Selon l’Organisation mondiale de la santé, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est la troisième cause de décès dans le monde.1

La BPCO est une maladie pulmonaire à caractère progressif et irréversible.

Cet article traite de l’importance de comprendre la pathologie, de l’explication physiopathologique, du diagnostic et des complications associées à cette maladie. L’objectif est de permettre une prise en charge infirmière optimale des patients souffrant de BPCO, en incluant des mesures d’éducation, d’évaluation et des interventions visant à améliorer leur qualité de vie.

Chiffres-clés

  • La BPCO est due au tabagisme dans environ 80 % des cas. 2
  • 3,5 millions de Français en étaient atteints en 2010. Soit 7,5% de la population française.3
  • Les femmes fumant davantage qu’auparavant, la BPCO concerne aujourd’hui presque autant de femmes que d’hommes.3
  • En France, en 2017, environ 17 000 décès étaient liés à la BPCO.4
  • Et plus de 100 000 personnes étaient atteintes d’insuffisance respiratoire avec oxygénothérapie au moins 15 heures par jour.5

Qu’est-ce que la bronchopneumopathie chronique obstructive ?

La BPCO est une maladie pulmonaire progressive et irréversible qui se caractérise par une inflammation des voies respiratoires, un épaississement des bronches et une production excessive de mucus. Cette maladie peut également endommager le tissu pulmonaire, ce qui entraîne une altération du fonctionnement cellulaire. Avec le temps, les alvéoles pulmonaires qui permettent l’échange de gaz pendant la respiration sont altérées.2

infographie - physiopathologie de la bronchopneumopathie obstructive

L’emphysème est une affection qui survient lorsque le tissu pulmonaire est endommagé, ce qui entraîne un élargissement permanent des voies respiratoires. Cela entraîne la destruction des bronchioles respiratoires et, dans certains cas, des parois des alvéoles. On peut imaginer l’emphysème comme une bulle vide (contenant de l’air) dans le parenchyme pulmonaire.6

Une exacerbation de la BPCO est un épisode de symptômes accrus qui survient chez les personnes atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Elle peut être causée par une infection, la pollution de l’air ou d’autres facteurs déclenchants.

Facteurs de risque de la bronchopneumopathie chronique obstructive

Étiologie

  • Tabagisme.
  • Pollution.
  • Exposition professionnelle.
  • Facteur génétique : déficit en alpha-1 antitrypsine (qui peut entraîner un emphysème).

Facteurs déclenchants des exacerbations les plus fréquents

  • Infections respiratoires basses : virales ou bactériennes, bronchite ou pneumonie.
  • Dysfonction cardiaque gauche.

Signes et symptômes

Apparition progressive des symptômes avec symptomatologie similaire à celle de la bronchite : toux et expectorations au moins 3 mois par an pendant deux années consécutives. On retrouve aussi des sifflements respiratoires et une dyspnée (essoufflement).  

Les signes d’une exacerbation de la BPCO sont une augmentation de la toux et/ou de la respiration sifflante, un essoufflement, une oppression thoracique. D’autres signes peuvent inclure de la fièvre, une augmentation de la production de mucus et une diminution de la tolérance à l’effort.

Diagnostic

La spirométrie est un test utilisé pour diagnostiquer certains troubles respiratoires, comme la BPCO. Elle consiste à mesurer la quantité d’air expiré sur un temps donné et à la comparer à une mesure effectuée après l’inhalation d’un médicament bronchodilatateur. Les médecins peuvent ainsi déterminer si les voies respiratoires sont rétrécies, ce qui est un signe de BPCO.

infographie - les explorations fonctionnelles respiratoires _ la spirométrie

Quelles sont les complications de la bronchopneumopathie obstructive chronique ? 

Les complications de la BPCO peuvent inclure l’insuffisance respiratoire, l’hypertension pulmonaire, le cœur pulmonaire et un risque accru d’infections pulmonaires. Les personnes atteintes de BPCO peuvent également souffrir de problèmes cardiovasculaires, de faiblesse musculaire et d’une diminution de la qualité de vie.

L’évolution des complications dépend beaucoup du tabagisme.

Les lignes montrent comment le VEMS (une mesure de la fonction pulmonaire) diminue avec l’âge chez les non-fumeurs et les fumeurs. La ligne rouge montre que le VEMS diminue plus rapidement chez les fumeurs que chez les non-fumeurs. La ligne en pointillé montre la diminution du VEMS chez une personne qui a arrêté de fumer à l’âge de 45 ans.

infographie - l'évolution du VEMS avec l'âge chez les non-fumeurs et les fumeurs

Traitement(s) 

La prise en charge médicamenteuse de la BPCO implique généralement l’utilisation de bronchodilatateurs à courte ou longue durée d’action pour ouvrir les voies respiratoires et améliorer le débit d’air. 

