La maltraitance consiste à négliger les besoins d’un enfant en matière de sécurité, santé, moralité, d’éducation et de développement physique, émotionnel, intellectuel et social.1
Le syndrome du bébé secoué est une forme de maltraitance qui se produit lorsqu’un nourrisson ou un jeune enfant est violemment secoué, ce qui entraîne de graves lésions cérébrales.
Chaque année, des centaines d’enfants sont victimes de cette forme de violence intentionnelle de la part d’adultes qui ne comprennent pas toujours la gravité de leurs actes.
Si vous êtes un parent ou un soignant inquiet au sujet des dangers du syndrome du bébé secoué, ou si vous cherchez une vue d’ensemble sur cet acte potentiellement mortel, cet article a été écrit pour vous.
En effet, dans cet article, vous trouverez un guide complet du syndrome du bébé secoué, y compris ses causes, symptômes, les complications potentielles et les actions préventives à mener. Vous apprendrez également à reconnaître les signes d’alerte.
Qu’est-ce que le syndrome du bébé secoué ?
Le syndrome du bébé secoué (également appelé traumatisme crânien non accidentel) est causé par un adulte qui secoue violemment un enfant, généralement en le saisissant sous les aisselles ou par le thorax. La tête du bébé se balance alors d’avant en arrière et le cerveau heurte les parois du crâne. Cela équivaut à un accident de la route à plus de 90 km/heure.
En conséquence, le bébé peut subir des lésions au cerveau, aux yeux et à la moelle épinière, ainsi qu’une perte neuronale importante susceptible de l’affecter toute sa vie.2
Chiffres-clés
- Taux de récidive élevé (10 secousses en moyenne par bébé).2
- Pic d’incidence entre 2 et 4 mois.3
- 3/4 des survivants souffrent de séquelles graves.4
- 1 victime sur 10 décède.4
Chaque année, en France, des centaines d’enfants sont victimes du syndrome du bébé secoué, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé en raison des cas non diagnostiqués et sous-déclarés.5
Symptômes
Les symptômes du syndrome du bébé secoué apparaissent souvent immédiatement après la secousse et peuvent comprendre une somnolence, une perte de conscience, une rigidité ou une perte de tonus, des mouvements anormaux ou des convulsions et des difficultés respiratoires. On peut aussi observer une irritabilité extrême, des pleurs inhabituels ou l’apparition de troubles oculaires.
Si vous observez l’un de ces symptômes, contactez immédiatement les services médicaux d’urgence. Une prise en charge précoce est essentielle pour réduire les dommages neurologiques. En attendant les secours, si le bébé convulse ou vomit, placez-le en position latérale de sécurité.6
D’autres symptômes moins importants peuvent apparaître : une diminution de l’appétit, des vomissements, une diminution des sourires ou du babillage.
Diagnostic du syndrome du bébé secoué
À l’hôpital, le bébé subira un examen clinique complet. Ses parents seront interrogés sur les circonstances d’apparition des symptômes. Des examens complémentaires peuvent être réalisés, tels qu’un prélèvement sanguin, un examen ophtalmologique, un scanner cérébral, une IRM et des radiographies.6
Séquelles
Le syndrome du bébé secoué peut provoquer des lésions au cerveau, aux yeux et à la moelle épinière, à cause du poids relativement élevé de la tête du bébé, de la faiblesse de ses muscles et de son cerveau encore en développement. Les vaisseaux sanguins cérébraux sont déchirés.
Les effets dus aux lésions cérébrales sont les suivants à long terme :
- Intellectuels (troubles cognitifs et troubles de l’apprentissage).
- Moteurs (retard de développement psychomoteur, handicap moteur).
- Comportementaux (problèmes de comportement, troubles de l’alimentation, du sommeil).
- Déficiences (visuelles ou auditives).
- Crises d’épilepsie.
Ces séquelles nécessitent des soins spécifiques dans des centres adaptés.3
Prévention
Repérer les signes
Le comportement de l’enfant et tout signe d’inconfort ou de détresse psychologique devant certains adultes peuvent être des signes. La présence d’ecchymoses ou d’hématomes sur un bébé qui ne marche pas encore (qui ne peut pas se blesser seul) est aussi un signe d’alerte. Si vous pensez qu’un enfant a été maltraité, il faut en parler à quelqu’un.5
Du côté des soignants, repérer la maltraitance passe par :
- La mesure des paramètres de croissance.
- La détermination du développement psychomoteur en fonction des lésions observées (par exemple, des ecchymoses chez un enfant qui ne se déplace pas seul).
- La recherche de signes cliniques cutanés (par exemple, des brûlures, des morsures, des fractures, des lésions viscérales).
- L’observation du comportement de l’enfant (par exemple, des pleurs inconsolables, des cauchemars, des troubles alimentaires, des troubles de l’interaction précoce chez le nourrisson, des fugues, des comportements à risque, le décrochage scolaire, etc.).
