of generating questions, testing, and restudying on students’ long‐term recall in university learning, Applied Cognitive Psychology, 34(3), 724–736.