Des corticoïdes peuvent être utilisés en cas d’exacerbations répétées et de symptômes graves, pour réduire l’inflammation. 

Dans les cas les plus graves, qui conduisent à une insuffisance respiratoire chronique, une oxygénothérapie à long terme est nécessaire et peut être complétée par une ventilation non invasive ou invasive.3

Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif de la BPCO, la maladie peut être prise en charge afin de ralentir sa progression et même d’inverser certains symptômes. Cette prise en charge nécessite généralement une approche multidisciplinaire.

  • Addictologue pour l’arrêt du tabac
  • Médecin généraliste pour le suivi du patient
  • Kinésithérapeute pour la réhabilitation respiratoire

Conseils et rôle IDE

Les infirmier(e)s jouent un rôle important dans la prise en charge de la BPCO, en informant les patients sur leur maladie, en les aidant à comprendre les traitements et à coordonner les soins avec les différents professionnels de santé.

Les infirmier(e)s apportent également un soutien et prodiguent des conseils pour aider les patients à gérer leurs symptômes, surveiller les complications éventuelles et gérer les exacerbations.

À long terme :

  • Éloignement des facteurs de risque, donc de la pollution et du tabac.
  • Éducation thérapeutique : explication de la maladie, des traitements, conseils sur la méthode de prise de traitements inhalés…
  • Prévention des infections, grâce à la vaccination annuelle antigrippale et antipneumococcique, et éradication des foyers infectieux ORL et dentaires.
  • Prévention des complications (exacerbations, handicap, insuffisance respiratoire chronique).
  • Kinésithérapie respiratoire.
  • Activité physique pour la réhabilitation respiratoire.
  • Oxygénothérapie si insuffisance respiratoire chronique.
  • Attention aux médicaments dépresseurs ventilatoires (morphiniques, benzodiazépines, oxygène à fort débit).

La BPCO évolue généralement par épisodes d’exacerbations, au cours desquels les symptômes s’aggravent. Les signes qui doivent alerter sont les suivants :

  • Utilisation des muscles respiratoires accessoires pour respirer.
  • Sueurs, tremblements
  • Cyanose.
  • Retentissement neurologique : troubles de la vigilance, confusion, flapping tremor (ou astérixis).

En ce qui concerne le flapping tremor, demander au patient de tendre les bras devant lui et de fermer les yeux. Les doigts chutent, puis remontent et descendent de nouveau…6

Traitement de l’exacerbation :

  • Recherche et traitement de la cause de l’exacerbation. 
  • Traitement des symptômes (bronchodilatateurs).
  • Corticostéroïdes oraux.
  • Oxygénothérapie prudente
    On entend souvent : « Pas d’oxygène chez les patients BPCO ».  Avec trop d’oxygène il existe un risque d’aggravation de l’hypercapnie, MAIS en cas de manque d’oxygène il y a un risque d’arrêt cardiaque hypoxique, donc il faut demander au médecin l’objectif cible de la saturation et régler l’oxygène en fonction de sa réponse. Il peut être demandé 88% de saturation cible dans les cas de BPCO sévères.
  • Jusqu’à l’assistance ventilatoire mécanique (en cas d’acidose respiratoire non compensée).6

La prise en charge infirmière de la BPCO est donc une clé pour améliorer la qualité de vie des patients

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Sources

  1. Organisation mondiale de la santé « Bronchopneumopathie chronique obstructive » – 20/05/2022.
  2. Santé publique France « BPCO et insuffisance respiratoire chronique » – Mis à jour le 27/06/2019.
  3. Institut national de la santé et de la recherche médicale « Bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Une toux chronique et un essoufflement à ne pas négliger » – Modifié le 19/06/2020.
  4. l’Assurance Maladie « Comprendre la BPCO ou bronchopneumopathie chronique obstructive » – 22/04/2022.
  5. Haute Autorité de Santé « BPCO – Causes fréquentes : tabagisme et expositions professionnelles » – Mis à jour le 12/06/2019.
  6. Egger B.  Aubert J.-D., Revue médicale suisse « Emphysème pulmonaire : mécanismes et nouvelles perspectives thérapeutiques » – 16/11/2005.