- L’entretien avec l’entourage doit consister en questions ouvertes, sans jugement, pour déterminer les antécédents, repérer un retard dans le recours aux soins, des antécédents d’accidents domestiques répétés, les événements de la vie familiale ayant une incidence sur l’enfant, le comportement habituel de l’enfant, la façon dont se passe la vie à la maison avec le nombre de frères et sœurs, et la relation avec les autres. Il est important de garder à l’esprit que l’accompagnant est un témoin ou un agresseur potentiel.
Si l’équipe médicale soupçonne une maltraitance, elle en informe le procureur de la République dans les plus brefs délais, afin de mettre en place des mesures immédiates de protection de l’enfant. Le procureur décidera ensuite des suites judiciaires à donner.
La protection de l’enfant constitue une obligation légale et déontologique pour les professionnels de santé.
Toutes les données doivent être enregistrées dans le dossier de l’enfant.
Si l’enfant est un nourrisson ou si le pronostic vital est engagé, il doit être mis en sécurité et hospitalisé sans délai.
En dehors d’un danger imminent, les situations doivent faire l’objet d’une information préoccupante transmise à la CRIP (Cellule départementale de recueil, d’évaluation, et de traitement des informations préoccupantes).1
Mesures préventives
Un bébé en bonne santé peut pleurer 2 à 3 heures par jour pour de nombreuses raisons, mais s’il vous semble inconsolable :
- Restez calme.
- N’hésitez pas à demander de l’aide.
- Assurez-vous que le bébé n’a pas de fièvre.
- Vérifiez s’il a besoin d’être nourri ou changé.
- Essayez de le repositionner, de le bercer ou de chanter pour l’aider à se calmer.
- Essayez d’éteindre les lumières et de maintenir un environnement calme.
- Donnez-lui un bain chaud, cela peut également l’aider à se détendre.
Parents, si vous êtes frustrés, en colère ou débordés :
- Prenez quelques instants pour vous reposer.
- Si vous vous sentez dépassés, arrêtez tout et allongez votre enfant sur le dos dans son lit. Quittez la pièce et prenez quelques minutes pour vous.
- Demandez à un proche de s’occuper de votre bébé pour vous permettre de faire une pause.
Rappelons que le syndrome du bébé secoué est une secousse violente du bébé et ne peut être causé par une forme quelconque de jeu. Il est également important de tenir compte de l’âge et du développement du bébé et d’adapter les activités à l’âge et au développement de l’enfant.
Deux numéros verts à sont à votre disposition :
- La ligne « Allo Enfance en danger » du Service National d’accueil Téléphonique de l’Enfance en Danger (SNATED) au 119.
- La ligne « Allo Parents Bébé » de l’association Enfance et Partage au 0 800 00 34 56.7
Et après ?
La justice
Lorsqu’un enfant est victime de violences, les auteurs de ces violences sont passibles de peines de prison ferme.
Le Code pénal prévoit
- Articles 222-9 et 222-10 : 20 ans de réclusion dans le cas de violences aggravées ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente.
- Articles 222-7 et 222-8 : 30 ans de réclusion dans le cas de violences aggravées ayant entraîné la mort sans intention de la donner.5
Un regard plus attentif
Le syndrome du bébé secoué peut mettre la vie du bébé en danger.
Les parents et les soignants doivent connaître les facteurs de risque et les symptômes potentiels de ce syndrome. Grâce à cet article, vous disposez des outils nécessaires pour reconnaître le syndrome du bébé secoué et agir en cas de doute.
Si vous souhaitez d’autres explications, nous vous recommandons cette vidéo, réalisée par un jeune pédiatre.
Nous sommes reconnaissants envers l’Association Stop Bébé Secoué pour la relecture de cet article.
Sources
- Réussis ton IFSI « Gestion des risques en pédiatrie » – 2023 [Cours appartenant à l’U.E. 4.5, Semestre 2]
- Solidarite.gouv « Syndrome du bébé secoué : une maltraitance qui peut être mortelle » – 17/01/2022
- Haute Autorité de Santé « Syndrome du bébé secoué ou traumatisme crânien non accidentel par secouement » – 2017.
- Paget L.M., Gilard-Pioc S., Quantin C., Cottenet J., Beltzer N. « Les enfants victimes de traumatismes crâniens infligés par secouement hospitalisés » : analyse exploratoire des données du PMSI. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(26-27):533-40
- Gouvernement – Ministère des Solidarités, de l’Autonomie, et des personnes Handicapées « Campagne nationale de sensibilisation au syndrome du bébé secoué : UNE MALTRAITANCE QUI PEUT ÊTRE MORTELLE. » – janvier 2022
- Assurance Maladie « Syndrome du bébé secoué » – consulté le 05/03/2023
- Stop bébé secoué « Le syndrome du bébé secoué : un acte de maltraitance qui touche en moyenne plus de 400 bébés chaque année en France, soit plus d’un bébé par jour » – consulté le 05/03/2023